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CHAPITRE 4. PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS

2. Equipement agricole rudimentaire

Les agriculteurs burundais sont peu outillés en termes de matériel agricole utilisé. En effet, pour les activités culturales (labour, pépinière, entretien, récolte), le matériel agricole le plus commun (groupe I) est constitué par la « houe chinoise, la machette, le couteau, le panier en bois, le mortier et les sacs en polyéthylène » qui se retrouvent dansla majorité des ménages des zones de notre étude. Par contre, le groupe II est constitué de matériels moins abondants dans nos exploitations. Il s’agit de «la coupe-coupe, la faucille », plus présentes dans les zones de l’Imbo (plus de 50% des exploitants) et des outils relativement plus onéreux comme « le pulvérisateur et l’arrosoir » retrouvésuniquement chez quelques agriculteurs de l’Imbo. L’ensemble du matériel agricole d’un riziculteur a une valeur moyenne de près de 22.000 fbu (tableau 4.5).

L’absence de la traction animaleet de la mécanisation agricole est fort remarquable et caractérise l’agriculture burundaise. Tous les travaux sont donc exécutés au moyen de l’énergie biologique humaine avec pour conséquence une faible productivité du travail et de la terre. Ceci est d’autant plus amplifié que les travaux culturaux en riziculture se réalisent sur des sols marécageux et/ou argileux très durs à cultiver. C’est la raison pour laquelle les travaux culturaux constituent une forte proportion des charges du producteur allant parfois jusqu’à 80% des charges totales. La faible productivité du travail consécutive entre autres aux faibles investissements en matériel agricole est un des maillons faibles de l’agriculture burundaise en général et de la riziculture en particulier. Le battage manuel, le séchage au sol ou surdes nattes, la conservation dans des paniers, des fûts ou des sacs non bien fermés concourent à affaiblir sensiblement la qualité du riz blanc offert aux consommateurs.

Tableau 4.5. Proportion (%) d’exploitants par matériel agricole en propriété

Plaine de l’Imbo Régions de marais

Groupe I : outils communs

zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 zone 6

Houe 100 100 100 100 100 100 Machette 90 90 62 100 90 90 Couteau 100 80 62 100 80 90 Panier 80 40 50 90 70 100 Mortier 80 45 30 100 100 100 Sacs 30 60 75 100 70 40 Groupe II : outils moins abondants Coupe-coupe 50 50 62 0 0 0 Faucille 30 40 12 20 10 50 Pulvérisateur 10 0 25 0 0 0 Arrosoir 0 10 0 0 0 0

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4.1.5. Productivité et coûts de production en riziculture

4.1.5.1. Productivité physique variable selon la riziculture

Une productivité élevée en paddy constitue certainement un des ultimes objectifs de tout riziculteur. Elle est liée à beaucoup de facteurs dont certains, comme les facteurs de production (travail, terre, capital) sont dans une large mesure contrôlés par les producteurs eux-mêmes. D’autres facteurs par contre, non moins importants (accès aux intrants, technologies de production, encadrement, irrigation, environnement agro-écologique, marché, etc…), sont hors du contrôle des riziculteurs. Tous ces facteurs réunis exercent un impact évident sur la productivité et l’offre globale du riz produit.

Pour le cas des filières rizicoles burundaises, les résultats de nos enquêtes, tels qu’illustrés par la figure 4.7, montrent une nette différence de rendement moyen selon le type de riziculture et une faible différence entre les zones d’une même riziculture. En effet, la productivité physique de la terre est toujours plus élevée en riziculture irriguée de l’Imbo. Ainsi, elle varie de 5,2 t/ha en zone 1, à 6,2 t/ha en zone 2 et à 7,0 t/ha en zone 3. En riziculture des marais par contre, le rendement moyen est inférieur à 2 t/ha. Ces différences entre les deux rizicultures (Imbo et marais) sont imputables aux modes de conduite et aux paramètres de production en place dans les deux agro-systèmes. Il s’agit principalement de :

 La disponibilité des engrais minéraux aux riziculteurs qui semble confirmer leur rôle déjà prouvé depuis l’époque de la révolution verte. Ce sont en effet les riziculteurs de l’Imbo (zones 1 à 3) qui appliquent systématiquement la fumure minérale qui peuvent produire au-delà de 5 t/ha. Les riziculteurs des marais qui ne pratiquent pas de fertilisation minérale ni organique ne peuvent produire que 1,2 t/ha (zone 5) à 1,77 t/ha (zone 4) ;

 L’accès aux semences de qualité (sélectionnées) qui est primordial à toute riziculture moderne. Alors que la SRDI est toujours en étroite collaboration avec les institutions de recherche (ISABU et FACAGRO) pour faciliter l’accès desriziculteurs aux semences de qualité dans sa zone d’action (zone 2), les diverses DPAE’s en charge des régions des marais sont majoritairement déconnectées des structures de recherche. Mises en place lors des réformes du MINAGRIE juste quelques mois avant la guerre civile de 1993, les DPAE’s n’ont guère pu acquérir les moyens matériels et finanaciers nécessaires pour un encadrement convenable de toutes les activités agricoles des provinces où elles exercent leur action ;

 Mis à part ces intrants primordiaux pour la production du riz, la maîtrise de la gestion de l’eau constitue un autre facteur qui explique la différence de rendement entre les deux types de riziculture. En zone 2 où l’accès à l’eau est garanti, un rendement moyen de 6,2 t/ha est facilement atteint. En zone 1 où seule la moitié des riziculteurs dispose d’une irrigation maîtrisée, le rendement est de 5,2 t/ha alors qu’il atteint 7,0 t/ha en zone 3. Cette dernière est particulièrement récompensée par une fertilité naturelle de cette ancienne réserve naturelle conservée au cours de plusieurs siècles. Dans les zones des marais, il a été constaté que l’accès et la gestion de l’eau sont déficients pour les diverses raisons invoquées auparavant. Le faible rendement du riz des marais semble en partie lié à une faible maîtrise du contrôle de l’eau indispensable pour cultiver des variétés de riz non pluvial (irrigué, marais, inondé, submersion et flottant).

En définitive, la productivité physiquedifférenciée entre la riziculture de l’Imbo et celle des marais est beaucoup plus liée aux pratiques opposées d’application d’engrais et de gestion de l’eau. Ces deux techniques sont mieux appliquées dans le premier cas et le sont moins dans le

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second. Le faible rendement du riz des marais, couplé aux basses qualités inhérentes au mélange variétalet à une faible technologie post-récolte (conservation, transformation et commercialisation), constitue une contrainte majeure à la filière dans son ensemble. En effet, cette situation est à l’origine d’une faible production nationale et donc d’une faible offre domestique dont la qualité n’est pas par ailleurs bonne en marais qui représentent 60% des rizières. Ceci, dans un contexte de demande croissante de riz, est de nature à induire une tendance haussière des prix du riz local dommageable à son avantage compétitif.

Figure 4.7. Rendement moyen des exploitations rizicoles (t/ha) Source : Enquêtes de l’auteur, 2007.

4.1.5.2. Coûts de production différenciés selon la riziculture