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Un climat favorable selon les zones de culture

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

3. Un climat favorable selon les zones de culture

Le facteur climatique affecte aussi la capacité productive du riz et in fine son avantage compétitif. Même s’il s’adapte à des écosystèmes très diversifiés (53° latitude Nord à 40° latitude Sud, altitude du niveau de la mer jusqu’à 2.700 m), le riz est originellement une culture des régions tropicales humides. Ainsi, la température, la pluviométrie, l’ensoleillement et l’humidité relative sont reconnus comme les facteurs climatiques qui influent beaucoup sur le riz en fonction du stade phénologique de la plante (phase végétative, reproductive et de maturation) [Habarugira, 2005].

Au Burundi, les conditions thermiques les plus propicesse rencontrent dans la plaine de l’Imbo (Ouest), dans les dépressions du Moso (Est) et du Bugesera (Nord). Ces régions bénéficient en effet de températures élevées (20 à 30°C) durant toute l’année. De plus, l’ensoleillement est globalement suffisant avec une intensité journalière avoisinant 500 calories/cm2/jour, valeur nettement supérieure à la moyenne de 350 à 450 calories/cm2/jour exigées par le riz (Tilquin et Detry, 1991). En régions de marais de moyenne altitude, la température et l’ensoleillement ne sontpas partout favorables à la riziculture. Les marais très encaissés dans les contreforts montagneux connaissent des coulées d’air froid pendant la nuit

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en saison sèche à cause des chutes de température. Ces phénomènes induisent un stress thermique aux plants de riz, provoquant ainsi une stérilité des épillets qui hypothèque la production (Nizigiyimana, 1993).

En agissant sur la quantité d’eau utilisée par les plants de riz, la pluviométrie influence beaucoup la pratique même de la culture et son rendement. Dans l’ensemble, les besoins en eau pour la croissance de la plante, estimés en moyenne à 1.000 mm/an avec 200 mm/mois durant le cycle cultural ou 1.200 à 2.000 m3/ha/an (riz irrigué), sont largement couverts par les apports des pluies en marais d’altitude où la pluviométrie est abondante avec 1.500 mm à 1.800 mm/an (Mbonyingingo, 2003). Par contre, la pluviométrie semble insuffisante et irrégulière dans la plaine de l’Imbo et dans les dépressions du Nord et de l’Est du pays où elle est estimée à 800 mm/an. Ce désavantage comparatif peut être compensé par l’irrigation de gravité à partir d’un barrage de retenue comme celui installé sur la rivière Mpanda dans la plaine de l’Imbo, ce qui n’est pas le cas dans les dépressions du Bugesera (Nord) et duMoso(Est). Pourtant, ces dernières possèdent beaucoup de rivières et de lacs qui pourraient être exploités à cette fin.

Pour ce qui est du vent, la brise du lac Tanganika qui souffle sur une grande partie de la plaine de l’Imbo favorise la transpiration et l’évaporation nécessaires à la croissance du riz. L’humidité relative de l’air joue aussi un rôle important sur le phénomène de transpiration et sur les maladies cryptogamiques. Quand elle est trop faible (moins de 40%), elle bloque l’ouverture des épillets. Sur la majeure partie des zones rizicoles, l’humidité, généralement élevée (60 à 80%), est jugée favorable partout sauf dans quelques marais isolés du Nord et du Nord-Est du pays (Nizigiyimana, 1993).

3.4.2.2. Faible financement de la filière

Le financement d’une filière agricole lui permet de mener aisément les activités et d’accroître ses capacités compétitives par l’augmentation du rendement et/ou de la qualité du produit. Dans l’ensemble, les agents économiques du secteur agricole sont loin d’accéder aux fonds dont ils ont besoin. En effet, excepté pour les filières d’exportation (café et thé) où les offices de gestion s’occupent de la quête de crédits auprès de banques locales et/ou étrangères, l’accès au financement agricole n’est pas facile pour plus d’une raison. D’abord, les institutions financières spécialisées dans le financement du monde rural sont peu nombreuses. Il ne s’agit que de la banque nationale pour le développement économique (BNDE) localisée à Bujumbura, de quelques récentes institutions de micro-finance à savoir le Fonds de Micro- Crédit Rural (FMCR), la Mutualité Epargne et Crédit (MUTEC), la Caisse de Crédit et d’Epargne Mutuelle (CCEM) et de l’Union des Coopératives de Développement (UCODE). Ensuite, elles exigent des hypothèques que les acteurs ruraux ne parviennent pas à fournir. Des financements sont aussi octroyés par différents projets de développement à leurs bénéficiaires souvent regroupés en associations. C’est le cas du projet de relance et de développement du monde rural (PRDMR) financé par le FIDA, du projet de réhabilitation agricole et de gestion durable des terres au Burundi (PRASAB) financé par la BM, du programme transitoire de reconstruction post-conflit (PTRPC) financé par le FIDA, etc… Même s’ils offrent des crédits à des conditions favorables (taux de 10%), ces projets le font pour une période juste limitée à leur durée de vie (5 à 10 ans). Ils sont donc de court à moyen terme et l’on ne saurait y compter pour développer les avantages compétitifs durables d’une filière agricole.

Pour ce qui est du financement de la filière rizicole, seule la filière rizicole de l’Imbo couverte par la SRDI (zone 2) a toujours bénéficié d’un financement bancaire régulier et relativement garanti à cause de la crédibilité de la SRDI qui pouvait hypothéquer la productionattendue

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depaddy. Ainsi, deux types de crédit ont été régulièrement octroyés ; le crédit en nature et le crédit en espèces. Le premier est négocié par la SRDI auprès de la BNDE en vue d’acheter les intrants (engrais, semences, produits phytosanitaires) qui sont distribués aux producteurs proportionnellement à la superficie cultivée de chacun. Le second (crédit en espèces) est destiné au financement des lourdes activités culturales nécessitant une main d’œuvre extérieure comme le labour, le repiquage, le battage, etc…Le remboursement de ces crédits par les producteurs se fait en nature sous forme de paddy que la SRDI se charge d’usiner de façon industrielle avant de vendre le riz blanc et de rembourser le crédit bancaire.

Ce système plus ou moins paternaliste de la SRDI vis-à-vis des producteurs est certes louable durant la période initiale de la riziculture, mais n’est pas de nature à pérenniser. D’une part la SRDI ne peut pas éternellement jouer ce rôle d’intermédiaire pour la quête de fonds au risque de négliger les autres activités d’encadrement et de promotion de la filière. Ensuite, certains producteurs risquent de considérer ce crédit comme un don qu’ils peuvent ne pas rembourser, ce qui mettrait à mal la crédibilité de la SRDI et plus tard de cette filière rizicole de l’Imbo. C’est dans le souci d’améliorer cette approche que la SRDIa donné la responsabilitéau CAPRI(collectif des associations de producteurs de riz de l’Imbo) de négocierdirectement le financement auprès des banques, d’assurer la distribution du crédit aux riziculteurs et le recouvrement, la SRDI ne jouant que le rôle de facilitateur ou d’avaliseur. Pour plus de facilité, un fonds de garantie du CAPRI a été ouvert depuis 2004 à la BNDE. Il est approvisionné par chaque riziculteur à raison de 10.000fbu (9,25 USD) à 20.000 fbu (18,5 USD) par saison culturale selon la taille de sa rizière. Ce fonds est maintenant bien pourvu car il comptait cent trente quatre millions neuf cent quatre vingt sept mille cinq cent septante sept francs (134.987.577 fbu15, soit 109.775,5 USD) en 2009. Ce fonds donne plus de garantie à la banque qui, en retour, offre le crédit plus aisément. L’évolution du financement de la filière rizicole de l’Imbo (zone SRDI) et celle du taux de remboursement sont illustrées par la figure 3.10. Cette dernière montre que le volume du crédit octroyé a pris une allure ascendante au fil de la formation des associations. Le remboursement, normalement élevé (plus de 90%) avant le début dela guerre civile en1993, a sensiblement baissé en 1995 et en 1996 car beaucoup de producteurs ont fui leurs exploitations et n’ont pas produit comme d’habitude (figure 3.10).

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Le taux de change était de 1.082Fbu/USD en 2007, 1.186 Fbu/USD en 2008 et 1.230 Fbu/USD en 2009 (BRB, 2007-2009)

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Figure 3.10. Crédit aux riziculteurs de la SRDI et taux de remboursement Source : Données de l’annexe 4

De même que les riziculteurs, les agents des autres maillons de la filière n’ont pas de facilité d’accès au crédit bancaire. Les collecteurs et les usiniers privés ont recours aux institutions de micro-finances qui octroient, moyennant l’hypothèque ou l’aval d’un de leurs clients crédibles, de petits montants pouvant aller jusqu’à 5 millions fbu (soit 4.065 USD en 2009). Le remboursement se fait endéans 24 mensualitésà des taux d’intérêt de près de 20%. Certains usiniers avancent des fonds aux collecteurs qui en retour font décortiquer leur paddy chez l’usinier créancier. De même, certains producteurs contractent du crédit aux usiniers et/ou collecteurs avec promesse de leur vendre du paddy. La compensation/remboursement se fait lors de l’échange du produit.

Les commerçants grossistes quant à eux font généralement d’autres activités commerciales et ne se lancent dans le commerce du riz que durant la campagne de récolte (juin à août). Comme ils ont des hypothèques à fournir, ils accèdent au crédit bancaire avec des taux d’intérêt qui sont en vigueur et qui sont jugés élevés (20 à 23%). Ils peuvent acheter du paddy qui est alors stocké et usiné au fil du temps, soit du riz blanc produit localementou du riz importé. Quant aux détaillants, ils prennent à crédit le riz chez les grossistes et remboursent après la vente. La marge du grossiste est rehaussée pour tenir compte de ce délai. C’est un système de financement indirect qui requiert cependant une confiance mutuelle entre des partenaires qui se connaissent.

En définitive, la défaillance du système de financement des filières diminue leurs marges de manœuvre. Au niveau des producteurs, elle limite les capacités d’investir qui auraient permis d’accroître la production. Pour les autres agents, les différentes barrières à l’accès au financement augmentent les coûts à différents maillons et le produit arrive au destinataire final (consommateur) à un prix nettement rehaussé, ce qui hypothèque le pouvoir compétitif des filières considérées.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0,0 200,0 400,0 600,0 800,0 1000,0 1200,0 1400,0 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 20 02 20 04 20 06 20 08 Remb o u rse men t (% ) Cré d it ( millier s US D)

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3.4.3. Production du paddy et compétitivité

3.4.3.1. Une récente recherche rizicole en déclin