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Incitation dynamique

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 81-85)

2.1. LES REPONSES APPORTEES PAR LA LITTERATURE

2.1.3. Comment les institutions traitent leurs difficultés ?

2.1.3.1. Systèmes financiers classiques

2.1.3.2.2. Incitation dynamique

La microfinance a été promue comme le meilleur moyen d’accroître l’accès au crédit des pauvres dans les pays en voie de développement. La caution solidaire avec la co-responsabilité est la technique de prêt utilisée avec succès dans la microfinance. Il y a également d’autres facteurs de succès. L’incitation dynamique des emprunteurs est un des attributs des techniques de prêt utilisées par les institutions de microfinance. Dans des contrats de crédit continus, l’incitation dynamique est perçue comme la motivation de l’emprunteur à résorber son crédit actuel du fait de l’espérance qu’il accorde à la valeur plus accrue de l’accès futur au crédit. Les économistes utilisent, selon Diagne et al. (2000) le concept de compatibilité incitative pour décrire la satisfaction de la contrainte d’incitation dynamique.

Ainsi, cette contrainte est toujours présente dans les contrats de crédit (explicites ou implicites). Le principe est d’inclure dans les clauses de contrat cette contrainte d’incitation dynamique. Dans le crédit de caution solidaire, cette clause peut même suppléer le manque de garantie dans les prêts de groupe (Stiglitz, 1990). Conning (1996) définit ce principe comme une garantie « sociale ».

La théorie des jeux sur le crédit de groupe a été aussi utilisée pour montrer l’importance de la crainte d’expulsion du groupe comme facteur d’incitation pour le remboursement (Wydick, 2000). En réalité, ce phénomène montre l’importance accordé au groupe ou les attentes attendues des actions du groupe. Selon Samnikov (2004), la motivation d’entreprendre des actions qui correspondent à des objectifs communs entre partenaires peut aboutir si la nature des futures interactions dépend des signaux observés sur les actions privées. Si les participants interagissent de façon optimale, alors leurs relations ont une nature dynamique parce que les signaux publics affectent la tendance d’interaction.

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Les incitations dynamiques sont le plus souvent observées et mieux explicitées dans les contrats d’affaires de travail (Leegomonchai and Vukina, 2003). La plupart du temps, les agents économiques établissent des contrats à court terme pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, on peut retenir le manque d’informations nécessaires de contractualiser certains éléments actuellement non maîtrisables (ex. le contenu de futures technologies, ou l’environnement changeant qui peut affecter le contrat de demain, etc.). Ceci rend le contrat à long terme insignifiant dans le futur. Par exemple, dans le monde du football professionnalisme, la performance dans deux ans de la star actuellement recrutée est difficilement maîtrisable. Ainsi, le manque d’informations précises sur les conditions du déroulement du contrat dans le futur profite au contrat à court terme renouvelable ou non.

Dans des contrats dynamiques, le manque d’engagement est la source d’incitations implicites qui peuvent être négatives ou positives.

En général, les incitations implicites se posent, par exemple dans le cadre du travail, quand la performance actuelle de l’agent est informative sur ses futurs progrès. Dans la littérature, les incitations positives sont corrélées à la carrière des agents. Elles arrivent quand l’employeur ou le marché du travail utilise la performance actuelle de l’agent comme facteur d’ajustement de sa perception sur le devenir de son utilité. Le même problème est constaté dans la conception d’un système dynamique optimal de motivation des travailleurs quand l’engagement est pris par l’employeur de maintenir élevé le niveau standard de compensation salariale de demain en rapport avec les présents résultats de performance des agents. Cette théorie de l’incitation dynamique montre l’enjeu de ce qui est attendu en fonction des performances actuelles. Ramené au contrat de crédit, le banquier optera pour la poursuite et l’augmentation du volume de crédit si son emprunteur respecte son présent engagement à payer. Ainsi, le client en perspectives de maintenir les relations de contrat, s’évertuera à rembourser si ce qu’il attend dans le futur prêt, est plus important de ce qu’il lui reste à payer.

Dans une incitation dynamique (comme le cas de contrats de production répétés), les motivations implicites sont potentiellement importantes. Cela est dû au fait que la performance actuelle affecte non seulement la prime actuelle, mais peut influencer les termes du futur contrat d’incitations explicites ou implicites.

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2.1.3.2.3. Monitoring (suivi-évaluation)

Le concept de monitoring renvoie à l’action de suivi de tout le processus du contrat entre partenaires. Dans le cas du crédit, il s’agit de s’assurer de l’utilisation correcte du crédit, des efforts fournis par les emprunteurs pour la réussite du projet et du remboursement du crédit.

Ce travail de suivi-évaluation auprès des créanciers est coûteux pour le banquier. Dans l’approche des institutions de microfinance avec la caution solidaire, ce pouvoir est laissé à la responsabilité du groupe. Cette délégation de pouvoir laissée au groupe ou monitoring des pairs permet à chacun de faire le suivi-évaluation des activités d’investissement et de production de chaque membre pour ainsi minimiser les risques de non remboursement des crédits. Le processus de monitoring des pairs inclue la participation des membres du groupe à l’évaluation de la demande de crédit pour réduire le risque d’échec sur les projets. Cela va aussi jusqu’au suivi des projets pour évaluer l’effectivité de l’utilisation du crédit à bon escient et les efforts consentis par les uns et les autres pour la réussite des projets. Dans ce cas précis, les distorsions constatées dans le hasard moral sont éliminées. En effet, le monitoring des membres du groupe est plus efficace que celui de la banque. Les premiers ont des informations plus parfaites sur le groupe que la banque. Cependant, on se pose la question de savoir si les membres du groupe ont toujours les informations pertinentes de leurs pairs.

L’analyse empirique de l’étude de Malawi (Diagne, 1998) nous a montré que l’effet positif attendu du monitoring des pairs sur le remboursement des crédits n’est pas aussi évident que l’on pense, surtout si le non paiement n’est pas dû à un échec du projet, mais la volonté de ne pas payer. Elle met en évidence l’absence d’informations que les membres de groupe ont souvent les uns sur les autres. La pertinence de l’outil de monitoring des pairs n’a d’effet que si le groupe a réellement de la pression sociale sur les membres pris individuellement.

L’un des éléments de la réussite du modèle de caution solidaire de la Banque Grameen de Bangladesh est certes, dû au fait que les petits emprunteurs n’ont pas pourvu de garanties.

Cette caution solidaire de payer pour tout manquement d’un membre du groupe a fait penser que la pression sociale et le monitoring des membres du groupe constituent des garanties de remboursement. Les hypothèses de réussite se basent également sur l’absence d’asymétrie de l’information du fait que les membres des petits groupes constitués se connaissent mutuellement et partagent un idéal de groupe. Cependant, ce modèle transféré ailleurs comme le cas en Afrique, connaît des échecs (Adams et Ladman, 1979). Ces auteurs pensent que la seule clause de co-responsabilité du crédit de groupe n’explique pas la réussite du cas de

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Bangladesh. Il est donc clair qu’il faut questionner le contenu de l’impact réel du groupe dans leur connaissance mutuelle, leur partage d’idéal (évaluation de la pression sociale), le niveau de leur incitation dynamique et leur dynamisme dans le monitoring.

Nonobstant ses multiples mutations pour prendre en compte certaines préoccupations du monde rural, le secteur agricole est peu investi par la microfinance. Bien qu’elle soit une solution innovante dans son rapprochement aux groupes- cibles pour la mobilisation de l’épargne collective (jadis difficile aux banques classiques) et de distribution (avec moins de garantie matérielle utilisant le capital social), la microfinance reste peu impliquée sur le financement de l’agriculture (Ndiaye, 2003). En réalité, il y a très peu de mécanismes financiers spécifiques adaptés à l’agriculture. Souvent, les appuis financiers qui sont destinés aux producteurs sont enregistrés sous la rubrique d’appui à l’agriculture rurale. La plupart des institutions ne cachent pas leur méconnaissance de ce secteur et avouent même leur appréhension à le financer (Fall et Ndiaye, 2005). Wampfler et Roesch ont développé sur le site CERISE, un dossier sur la demande de financement rural et agricole et les réponses apportées par le secteur de la microfinance. Cette étude a d’abord montré la spécificité de la demande de financement rural des pays en voie de développement. En effet, les activités rurales développées dans ces pays sont très diverses, souvent mal connues et difficiles à appréhender par les institutions de financement. Ensuite, le parcellement de la demande, l’éclatement géographique des demandeurs et leur éloignement par rapport aux centres urbains, le mauvais état des infrastructures (route, marché, électricité, voies de communication, etc.) induisent des coûts de transaction élevés pour les services financiers. En outre, on note l’importance des risques associés à ces types de demande de financement (conditions pluviométriques aléatoires, manque de garantie, etc.). Egalement, la majorité de la population rurale ciblée est non scolarisée avec un passé d’expériences de non remboursement de crédit suscitant ainsi un climat défavorable de confiance de la part des institutions de financement. Ainsi, le secteur agricole pose de sérieuses inquiétudes aux institutions financières avec des niveaux de risques notamment élevés. Néanmoins, le secteur doit être pris à sa juste mesure c'est-à-dire en identifiant toutes les contraintes objectives auxquelles il fait face pour soutenir sa demande de financement par ces IMF.

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