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Description des systèmes de production

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 31-37)

1.1. SITUATION DE LA ZONE AGRO-ECOLOGIQUE

1.1.3. Description des systèmes de production

1.1.3.1. Systèmes de cultures

La zone agro-écologie de la vallée est fortement dominée par les systèmes de production agricole. Dans ces systèmes de production agricole, on en distingue trois : le système de cultures pluviales, le système de décrue et les systèmes irrigués. Dans cette partie du pays où les pluies sont encore plus aléatoires (moins de 400 mm par an), le système pluvial est très extensif et concerne essentiellement la partie Diéri (zone sèche) et une partie du Ferlo. Ce système de culture est en majorité pratiqué par les Wolofs et les Halpulaar. Les principales cultures pratiquées2 dans le pluvial sont le mil (9 000 ha), l’arachide (sur environ 8 000 ha) et le niébé (sur 4 000 ha) et un peu du béréf. En cultures pures ou associées, les cultures pluviales occupent ensemble prés de 20 % des superficies (ISRA, 1996). Le système de cultures pluviales reste traditionnel et peu intensif avec un très faible niveau de consommation d’intrants. Il est animé en majorité par des exploitations agricoles dépourvues d’équipements.

Ainsi, il est peu performant parce que fortement tributaire de la pluviosité et dans une moindre mesure de la fertilité des sols, du niveau d’application très faible des engrais chimiques et organiques et du niveau élevé de parasitisme (op.cité). On constate une baisse des rendements des cultures pratiquée et cela participe à la démotivation qui gagne progressivement les agriculteurs.

Le système de cultures de décrue est pratiqué dans les cuvettes et sur les berges du Waalo (au bord du fleuve) sur les sols Falo et Holladés. Il constitue les pratiques culturales de la grande majorité des ménages agricoles du Waalo et du proche Diéri. Il est plus présent dans la moyenne vallée amont et haute vallée (Podor, Matam et Bakel). Les exploitations agricoles localisées dans le waalo de la zone du delta font rarement cette pratique, contrairement à

2 Source : Plan stratégique de l’ISRA/Fleuve, 1996 et SAED/DPDR, 1998.

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celles habitant autour des lacs. Le sorgho est la principale culture de décrue, suivie de la patate douce, du maïs et du niébé. La culture se fait progressivement d’octobre à novembre au fur et à mesure du retrait des eaux. Avec la régularisation du débit des eaux du fleuve due aux barrages, le système de décrue sur les Falo se rétrécit de plus en plus. Ce système consomme peu d’intrants. Les rendements du système sont encore faibles et restent inférieurs de 25 % du rendement de ces mêmes cultures dans le système irrigué (ISRA, 1996). Avec ces performances, le système de décrue ne couvre que 30 à 35 % des besoins en céréales du ménage (op.cité). Du fait du retrait très rapide du fleuve constaté ces dernières années, on constate une tendance à la réduction les superficies.

Le système de cultures irriguées compose l’essentiel du système de production agricole de la vallée (plus de 60 % des superficies exploitées). Dans le Delta, autrefois utilisé principalement comme zone de pâturage pour les éleveurs transhumants, l’agriculture irriguée est devenue au cours de ces vingt dernières années la composante principale des systèmes de production. De plus, le déficit hydrique annuel et les modifications de l’écosystème induit par la mise en place des barrages, ont réduit progressivement les cultures pluviales et de décrue.

Le recentrage s’est opéré sur les cultures irriguées et notamment sur la riziculture. Les principales cultures sont le riz (en hivernage), la tomate, l’oignon et la pomme de terre (en contre saison froide). Par ailleurs, la culture du riz mobilise en hivernage entre 55 000 à 65 000 ha en hivernage (soit 65 à 70 % des superficies) et ce potentiel est utilisé à 50 % en moyenne en contre saison pour le maraîchage (SAED, 2007).

Les systèmes irrigués s'organisent autour de quatre types de périmètres : les grands aménagements (GA), les aménagements intermédiaires (AI), les périmètres irrigués villageois (PIV) et les périmètres irrigués privés (PIP). Contrairement au système pluvial de la Casamance, le système de production agricole dans la vallée est intensif, faisant appel à une technologie avancée de mécanisation en amont comme en aval de la production (cf. annexe 1 a). Cependant, selon le recensement de 1999, le parc du matériel agricole dans la vallée du fleuve Sénégal, est assez vieux puisque 37% des tracteurs, 20% des moissonneuses batteuses et 23% des batteuses seulement ont moins de 5 ans (SAED, 2000). Cela traduit l’état de vieillesse d’un parc qui ne s’accommode pas avec les objectifs d’intensification et de modernisation prônés par l’Etat. De nos jours, l’agriculture irriguée dépend de la mécanisation dont le nombre et la qualité des services sont très insuffisants. Les conditions favorables de la mécanisation au début de la libéralisation ont vite changé (difficultés d’accès

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au crédit, forte concurrence, effets de la dévaluation du FCFA etc..) et ont induit le vieillissement du matériel sans la possibilité de renouvellement. Ainsi, le travail de la main d’œuvre familiale reste souvent déterminant. Cependant, il est clair que la production agricole irriguée ne peut se développer sans la mécanisation dont sa survie dépend très fortement des mécanismes de financement appropriés.

1.1.3.2. Autres systèmes de production agricole

L’élevage constitue le deuxième système de production dans la vallée du fleuve Sénégal. Ce système de production animale est basé sur un élevage de type extensif. Le mode d'élevage est dicté par les conditions du milieu, le disponible alimentaire (pâturages naturels, sous-produits agro-industriels, cultures fourragères, etc.). Le système traditionnel dans la zone est presque exclusivement basé sur la transhumance avec d’importants troupeaux de bovins et de petits ruminants. Selon le degré d'intégration de l'élevage à l’agriculture, on note deux types de systèmes d’élevage : le système agro-pastoral et le système à dominante pastorale. Mais avec le développement de l’irrigation, la plus grande partie des éleveurs peuls de cette zone se sont sédentarisés et pratiquent l’agriculture, même si l’élevage (toujours à base de transhumance saisonnière mais beaucoup plus réduite) reste leur activité prépondérante. Le commerce des sous-produits d’origine animale (lait, beurre, etc.) vient compléter les revenus de ces agro-pasteurs. Ce système est caractérisé par une faible pluviométrie irrégulièrement répartie donnant ainsi à une situation aléatoire aux productions végétales A coté, on note également l’élevage pastoral où la transhumance est de règle (Sall, 1996). Ce système est sous le contrôle des éleveurs qui sont en majorité originaires du Waalo et du Kooya (en haute vallée) et qui font pâturer leurs troupeaux dans le Saloum (Basin arachidier) en saison sèche et dans le Ferlo (zone sylvo-pastorale) en saison des pluies (ISRA, 1996). Le pastoralisme se caractérise par l’importance de l’élevage par rapport à l’agriculture qui y est très négligeable.

L'écosystème pastoral du Waalo, en particulier, les parcours de décrue ont été aménagés en casiers rizicoles. Il s'agit des cuvettes situées dans le delta et de celles inondées par l'axe Gorom-Lampsar. Selon les cuvettes, les rizières occupent de 30 à 70 % des surfaces inondables.

Mais l'inondation des parties non aménagées ne peut plus se faire avec l'endiguement de la rive gauche du delta, les 32 000 hectares de parcours correspondant à ces cuvettes ne sont donc plus exploitables en décrue et environ 25 000 hectares de parcours de décrue servent de zones de drainage dans le delta. En trente ans, le disponible en ressources fourragères du Waalo a diminué d'environ 85% en saison sèche, et de près de 40 % en hivernage (ISRA, 1996). Les

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meilleurs parcours de décrue ont été aménagés et sont cultivés en irrigué. Les contraintes qui pèsent sur les productions animales portent sur le manque de disponible fourrager; les difficultés d'accès aux sous-produits de l'agriculture et de l'agro-industrie (cultures du riz, de la canne à sucre, cultures maraîchères) ; le manque d'organisation des éleveurs ; et les débouchés instables et peu intéressants.

Le troisième système de production dans la zone constitue les systèmes forestiers et agro-forestiers actuels qui se reflètent dans les deux écosystèmes de la vallée : le Waalo et le Diéri.

Dans le Waalo, le développement progressif des périmètres irrigués a entraîné une déforestation importante du peuplement forestier et notamment des Gonakiers aux environs de 25.000 ha superficie pour la mise en place des aménagements hydro-agricoles. Les superficies actuelles couvertes par les peuplements naturels autour de ces aménagements sont estimés à peine 10.000 ha et sont actuellement en voie de dégradation très avancée (CNREF, 1996).

L’espace rurale résultant des périmètres irrigués se caractérise par son absence totale d’arbres, offrant un paysage agricole désertifié. Le Diéri est principalement caractérisé par des espèces forestières arborées servant à l’alimentation du bétail et aux besoins domestiques. On assiste à une dégradation du fait d’une surexploitation combinée aux effets de la sécheresse.

Le système de pêche fluviale était considéré comme la seconde activité de production de la région, après l’agriculture, avec environ 20 000 tonnes de poisson produites annuellement.

Face aux difficultés du secteur de production agricole consécutives aux conditions climatiques défavorables, le secteur de la pêche joue un rôle de premier plan dans le développement économique et social du pays au niveau national et régional. Il contribue à la restauration de la balance commerciale déficitaire et renforce aussi la sécurité alimentaire par la fourniture de plus de 75 % des besoins en protéines animales des populations à des prix relativement bas (Dème et Fall, 2005). Avec la cherté de la viande et le faible pouvoir d’achat des populations, le poisson reste le produit le plus utilisé. Force est cependant de reconnaître qu’au niveau régional, la pêche devient de plus en plus une activité de subsistance, notamment en zone rurale. Ce système est actuellement relégué au second plan avec le peu de développement de la pisciculture. Les captures totales dans le bassin du fleuve Sénégal, sont estimées à 8 000 – 10 000 tonnes par an en 1987 – 1988 (Bousso, 1994). Entre 80 et 90 % des poissons d’eau douce vendus sur les marchés urbains de la zone (Rosso, Richard-Toll et Dagana) provenaient du Lac de Guiers et de la Taouey (op.cité). Par ailleurs, la région compte 16 000 pêcheurs et 2

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800 pirogues recensés et contribue pour 15 % des apports nationaux de la pêche artisanale contre 70 % pour la région de Thiès (Dème et Fall, 2005).

En somme, l'offre globale des produits agricoles est caractérisée par son insuffisance face à la demande intérieure. En matière de céréales nationales, la demande est estimée en moyenne de 1170 milliers de tonnes d'équivalents de produits consommables par an, durant cette dernière décennie (DAPS, 2006). En matière de produits animaux, le niveau de consommation annuel par habitant est d'environ 9 kg en viande, de 21 litres en lait et de 18 unités en œufs.

Cependant, l’offre est largement en de ça de ces niveaux par produit. Cela induit à une massification des importations et un déficit conséquent de la balance des paiements.

Néanmoins, le pays dispose d’énormes potentialités dont les marges de progrès peuvent améliorer la situation actuelle. La recherche des gains de productivité dans tous les secteurs agricoles est ainsi l’objectif affiché par les décideurs pour corriger ce déficit. Faudrait-il que toutes les zones agro-écologiques du pays relèvent ce défi en fonction de leurs avantages en dotations factorielles. La vallée du fleuve Sénégal peut-elle prévaloir ses richesses en ressources hydriques pour l’intensification des filières, dont notamment le riz ?

1.1.3.3. Systèmes d’activités extra-agricoles

A coté de ces systèmes de production agricole, on note la présence des activités extra-agricoles polarisées au niveau des grands centres urbains, mais également au niveau des villages. L'activité agricole a rarement constitué la source unique de revenus des familles dans la zone. Celles-ci pratiquent la pluri-activité dans leur majorité permettant de diversifier les risques et de garantir un minimum de revenus. Ces activités extra-agricoles sont notamment migratoires et de servies selon les zones. En effet, l’agro-industrie développée dans le sucre (la CSS), la tomate (la SNTI, la SOCAS) etc., de même que les entreprises de travaux agricoles et de transformation réparties dans la zone et en majorité dans le delta, offrent de nombreuses opportunités aux ménages agricoles. De nombreux emplois salariés permanents ou temporaires sont générés par cette agro-industrie. Par ailleurs, Fall (1998) montre que le revenu non agricole des ménages du delta représente entre 28 et 35 % du revenu total par endroit. Ce revenu est tiré principalement d’activités de service et de commerce. Les emplois créés par les entreprises agro-industrielles de la place (rizerie, prestations de services mécanisés de labour, offset, etc.) et la proximité de la frontière avec les pays voisins (Mauritanie et Mali) sont les facteurs favorables pour la génération de ces types d’activités.

On a aussi noté l’importance des revenus tirés de l’émigration, etc. La migration saisonnière 19

des populations de la zone s’effectue vers les centres urbains du pays et les grandes zones de production des cultures de rente. Pour l’émigration de longue durée, les pays Africains, la France et plus récemment les Etats Unis sont visés. Bien que ces types d’activités ne soient pas généralisés au niveau de la vallée, certaines études indiquent leur ampleur dans certaines localités.

Selon Wampfler (2001) les ressources de la migration constituent un apport important dans l’économie du Bassin du fleuve Sénégal s’étendant en Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal.

Cette étude révèle que le nombre de migrants dans cette zone est estimé entre 80 000 et 150 000 personnes en France. Ces migrations internationales qui sont très anciennes dans la zone du fleuve, ont pris une dimension structurelle et influent sur l'ensemble du système socio-économique. Les transferts selon Wampfler (2001) seraient de l’ordre de 20 milliards FCFA au Mali par an. Pour le Sénégal, les transferts seraient entre 25 et 30 milliards (RNA, 2000).

Par ailleurs, ISRA (1996) indique que 30 à près de 50% des actifs masculins de la vallée du fleuve Sénégal sont concernés par l’émigration qui est à l'origine de transferts importants de revenus monétaires. Ces revenus constituent la principale source de financement dans de nombreux villages de cette partie de la vallée.

L’étude du CIRAD (1998) relatée dans Wampfler (2001) indique que 56 % des ménages ou unités de production familiales dans la zone de Matam (moyenne vallée aval) disposaient d’un émigré en 1998 et les revenus moyens différaient selon l’existence ou non d’un émigré et selon aussi la destination de l’émigré. Ainsi, le revenu moyen annuel d’un ménage sans émigré était de l’ordre de 487 000 FCFA, celui d’un ménage avec émigré en Afrique était son double tandis que celui d’un ménage avec émigré en Europe était près de cinq fois plus élevé (1 900 000 FCFA). Cela montre l’ampleur du revenu de l’émigration dans le revenu total du ménage dans cette partie du pays. Cependant, la destination de ces transferts est le plus souvent orientée vers les activités non productives (biens de consommation, infrastructures communautaires de santé, de forage, d’écoles, etc.) ou en thésaurisation sur le cheptel ou sur le mobilier, etc. Ces transferts contribuent faiblement sur les activités de création de richesse et d’emploi (activités de production). L’émigration bien présente dans la haute et moyenne vallée amont est cependant très timide dans la moyenne vallée aval et plus encore dans le delta.

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