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Ressources humaines et capital des riziculteurs

CHAPITRE 4. PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS

4.1. Productivité et coûts de production différenciés selon la riziculture

4.1.4. Ressources humaines et capital des riziculteurs

Le pouvoir compétitif lié à ce facteur résulte aussi bien de l’aspect quantitatif que de l’aspect qualitatif. Pour le premier (quantitatif), la forte densité démographique du pays laisserait penser à un excédent de main d’œuvre agricole à bon marché qui renforcerait l’avantage compétitif. Cependant, la saisonnalité des travaux culturaux et surtout le temps limité pour chaque type d’activité culturale du riz mettent une pression sur le facteur travail qui se retrouve insuffisant durant certaines périodes bien précises comme celle de labour, de repiquage, de récolte/battage du paddy. Cela est surtout imputable au caractère manuel et à la nature rudimentaire des outils de travail du secteur agricole burundais (houe, machette, couteau, panier, etc…).

Une quantification du travail disponible dans les ménages de nos zones de recherche a été réalisée. Elle s’est basée sur l’effectif des personnes résidant en permanence dans le ménage, leur âge et sexe qui déterminent l’efficacité au travail de chacun selon les normes de la FAO. Ainsi, le nombre ‘d’Unités Travail-Homme’ (UTH) a été établi par exploitation. Comme

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Zone 6

Riz irrigué Imbo Riz de marais

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signalé précédemment, cette unité de mesure estdéfinie comme étant la quantité de travail que peut fournir normalement un homme adulte et valide au cours d’une année comptant 300 jours de travail de 8 heures chacun, soit 2.400 heures consacrées aux activités de l’exploitation agricole.

Dans la quantification du travail disponible pour les travaux agricoles, une distinction est faite entre la main d’œuvre familiale (MOF) et la main d’œuvre salariée (MOS). La première comprend les personnes permanentes sur lesquelles le ménage peut compter à tout moment, la seconde est constituée de personnes extérieures au ménage qui sont appelées de façon temporaire en complément lors des pics de travaux culturaux. Alors que la MOF est souvent non valorisée dans la comptabilité des agriculteurs, la MOS est par contre comptabilisée car payée en espèces et/ou en nature.

La figure 4.5 révèle que la quantité de main d’œuvre familiale (MOF) normalement disponible annuellement dans toutes les zones se situe entre 1,7 et 2,3 UTH/ménage, soit plus de 4.000 heures de travail. Cette quantité de main d’œuvre devrait largement suffire pour des exploitations atteignant rarement une superficie moyenne de 1 ha. Mais les techniques manuelles, les équipements rudimentaires de travail retardent la vitesse d’exécution des travaux agricoles, d’où le recours à la main d’œuvre salariée (MOS) pour pouvoir exécuter certains travaux devant se terminer durant un intervalle de temps dicté par le calendrier cultural (une ou deux semaines). Ce poste de charges est surtout très élevé dans les zones de l’Imbo où la main d’œuvre est onéreuse. En zone 2 (SRDI), la synchronisation des travaux culturaux dans les périmètres rizicoles encadrés par la société pousse les producteurs à engager de la main d’œuvre extérieure à hauteur de 930.000 fbu/ha (860 USD/ha). En riziculture des marais par contre (zones 4 à 6), la faible monétarisation, la petite taille des rizières et l’entraide familiale réduisent l’usagede la main d’œuvre salariée dont les montants sont très bas (inférieurs à 250.000 fbu/ha, soit 231 USD/ha).

L’usage systématique et généralisé du travail manuel et du matériel agricole rudimentaire désavantage les filières rizicoles burundaises par rapport aux filières concurrentielles qui bénéficientdes outils mécaniques et/ou de la traction animale (bovine) pour effectuer certains travaux gourmands en travail. En Tanzanie par exemple, l’usage des tracteurs pour le labour est courant car 10% et 20% de la production sont respectivement mécanisés et sous traction bovine (MAFC, 2009). En Asie où la culture du riz est millénaire, plus de 80% de riziculteurs thaïlandais et vietnamiens utilisent soit la traction bovine, soit les tracteurs (Phélinas, 1991). Au Burundi, la culture mécanisée du riz fut adoptée dans la plaine de l’Imbo durant les années de l’introduction du riz irrigué; elle fut néanmoins abandonnée quelques années plus tard en raison de la faible capacité d’entretenir ces machines.

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Figure 4.5. Main d’œuvre familiale (UTH) et salariée (milliers fbu/ha) par ménage Source : Enquêtes de l’auteur, 2007.

Concernant la qualité des ressources humaines des filières sous étude, les riziculteurs sont caractérisés par un bas niveau de scolarisation. La grande majorité a fréquenté l’école primaire ou les structures informelles (églises, alphabétisation des adultes, etc…). Cette faiblesse du niveau d’instruction des producteurs affecte négativement leur accessibilité à l’information nécessaire pour rendre leurs activités plus productives (vulgarisation agricole, marché, etc…).

A part les riziculteurs, les personnes impliquées dans les autres maillons de chaque filière (collecteurs, usiniers, commerçants) ont un niveau de formation assez moyen même s’il est plus élevé que celui des riziculteurs. En amont, les chercheurs spécialisés en riziculture sont peu nombreux, ils sont moins de dix personnes de niveau universitaire pour tout le pays en 2009. Quant aux agents de l’encadrement agricole, seule la SRDI dispose d’un technicien agronome (niveau humanités) pour trois villages d’environ 2.000 ménages regroupés en associations. Ailleurs, un agent de ce même niveau affecté par commune de plus de 5.000 ménages doit s’occuper de l’encadrement de toutes les spéculations agricoles pratiquées dans son entité. En conséquence, il se retrouve peu outillé en technologies de culture du riz (techniques culturales, gestion de l’eau, fertilisation, phytopathogie, etc…). Cet aspect est l’un de ceux qui affectent négativement le pouvoir compétitif des filièreslocales. En effet, ces agents en charge d’assurer la promotion des filières rizicoles ont une faible maîtrise des technologies susceptibles de les rendre plus performantes. Ils reçoivent rarement des formations de renforcement des capacités indispensables pour améliorer et/ou actualiser leurs connaissances. 0,0 100,0 200,0 300,0 400,0 500,0 600,0 700,0 800,0 900,0 1.000,0 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3

Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Zone 6

Riz Imbo Riz marais

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