• Aucun résultat trouvé

Infrastructures hydro-agricoles

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 37-40)

1.1. SITUATION DE LA ZONE AGRO-ECOLOGIQUE

1.1.4. Infrastructures hydro-agricoles

La question du foncier est devenue centrale dans la réflexion économique sur le développement des cultures dans la vallée du fleuve Sénégal. Dans un contexte où les équipements de production sont rares, la terre constitue un outil de travail et un patrimoine, qui peut, dans certaines conditions, être mobilisé comme garantie pour l’accès au crédit. Les marchés de transfert provisoire et définitif de droits sur la terre sont perçus comme ayant un rôle déterminant dans le processus d’allocation des facteurs de production en milieu rural.

Dans sa volonté de développer les cultures irriguées, l’Etat s’est appuyé sur la loi du domaine national (cf. annexe 1b) pour la mise en valeur des terres inondées du waalo (Seck, 1998). En effet, l’intégration à l’économie de marché et les options d'intensification des productions agricoles dans «les zones où l’eau est maîtrisée» ont poussé l'État à introduire des infrastructures hydro-agricoles de base dans les systèmes de cultures de la vallée du Fleuve Sénégal. Ces systèmes de cultures irriguées sont réalisés autour des aménagements. Ces infrastructures de base sont des périmètres composés en majorité de quatre types. Il s’agit des grands aménagements (GA) de 1000 à 2000 ha avec une station de pompage, des aménagements intermédiaires (AI) assimilables aux GA, mais subdivisés en unités autonomes d’irrigation de 60 ha, des périmètres privés villageois (PIV) en superficies unitaires de 20 à 30 ha équipées d’un groupe motopompe de 20 à 30 CV, et enfin des périmètres irrigués privés (PIP) variant de 10 à plus de 100 ha sans norme précise d’aménagement (SAED,1998).

Les GA sont des cuvettes argileuses de 1 000 à 2 000 ha endiguées avec une station de pompage, un réseau de distribution en commande par l'aval avec des ouvrages automatiques de contrôle de niveau et un réseau de drainage débouchant souvent sur une station d'exhaure (SAED, 1998). Les parcelles sont initialement planées, et un réseau de pistes souvent en remblai et comportant des franchissements complète l'aménagement. Ces types de périmètres aménagés représentent environ 13 000 ha (19 %) en 1998 des surfaces irriguées et sont situés en majorité dans le Delta (70 %) et dans la moyenne vallée aval (15 %). Le coût d'aménagement estimé à 4 millions FCFA/ ha avant la dévaluation, s'élève actuellement entre 5 et 6,5 millions FCFA. Ils sont longtemps gérés par la SAED et transférés maintenant aux organisations paysannes fortement structurées.

21

Les AI, à l'exception de Ndombo-Thiago3, sont proches des grands aménagements dont ils se distinguent par le mode de gestion avec parfois une subdivision du périmètre en unités autonomes d'irrigation d'environ 60 ha (SAED, 1998). Ils fonctionnent avec une station de pompage fixe refoulant dans un canal primaire dont le niveau est contrôlé par un déversoir situé au droit du bassin de dissipation. Le long de ce canal sont placées des cuvettes alimentant des canaux tertiaires dont le niveau est réglé par un déversoir de sécurité de tête.

Les paysans irriguent leurs parcelles au moyen de siphons en PVC souple. Les réseaux de drains et de pistes sont identiques à ceux des GA. On les trouve dans le delta (départements de St-Louis et Dagana) et la moyenne vallée (Podor et Matam).

En raison de la complexité technique des GA et des AI et du rôle productiviste que leur assignait l'Etat, leur gestion était centralisée et d'abord assurée totalement par la SAED. La quasi-totalité des prestations étaient subventionnées. Depuis 1989, l’Etat commence à poursuivre une politique de désengagement et ainsi la SAED procède au transfert de la gestion des GA et AI aux producteurs regroupés en mouvements associatifs. La nouvelle génération de périmètres, après le désengagement, est directement transférée ; tandis que les anciens le sont après réhabilitation des aménagements et des équipements hydrauliques.

Actuellement, tous les périmètres GA et AI sont transférés aux OP. Il faut préciser que les AI et GA ont le même profil en termes de gestion du développement de la riziculture irriguée (aménagements conçus par la puissance publique et transférés aux producteurs) et de l’approche culturale paysanne (mode de gestion collective). De ce point de vue, les AI sont comptabilisés dans la catégorie des GA.

Les PIV ont été créés au début des années 70 dans le contexte de la sécheresse pour apporter une réponse à la crise vivrière. Ils se caractérisent par une superficie unitaire de 20 à 30 ha équipée d'un groupe motopompe (GMP) de 20 à 30 CV. L'aménagement se caractérise par un canal principal desservant un réseau rustique d'arroseurs en l'absence le plus souvent d'un système de drainage. Les parcelles qui ne sont pas planées sont généralement découpées en sous parcelles par des diguettes en courbe de niveau. Ils représentent près de 18 000 ha en 1998 soit 26,5 % des surfaces irriguées (SAED, 1998). On les rencontre en majorité dans la moyenne et haute vallée, tandis que le Delta est faiblement représenté (9 %). Leur coût de

3 Les AI de ces deux villages du delta sont conçus comme ceux des GA sur le mode de gestion collective, mais avec des GMP pour l’achat et la gestion du carburant par l’ensemble des allocataires répartis sur des parcelles de 0,25 à 0,5 ha par exploitation familiale.

22

réalisation unitaire est actuellement évalué à 1,5 millions FCFA. Il était entre 600 000 et 900 000 FCFA/ha avant la dévaluation (op. cité). Les PIV sont conçus pour être gérés, dès le départ, et assurés toutes les charges .par les producteurs organisés en groupements villageois.

Ils ont cependant, bénéficié d'un appui institutionnel de la SAED (encadrement, fourniture d'intrants, entretien GMP etc.) jusqu'en 1987. Dans cette catégorie (PIV), rentrent les périmètres villageois aménagés par la CSS dans le haut Delta autour de Richard-Toll et Dagana. Ces périmètres sont construits au profit des paysans en compensation de leurs terres du terroir exploitées par la CSS en culture de canne à sucre. En plus, ces exploitants bénéficient de la gratuité de l’eau. Cependant, la taille de leurs parcelles est relativement faible variant entre 0,15 et 0,27 ha par exploitation familiale (Fall, 1999).

Les périmètres irrigués privés (PIP) n'ont aucune norme précise d'aménagement. Leur taille est très variable (moins de 10 ha à plus de 100 ha) suivant les terres attribuées et les moyens financiers des promoteurs. En 1994, ils représentaient quelques 38 800 ha (soient autant que la superficie aménagée par les pouvoirs publics), dont 27 800 ha (82 %) dans le Delta (SAED, 1198). Ces types d’aménagement sont sommaires avec l'implantation d'un GMP en bordure d'une source d'eau aisément accessible. Le réseau se limite souvent à un canal d'amenée et à des diguettes construites à la niveleuse sans compactage. Dès la libéralisation, on assiste à une profusion de périmètres privés sommaires. La majeur partie est sans drainage et aménagée sur des terres salées et/ou sablonneux. Les PIP sont réalisés et mis en valeur en dehors de toute participation financière de l'Etat. Ils sont gérés au mieux des compétences techniques des promoteurs eux-mêmes (individu, famille, groupements, sociétés...) ou de leurs employés avec des moyens souvent en deçà de l'optimum eu égard à leurs limites financières ou aux contraintes de crédit. A la limite, une partie du crédit de campagne (très en deçà du coût minimum d'un PIP normal) est utilisée pour financer ces types d'aménagements qui sont abandonnés au bout de quelques campagnes agricoles (ISRA, 1996). Le caractère sommaire des aménagements se traduit par une dégradation rapide des infrastructures et par des performances économiques médiocres. Du fait de la détérioration du réseau et du sol de ces types d’aménagement, les producteurs abandonnent ces terres et obtiennent facilement une nouvelle attribution de terre dans d'autres zones. Ceci s’est traduit par une agriculture dite itinérante (extensive à souhait, gaspilleuse de sol, utilisant trop d'espace) qui est aux antipodes de l'objectif d'intensification des cultures et de rentabilisation des investissements publics. Par la suite, ce rush sur la mise en valeur foncière s’est brusquement arrêté avec les mauvaises performances résultant des premières générations.

23

De façon générale, la dotation foncière sur l’ensemble de ces divers types de périmètres, varie en moyenne entre 0,15 et 2,5 ha par exploitation selon le type. La superficie cultivée par actif est estimée entre 0,05 et 0,64 ha (SAED, 2007). Ainsi, l’économie irriguée s’est développée rapidement dans la zone jadis peu peuplée. On constate que la demande de terre augmente au moment où les disponibilités foncières aménagées s’amenuisent. Cette situation s’accentue avec la vétusté de certaines de ces infrastructures de base non réhabilitées par le manque, entre autre, de financements. Par conséquent, des techniques d’intensification culturale (plusieurs cultures sur la même parcelle par an) et l’utilisation de technologies productives sont conseillées pour combler ce déficit de l’offre. Néanmoins, le développement de ces alternatives nécessite des ressources financières souvent non disponibles au niveau des producteurs. Cela renforce davantage l’acuité de la question de l’accès au financement. Par ailleurs, la culture du riz reste dominante dans ces divers périmètres bien que la diversification des cultures progresse d’année en année.

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 37-40)