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BESOINS DE PRISE EN CHARGE DES POPULATIONS

3.2 U NE METHODOLOGIE EN QUATRE TEMPS

3.2.1 L'unité géographique : le bât

3.2.1.1 Le bâtiment, un choix géographique, pratique et opérationnel

Le bâtiment résidentiel représente l'unité géographique de notre étude. Le choix du bâtiment, plutôt que de la commune, du quartier, de l'IRIS ou de l'îlot, s'explique pour des raisons d'ordre géographique, pratique et opérationnel. Sur un plan géographique, le bâtiment représente un objet spatial précisément localisable et défini sans équivoque par son unité morphologique ; chaque bâtiment est de ce fait clairement distingué des autres. Sur un plan pratique, les bases de données relatives au bâtiment existent a priori, notamment par l'intermédiaire de la BD TOPO de l'IGN. Sur un plan opérationnel enfin, en matière de sécurité civile, les évacuations ont lieu à l'échelle du bâtiment (les arrêtés d'évacuation pour péril grave et imminent, à valeur réglementaire, s'appliquent à l'échelle du bâtiment). Des consignes (sans valeur réglementaire, impérative) seront toutefois certainement mises en œuvre à plus vaste échelle, celles de l'îlot ou du "secteur d'évacuation", en cas de crue majeure en Ile-de-France : de fait, la méthodologie (et la logique sous-jacente), si elle est appliquée au niveau du bâtiment, peut être reproduite pour des niveaux d'analyse géographique plus importants, dont l'îlot.

L'îlot, ou pâté de maisons, défini comme un groupement de maisons ou d'immeubles délimité des autres îlots par la voirie, peut en effet constituer une alternative crédible du fait de son maillage relativement fin ; néanmoins, d'un point de vue pratique, la constitution d'une base de données d'îlots est moins aisée à mettre en œuvre qu'une base de type bâti. A l'inverse, un quartier (ou un secteur) peut avoir des limites spatiales sujettes à des définitions variables selon les sources et les interlocuteurs ; c'est par ailleurs un objet beaucoup plus grossier que le bâtiment (a fortiori en est-il d'un maillage de type communal). Or, pour prendre en considération précisément l'impact de l'aléa sur la population, il faut pouvoir avoir un maillage

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relativement fin du territoire ; nous verrons plus loin les conséquences de l'échelle - ou granularité - du maillage d'une source de données sur les estimations des populations impactées. Concernant le maillage géographique des données de l'INSEE, il faut distinguer le maillage sous IRIS (acronyme dont la signification originelle était celle d'Ilot Regroupé de l'Information Statistique) et le carroyage à 200 mètres. Les IRIS sont des sous-divisions communales, divisant les communes de plus de 10 000 habitants (et certaines communes de plus de 5 000 habitants) en sous-ensembles plus fins afin d'accueillir l'information statistique à une échelle locale. Ils comprennent pour la plupart des populations comprises entre 1 800 et 5 000 habitants (INSEE, 2015). Ils présentent néanmoins le double inconvénient d'être à la fois relativement grossiers et de ne pas nécessairement recouvrir une unité morphologique48, encore moins historique, géographique ou sociologique. Le carroyage à 200m découpe, comme son nom l'indique, le territoire métropolitain français en carreaux de 200m de côté. Si le maillage est moins grossier que celui des IRIS, il ne couvre pas l'ensemble du territoire (les zones non habitées ne sont pas couvertes), et ne recouvre aucune réalité géographique (par définition, puisqu'il s'agit d'un carroyage uniforme) (INSEE, 2013). Il n'a par ailleurs qu'une finalité statistique, à l'instar des IRIS, et ne recouvre aucune fonction opérationnelle ou administrative.

3.2.1.2 La constitution d'une base de données opérationnelle du bâti résidentiel

La base de données relative au bâti résidentiel est constituée à partir de la BD TOPO de l'IGN, selon la méthode présentée par le guide du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD, 2012) sur l'estimation des populations en zone inondable. La BD TOPO est un ensemble de données vectorielles et géolocalisées, permettant la représentation précise en trois dimensions des éléments topographiques du territoire français. Elle comprend plusieurs volets (réseau routier, transport et énergie, végétation, orographie...) dont un volet sur le bâti. Celui- ci se subdivise en plusieurs couches de données, notamment des données surfaciques sur : le bâti industriel (représentant les bâtiments avec une fonction industrielle, commerciale ou agricole), le bâti remarquable (bâtiments avec une fonction de transport, une fonction administrative, sportive, religieuse), et le bâti indifférencié (bâtiments n'entrant pas dans les autres catégories, comprenant entre autres les habitations) (IGN, 2015). C'est cette dernière couche de données qui est utilisée. Avant d'être opérationnelle, elle doit cependant être nettoyée, afin de ne sélectionner que les bâtiments censés représenter des logements. Cette étape implique diverses opérations géomatiques :

- La définition du bâti indifférencié exclut les polygones dont la hauteur est au moins égale à 100 mètres et ceux d'une surface au sol inférieure à 20 m². Cependant, dans la base de données transmise par l'IGN, certains polygones peuvent contrevenir à cette définition, notamment s'ils sont inclus dans une autre base de données, celle relative au parcellaire (BD PARCELLAIRE). Afin d'assurer la cohérence de la base de données source avec la définition du bâti indifférencié, les polygones dont la surface au sol est de moins de 20 m² sont de ce fait supprimés, comme les polygones de 100 mètres de hauteur et plus. Cette opération, recommandée par le CGDD (2012), représente un léger biais dans notre zone d'étude. Celle-ci comprend, essentiellement

48 Les IRIS sont certes censés reprendre les limites du tissu urbain (voirie et cours d'eau) : ainsi, le découpage en IRIS de la ville de Paris met clairement en lumière la couronne de logements sociaux en périphérie de la commune, permettant d’identifier les îlots résidentiels compris entre le boulevard périphérique et les grands boulevards intérieurs (boulevards des Maréchaux), représentant l’ancien glacis de l’enceinte de Thiers. Il faut cependant garder à l'esprit que c'est un découpage à des fins statistiques, et qu'il ne vise pas prioritairement à représenter une réalité morphologique.

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dans Paris intramuros, une poignée d'IGH (Immeubles de Grande Hauteur) à fonction résidentielle dont la hauteur dépasse 100 mètres : l'opération entraîne ainsi l'exclusion d'une partie des tours constituant les Orgues de Flandre (XIXe arrondissement), la Tour Totem (XVe), certaines tours du quartier des Olympiades (XIIIe), ainsi que quelques tours résidentielles en Hauts-de-Seine.

- A cause de certaines imprécisions relatives à l'estimation de la hauteur, la BD TOPO comprend certains bâtiments dont la hauteur est fixée à 0 mètre : pour éviter d'exclure ces bâtiments de l'analyse, et dans la mesure où ces derniers peuvent comprendre des logements, les polygones dont la hauteur est inférieure à 3 mètres voient leur hauteur réévaluée à 3 mètres. Ce seuil de 3 mètres correspond à la hauteur moyenne d'un étage, et c'est celui retenu par le CGDD (2012). - Pour ne retenir que le bâti résidentiel, et exclure les bâtiments avec une autre fonction (le bâti indifférencié comprend notamment les bâtiments avec une fonction enseignement), la couche de données du bâti indifférencié est croisée avec une couche d'occupation du sol, selon une méthode adaptée du mémoire d'Ast (2008) sur la vulnérabilité des territoires essonniens face au risque inondation. Pour déterminer l'occupation du sol, deux bases de données exhaustives ont été identifiées, applicables à notre zone d'étude : la BD Urban Atlas développée par la Commission Européenne et le programme européen Global Monitoring of Environment et Security (2011), et la BD MOS (Mode d'Occupation du Sol) de l'Iau-Idf (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la région Ile-de-France) (Région Ile-de-France, 2014). La BD Urban Atlas permet de connaître l'occupation des sols de l'ensemble des agglomérations européennes de plus de 100 000 habitants. Elle a été mise au point entre 2005 et 2007. Elle présente un triple avantage : c'est une base de données en libre accès dans sa version complète, en outre d'une relative précision (la résolution minimale est de 2500 mètres carrés, soit 100 fois plus petite que la résolution de la BD Corine Land Cover, et la précision de géolocalisation de 5 mètres), et enfin une base de données commune à l'ensemble de l'UE, ce qui permet des comparaisons à l'échelle métropolitaine et européenne. A l'inverse, la BD MOS de l'Iau-Idf couvre la seule région Ile-de-France : ceci interdit de fait toute comparaison entre agglomérations. Un autre inconvénient consiste en ce que cette base de données n'est pas en libre accès dans sa version étendue (MOS en 81 classes d'occupation du sol), seulement dans sa version simplifiée (11 classes regroupées d'occupation du sol). La BD MOS présente toutefois plusieurs avantages comparativement à la BD Urban Atlas. En premier lieu, c'est une base d'une plus grande précision (la résolution minimale est de 625 mètres carrés). En second lieu, elle est plus récente : la dernière mise à jour date de 2012 (cette opération a lieu tous les 4 à 5 ans), ce qui permet d'assurer une cohérence temporelle avec la BD TOPO, datant de 2014 avec des bâtiments mis à jour tous les trois à cinq. En dernier lieu, la BD MOS, y compris dans sa version simplifiée, fait une claire distinction entre l'habitat individuel et l'habitat collectif ; à l'inverse, la BD Urban Atlas distingue les classes d'habitat selon un gradient de densité, sans que ne soit faite la distinction explicite entre des quartiers à habitat collectif et des quartiers pavillonnaires. Or, la distinction entre les deux est importante, comme nous le verrons plus loin dans l'élaboration de l'arbre de décision logique. Pour ces trois raisons, au-delà des limites identifiées, c'est la BD MOS qui a été retenue pour mener à bien notre méthodologie, dans sa version simplifiée49.

49 Cependant, la BD Urban Atlas pourra être utilisée pour porter la méthodologie développée à d'autres terrains d'étude. Il faut d'ailleurs souligner que les résultats issus de la BD Urban Atlas et ceux issus de la BD MOS sont relativement similaires : ainsi, la surface développée (surface disponible par étage) des bâtiments résidentiels, en

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- Par le biais d'une jointure spatiale, les deux bases de données, la base de données relative au bâti et la BD MOS, sont jointes sous SIG : les bâtiments non compris au sein des classes relatives à l'occupation résidentielle (habitat collectif et habitat individuel) sont alors supprimés au sein de la couche de données relative au bâti50. Enfin, au sein de cette couche de données modifiée du bâti, est créé un nouveau champ de données (appelé MAISON) de type booléen ou binaire51 : chaque bâtiment compris dans la classe d'habitat individuel et dont la hauteur est

inférieure à 12m se voit attribuer la valeur de 1 (MAISON = 1). Le seuil de 12m a été retenu, de façon arbitraire, afin d'éviter que des immeubles compris entre deux classes d'occupation des sols ne soient pris en compte par accident comme des logements individuels. Les autres bâtiments sont considérés, par défaut, comme des immeubles (MAISON = 0). Il s'agit d'une méthode simple, sinon simpliste, dans la mesure où il ne s'agit pas du cœur de notre sujet, dans la mesure aussi où la stratégie d’évacuation est relativement similaire entre immeubles bas et logements individuels, comme nous le verrons plus loin. Des travaux beaucoup plus approfondis existent sur la question (Bordin, 2006), auxquels il faudrait faire référence dans l'éventualité de futurs développements de la méthodologie présente.

3.2.2 L'identification des populations résidentes par bâti et la création d'un indice

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