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Un certain activisme exprimant une vision politique

existant ou espérées entre les ONG et les organisations intergouvernementales

A) La Banque Mondiale, promotrice d’une relation avec les ONG de base

2) Un certain activisme exprimant une vision politique

donc entre les intérêts des deux partenaires ».38

Des efforts comparables sont parallèlement faits vis-à-vis des parlementaires nationaux, des collectivités locales…

2) Un certain activisme exprimant une vision politique

En 1996, l’unité des ONG de la Banque Mondiale faisait connaître sa définition des ONG : « Les organisations privées qui ont des activités visant à soulager la

souffrance, à défendre les intérêts des pauvres, à protéger l’environnement, à fournir les services sociaux de base ou à prendre en compte le développement communautaire. Dans un sens plus large, le terme ONG peut s’appliquer à toute organisation sans but lucratif qui est indépendante d’un gouvernement. Les ONG sont des organisations en charge des questions fondamentales et qui tirent leurs ressources pour partie des donations privées et du bénévolat. »39

Dans ce « guide pratique » étaient distinguées deux catégories principales au sein de la vaste famille des ONG de développement40 : « les ONG opérationnelles – dont le

projet premier est de mettre en œuvre des projets liés au développement, et les ONG de plaidoyer – dont l’objectif est la défense et la promotion de causes spécifiques et qui cherchent à influer sur les politiques et les pratiques de la banque. »

Le document était très bref sur les « ONG de plaidoyer » et très disert sur les autres. « La Banque mondiale classifie les ONG opérationnelles en trois groupes principaux:

a) les organisations des communautés de base (CBOs) qui sont au service de populations spécifiques dans une aire géographique restreinte; b) les organisations nationales - qui agissent à titre individuel dans les pays en développement, et; c) les organisations internationales – caractérisées par le fait que leurs quartiers généraux

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Gérard Azoulay - Les théories du développement – Presses universitaires de Rennes 2002, p. 303

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Carmen Malena - Working with NGO’s : a practical guide to World Bank-NGO operational collaboration, - Site www. world-bank.org

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qui va « depuis les ‘charities’ basées dans les pays du Nord, telles CARE, Oxfam et World Vision, jusqu’aux

sont situés dans les pays développés et qu’elles mènent des opérations dans plusieurs pays en développement. » Et il précisait : « Alors que dans les années 1970 la collaboration de la Banque Mondiale se faisait surtout avec des ONG internationales, dans les années récentes, la proportion s’est inversée : en 1994, 40 % des projets incluant une collaboration d’ONG associaient des CBOs, 70 % des ONG nationales et 10 % des organisations internationales. » Constat qui valait aussi programme.

Ce document s’arrêtait longuement sur les CBOs : « Les organisations communautaires de base sont de nature différente des autres ONG. Alors que les organisations internationales et nationales sont des ONG ‘ intermédiaires’ constituées pour rendre des services à des tiers, les CBOs sont des organisations ‘participatives’ constituées d’un groupe de personnes qui s’unissent pour satisfaire leur propre intérêt (groupes de femmes, de micro-crédit, clubs de jeunes, coopératives et associations de paysans)(…) Les CBOs jouent un rôle clé dans les projets qui promeuvent le développement participatif, en procurant une infrastructure institutionnelle pour la participation des bénéficiaires. Elles peuvent être consultées pendant la conception, pour vérifier que les objectifs des projets reflètent l’intérêt des bénéficiaires, être chargées de la mise en œuvre des composantes de niveau communautaire des projets ou recevoir des financements pour concevoir ou mettre en œuvre des sous-projets. »

Qualifier d’ONG des organisations ainsi définies, était se situer aux antipodes de la conception onusienne classique qui requiert une activité et une dimension internationales.

Puis la Banque justifiait son intérêt pour l’émergence des CBOs: « Les études menées

par le Département des opérations d’évaluation ont révélé une corrélation entre la participation des bénéficiaires avec le soutien des ONG et l’amélioration de la soutenabilité des projets. Les ONG ont montré leur particulière efficacité à attirer l’attention sur les problèmes d’environnement et à pousser sur le devant de la scène ceux dont le poids politique est le plus faible : les femmes, les minorités ethniques(…) Consulter et collaborer avec ces groupes aide à vérifier que des problèmes importants comme les questions de genre, ethniques (…) ne sont pas ignorés dans les processus

recherche, les Eglises, les associations professionnelles et les groupes de pression. La Banque mondiale tend à collaborer avec deux catégories principales. »

de développement. La Banque mondiale conduit fréquemment des études et des politiques de lutte contre la pauvreté (…qui montrent que) ces ONG jouent souvent un rôle central dans ce travail ainsi que dans l’élaboration de plans nationaux de protection de l’environnement.41 »

Puis le « guide » proposait des critères de sélection des ONG avec lesquelles les agences de la Banque pourraient s’engager dans des collaborations : « La crédibilité :

vérifier que l’ONG dispose d’un statut légal est important, mais non suffisant pour confirmer la crédibilité d’une organisation. Des consultations informelles avec les donateurs (internationaux) ou d’autres ONG permettent habituellement de révéler rapidement qui a été créé dans le but principal de percevoir des financements étrangers, qui a un passé de mauvaise gestion, ou qui manque de liens avec la base(…) Dans les cas de projets du type des fonds sociaux, l’arrivée de financements extérieurs entraîne le risque d’une prolifération de nouveaux organismes ayant pour but essentiel la captation de ces derniers. » Ainsi donc la reconnaissance conférée par

les agences des Nations Unies n’est pas jugée suffisamment sérieuse…

D’autres critères étaient cités : représentativité, compétences et capacités institutionnelles.42 Il était en outre suggéré de « chaque fois que possible (...)

rechercher des informations sur les activités passées de l’ONG en croisant les sources. (…) La Banque elle-même, le gouvernement local et d’autres donateurs internationaux peuvent aussi fournir des renseignements intéressants. » De même,

fallait-il vérifier enfin la qualité «des relations avec le gouvernement local : c’est un

facteur qui peut être la clé d’une collaboration réussie. En règle générale, la Banque

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Elle ajoutait : « Malgré leur diversité, le secteur des ONG manifeste des forces spécifiques communes : des

liens forts avec la base, des capacités d’innovation et d’adaptation, une approche privilégiant les processus dans le développement, des méthodes et des outils méthodologiques participatifs, des capacités d’engagement à long terme et un souci de la soutenabilité, un bon rapport coût-efficacité. »

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Working with NGO’s : a practical guide to World Bank-NGO operational collaboration, rédigé par Carmen Malena « L’étroitesse des liens avec les communautés locales et le degré de reconnaissance de l’ONG comme représentant légitime des intérêts des bénéficiaires sont un critère important – tant pour les CBOs que pour les organismes nationaux et internationaux. Dans le cas d’organisations participatives, il est important de prendre en considération quels secteurs de la société sont inclus (et exclus) et si tous les membres bénéficient d’une représentation égale. L’appréciation de la représentativité d’organismes nationaux et internationaux doit prendre en compte leur degré de responsabilité vis-à-vis des communautés locales, les structures qui leur permettent d’atteindre et de consulter les groupes cibles, les processus démocratiques de décision et la façon dont les intérêts des bénéficiaires sont pris en considération (…) Il faut s’intéresser en particulier au savoir-faire en matière de techniques participatives, délivrance de services… et déterminer quels types de compétences sont attendus pour l’accomplissement du projet, en sorte de choisir les ONG. (…)Il faut en outre vérifier qu’une ONG a la capacité institutionnelle de mettre en œuvre ce qui est nécessaire pour le projet».

devrait limiter sa collaboration aux ONG apolitiques et qui ne sont pas engagées dans des activités ouvertement partisanes. La collaboration avec des ONG considérées comme des opposantes à l’Etat peut être source de problèmes, de même que celle avec les ONG gouvernementales ("GONGOs"), créatures du gouvernement qui ne représentent aucun groupe autonome. Il n’est (pourtant) pas toujours opportun d’encourager une collaboration entre les ONG et le gouvernement. Dans certains cas, les principales ONG et le gouvernement sont dans des relations conflictuelles. Dans d’autres cas, on fait courir aux ONG le risque de perdre leur crédibilité et leur autonomie en les poussant à accepter des financements gouvernementaux. »

Cette longue liste de critères de sélection, proposée aux représentants de la Banque dans les pays, définit comme un portrait robot de l’ONG idéale, opérateur technique très proche des populations démunies mais qui s’abstient d’avoir des idées sur les causes de l’exclusion. C’est aussi une sorte de cahier des charges proposé aux candidats à un « partenariat » avec la Banque.

Les relations opérationnelles prédominent de ce fait largement dans les relations entre la Banque et les organisations de la société civile. Selon ses statistiques, les ONG seraient « fortement associées aux différents stades du cycle de vie de ses projets » : dans la préparation (89 % des projets), dans la mise en œuvre (84 % des projets), beaucoup moins dans le pilotage et l'évaluation (47%). Toujours selon la même source, si, en 1996, moins de 50% des projets impliquaient des ONG, ce pourcentage s'élève aujourd'hui à plus de 70%. Une évolution cohérente avec le cap, mis depuis quelques années, sur le combat contre l’extrême pauvreté, qui n’a de chance d’être gagné que si les communautés de déshérités, un cinquième de l’humanité, privées en général d’expression politique dans les pays, sont associées à la préparation et la mise en œuvre des actions qui leur sont destinées.

Des formes de consultation des ONG nationales et locales font ainsi partie intégrante des procédures d’élaboration des Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté, dans lesquels la Banque joue un rôle majeur et autour desquels se coordonnent progressivement les autres aides étrangères. Un programme pour des petits projets permet de leur accorder des financements directs alors que la règle est de financer les Etats. L'implication des ONG varie beaucoup selon les secteurs concernés : de 95 %

pour les projets « éducation », on tombe à 13 % seulement pour ce qui concerne la « politique économique ».

Le « guide » a lancé la réflexion. La Banque a mis au point, en juin 2000, à l'intention de son personnel, des « Lignes directrices pour la consultation des organisations de la

société civile » et publié, dans la série « Good Practices », en février 2000, une note

sur « L’implication des organisations non-gouvernementales dans les activités de la

Banque , document à caractère informel destiné à encourager le débat », qui

transcrivaient au plan méthodologique les recommandations du « guide ».