• Aucun résultat trouvé

Quelques résultats tangibles de la recherche

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

1. Quelques résultats tangibles de la recherche

Initiée avec l’introduction du riz irrigué dans la plaine de l’Imbo dans les années 1970, la recherche rizicole était menée par l’ISABU au sein du programme riz financé majoritairement par les fonds extérieurs. Centrées au départ sur la mise au point du matériel génétique performant adapté aux divers écosystèmes et sur les technologies de production efficaces, les activités menées par le programme riz étaient établies par un comité programme riz. Ce dernier était constitué par les chercheurs du programme riz de l’ISABU, les agents de la SRDI, des projets de développement œuvrant dans l’Imbo et au Moso et des représentants des producteurs. Son rôle consistait à évaluer les besoins des agriculteurs, les contraintes rencontrées, de proposer des thématiques de recherche adaptées et en évaluer les résultats en vue de réorienter les stratégies pour l’année suivante.

Dès 1978, la recherche a porté aussi sur la riziculture des marais. Avec un financement de la CEE dès 1985,la FACAGRO s’occupait de l’aspect ‘amélioration variétale et fertilisation’ tandis que la lutte contre les maladies et ravageurs incombait à l’ISABU. Avant la crise socio- politique de 1993, la recherche rizicole avait abouti à des résultats tangibles sur bien des aspects.

 Au niveau variétal, lors de la diffusion du riz dans la plaine de l’Imbo-Centre par la SRDI en 1973, il n’existait localement que la variété L9 (C18) à proposer aux nouveaux exploitants regroupés en villages dans les périmètres rizicoles de Mugerero (zone 2 de l’Imbo). Cette variété, originaire de la plaine d’Uvira en RDC (ex-Zaïre), était déjà adaptée et cultivée dans la plaine de l’Imbo depuis le début des années 1960 (Bergen, 1985). Par la suite, des génotypes exotiques furent introduits de l’Asie (Chine, Corée, Philippines, etc…), de l’Afrique (Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Madagascar) et des organismes internationaux de recherche comme l’IRAT/CIRAD, l’IRRI, etc… Des essais multi-locaux d’analyse/observation des différents paramètres agro-économiques furent mis en place dans divers sites notamment à Gihanga (Imbo-Centre), à Nyanza- Lac (Imbo-Sud) et au Moso (Est). Les principaux paramètres analysés étaient entre autres le cycle végétatif, le comportement des variétés vis-à-vis des maladies et ravageurs, le rendement, les caractères gustatifs et culinaires, etc… Au bout de quelques années de recherche, plusieurs variétés furent diffusées par le programme riz de l’ISABU. Les premières variétés étaient caractérisées par un cycle long (160 à 170 jours) et des rendements moyens (moins de 3 tonnes/ha). Au fil des introductions, de nouvelles variétés plus productives et de moyen cycle (135 à 145 jours) furent proposées pour remplacer les anciennes variétés jugées moins performantes, mal adaptées et/ou attaquées par des pathogènes principalement la pyriculariose. Ainsi, en 1992, une vingtaine de variétés étaient en diffusion (annexe 2).

 Concernant les études agronomiques, les essais de fertilisation furent principalement menés au début des années 1980 en riziculture irriguée de la plaine de l’Imbo. Ils aboutirent à une formulation NPK (77-30-30) plus productive (30 à 35%) que la formule NPK (51-20-20) auparavant recommandée par la recherche. Il fut prouvé que cette nouvelle dose couvrait correctement les exportations en éléments minéraux principaux. De plus, le fractionnement d’azote n’a pas d’effet sur le rendement et la densité de repiquage de25 cm x 15 cm (c’est-à-dire 25 cm entre les lignes et 15 cmentre

74 Chapitre 3. Contexte national de la riziculture et marché mondial du riz

les poquets de plants sur la même ligne) donne un rendement optimal contrairement à l’espacement de 20 cm x 20 cm pratiqué auparavant (Lays et al., 1984).En riziculture de marais, peu de recherches agronomiques y ont été effectuées. Il a été seulement constaté en région du Buyenzi (Ngozi) que l’apport d’azote sur des sols organiques n’influence pas le rendement alors que l’apport supérieur à 20 unités de PK donnait un rendement nettement plus élevé (Tilquin et Detry, 1991). L’étude de l’évolution de la fertilité des sols de marais, entamée vers la fin des années 1980, a été suspendue en 1993 à cause de la guerre civile sans que des résultats probants aient été atteints.

 Pour la lutte contre les maladies et les ravageurs, la recherche a proposé de procéder soit par voie chimique, soit par sélection variétale pour la résistance/tolérance. Pour la première option, le traitement préventif des semences a recommandé d’appliquer 300 g de Coresan à 1,5% de mercure dans 100 kg en poudrage. La lutte contre la pyriculariose, la maladie la plus dommageable, devait se faire avec 10cc de Hinosan 50% EC dans 10 litres d’eau. Pour plus d’efficacité, la fréquence d’application proposée est de deux traitements au tallage à intervalle de 15 jours et deux traitements à l’épiaison (MAC SYS, 2000). La sélection variétale pour la résistance aux principaux pathogènes dont Pyriularia oryzae(L.) Cav., Sarocladium oryzae (Sawada),

Pseudomonas fuscovaginae (Tanii et al.) et pour les basses températures fut menée pour

toutes les variétés en essais avant leur diffusion en milieu réel. Les génotypes trop sensibles aux pathogènes mentionnés ont été écartés de la diffusion. De même, ceux qui sont appréciés pour divers paramètres mais sensibles aux basses températures étaient exclus du lot à diffuser dans les marais de moyenne altitude. L’étude de l’interaction entre le pathosystème du riz et la gestion de l’eau avait été initiée en 1988 mais n’avait pas encore donné des résultats quand la guerre éclata en 1993.

 Des essais d’intensification de la riziculture par un double cycle de production ont été effectués à l’Imbo-Centre. Le but visé était d’une part d’augmenter la superficie physique ensemencée en faisant deux cycles annuels et d’autre part de lutter contre les mauvaises herbes par une occupation optimale du terrain. Cette intensification est effectivement réalisable en termes de calendrier cultural variétal mais les faibles capacités de gestion engendrent unepénurie de l’eau d’irrigation en saison sèche (juin à septembre) pour le second cycle de production (juin à décembre), ce qui constitue un facteur limitantà cette option. Les maladies sont aussi susceptibles de s’amplifier en faisant des cultures continues de riz durant toute l’année. C’est la raison pour laquelle il a été recommandé de faire des assolements ‘riz/cultures maraîchères/riz’ ou ‘riz sur la moitié du périmètre/cultures maraîchères ou jachère sur l’autre moitié’.

 La sélection et la diffusion des semences sélectionnées ont toujours été effectuées selon une voie qui garantit autant que possible leur qualité. En effet, les institutions de recherche que sont l’ISABU et la FACAGRO reçoivent un germoplasme variétal d’origine diverse et créent la ‘semence de souche’, puis opèrent une sélection conservatrice. Cette première génération est produite en très petite quantité, 150 kg/variété au maximum. Une seconde génération appelée ‘semence de pré-base’ est produite à partir de la semence de souche pour 10 tonnes/variété au maximum. Elle donne à son tour une troisième génération de ‘semences de base’ destinées à être multipliées à grande échelle par les projets et/ou les groupements multiplicateurs de semences. Ces derniers produisent à leur tour les ‘semences commerciales’ qui sont vendues aux producteurs (Ndorukwigira, 2008). C’est surtout ce dernier maillon qui fait aujourd’hui défaut en raison de la suspension de plusieurs projets agricoles à cause de la guerre. Ce qui fait que même les semences de base fournies par les institutions de

Chapitre 3. Contexte national de la riziculture et marché mondial du riz 75

recherche aux producteurs finissent par être consommées, ce qui annihile l’effort de sélection de plusieurs années.