• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4. PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS

1. Ressources financières

Le financement formel des riziculteurs par le système bancaire est limité aux zones 2 et 3 de l’Imbo. En effet, la figure 4.6 montre que 90% des riziculteurs de la zone 2 ont bénéficié du crédit bancaire via leur collectif d’associations (CAPRI) et l’aval de la SRDI. En zone 3, 60% ont contracté du crédit surtout auprès des micro-finances de la capitale Bujumbura. Les riziculteurs d’autres zones n’ont pas accès au financement formel, ils ont recours exclusivement au système informel (usuriers commerçants ou fonctionnaires, voisins, etc…). La même figure 4.6 montre que la totalité des riziculteurs de la zone 1 contractent du crédit informel, que 50% et 40% respectivement des zones 2 et 3 le font aussi en plus du crédit formel. En fait, le crédit formel est souvent insuffisant et octroyé tardivement à cause des lenteurs administratives des associations de producteurs et/ou de la banque. C’est pourquoi certains riziculteurs contractent entre-temps un crédit informel auprès des commerçants ou des fonctionnaires de leur voisinage pour éviter tout retard au calendrier cultural dommageable à la production.

En riziculture des marais, force est de constater que non seulement le crédit formel est inexistant, mais aussi que peu de riziculteurs accèdent au crédit informel (moins de 30%). Dans ces zones, les créanciers sont rares et les conditions sont plus contraignantes. En effet, les taux d’intérêt sont élevés (100%) et le délai de remboursement est très court (3 à 6 mois), juste le temps d’un cycle de production. Parfois, les créanciers usuriers font pratiquement un « hold-up » sur le riz des producteurs. En effet, profitant de la carence de liquidités en périodes de soudure ou en cas de forte nécessité des producteurs (frais de santé, frais scolaires, etc…), les usuriers accordent du crédit en espèces et s’approprient une partie ou la totalité des rizières qu’ils vont récolter eux-mêmes. Les riziculteurs se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux de la misère et de l’endettement et la filière en pâtit inévitablement car une partie de ce maillon est récupérée par des spéculateurs non agricoles.

Figure 4.6. Proportion (%) d’exploitants par type de crédit Source : Enquêtes de l’auteur, 2007.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 zone 6

Riz Imbo Riz Marais

Chapitre 4. Présentation, analyse et discussion des principaux résultats 121

Le montant du crédit contracté est aussi lié au type de riziculture et son degré d’intensification qui semble à son tour proportionnel à la taille de l’exploitation et au niveau de commercialisation du produit. Comme le montre le tableau 4.4, ce sont les zones de l’Imbo (zone 1 à 3) qui intensifient en capital. Les exploitants qui ont de larges superficies (zone 3) contractent plus de crédit (621.000 fbu) car ils sont aptes à produire de grandes quantités dont une partie des ventes sert au remboursement. Excepté dans cette même zone 3, le remboursement se fait juste après la récolte (moins de 6 mois). En marais d’altitude particulièrement (zones 4 à 6), les exploitants contractent peu de crédit en raison à la fois du manque d’opportunités (créanciers) et de la faible capacité de remboursement inhérente aux faibles productions commercialisables. Concernant les taux d’intérêt, le recours aux systèmes formel et informel en zones 2 et 3 conduit à un taux moyen relativement bas (31 à 36%) par rapport aux autres zones qui ne s’adressent qu’à l’informel (50 à 68%).

Tableau 4.4. Crédit, taux d’intérêt et délai de remboursement

Type de riziculture Zone Montantcrédit

par exploitant (fbu) Ecart-type Intérêt (%) Délai de remboursement

Riz irrigué Imbo

Zone 1 292.000 147.447 68 3 à 6 mois Zone 2 281.600 122.575 31 5 à 6 mois Zone 3 621.000 243.658 36 6 à 12 mois Riz de marais Zone 4 3.300 550 50 3 à 6 mois Zone 5 2.000 450 60 3 à 6 mois Zone 6 2.500 600 60 3 à 6 mois

Source : Enquêtes de l’auteur, 2007.

Les agents des autres maillons de la filière,tout comme les riziculteurs, n’ont pas de facilités d’accès au crédit. Les usiniers privés s’addressent aux institutions de micro-finances qui octroient, moyennant une hypothèque ou un aval d’un de leurs clients crédibles, des montants ne dépassant pas 5 millions fbu (4.600 USD). Le remboursement se fait endéans 24 mensualités avec des taux d’intérêts de 20 à 23%. Certains usiniers avancent des fonds aux collecteurs qui en retour font décortiquer leur paddy chez l’usinier créancier. De même, certains producteurs contractent du crédit aux usiniers et/ou aux collecteurs avec la promesse de leur vendre du paddy. La compensation/remboursement se fait lors de l’échange du produit.

Les commerçants grossistes quant à eux font généralement d’autres activités commerciales et ne se lancent dans l’achat du riz local que durant la campagne de récolte (juin à août). Ils ont un accès relativement facile au crédit bancaire aux taux d’intérêt en vigueur. Le paddy est alors stocké et usiné au fil du temps en fonction de l’évolution des cours sur le marché domestique. Quant aux détaillants, ils prennent à crédit le riz blanc chez les grossistes et remboursent après la vente. La marge du grossiste est rehaussée pour tenir compte de ce délai. C’est un système de financement indirect qui requiert cependant une confiance mutuelle entre des partenaires qui se connaissent.

En définitive, la faiblesse du système de financement des filières diminue la marge de manœuvre des acteurs. Au niveau des producteurs, elle limite les capacités d’investissement nécessaire pour accroître la productivité et la production globale. Pour les autres agents, les différentes barrières d’accès au financement augmentent les coûts à différents maillons et le

122 Chapitre 4. Présentation, analyse et discussion des principaux résultats

produit arrive au destinataire final (consommateur) à un prix nettement rehaussé, ce qui hypothèque son pouvoir compétitif.