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Stratégies de financement sur les besoins agricoles

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 173-176)

CHAPITRE IV : TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS ANALYSE DES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENTDES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENT

4.3. BESOINS DE FINANCEMENT DU MENAGE DES PRODUCTEURS SUIVIS

4.3.2. Stratégies de financement sur les besoins agricoles

Le montant des besoins de financement annuels des activités agricoles au niveau des producteurs est couvert en moyenne à 80 % par le crédit (tableau 4.14). Ce niveau de couverture est dû au parrainage des deux principales cultures, le riz et la tomate par le crédit agricole CNCAS. Il n’en demeure pas moins que 20 % des besoins ne sont pas satisfaits par le crédit. La capacité d’autofinancement des ménages se retrouve dans la prise en charge de ces 20 % représentant en moyenne 156 419 FCFA par ménage et par année. En outre, la couverture entre la demande et l’offre de financement varie considérablement entre producteur avec des coefficients de variation de 152 % en hivernage et 178 % en contre saison. Cela suppose que l’accès au crédit n’est pas le même pour tous les producteurs bien que les deux principaux produits agricoles de la zone sont assujettis de l’offre de crédit. On note aussi qu’en hivernage, les besoins de financement sont couverts à 78 % tandis qu’en contre saison, ils sont assurés à 84 %. Selon les producteurs, non seulement l’offre de crédit pour ces deux cultures est limitée à certains postes, mais elle n’est pas suffisante pour tout le monde. Les demandes formulées au niveau de la CNCAS sont, le plus souvent, réduites d’un tiers à trois quarts au niveau des producteurs.

Plus de 20 % des producteurs agricoles recensés dans le delta et 11 % dans la moyenne vallée n’ont pas accès au crédit en 2006 et ce malgré l’existence des structures de financement de la CNCAS et des mutuelles. Les raisons évoquées pour le non accès sont pour la plupart le non remboursement du crédit antérieur (47 % des réponses). La perte de la caution solidaire par défiance d’un ou de plusieurs membres de leur GIE créditeur représente 22 % des raisons de non accès au crédit en 2006. Ensuite, suit le retard dans la mise en place des crédits de campagne pour 17 % des producteurs. La critique sur les conditions difficiles d’accès (taux d’intérêt élevé, délai de remboursement court, volume de financement limité, etc.) constitue un autre facteur de non accès pour près de 14 % des exploitants de la zone. Cette situation explique que l’accès au crédit n’est pas du tout facile pour tout le monde, malgré l’existence de l’institution mandatée à financer au moins les principaux intrants sur le riz et la tomate.

Non seulement, l’offre n’est pas suffisante pour ceux qui remplissent déjà les conditions, mais elle ne couvre pas tous les besoins des activités agricoles du producteur en plus des disparités notoires d’une zone à une autre.

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L’écart qui existe entre le besoin de financement des activités agricoles et l’offre de crédit est résorbé en grande partie par les ressources propres. Celles-ci constituent en moyenne 85 % des 20 % restants du financement des besoins agricoles de 2006. Bien qu’en valeur relative, on croirait que le poids non supporté par le crédit est petit, mais en valeur réelle on se rend compte de l’immensité de la demande chez les petits producteurs. En effet, les cultures irriguées, et notamment le riz et la tomate, ont des charges de production souvent très élevées entre 350 000 et 700 000 FCFA/ha (Fall, 2006). L’utilisation de ces facteurs de production est aussi régulée dans le temps selon les itinéraires techniques, et devant la rareté de l’épargne, les besoins de trésorerie pour résorber le différentiel posent de sérieuses difficultés à ces producteurs. Ainsi donc le volume des besoins de financement de ces activités agricoles est assez important chez de nombreux petits producteurs agricoles dépourvus de ressources.

Ainsi, les producteurs comptent sur leurs propres moyens qui sont pour la plupart très limités.

Ces moyens ne couvrent en moyenne que 17 % des besoins annuels de l’agriculture. La deuxième alternative est avec les prêts informels (prêt pécuniaire et remboursement en nature). Les financements d’appui proviennent pour l’essentiel de commerçants de la place pour 2 %. Ces derniers sont considérés comme des usuriers avec des taux d’intérêts de plus de 30 % et des remboursements en nature à des prix dérisoires. Le crédit formel à travers les mutuelles vient ensuite dans les stratégies de financement pour un peu plus de 1 %. Le reste provient des divers (don, parents etc.) pour moins de 1% dans la satisfaction des besoins de financement des activités agricoles des ménages suivis en 2006 (graphique 4.5). La aussi, il difficile à priori de saisir le déphasage qui existe entre le boum spectaculaire des mutuelles et la faiblesse des ressources allouées à l’agriculture. Cette situation s’explique selon les responsables des mutuelles la densité des risques que présente l’agriculture souvent méconnue. Elle est en effet soumise aux mêmes conditions d’accès au crédit que les activités commerciales courantes. Ceci renseigne aisément sur le travail que doit jouer les associations de paysans, en tant qu’intermédiaires, pour contre- balancer cette tendance. Ainsi donc, il existe une contradiction apparente entre l’importance des besoins de financement des agriculteurs et le peu de ressources dont ils disposent par devers eux pour les satisfaire.

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Graphique 4.5 : Couverture des besoins de financement des activités de production agricole

Crédit CNCAS 80%

Apport personnel 17%

Commerçant 2%

Mutuelle 1%

Amis, parent 0%

Avec la disponibilité de l’eau toute l’année et des infrastructures hydro-agricoles en zone irriguée, l’Etat a opté pour l’intensification des productions agricoles et utilise la CNCAS dans la mobilisation de fonds destinés à produire plus. On note cependant, une baisse annuelle du volume de son financement dans le secteur de 1998 à 2003 au niveau de la vallée. De 83 % de couverture des besoins en 1998, le crédit ne satisfait que 73 % de la demande en ressources des riziculteurs en 2003 sur l’ensemble de la vallée (SAED ; 2004). Compte tenu de la position stratégique de cette institution, la seule stratégie mise en œuvre par les différents bénéficiaires est de ne pas avoir d’arriérés avec la banque. Ainsi 63% des producteurs pensent qu’il faut maintenir des relations de confiance avec la banque. C’est dans cette perspective que les producteurs avancent que « le seul ami du banquier est celui qui rembourse ses dettes ». Plus de 27 % des producteurs interrogés militent cependant, pour une diversification des activités et de sources de revenus pour se prendre en charge et s’autofinancer. Ces producteurs ont opté pour la diversification en contre saison froide (tomate, oignon, patate douce, etc.) en vue de tirer des profits qui leur permettent d’autofinancer la riziculture par leurs propres ressources. D’autres pensent que la multiplication des sources de financements est la seule alternative de sortie de crise. Cette réflexion émane de 10 % des producteurs.

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