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L’ingénierie pédagogique

4 CHAPITRE III : La formation « Culture de Sécurité » : Concevoir, mettre en place et

4.1 Vers une formation « Culture de Sécurité »

4.1.3 L’ingénierie pédagogique

Selon le Secrétariat d’Etat (2000), nous sommes rentrés dans une période où l’on n’apprend plus de la même façon, les formes classiques d’enseignement ayant vécues. En effet, l’objet de l’apprentissage s’est considérablement élargi dans lequel les technologies de l’information et de la communication apparaissent incontournables. Nous allons définir et voir ce que propose l’ingénierie pédagogique pour répondre aux nouveaux besoins de la formation.

4.1.3.1 Formation, éducation et pédagogie

Avant de nous intéresser à l’ingénierie pédagogique, il nous semble important de s’arrêter sur les notions de formation, d’éducation et de pédagogie.

Selon Avanzini (1996) la formation vise à conférer une compétence précise, limitée et prédéterminée. En outre, son usage est prévu avant qu’elle ne commence. Ainsi, elle est généralement acceptée par la personne qui prévoit de s’en servir dans le cadre d’un projet. Elle peut cependant être professionnelle ou destinée aux loisirs. L’éducation quant à elle, renvoie à une pratique s’exerçant sans objectifs clairs, et n’est pas limitative comme peut l’être la formation. Elle permet d’accroître la polyvalence de la personne, et d’élargir en même temps sa culture.

Dans le cadre de notre travail, nous nous inscrivons bien dans le registre de la formation puisque nous nous limitons aux connaissances et compétences liés à la maîtrise des risques d’accidents majeurs.

Par pédagogie nous entendons « ensemble des méthodes dont l’objet est d’assurer

l’adaptation réciproque d’un contenu de formation et des individus à former »66. C’est donc par la pédagogie et plus particulièrement l’ingénierie pédagogique que nous pourrons servir les objectifs de notre formation.

En vue de mettre en place une communication pédagogique Houssaye (1994) propose une représentation pédagogique sous forme d’un triangle. Cette représentation définit la relation pédagogique entre Savoir, apprenant et enseignant (cf. figure 26).

Figure 26 : Le triangle pédagogique, d’après Houssaye (1994), modifié

Leclercq (2004) reprend cette notion de communication pédagogique, en proposant trois théories de la formation : 66 Source : TFL CNRS Savoir Apprenant Enseignant

Travail didactique Rapport au savoir

• Une explicative : l’enseignant enseigne le Savoir à l’apprenant (« expliquer quelque chose à quelqu’un »).

• Une constructiviste : l’apprenant s’explique le Savoir grâce à l’enseignant (« mettre quelqu’un en situation d’expliquer quelque chose à lui-même »).

• Une dialogique : l’enseignant et l’apprenant s’expliquent le Savoir (« expliquer quelque chose avec quelqu’un »).

Selon Carré et Montcler (2004) on observe aujourd’hui un glissement des prescriptions pédagogiques centrées principalement sur les fonctions de l’enseignant formateur et la dimension didactique vers celles centrées sur l’apprenant et son rapport au savoir. Selon eux : « on assiste au passage de la figure dominante du formateur « instructeur », chargé de la

transmission des savoirs et des compétences en direction des « formés » supposés réceptifs, à la figure émergente du formateur « facilitateur », médiateur de l’appropriation des savoirs par des apprenants […] supposés actifs. » Carré et Montcler (2004, p. 410).

L’optimisation de la transmission du savoir prend aujourd’hui de plus en plus en compte le rôle des apprenants. Cette approche nous amène vers la conception de formation au travers de l’ingénierie.

4.1.3.2 De l’ingénierie de la formation à l’ingénierie pédagogique

La notion d’ingénierie recouvre « l’étude globale d’un projet industriel sous tous ses

aspects (techniques, économiques, financiers et sociaux), coordonnant les études particulières de plusieurs spécialistes »67. L’ingénierie de la formation, selon la norme AFNOR X50-750 est un : « Ensemble de démarches méthodologiques articulées. Elles s’appliquent à la conception de systèmes d’actions et de dispositifs de formation pour atteindre efficacement l’objectif fixé. L’ingénierie de formation comprend l’analyse des besoins de formation, la conception du projet formatif, la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre et l’évaluation des effets de la formation ».

Selon Ponchelet (1990, p. 30), l’ingénierie de formation recouvre « un ensemble d’activités

de conception, d’étude et de coordination de diverses disciplines pour réaliser et piloter un processus visant à optimiser l’investissement de formation ». L’ingénierie pédagogique quant

à elle concerne les pratiques pédagogiques elles-mêmes. Ainsi, selon Carré et Jean-Montcler (2004), la notion d’ingénierie est nécessaire car la pédagogie a évolué, elle s’ouvre sur l’environnement extérieur (visites, stages, alternance, etc.), elle utilise les nouvelles techniques de l’information et de la communication, elle mobilise de nombreux intervenants,

elle mobilise d’autres structures que le face-à-face formateur-élève, etc. Les auteurs définissent cette notion d’ingénierie pédagogique comme « strictement contemporaine de la

montée de nouveaux dispositifs de formation » (Carré et Jean-Montcler, 2004, p. 423) en

complément des formations conventionnelles. Selon les auteurs, ces dispositifs nouveaux possèdent quatre caractéristiques majeures :

• Ils utilisent les technologies de l’information et de la communication. • Ils font appel à l’autoformation individuelle et collective.

• Ils visent l’augmentation de la « productivité pédagogique ».

• Ils impliquent la collaboration d’acteurs multiples, souvent dans le cadre de réseaux ou de partenariats d’actions.

Selon Ponchelet (1990, p. 31), l’ingénierie pédagogique « vise à l’adaptation, voire la

création de méthodes et d’outils pédagogiques dans une logique d’optimisation des itinéraires et des coûts qui remettent en cause la notion de stage […]. L’ingénierie pédagogique consiste notamment à rechercher et à créer ce type d’outils favorisant ce qu’il est convenu d’appeler l’autoformation assistée (ou accompagnée) ». On observe ainsi que

l’ingénierie pédagogique recherche d’une part une optimisation basée sur le ratio entre coût et enseignement. D’autre part, elle vise aussi une autonomie des formés renvoyant le formateur au rôle de facilitateur.

Pour Carré et Jean-Montcler (2004, p. 426) l’ingénierie pédagogique peut être définie comme « une méthode de conduite des projets pédagogiques, c’est-à-dire une démarche

raisonnée permettant de parvenir à un but exprimé en termes pédagogiques, dans une logique d’efficacité. Elle devra satisfaire trois critères : prendre en compte l’ensemble des paramètres de la construction pédagogique (critère de globalité), partir d’une finalité exprimée en termes d’objectifs de formation (critère de finalisation), en recherchant l’optimisation du rapport entre les résultats obtenus et des coûts d’ensemble du projet (critère de productivité) ». Ainsi,

l’ingénierie pédagogique en prenant en compte la dimension contextuelle, va se fixer des objectifs précis en suivant une approche raisonnée (i.e., coûts vs bénéfices).

Nous allons maintenant présenter cette ingénierie pédagogique comme un processus dynamique qui va nous permettre de construire, de conduire et d’évaluer notre projet de formation.