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Objectif et historique des aménagements rizicoles

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

1. Objectif et historique des aménagements rizicoles

Après l’indépendance du pays en 1962, le gouvernement burundais, appuyé financièrement par la Communauté Economique Européenne (CEE), procéda à une étude de faisabilité d’un aménagement hydro-agricole dans la plaine de l’Imbo. Le but visé était multiple:

 La remise en état des ouvrages de lutte contre les inondations endommagés après le départ des techniciens étrangers après l’indépendance ;

 L’installation d’un périmètre rizicole pour augmenter la production et l’offre de cette céréale surtout à la ville de Bujumbura;

 L’encadrement agricole pour augmenter la production de diverses spéculations;

 Le désengorgement des régions peuplées de l’intérieur du pays par une immigration organisée et un peuplement des villages nouvellement construits dans les périmètres rizicoles. A cette fin, une réduction de la jachère et de la superficie des lots des paysannats était inévitable pour pouvoir offrir des terres à un nombre plus élevé de candidats.

a) Aménagements rizicoles du projet FED-Imbo

Les premières parcelles rizicoles furent mises en place par le projet « Fonds Européen de Développement de l’Imbo » (FED-Imbo) en 1969 à l’Imbo-Centre, au site de Mugerero en commune de Gihanga. Ces aménagements se sont opérés dans les anciens paysannats cotonniers où l’on a procédé à une nouvelle redistribution avec un nouveau statut des terres et une nouvelle orientation. En effet, les bénéficiaires obtenaient une exploitation de 1 ha dont 50 ares réservés au riz, 25 ares à la polyculture irriguée (haricot, maïs, manioc, etc....) et 25 ares à la maison d’habitation. Pour faciliter l’installation des nouveaux occupants, quelques matériaux de construction (portes, tôles et fenêtres) et un don alimentaire pouvant couvrir trois mois étaient accordés à chaque ménage (Kibiriti, 1981).

En 1973, le projet FED-Imbo donna naissance à la société régionale de développement de l’Imbo (SRDI). Comme la plupart des projets/sociétés de développement en vogue dans les années 1980, la SRDI avait pour mission le développement socio-économique de la région de l’Imbo basé sur une culture commerciale qu’est le riz. En effet, la culture du riz et l’écoulement de l’excédent non consommé par les producteurs dans la ville de Bujumbura devraient assurer une monétarisation de l’activité agricole. Ensuite, la mise en place des infrastructures sociales de base comme les routes, l’eau potable, les centres de santé et les écoles était un gage de développement rural.

Avec un financement du FED, la SRDI focalisa d’abord les aménagements au site de Mugerero sur une étendue de 2.490 ha dont 1.650 ha de rizières et 840 ha de polyculture irriguée. Les bénéficiaires étaient les anciens occupants des paysannats cotonniers (600 familles) auxquels se sont ajoutés les immigrants venant des zones densément peuplées des provinces de Bubanza, de Muramvya et de Ngozi (1.500 familles). Les exploitants rizicoles signaient un contrat avec la SRDI, représentant de l’Etat propriétaire des terres. Le contrat stipulait que le bénéficiaire devait valoriser le lot de parcelles en usufruit selon les directives de la SRDI. Il devait ainsi participer aux travaux d’entretien des drains et des canaux d’irrigation et vendre le produit (paddy) à la SRDI. Le non respect dudit contrat exposait le bénéficiaire au retrait de son lot de terres au profit d’autres candidats en attente (Kibiriti, 1981 ; REIE-PGL, 2003).

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L’aménagement des parcelles rizicoles et de la polyculture irriguée a abouti à un système d’irrigation moderne par gravité à partir d’un barrage de retenue d’eau construit sur la rivière Mpanda. A ses débuts, la SRDI a financé à la fois plusieurs activités à but productif et social. Pour les premières, en plus des parcelles aménagées et du système d’irrigation (barrage et canaux d’irrigation), il s’agit de la construction de six hangars de stockage du paddy (un hangar par village), de la rizerie industrielle de Bujumbura d’une capacité 2,5 à 4 tonnes/heure et de divers bâtiments de service et d’habitation pour son personnel. Pour les activités à but social, la SRDI a appuyé l’installation des exploitants dans les nouveaux villages des périmètres rizicoles. Pour cela, elle fournissait à crédit de moyen terme quelques matériaux de construction comme le ciment et les tôles pour toiture et des denrées alimentaires pouvant couvrir trois mois, juste le temps d’avoir les premières récoltes de la polyculture irriguée (haricot). Elle a aussi construit des routes sur 47,2 km, trois écoles primaires, deux centres de santé, un centre social et un centre de négoce. Le coût des aménagements rizicoles du projet FED-Imbo (1969 à 1973) et de la SRDI (sur fonds FED) était estimé à un milliard cent trente et un millions neuf cent vingt deux mille six cent quarante trois francs (1.131.922.643 fbu)13[SRDI, 1987].

b) Aménagements rizicoles des projets Nyamabere, Est-Mpanda et Rukaramu

En fonction des opportunités de financement et des possibilités techniques d’irrigation, d’autres aménagements de périmètres rizicoles couplés aux activités à caractère social ont été réalisés entre 1983 et 1995.

 En 1983, 250 ha de terres irrigables ont été aménagés à Nyamabere en commune de Mpanda sur financement coréen. Le projet a aussi mis en place des infrastructures hydrauliques notamment un barrage de retenue d’eau sur la rivière Musenyi et quelques pistes routières longues de 8,75 km.

 De 1984 à 1992, le projet Est-Mpanda financé par la BAD pour un montant d’un milliard deux cent quatre vingt et un millions six cent quarante et un mille cent trente cinq francs burundais (1.281.641.135 fbu), a aménagé des parcelles irrigables sur une étendue de 1.586 ha. De plus, il a réalisé quelques infrastructures sociales à savoir la construction des routes sur une longueur de 29 km, la construction de trois hangars de stockage du paddy et de deux écoles primaires.

 De 1991 à 1995, le projet Rukaramu (commune de Mutimbuzi) appuyé financièrement par la Chine, a aménagé 1.218 ha de terres irrigables et des infrastructures hydro- agricoles y relatives (barrage sur la rivière Mpanda, canaux et drains). Le projet a aussi construit une aire de séchage du paddy et une école primaire (REIE, 2003).

A la fin des divers projets, les périmètres rizicoles sont passés sous le contrôle de la SRDI. Les conditions d’attribution et d’exploitation des nouveaux lots de parcelles rizicoles sont les mêmes que pour les premiers bénéficiaires de Mugerero (commune de Gihanga). Mais compte tenu de l’augmentation de la population au fil des années, les lots de rizièresattribués par famille ont été de plus en plus réduits. Ainsi, ils ne sont plus que 50 ares à Nyamabere et à l’Est-Mpanda et 33 ares à Rukaramu (SRDI, 2007). Pour l’ensemble des aménagements de périmètres rizicoles sous culture à l’Imbo (4.000 ha) réalisés depuis le début de l’installation des premières rizières en 1969 jusqu’à ce jour, le coût total s’est établi à près de 3 milliards de fbu (MAC SYS, 2000). Ce montant est donc plus élevé en valeur actuelle compte tenu des multiples dévaluations de la monnaie burundaise qui se sont opérées depuis l’installation des premières rizières en 1969.

13

Le taux de change de la monnaie burundaise (fbu) par USD était de 73 en 1973 ; 120 en 1984 ; 250 en 1995 et 1082 fbu en 2007 (BRB, rapports annuels 1973-2007).

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