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autorités publiques locales et régionales : objectifs, moyens,

1 M ETHODOLOGIE & E TAT DE L ’ ART

1.1 I NTRODUCTION METHODOLOGIQUE

1.1.1 Originalité & Intérêt scientifique

1.1.2.2 Recueil des données d’observation

La lecture et l’analyse de documents écrits est complétée par des données d’observation, également nombreuses. « L’observation est une démarche d’élaboration d’un savoir, au service de finalités multiples, qui s’insèrent dans un projet global de l’homme pour décrire, comprendre son environnement et les événements qui s’y déroulent » (Blanchet, 1987 : 19). L’observation s’inscrit nécessairement dans une double démarche de connaissance : d’une part, elle permet d’approfondir la connaissance de l’objet qui est étudié par l’observation ; d’autre

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part, elle force à développer une réflexion sur la démarche de l’observateur même, avec une explicitation de ses choix assumés pour observer.

A ce titre, il faut remarquer un ensemble de biais propres à l’observation, biais conditionnés par les attitudes réciproques entre l’observateur et les personnes observées ; biais également associés aux différents filtres de l’observateur (Blanchet et al., 1987). D’abord, les conditions de l’observation ont un impact sur les attitudes qui valent entre l’observateur et l’observé : avec un sentiment de gêne, voire d’impression de voyeurisme de la part de l’observateur ; avec le sentiment d’être jugé ou de s’exhiber chez l’observé. Ces conditions favorisent l’activation de divers biais, que listent Blanchet et al. (1987) : (1) l’effet de halo, provoqué par une impression dominante ; cette impression dominante est provoquée par une première impression ou par un préjugé préexistant, et est appliquée par l’observateur à l’ensemble des données observables. (2) L’effet Hawthorne, provoqué par la présence de l’observateur qui est perçue par les observés comme valorisante ; (3) l’effet de congruence, qui est provoqué par la distance entre ce qui est observé et les antécédents de l’observateur (ses expériences précédentes) ; (4) le fait, pour l’observateur, de se focaliser sur les temps forts. Il faut par ailleurs signaler un ensemble de filtres qui jouent dans la sélection et l’interprétation des informations par l’observateur : des filtres épistémiques (comprenant les modes de raisonnement, de formulation des problèmes, les connaissances propres à l’observateur), des filtres socio-institutionnels (relatifs à la classe sociale, aux attitudes, au positionnement éthique, culturel, de l’observateur), des filtres expérientiels (en lien avec l’expérience passée de l’observateur, son rapport aux objets, aux individus).

Ces biais ont pu être pour partie ressentis au cours des diverses observations, et ne doivent pas être sous-estimés dans la présentation des résultats : en particulier, en ce qui concerne l’observation en cellule de crise, celle-ci est rythmée par des temps forts, de sorte que les autres moments sont oubliés, de sorte que le temps long est aplani, mal pris en compte ; c’est pourtant ce temps long qui structure la gestion de crise. La gestion de crise, étalée en particulier sur plusieurs jours voire plusieurs semaines (à l’occasion de Sequana par exemple, plus encore à l’occasion de la crue de juin 2016, a fortiori pour une crue majeure de la Seine), n’est pas un sprint mais un marathon.

Il existe différentes pratiques d’observation, classées selon leur degré de structuration (forte, moyenne, faible) (Blanchet et al., 1987). Nos observations entrent clairement dans une pratique de structuration faible, par l’absence d’observations systématiques et de cadre théorique précis. Les pratiques à faible structuration peuvent inclure : (1) la réalisation de montages de photos pour observer un site, (2) la tenue d’un carnet de bord permettant de consigner des faits et des impressions, (3) des comptes rendus de visites, de travaux, de réunions, (4) l’observation d’une situation sociale incluant la participation du chercheur, avec une prise de notes séparant faits et propos d’un côté, et de l’autre les impressions du chercheur. Nos propres observations relèvent, pour une partie de la tenue d’un carnet de bord, lors des observations en situation de crise et pour une autre du compte rendu, lors des observations qui se sont tenues pendant des réunions opérationnelles :

- Les observations en situation de crise comprennent 7 jours d’observation en cellule de crise : en PCC (Poste de Commandement Communal), à Juvisy-sur-Orge et à Gennevilliers, en COD (Centre Opérationnel Départemental de l’Essonne), en COZ (Centre Opérationnel Zonal). Elles ont été menées à trois occasions : lors d’un exercice

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de catastrophe industrielle en Essonne (exercice PPI), à l’occasion de l’exercice Sequana et enfin pendant la crue de juin 2016. Ces observations, pour les deux derniers cas, s’intègrent dans un dispositif d’observation plus large, mis en place par le projet de recherche EURIDICE : les données recueillies par les autres observateurs (plusieurs dizaines pour l’exercice Sequana) ont également été intégrées à notre réflexion ; une note de bas de page le signale dans le corps du chapitre, quand notre réflexion s’appuie sur des données issues non pas de nos propres observations, mais du recueil de données plus large assuré par le projet EURIDICE.

- Des observations ont également été faites dans le cadre de réunions opérationnelles, réunions tenues par des acteurs franciliens afin d’assurer la préparation à la gestion de crise (préparation d’un exercice, aide à la conception d’un PCS, ateliers du PAPI, groupes de travail sur la SLGRI, etc.). Ces réunions ont parfois nécessité une participation active, par la sollicitation par les autres partenaires d’une opinion, ou d’une expertise cartographique ou géographique. Plus d’une quinzaine de réunions ont été observées dans ce cadre, essentiellement avec des acteurs du département de l’Essonne. A ces réunions, il faut aussi ajouter la présence à une douzaine de séminaires, scientifiques et opérationnels, qui ont également permis d’enrichir notre réflexion. La grille d’observation appliquée pour les situations de crise est celle développée par J. Fayeton, dans le cadre de sa thèse (à paraître), pour le projet EURIDICE. Sans la détailler, remarquons qu’elle se compose de trois éléments : une fiche d’identité (voir un extrait sur le Tableau 22), un « log » permettant de dater les événements ponctuels qui se succèdent dans le temps, un « résumé » qui décrit – au-delà de la simple succession d’événements ponctuels – ce qui se déroule dans la cellule de crise.

Tableau 22. Extrait de la fiche d'identité (Source : Fayeton, à paraître).

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