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La révolution bananière et les associations culturales complexes

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

3.3. Evolution de la riziculture au Burundi

3.3.1. Historique de l’agriculture et place du riz

3.3.1.3. La révolution bananière et les associations culturales complexes

L’introduction de la banane et son expansion furent généralisées dès la fin du 19ème

et au début du 20èmesiècles.Jusque dans les années 1950, le système cultural burundais était relativement bien différencié. Dans la majeure partie du pays, on pouvait aisément distinguer, à partir de l’enclos vers le bas de la colline, une succession de parcelles portant les cultures suivantes :  Une parcelle de bananeraie autour et près de l’enclos ;

 Des parcelles à deux récoltes annuelles selon le calendrier établi depuis le 18ème

siècle (haricot-maïs/sorgho) ;

 Une parcelle de café ;

 Des parcelles avec une seule récolte annuelle (patate douce, manioc ou éleusine) suivie d’une friche ;

 Des pâturages naturels individuels ou indivis vers le bas de la colline ;

 Des bas-fonds et/ou des marais parfois exploités en saison sèche par des cultures de cycle court (haricot, pomme de terre, cultures maraîchères, etc…).

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Source : http://Jardinons.wordpress.com/2008/06/22/Les incroyables-jardiniers-des-collines-du-burundi lu le 11/10/2009 et Cochet (2003).

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Au fil du temps, le système cultural des collines devenait de moins en moins structuré qu’auparavant en raison principalement de la réduction de la surface cultivable liée à la pression démographique. Pour maximiser les petites superficies disponibles, l’association des cultures est devenue quasi systématique, la jachère a disparu et la succession des cultures au cours de l’année culturale est devenue complexe. De même, la superficie réservée aux pâturages se rétrécit ou disparaît complètement tandis que la bananeraie s’agrandit et s’associe aussi aux cultures d’ombrage (courge, colocase, taro, etc…).

En fin de compte, avec l’introduction récente du riz dans les marais de moyenne altitude, le système cultural burundais fut légèrement modifié et se résume en trois grands ensembles :  La bananeraie dense associée aux cultures d’ombrage (courge, colocase, taro, etc…) sur les

collines ;

 L’association complexe de céréales, de légumineuses et de tubercules sur les collines;  Dans les marais, la culture du riz en saison pluvieuse (décembre à juin) en assolement avec

les cultures à cycle court (haricot, pomme de terre, cultures maraîchères) en saison sèche (juillet à octobre).

Sur les terres des collines, l’intensification de la bananeraie semble avoir substitué l’élevage dans son rôle de transfert de la fertilité. En effet, la banane à bière, la plus répandue, n’exporte pas beaucoupd’éléments minéraux du sol (azote, phosphore et potassium) car le jus ne contient que du sucre et de l’eau. De plus, les résidus de récolte (peaux de banane et résidus de pressage du vin de banane), les feuilles et les troncs de bananiers abattus après la récolte sont restitués au sol. La bananeraie permet donc une reproduction de la fertilité du sol en lieu et place de l’élevage sensiblement réduit par la contraction des pâturages liée à la pression démographique.

Par ailleurs, le processus d’associations culturales s’est complexifié avec plusieurs cultures à la fois. Ainsi par exemple, à l’association des céréales (maïs, sorgho) aux légumineuses (haricot, petit pois), les exploitants ajoutent par endroits quelques plants de manioc et de patate douce. A la bananeraie s’ajoute les colocases, les courges, les arbres fruitiers et les plants agro-forestiers (Grevillea). Cette association multi-culturale s’est révélée être un mécanisme d‘adaptation qui respecte une logique agronomique et économique. En effet, les cultures associées ont souvent des ports et/ou des enracinements différents et complémentaires. Ainsi, au maïs et au sorgho à ports dressés sont associés le haricot, le petit pois et la pomme de terre à ports étalés. Le bananier à port arboré est associé aux courges et à la patate douce à ports rampants. Ainsi, la concurrence pour la lumière est naturellement évitée. Il en est de même pour l’enracinement, certaines légumineuses à racines superficielles fixent l’azote atmosphérique qui profite aux céréales auxquelles elles sont associées. En fin de compte, la production globale par unité de surface s’accroît sensiblement.

Le calendrier cultural actuel basé sur l’association complexe de plusieurs cultures est schématisé par le tableau 3.4. A partir de ce dernier, il apparaît que l’assolement et l’association de plusieurs cultures entraînent une imbrication des cycles culturaux et exigent des travaux agricoles quasi continus. Ainsi, semé en octobre en association avec le maïs, le haricot est récolté en décembre, juste avant le semis du sorgho. Ce dernier s’effectue en janvier juste avant la récolte du maïs en février. Quant à la patate douce, les boutures sont implantées en novembre lors du sarclage du haricot ; puis est récoltée en avril/mai lors du second sarclage du sorgho qui est récolté en juillet. Pour les cultures pérennes comme la banane et le manioc, leur entretien se fait en même temps que les travaux de semis, de sarclage et/ou de récolte des cultures annuelles y associées. La récolte des cultures pérennes est étalée sur toute l’année sauf pour le café qui s’effectue en avril/mai, quelques semaines avant la moisson du riz en mai/juin. L’imbrication des cycles culturaux dans des associations

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de plus en plus complexes entraîne un accroissement du travail qui est cependant étalé sur toute l’année culturale. De plus, une intervention de l’agriculteur permet de réaliser plusieurs tâches à la fois. La récolte du haricot (décembre) est couplée au sarclage du maïs ; la récolte du maïs (février) s’effectue en même temps que le sarclage du sorgho ; tout comme le semis du taro et des courges dans la bananeraie permet son entretien (Cochet, 2003).

Tableau 3.4. Calendrier cultural des principales cultures des régions de moyenne altitude (Bugesera,Buyenzi et Bweru)

Saison A Saison B Saison C (sèche)

Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Maïs Haricot Sorgho Patate douce Manioc Banane Café Riz

Source : Enquêtes et observations de l’auteur, 2008.

3.3.2. Occupation des terres et aménagements rizicoles de l’Imbo