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Des politiques rizicoles interventionnistes

CHAPITRE 3. CONTEXTE NATIONAL DE LA RIZICULTURE ET MARCHE MONDIAL

2. Ampleur de la flambée des prix de fin 2007 à 2008

3.5.4. Des politiques rizicoles interventionnistes

Le riz est la culture dont la production et la commercialisation subissent le plus d’intervention des autorités publiques. Les stratégies varient selon l’importance du riz dans le pays et son degré de développement. Dans les pays asiatiques où le riz constitue l’aliment de base de la population, la politique généralement suivie est le contrôle des exportations pour réguler le marché intérieur et le soutien des prix domestiques (prix plancher). En Thaïlande, le gouvernement procède à des achats publics massifs lors de la récolte. Par après, il les vend progressivement, en fonction des cours du marché, aux opérateurs privés à un prix préférentiel (rôle régulateur). Le Vietnam essaie de garantir les prix internes et fait des restrictions à l’exportation pendant quelques mois de l’année en établissant un prix minimum d’exportation. Il n’a pas de politique de soutien au secteur d’exportation mais l’Etat fait un encadrement et

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un assouplissement des règles d’exportation. Le gouvernement établit des quotaset constitue des stocks destinés au secteur d’exportation.

Dans les pays développés, le riz joue un rôle mineur sur le plan national. Néanmoins, le lobby des riziculteurs pousse les pouvoirs publics à des soutiens divers. Aux Etats-Unis par exemple, des contrats de production sont établis entre les riziculteurs et l’Etat. Ce dernier octroie aussi des prêts de campagne en cas de faibles cours mondiaux. Il a recours aux subventions ou à l’aide publique au secteur comme l’appui à l’exportation. Il procède aussi par des aides alimentaires ou des accords bilatéraux de libre échange pour faciliter l’écoulement du riz américain. Au sein de l’Union Européenne, les producteurs reçoivent un soutien du prix du marché et des subventions en fonction de certains critères (superficie cultivée, intrants, production, etc…). Le Japon reste le plus grand pourvoyeur d’aides aux producteurs et protège son marché intérieur par des tarifs douaniers extrêmement élevés (plus de 400%). Il donne aussi des incitations aux riziculteurs qui réduisent les superficies cultivées en vue d’éviter une surproduction qui baisserait les prix locaux.

Cependant, la libéralisation progressive du commerce mondial sous l’égide de l’OMC tend à réduire ces différentes distorsions qui faussent le jeu du marché au détriment des pays pauvres, surtout africains. Ces derniers ont vu leurs filières rizicoles fortement concurrencées sur le marché domestique par du riz importé.

Globalement, les politiques rizicoles suivies sont de trois catégories :  Les politiques relatives à la production ;

 Les politiques relatives à la consommation et la commercialisation ;  Les politiques commerciales internationales.

3.5.4.1. Les politiques liées à la production

Elles englobent d’abord les mesures qui affectent directement la production comme la recherche, la vulgarisation, l’investissement, l’irrigation, les infrastructures, la mise en culture ou le programme de mise hors production des terres devenues marginales à la riziculture. Ces politiques visent généralement les objectifs de long terme et sont intégrées dans des plans stratégiques de développement du secteur agricole. Ce sont d’autre part les mesures liées au marché en vue de stabiliser les prix notamment les achats publics et la gestion des stocks. Ces mesures, contrairement aux premières, subissent des modifications plus fréquentes en fonction du marché.

3.5.4.2. Les politiques de consommation, de commercialisation et de stockage

Sous l’influence de l’OMC, beaucoup de pays ont adopté des systèmes de commercialisation relativement ouverts et concurrentiels. Mais comme le riz est une denrée cruciale (denrée de base) pour bon nombre de pays surtout en Asie, les gouvernements ont gardé une certaine marge de manœuvre en vue d’infléchir le marché notamment sous forme de parts importantes dans les entreprises contrôlées par l’Etat ou par des contrôles de prix sur le marché.

Certains pays ont même élaboré une législation, auparavant inexistante, en vue d’améliorer les voies de commercialisation du riz. Quand les prix augmentent comme ce fut le cas en 2004 et en 2007/2008 à cause des coûts élevés du fret ou de la réduction du stock, certains gouvernements sont intervenus pour maintenir les prix à la consommation abordables. Dans le cadre de la libéralisation du secteur agricole, certains Etats ont transféré la détention des stocks de riz aux privés. Cependant, ils gardent un minimum obligatoire pour les réserves de

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sécurité alimentaire comme c’est le cas en Chine, aux Philippines, en Malaisie et en Inde. L’Association des Etats de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a mis en place dès 2003, une réserve commune de riz pour les urgences d’unvolume minimal de 85.000 tonnes.

3.5.4.3. Les politiques commerciales de quelques pays

Chaque pays adopte une politique commerciale en fonction de l’importance du riz produit, de son rôle au niveau domestique et des exigences de l’OMC qui prône moins d’interventionnisme (protections tarifaires ou non tarifaires, subventions à la production et aux exportations, etc…). Mais comme les grands producteurs sont aussi les premiers consommateurs avec le riz comme aliment de base, la politique des différents pays est influencée par les aléas de la production. Globalement et en conditions normales (sans aléas), les politiques commerciales de chaque pays sont synthétisées dans le tableau 3.14.

Tableau 3.14. Politique de certains pays producteurs et exportateurs de riz

Pays exportateurs Politiques rizicoles appliquées par pays Thaïlande Subventions aux exportations

Soutien aux prix intérieurs par des achats publics et par stockage Vietnam Quotas d’exportation fixés en fonction de la production annuelle

Prix d’exportation minimum fixé par l’Etat Prix plancher sur le marché intérieur

USA Soutien aux prix de production par des contrats entre gouvernement et producteurs Prêts de campagnes quand le prix mondial est plus bas que le prix de référence Aides alimentaires et accords commerciaux

Inde Soutien à la production, les organismes collecteurs doivent acheter au dessus du prix plancher fixé par l’Etat

Pays importateurs Politiques commerciales du riz

Indonésie Taxes à l’importation même si le marché est libéralisé afin de protéger les producteurs locaux Union Européenne Prix de soutien fixé avant la campagne et les organismes collecteurs achètent aux prix de

soutien ;

Tarif commun à l’importation sauf pour japonica ; Contingents à l’importation pour les ACP ; Aide aux producteurs en fonction de la superficie

Chine Taxes à l’exportation en cas de déficit, subventions en cas d’excédents Japon Prix fixés et très élevés et vente par les compagnies d’Etat

Contingent importé (8%) dans le cadre de l’OMC non vendu au marché domestique, mais fourni sous forme d’aide humanitaire;

Soutien à la mise hors culture des superficies rizicoles

DEUXIEME PARTIE

PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION

DES PRINCIPAUX RESULTATS D’ENQUÊTES