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Chapitre II. Le dispositif narratif complexe chez Modiano

2.1. La richesse de la modalité narrative dans les œuvres de Modiano

2.1.3. La typologie narrative

Le narrateur hétérodiégétique et la perspective passant par le narrateur

Reuter définit ce type de narrateur ainsi : « Le narrateur est omniscient, sa vision et sa

perspective ne sont pas limitées par la perspective d’un personnage »56 ; « le narrateur peut

maîtriser tout le savoir, (il est omniscient) et tout dire. Tel Dieu par rapport à sa création, il en sait plus que tous les personnages. Il connaît les comportements mais aussi ce que pensent et ressentent les différents acteurs, il peut sans problème passer tous les lieux et il a la maîtrise

du temps ; le passé mais aussi […] l’avenir »57.

Ce narrateur se trouve hors du récit. Nous devons remarquer un point, il est présent dans tous les lieux et possède la maîtrise du temps, c’est-à-dire que son point de vue n’est limité

par aucun objet. En conséquence, « il n’est lui-même l’objet d’aucun récit »58. Il sait contrôler

les personnages, les autres narrateurs qui apparaissent dans l’histoire. Dans les récits de Modiano, il est rare que ce type de narrateur intervienne.

Le narrateur hétérodiégétique et la perspective passant par le personnage

Yves Reuter définit le narrateur qui raconte l’histoire comme étant un personnage dont la vision serait extérieure au récit. Nous avons déjà signalé que le narrateur hétérodiégétique a une perspective passant par le narrateur, il est omniscient. Par contre, pour ce qui est de ce type de narrateur, son opinion et sa perception sont limitées par la perspective d’un personnage, c’est-à-dire qu’« On ne sait donc pas ce qui se passe dans la tête des autres

acteurs »59. Ce narrateur ne maîtrise rien de ce qui se passe hors du récit. Cependant, selon

Reuter, quand le narrateur change l’objet de sa narration pour un autre personnage, il sait

obtenir la dimension de sa vision, le point de vue du narrateur devient ainsi polyscopique.

L’alternance des perspectives d’un personnage lui permet de donner d’autres points de vue. Grâce à ce fonctionnement, le narrateur obtient le point de vue des autres personnages. Donc,

56 Yves Reuter, L’analyse du récit, Paris, Armand Colin, 2007, p. 50.

57 Ibid., p. 51.

58 Vincent Jouve, Poétique du roman, Paris, Armand Colin, 2007, p. 28.

42 dans la mesure où des changements de perspectives se produisent dans le récit, le narrateur peut obtenir la compétence qui ressemble au narrateur hétérodiégétique et la perspective passant par le narrateur. Autrement dit, ce type de narrateur peut se focaliser à l’intérieur d’un personnage, de plus, ce point de vue du narrateur est efficace pour créer un effet psychanalytique. Nous pouvons savoir ce qui se passe à l’intérieur d’un personnage, nous pouvons analyser l’état psychologique d’un personnage. « Elle (cette instance narrative) permet encore de ménager des effets de surprise puisque l’on ne sait pas ce que les autres

personnages peuvent ou préparent »60. Dans les œuvres de Modiano, par exemple Rue des

Boutiques obscures, Dans le café de la jeunesse perdue, Voyage de noces, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier et L’Horizon,ce type de narrateur apparaît.

Citons une phrase de Rue des Boutiques obscures. Dans ce paragraphe, un narrateur

hétérodiégétique raconte l’histoire de Pedro, qui est devenu amnésique et qui intervient également dans les autres chapitres en tant que narrateur : « L’homme était allongé sur le lit, une cigarette aux lèvres. Il n’avalait pas la fumée et la rejetait nerveusement en nuages compacts. Un grand brun, qui s’était présenté la veille, avenue Hoche, comme “ancien attaché commercial d’une légation d’Amérique du Sud”. Il ne lui avait indiqué que son prénom :

Pedro »61. Ce type de narrateur ne peut pas savoir ce que le personnage pense ; sa narration se

borne à raconter l’aspect du personnage. Ce sont les caractéristiques du narrateur hétérodiégétique et de la perspective par le personnage, dont l’optique est similaire à celle des humains.

À la fin du classement, Reuter ajoute la catégorie du narrateur hétérodiégétique et la perspective « neutre », dont l’optique est « objective », « neutralisée » et impersonnelle. Ce type de narration particulier apparaît dans les œuvres romanesques du vingtième siècle, notamment dans celles du Nouveau Roman. Ce procédé de la narration impersonnelle est peu présent dans les œuvres de Modiano, car ce dernier préfère faire raconter une histoire à travers l’optique personnelle.

Ces trois critères sont essentiels pour classer les fonctions des narrateurs hétérodiégétiques. Chez Modiano, les narrateurs hétérodiégétiques apparaissent souvent dans les histoires racontées par les narrateurs homodiégétiques. Dans ce cas, le rôle des narrateurs hétérodiégétiques est de compenser le manque d’informations rapportées par les narrateurs homodiégétiques.

60 Ibid.,p. 51.

43 Nous tenons à entreprendre le classement du narrateur homodiégétique. Quand les narrateurs chez Modiano racontent les souvenirs, leurs perspectives changent très souvent, tantôt ils le font rétrospectivement, tantôt ils parlent de la pensée « présente ». Le narrateur à la première personne modifie son point de vue fréquemment. Dans la typologie de Reuter, il existe deux types de perspectives du narrateur homodiégétique. Le premier sert à raconter l’expérience du passé, et le deuxième permet de transmettre l’état actuel.

Narrateur homodiégétique et perspective passant par le narrateur

Cette modalité est importante pour notre étude, notre hypothèse vérifiant la variation de l’instance narrative dans la description des souvenirs. Selon Yves Reuter, cette combinaison du narrateur homodiégétique et de la perspective passant par le narrateur est très utilisée pour « des autobiographies, des confessions, des récits où le narrateur raconte sa vie

rétrospectivement »62. Reuter affirme qu’il est nécessaire que, dans une œuvre classique, le

narrateur raconte son histoire, et qu’il ne s’agisse pas d’explications d’autres personnages. Ce narrateur doit faire coïncider son regard avec son passé, il lui est impossible de cesser de narrer ce passé. Parallèlement, il ne peut pas savoir, d’après Reuter, « ce qui se passe dans la tête des autres personnages et restreint les changements de lieux ou le trajet du

personnage-narrateur »63.

Dans les récits de Modiano, ce type de narration apparaît très fréquemment. Quand le narrateur raconte son propre passé rétrospectivement, son point de vue est similaire à celui du narrateur ; autrement dit, même s’il raconte sa propre histoire, il devient quasiment un des personnages et son moi ancien devient autre.

Comme Reuter le déclare, « Il possède, en conséquence, un savoir plus important qu’à chacune des étapes antérieures de sa vie et il peut donc prédire, lorsqu’il parle de lui âgé de cinq, dix ou quinze ans, ce qu’il deviendra plus tard. Il peut aussi avoir réuni des connaissances sur des gens qu’il a rencontrés antérieurement et il n’hésite pas à intervenir

dans son récit pour expliquer ou commenter sa vie […] »64 ; ce type de narration fait

intervenir un commentaire sur le passé, au présent, et les narrateurs chez Modiano racontent souvent leur passé par le biais de cette perspective rétrospective.

62 Yves Reuter, L’analyse du récit, Paris, Armand Colin, 2007, p. 53.

63 Ibid.

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Citons deux extraits de Remise de peine, qui montrent que le narrateur intervient dans le

récit, et plus exactement que le narrateur homodiégétique raconte son enfance rétrospectivement : « C’était l’époque où les tournées théâtrales ne parcouraient pas seulement la France, la Suisse et la Belgique, mais aussi l’Afrique du Nord. J’avais dix ans. Ma mère était partie jouer une pièce en tournée et nous habitions, mon frère et moi, chez des

amies à elle, dans un village des environs de Paris »65 et « […] Chaque fois que Mathilde

s’adressait à moi, elle m’appelait : l’“imbécile heureux”. Un matin que je descendais de ma

chambre pour prendre le petit déjeuner, elle m’avait dit comme d’habitude : […] »66.

Dans ce passage, l’enfant narrateur est considéré comme un des personnages. Par le point de vue du narrateur adulte, son moi ancien est presque autre. Ce point de vue rétrospectif est capital pour la narration de la mémoire.

Narrateur homodiégétique et perspective passant par le personnage

La richesse de la technique de la narration chez Modiano provient du fait qu’un seul narrateur change de perspective dans le récit. En racontant ses souvenirs, parfois, il revient à soi, se met à parler de sa pensée actuelle. Quand il parle de son soi actuel, son point de vue n’est plus rétrospectif. Cette perspective est donc limitée par le présent « et non de façon

rétrospective »67. D’après la définition de Reuter, « Cette combinaison se différencie de la

précédente par une réduction des possibles dans la mesure où le narrateur raconte ce qui lui

arrive au moment où cela lui arrive. […] Il narre au présent ce qui donne une impression de

simultanéité entre ce qu’il perçoit et ce qu’il dit […] »68. Selon Yves Reuter, le narrateur est

« au plus proche de ses sensations et de ses pensées, dès qu’elles se forment »69. Avec ce mode

de narration, le narrateur transmet ce qu’il pense et ressent au lecteur tout de suite. Son optique est limitée, il ne peut pas intervenir dans l’esprit des autres personnages, parce qu’il ne porte son regard que sur lui-même.

Ce procédé est donc utilisé pour « l’expression la plus intime de la vie psychologique »70,

et ce type de narration apparaît dans les œuvres de Modiano quand le narrateur transmet sa pensée au présent, quand il quitte sa rétrospection et que son intention s’adresse à son soi

65 Patrick Modiano, Remise de peine, Paris, Éditions du Seuil, 1988, p. 11.

66 Ibid., p. 16.

67 Yves Reuter, L’analyse du récit, Paris, Armand Colin, 2007,p. 59.

68 Ibid.,p. 54.

69 Ibid.

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actuel. Citons une phrase de L’Herbe des nuits : « Et aujourd’hui encore, la rue Cuvier me

semble détachée de Paris, dans une ville de province inconnue, et j’ai peine à croire que cet homme qui marchait à côté de moi ait vraiment existé. J’entends ma voix dans un écho

lointain »71 ; Modiano attribue les deux perspectives à un seul narrateur homodiégétique. Cela

lui permet à la fois de raconter son expérience passée et d’évoquer ce qu’il ressent au présent.

Dans cette théorie des narrateurs homodiégétiques, la définition de l’instance du narrateur ne peut pas être séparée de la question temporelle, car la fonction et le point de vue du narrateur changent sans cesse selon la temporalité et dans le processus de l’histoire. Cependant, pour distinguer la perspective du narrateur, le temps grammatical n’est pas un indice suffisant. Dans le temps du récit, il faut aussi tenir compte de la position relative du temps, car celle-ci détermine également le point de vue du narrateur.

La théorie enrichie par Reuter démontre la richesse de la perspective des narrateurs. Dans les œuvres de Modiano, l’abondance des variations de points de vue du narrateur est particulièrement présente.

2.2. L’enchevêtrement de plusieurs modalités de la narration dans Voyage de noces ;

Comment Modiano a-t-il créé l’histoire fictive dont les chapitres s’imbriquent les uns dans les autres ?

Le dispositif narratif de Voyage de noces est complexe en raison de deux causes majeures ;

premièrement, comme nous l’avons fait remarquer, la narration à la première personne et celle à la troisième personne sont enchevêtrées au niveau de la modalité narrative, et deuxièmement, dans la narration à la première personne, la perspective du narrateur change souvent. Effectivement, tantôt le narrateur à la première personne raconte rétrospectivement, tantôt il transmet ce qu’il ressent au moment présent.

2.2.1. L’alternance temporelle dans le récit

Afin de définir la fréquence de l’alternance du narrateur et du changement de la perspective

46 du narrateur dans les œuvres de Modiano, l’alternance de temporalités est l’une des caractéristiques importantes : il faut en effet tenir compte de la notion temporelle pour définir le narrateur.

Afin d’appréhender les différents niveaux narratifs et l’enchevêtrement des diverses

modalités narratives, nous analysons une des œuvres principales de Modiano, Voyage de

noces. Comme dans les autres textes majeurs, le narrateur de ce récit intervient également dans l’histoire en tant que personnage-narrateur. Il poursuit les traces d’une femme qui s’est suicidée et il reconstruit son image, dans un récit qui invente en tissant sa propre histoire. Il convient de noter que la perspective narrative diffère fréquemment au fil des chapitres. La fonction du narrateur est donc instable. Observons les alternances de l’optique narrative : le narrateur est tantôt hétérodiégétique, tantôt homodiégétique. D’ailleurs, le narrateur homodiégétique modifie régulièrement sa perspective. Il laisse au lecteur le soin de l’identifier. Par exemple, chez un même protagoniste, alors que c’est le narrateur homodiégétique qui raconte l’histoire, le point de vue peut varier insensiblement, et révéler la

présence d’un narrateur hétérodiégétique. Il est donc nécessaire d’étudier Voyage de noces

selon ces deux instances narratives.

Reprenons les principales notions ; le récit se compose de suites de séquences argumentatives ; les modalités de la narration changent également fréquemment. La diversité de l’instance narrative est une des caractéristiques des œuvres de Modiano (nous pourrions dire qu’elle est sa marque de fabrique). C’est bien l’alternance séquentielle des fonctions du narrateur qui caractérise la description dans le récit. Afin de suivre les paliers de ces conversions narratives, nous pouvons consulter l’étude des instances du narrateur, dans

L’analyse du récit. Ainsi, Reuter souligne qu’« il n’existe pas dans les récits de relation

mécanique entre raconter et percevoir »72. De plus, dans les œuvres de Modiano, la

classification de la fonction du narrateur n’est pas constante. Si tout récit avance vers sa conclusion en suivant une visée centrale, le fonctionnement du narrateur se modifie, selon l’intrigue. Nous ne pouvons donc pas établir une dichotomie entre ces deux éléments, à savoir l’histoire et le narrateur.

47 2.2.2. Les deux instances narratives

Dans la narration de Voyage de noces, nous pouvons distinguer deux temporalités

majeures ; l’une est le temps « vécu » qui est filtré par le narrateur, autrement dit le temps réinscrit dans sa perception, et l’autre est le temps du récit fictif, la représentation du temps imaginaire. Ces deux temporalités hétérogènes s’intriquent l’une dans l’autre, elles influencent la décision de la fonction narrative. Modiano a essayé d’effacer la frontière entre les deux temporalités, en conséquence, l’alternance des deux se déroule discrètement. Mais d’où proviennent la ressemblance et l’hétérogénéité entre les deux ? Il importe que la différence des deux temporalités hétérogènes ait rapport à la modalité narrative. À mesure que la nature du temps du récit change, allant du temps « vécu » du narrateur à celui de la fiction, la modalité de la narration change elle aussi, passant de la première personne à la troisième personne. Nous présentons cette œuvre comme un exemple afin de constater la transfiguration de la fonction du narrateur selon le déroulement du récit.

Dans Voyage de noces, la structure temporelle répète les deux grands processus

cycliques suivants : en premier, le narrateur raconte une scène dont la temporalité devient le point de repère du récit, et ensuite, il raconte son vécu de manière rétrospective. En allant et venant dans ces deux mondes, la temporalité du récit s’éloigne de son point de repère initial, elle transfigure le temps irréel à travers l’insertion de l’histoire imaginaire. Par la suite, le récit revient vers le temps du narrateur, et ainsi le premier cycle se termine. Le deuxième cycle suit le même processus.

L’histoire commence par la rétrospection du narrateur sur une ancienne amie, Ingrid, qui s’est suicidée dans un hôtel à Milan. Cet ancien souvenir occupe depuis longtemps sa mémoire. Le souvenir de son passage à l’hôtel aussitôt après le suicide d’Ingrid, et celui de sa première rencontre avec elle et de leurs retrouvailles à Paris plusieurs années après, reviennent à l’esprit du narrateur.

En se rappelant les épisodes passés, le narrateur homodiégétique, qui vit à Paris avec sa femme « au présent », projette de faire un aller-retour entre Milan et Paris en avion, et dès son arrivée à Paris, il séjourne dans des hôtels pour écrire la biographie d’Ingrid.

Les événements du présent et les souvenirs du passé sont enchevêtrés et tissent l’histoire. À la fin de ce premier cycle, le narrateur à la troisième personne qui raconte cette biographie apparaît ; parallèlement à cette transfiguration, la temporalité du récit change,

48 passant du temps « vécu » du narrateur à la première personne à celui de la fiction racontée par le narrateur à la troisième personne.

2.2.2.1. Les déclencheurs de la mémoire

Nous démontrons la transfiguration du mode narratif en suivant le cours du récit. Au début, le narrateur apparaît à titre de narrateur homodiégétique ; il est le narrateur de ce récit et, en même temps, un personnage. Dans ce chapitre, il s’agit de la narration rétrospective, selon le classement de Reuter, car l’histoire est racontée à partir de la perspective passant par le narrateur. Il commence à raconter rétrospectivement ses souvenirs d’il y a dix-huit ans, lorsqu’il est parti en voyage en Italie tout seul. Quand il est arrivé à Milan, il a appris le décès d’une dame qu’il connaissait depuis longtemps, Ingrid, ce qui l’a incité à se rendre à l’hôtel où elle s’est suicidée. Nous citons un passage de l’incipit :

Les jours d’été reviendront encore mais la chaleur ne sera plus jamais si lourde ni les rues aussi vides qu’à Milan ; ce mardi-là. C’était le lendemain du 15 août. J’avais déposé ma valise à la consigne et quand j’étais sorti de la gare j’avais hésité à l’instant : […] J’écoutais le barman dont le visage s’est effacé de ma mémoire. Il parlait à un autre client, et je serais bien incapable de décrire l’aspect et le vêtement de cet homme.73

Cette scène se déroule après que le narrateur a accouru à l’hôtel de Milan pour suivre la trace d’Ingrid, et c’est le lendemain du 15 août. Le narrateur regrette de ne pas être arrivé plus tôt, car ils auraient pu se croiser : « Le barman expliquait qu’on avait appelé une ambulance mais que cela n’avait servi à rien. Dans l’après-midi, il avait vu cette femme. Elle était venue

au bar. Elle était seule. Après ce suicide, la police l’avait interrogé, lui, le barman »74.

Le narrateur fait allusion à la solitude d’Ingrid dans cette phrase. Mais à travers le témoignage du barman, on ne peut découvrir la raison exacte de son suicide. En laissant plusieurs questions sans réponse, les souvenirs quittent l’esprit du narrateur. Dans ce chapitre, le narrateur homodiégétique raconte rétrospectivement à travers la perspective du narrateur.

73 Patrick Modiano, Voyage de noces, Paris, Éditions Gallimard, 1992, p. 11.

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2.2.2.2. De la mémoire lointaine à la mémoire récente

Au chapitre suivant, à la page seize, le temps du récit nous ramène dix-huit ans en arrière,

où ce narrateur homodiégétique raconte sa propre histoire récente. Avec ce déplacement temporel, sa perspective n’est plus rétrospective, il se met à raconter l’histoire « quasi présente », un événement datant d’une semaine seulement.

L’histoire commence par la disparition déguisée du narrateur homodiégétique. Pour écrire la biographie d’Ingrid, disparue sans proclamer le malheur de son destin, il décide de se cacher à Paris pour retracer la vie d’Ingrid.