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Définition, spécificité et diversité des marais

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

1. Définition, spécificité et diversité des marais

Le terme de marais, tel qu’utilisé au Burundi, est souvent confondu avec celui de bas-fond ; raison pour laquelle un éclaircissement mérite d’être mis au point. Sheta (1999) définit « un bas-fond comme la partie basse d’une colline ou d’une vallée; elle est plate ou concave avec une pente. Elle est le fruit d’un dépôt de matières solides arrachées sur la colline ou la valléesurplombante et se compose de ce fait de sols alluvionnaires de faible pente. Généralement, un bas-fond peut être cultivé en saison pluvieuse avec ousans drainage superficiel et en saison sèche moyennant une irrigation. Un marais est par contre la partie située entre deux chaînes de collines et drainé par un ou plusieurs cours d’eau. L’eau s’écoule à très faible vitesse ou est stagnante sur une faible épaisseur avec une végétation spécifique (Papyrus). Un marais est composé soit de sols alluvionnaires, soit de sols organiques ou de la tourbe selon les conditions hydriques et/ou son altitude. Qu’il soit aménagé et ne présente donc pas d’eau stagnante en saison des pluies, qu’il soit stérile par suite d’une mauvaise exploitation de la tourbe ou de l’argile ou qu’il soit de tourbe flottante, un marais garde sa signification ». Les marais burundais, avec une superficie totale de 117.993 ha, représentent 4,2% du territoire national (MINAGRIE, 2007; Sheta, 1999). En raison de leur humidité quasi permanente, les marais représentent donc d’importantes étendues de terres valorisables par diverses spéculations agricoles surtout pendant la saison sèche durant laquelle les terres de collines ne sont pas cultivables en l’absence d’irrigation. En saison des pluies, leur hydromorphie élevée ne permet que la culture du riz. Cet aspect est particulièrement important pour un pays agricole densément peuplé comme le Burundi dont la superficie de terre per capita s’est réduite au fil des années pour atteindre actuellement une moyenne de 0,5 ha par ménage sur colline (MINAGRIE, 2010). Pourtant, l’exploitation des marais ne date que de l’année 1920 sur instigation de l’administration tutélaire belge. Avant cette époque, la faible densité sur les terres de collines n’incitait guère les populations à envisager la mise en valeur des marais. Par ailleurs, des superstitions traditionnelles faisaient craindre que de mauvais esprits y demeurent.

Les marais ont aussi la spécificité de se prêter à plusieurs usages. Depuis bien longtemps, ils ont servi de pâturages pour le bétail surtout pendant la saison sèche quand les collines sont asséchées. Ils regorgent aussi de l’argile, du sable, du gravier et du moellon qui constituent des matériaux de construction ainsi que de la tourbe qui est une source d’énergie thermique. Concernant leur caractérisation, les marais se différencient selon les substrats pédologiques et les conditions hydrologiques. En fonction du premier critère, on distingue trois types à savoir les marais minéraux (M) avec moins de 20% de matières organiques, les marais organiques (O) avec 20 à 40% de matières organiques et les marais tourbeux (T) avec plus de 50% de matières organiques. Ce taux ne tient pas compte de la granulométrie et du degré de

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décomposition des matières organiques. En fonction du second critère, trois groupes sont aussi répertoriés. Il s’agit des marais inondés en permanence (P), ceux ayant des inondations de plus de neuf mois par an (L) et les marais à inondations temporaires (S) qui sont cultivables en saison sèche (trois à quatre mois). La combinaison de ces divers types aboutit à dix classes différentes de marais :

1. Les marais minéraux inondés pendant moins de neuf mois par an(MS) ; ils peuvent être mis en valeur en saison sèche avec possibilité de faire la riziculture en saison pluvieuse ; 2. Les marais minéraux inondés pendant plus de neuf mois (ML) dont l’exploitation est

limitée au pâturage et/ou à la riziculture ;

3. Les marais minéraux inondés en permanence (MP) qui sont souvent non exploités ; 4. Les marais organiques inondés moins de neuf mois (OS); ils peuvent être mis en valeur

en saison sèche avec possibilité de faire la riziculture en saison pluvieuse moyennant compostage;

5. Les marais organiques inondés pendant plus de neuf mois (OL) ; l’exploitation est limitée au pâturage et/ou à la riziculture de préférence avec compostage ;

6. Les marais organiques inondés en permanence (OP) souvent non exploités ;

7. Les marais tourbeux inondés pendant moins de neuf mois (TS) ; ils peuvent être mis en valeur en saison sèche avec possibilité de faire la riziculture en saison pluvieuse ;

8. Les marais tourbeux inondés pendant plus de neuf mois (TL) dont l’exploitation est limitée au pâturage et/ou à la riziculture ;

9. Les marais tourbeux inondés durant toute l’année (TP) et qui ne sont pas exploitables 10. Les marais tourbeux avec tourbe flottante (TF) qui sont déconseillés à l’exploitation

agricole mais destinés à être protégés pour leur conservation.

Chapitre 3. Contexte national de la riziculture et marché mondial du riz 59 M O T S L P MS ML MP

Marais minéral inondé moins de neuf mois par an et exploité en saison sèche avec possibilité de riz en saison pluvieuse

TF TF Marais tourbeux avec tourbe flottante

Marais minéral inondé plus de neuf mois par an et exploitation actuelle limitée au pâturage et/ou à la culture du riz

Figure 3.9.Typologie des classes de marais au Burundi Source : Sheta, 1999

Marais minéral inondé toute l’année avec existence éventuelle de flaques par endroits

P L S OS OL OP

Marais organique inondé moins de neufmois et exploité en saison sèche avec possibilité de faire le riz en saison pluviale

Marais organique inondé plus de neuf mois dont l’exploitation actuelle est limitée au pâturage et/ou à la culture du riz

Marais organique inondé toute l’année avec des flaques d’eau par endroits

TS S L P TL TP

Marais tourbeux inondé moins de 9 mois par an et exploité en saison sèche avec possibilité de pratiquer le riz en saison pluvieuse

Marais tourbeux inondé toute l’année avec la présence éventuelle de flaques d’eau

Marais tourbeux inondé plus de neuf mois par an dont l’exploitation actuelle est limitée au pâturage et/ou la culture du riz

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Un inventaire de tous les marais du Burundi comprenant l’étendue totale et celle exploitée par province a été réalisé en 1999 (cfr annexe 1). En fonction des types de marais, les interventions à effectuer pour les mettre en valeur vont aussi varier. Il est par exemple conseillé de composter les marais organiques en vue de faciliter la décomposition progressive de leurs matières organiques partiellement non décomposées. Un marais à tourbe flottante est bon à classer dans le domaine conservatoire (zone protégée) car son exploitation risque de le rendre sec et plus tard stérile. La taille des drains et des collecteurs varie aussi selon le type de marais. En fonction de leur usage potentiel et/ou réel, les superficies des marais du Burundi sont inventoriées par le tableau 3.5.

Tableau 3.5. Répartition des marais par usage au Burundi en 1999 (ha, %)

Superficie (ha) % total marais

Les marais agricoles 82.559 69,97

Les marais pour tourbe (énergie) 1.400 1,19

Les marais à protéger 7.113 6,03

Les marais à but militaire (champs de tir) 400 0,34 Les marais pour matériaux de construction (argile, sable, gravier) 500 0,42

Les marais non encore exploités 26.021 22,05

Total 117.993 100

Source : Sheta, 1999.