• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 RSE et événementiel sportif

1. Le sport comme objet de recherche

1.4. Le secteur de l’événementiel sportif

1.4.2. Typologies des événements sportifs

Desbordes (2000) différencie quatre types d’événements dans le système sportif français en fonction du type d’organisation :

- les événements organisés par « la sphère publique du sport », essentiellement les fédérations : les championnats de France, toutes disciplines confondues, le Tournoi de Judo de Paris organisé par la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées, Roland Garros, organisé par la Fédération Française de Tennis, etc.

- les événements organisés par des entreprises privées : le Tour de France cycliste, le Dakar, le Marathon de Paris organisés par Amaury Sport Organisation, l’Open GDF Suez de Tennis organisé par IMG, le Tour de France à la Voile organisé par Larivière Organisation, etc.

- les événements d’ampleur extraordinaire (Coupe du Monde de Football, de Rugby, Jeux Olympiques, Championnats du Monde d’Athlétisme, etc.) organisés par un comité d’organisation spécialement créé pour l’occasion, souvent sous forme de GIP (groupement d’intérêt public).

- Les événements organisés par une structure associative (autre que les fédérations) : la plupart des événements sportifs amateurs organisés en France par les clubs et autres associations.

Une autre approche consiste à s’intéresser au détenteur des droits de l’événement (Alaphilippe, 2000). Celui-ci peut commercialiser lui-même les droits audiovisuels des événements qu’il organise, sous réserve du respect des obligations légales relatives au droit commercial et notamment au respect de la libre concurrence (Rizzo, 2007). Le propriétaire des droits peut organiser lui-même l’événement sportif – comme la Fédération Française de Tennis le fait pour Roland Garros – ou déléguer l’organisation de l’événement. La

jurisprudence a établi que dans ce cas, c’est le créateur de l’événement qui reste propriétaire des droits de retransmission audiovisuels et non l’« organisateur matériel » (Nicolleau, 2001).

Plusieurs cas de figures peuvent alors survenir. Tout d’abord, une organisation sportive internationale (Fédération Internationale, Comité International Olympique) peut déléguer à une structure nationale (Fédération Nationale, comité d’organisation spécifique) la mission d’organiser son événement, après un appel à candidature. Il convient de noter que, dans ce cas, la procédure de désignation du pays ou de la ville hôte peut être longue. Elle demande aux candidats un investissement et un savoir-faire parfois très importants. Le propriétaire des droits peut aussi externaliser l’organisation de l’événement en faisant appel aux services d’un prestataire extérieur spécialisé, par exemple une agence.

Nous constatons ici que s’intéresser au type d’organisateur des événements sportifs conduit à s’interroger sur les types d’organisations existants au sein du secteur. Bayle (2007) propose quatre niveaux de classification des organisations dans le champ du management du sport en fonction de quatre éléments différenciateurs : leur finalité, leur financement, le statut de leur personnel et leur appartenance à des systèmes de régulation nationale et/ou supranationale.

Les organisations de niveau 1, « au cœur » du secteur sport, n’ont pas pour finalité la recherche de profit, reposent sur une mode de financement mixte (public et privé), regroupent un personnel au statut mixte (salariés, fonctionnaires, bénévoles) et font partie du système de régulation nationale et supranationale, ce qui leur confère une certaine autonomie vis-à-vis de la sphère publique. Toutefois, Bayle note que les organisations sportives de niveau 1 (et cela est également valable pour les autres niveaux) ne constituent pas un groupe homogène. Les organisations regroupées au sein du niveau 2 de la classification de Bayle appartiennent toujours au secteur sportif mais pas au mouvement sportif. Il s’agit d’entreprises privées fournissant des services sportifs (clubs de remise en forme, entreprises de loisirs sportifs, etc.) ou organisant des événements sportifs. Les organisations « en relation avec le sport » (niveau 3) ont une activité directement liée au sport mais n’organisent pas, en tant que telle, la pratique (médias, ministères, collectivités territoriales, etc.). Enfin, les organisations qui utilisent le sport comme support de management pour leur communication ou leurs ressources humaines, par exemple, sont regroupées dans le quatrième niveau de cette classification (tableau 2-1).

Tableau 2-1 : les quatre niveaux de classification des organisations dans le champ du management du sport (d’après Bayle, 2007)

L’approche de Gresser et Bessy (1999) rend, quant à elle, bien compte de la diversité des situations rencontrées dans l’événementiel sportif. Elle repose sur une dizaine de critères de différenciation et la proposition de cinq types différents d’événements sportifs : les grands événements sportifs internationaux, les événements sportifs nationaux, les événements relevant du sport-spectacle, les manifestations sportives de masse et les raids (tableau 2-2).

Tableau 2-2 : Typologie des événements sportifs (d’après Gresser & Bessy, 1999)

Une dernière typologie nous paraît particulièrement intéressante et opérationnelle pour notre recherche. Il s’agit de la « carte d’identité » des événements sportifs proposée par Ferrand et Chanavat (2006). Elle repose sur quatre catégories d’éléments : l’audience, les caractéristiques sportives, les caractéristiques spatiales et les caractéristiques temporelles. La notion d’audience recouvre chez eux tous les publics concernés par l’événement sportif : membres du comité d’organisation ainsi que toutes les personnes placées sous son autorité (volontaires, prestataires extérieurs intervenant pendant l’événement…), représentants des médias, délégations, sportifs ou participants, spectateurs et téléspectateurs. Les caractéristiques sportives permettent de savoir si l’événement est mono ou pluridisciplinaire, mondial ou local, populaire ou élitiste, sportif ou promotionnel, mono ou multi sites, ponctuel ou récurrent. Les caractéristiques spatiales font, bien entendu, référence au site dans lequel se déroule l’événement (indoor / outdoor, fixe / itinérant, mono-site / multi-sites). Il convient de remarquer ici que, selon les cas, les obligations juridiques sont différentes. Ces caractéristiques donnent aussi des indications sur un risque supplémentaire à intégrer pour les organisateurs : les incertitudes liées à la météo. Les conditions

météorologiques lors de l’édition 2011 de l’US Open de Tennis ont été catastrophiques pour les organisateurs : jusqu’à deux journées de suite sans matchs, des joueurs – Rafael Nadal en tête – excédés par le comportement jugé irrespectueux des organisateurs et une finale reportée au lundi. Enfin, les caractéristiques temporelles concernent la durée et la fréquence d’organisation de l’événement : ponctuel, annuel, tous les quatre ans comme les Jeux Olympiques ou les Coupes du Monde de Football et de Rugby, d’une durée d’une journée, de plusieurs jours, de plusieurs semaines (tableau 2-3).

Tableau 2-3 : La « carte d’identité » des événements sportifs (d’après Ferrand & Chanavat, 2006)

Ces éléments de typologie seront utiles à notre recherche pour justifier la pertinence du choix des études de cas menées sur cinq événements sportifs (voir chapitre 3, p. 210). Par ailleurs, au-delà de leur aspect descriptif, ces typologies rendent compte de la multiplicité et de la complexité des enjeux en cause pour les organisateurs. Si le secteur de l’événementiel sportif recouvre des réalités bien différentes et variées, quelles que soient la catégorie et la dimension de l’événement, son organisation engendre des problématiques de gestion communes.