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CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

3.2. Contexte socio-économique du Burundi

3.2.2. Contexte macro-économique

3.2.2.2. Equilibres intérieurs

Le pays est caractérisé par de faibles investissements globaux qui sont inférieurs à 10% du PIB sauf depuis l’année2004 (11,3%) à 2007 (11,6%) [tableau 3.2]. Cette situation s’explique par la réduction drastique des investissements tant internes qu’externes. La chute des investissements internes est liée à la paupérisation de la majorité de la population consécutive à la guerre civile (1993 à 2003) et à l’embargo économique (1996 à 1999) [Abbou et Baransaka, 2007]. Les investissements extérieurs directs ont été affectés par l’instabilité politique, le coût élevé des services publics, le faible niveau de la qualité de la main d’œuvre, le programme limité de privatisationet par l’indisponibilité de devises (CNUCED, 2010). Un retour relatif à la paix après les élections de 2005 a ramené quelques partenaires extérieurs, ce qui a rehaussé le taux d’investissements (15,5%).

Le financement du monde rural est encore problématique. A part la banque nationale pour le développement économique (BNDE), les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), quelques ONG locales comme l’Asbl Twitezimbere et la micro-finance « Caisse de Crédit et d’Epargne Mutuelle (CCEM) » dont les fonds sont limités, très peu de banques ou institutions financièressont disposées à financer le milieu rural qui compte pourtant plus de 90% de la population. Un système de micro-finance adapté aux réalités du monde rural permettrait de rehausser le niveau d’investissementet d’accroître le revenu national.

2) Masse monétaire et inflation

La masse monétaire disponible représente les moyens de paiement des agents économiques, du système bancaire et du gouvernement. Elle doit être contrôlée par la banque centrale pour stabiliser les prix mais aussi pour une bonne politique de croissance, d’emploi et d’équilibre extérieur. Au Burundi, la masse monétaire a une allure ascendante depuis 1994 quand le gouvernement a commencé à emprunter au système bancaire domestique. Le taux annuel de croissance de la masse monétaire est demeuré élevé sur toute la période considérée (2000 à 2009) à plus de 12% avec un pic de 42,4% en 2008. Seule l’année 2009 a vu ce taux baisser

-2 -1 0 1 2 3 4 5 6 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 %

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de 2,8% (tableau 3.2). Excepté cette année particulière (2009), ces taux sont nettement plus élevés comparés au niveau de croissance économique (inférieure à 5%).

Comme corollaire à cette croissance de la masse monétaire, l’inflation s’est naturellement maintenue à un taux plus élevé en 2000 (24,3%) et en 2008 (24,5%). Pour le reste de la période, l’inflation est demeurée relativement faible, autour de 10% (figure 3.5). Ce mouvement inflationniste a pour conséquenceune augmentation des prix à la consommation. Il est à souligner particulièrement la hausse des prix des denrées alimentaires car la production agricole durant la guerre civile a été fortement hypothéquée. Non seulement les gens ne se préoccupaient plus assez de leurs activités culturales en période de guerre, mais aussi les services d’appui à la production (encadrement agricole, approvisionnement en intrants, recherche/développement) avaient considérablement relâché leurs efforts et manquaient cruellement de moyens matériels faute de financements extérieurs.

L’inflation des prix à la consommation est aussi imputable aux dévaluations successives de la monnaie locale par rapport au dollar américain en raison de faibles disponibilités de réserves en devises. La dévaluation devrait en principe, d’après la thèse des institutions financières internationales, stimuler les exportations et donc renflouer le pays en devises. Mais pour des pays qui ne comptent quasiment que sur une culture d’exportation (café), cette dévaluation n’apporte souvent aucune amélioration car la diversification des produits exportables et le volume des quantités exportées n’augmentent pas automatiquement.

Figure 3.5. Evolution de l’inflationau Burundi (2000 à 2009) Source : BAD, 2010.

3) Les Finances publiques

L’évolution des finances publiques du Burundi est caractérisée par une hausse progressive des recettes et des dépenses, ces dernières étant légèrement supérieures aux recettes. Les recettes fiscales (impôts directs et indirects) ont été particulièrement accrues dès 2005 par l’augmentation de l’assiette des prélèvements directs sur les salaires des fonctionnaires et des forces armées qui ont été majorés de 15% par le gouvernement nouvellement mis en place après les élections de 2005. La part des dépenses s’est accrue au fil des années, passant de 24,7% du PIB en 2000 à 30,3% du PIB en 2009 (tableau 3.2).

-5 0 5 10 15 20 25 30 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9

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L’augmentation des dépenses totales est surtout imputable à la catégorie des dépenses incompressibles liées à la reconstruction du pays ravagé par plus d’une décennie de guerre civile, à la démobilisation et au désarmement des anciens combattants, aux intérêts sur des crédits publics et à l’augmentation des salaires des fonctionnaires. La conséquence de cette situation de déséquilibre entre les recettes et les dépenses est logiquement un déficit structurel croissant qui passe de -2,3% du PIB en 2000 à -4% du PIB en 2009 (tableau 3.2). Pour résorber à court terme ce déficit, le pays est obligé de contracter des crédits auprès des institutions financières multilatérales (FMI, BM, BAD, OPEP, etc…) et des partenaires bilatéraux à des taux relativement favorables. Mais la question qui se pose pour la plupart des pays en développement débiteurs, c’est la faculté d’honorer leurs engagements de remboursement tout en maintenant un train de vie normal de l’Etat. Dans le cas contraire, le risque est d’entrer dans un cercle vicieux de l’endettement !

Tableau 3.2. Evolution des investissements, de la monnaie et des finances publiques

Investissement Unité 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Investissement intérieur brut % PIB 7,5 7,3 10,1 10,7 11,3 15,5 13,6 11,6 9,6 8,9

Investissement public % PIB 6,4 5,6 7,9 8,1 8,7 13,1 10,7 9,3 7,8 7,1 Investissement privé % PIB 1,2 1,7 2,1 2,7 2,6 2,4 2,9 2,3 1,9 1,7 Epargne nationale % PIB -2,5 1,6 2,9 6 4,9 9,6 1,7 1,5 5,2 11 Prix et Monnaie

Inflation (IPC) % 24,3 9,2 -1,3 10,7 8,4 13 2,8 7,1 24,5 8,3 Taux de change (moyenne annuelle) Fbu/USD 721 830 930,7 1083 1101 1082 1029 1082 1186 1237 Masse monétaire, variations

annuelles (M2) % 15,5 15,2 30,4 24,9 11,5 24,3 23 13,8 42,4 -2,8 Vitesse de circulation de la monnaie

(PIB/M2) % 21,1 22,6 27,7 31,3 30,1 32,5 36,8 38,7 42,4 36,2 Finances publiques

Recettes totales et dons % PIB 22,3 29,3 31,8 31,1 35 32,3 30,7 34 30,3 26,8 Dépenses totales et prêts nets % PIB 24,7 33,2 40,4 37,6 40,7 34,5 34 36,8 33,4 30,3 Déficit (-) / Excédent global (+) % PIB -2,3 -3,8 -8,6 -6,4 -5,6 -2,3 -3,3 -3 -3,1 -4

Source : BAD, 2010.