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FINANCEMENT DU SECTEUR RIZICOLE

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 53-56)

Du point de vue de ses infrastructures requises et de son niveau élevé de consommation d'intrants, la riziculture irriguée exige un financement approprié. Ainsi plusieurs approches ont été introduites par l'État pour permettre le développement du secteur agricole en général et du riz en particulier. L’État comptait d'abord sur les banques nationales de développement pour financer le secteur agricole dès les indépendances. Les programmes d’amélioration d’accès au crédit des ménages ruraux par ces banques commerciales n’ont pas atteint leurs objectifs malgré leurs taux d’intérêts subventionnés (Sy, 1988). La mission de ces banques traditionnelles commerciales ne s’accommodait pas avec les objectifs d’accès au crédit des

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ménages ruraux pauvres qui ne disposaient pas de garanties pré-requises (Ndiaye, 2005). En effet, l’absence de garanties et de dossiers bancables ont été les principales raisons. Le niveau faible d’éducation et l’absence de formation des demandeurs de crédit ont conduit au manque de visibilité dans les dossiers proposés. De même, la lourdeur administrative de ces dossiers a été un sérieux handicap pour les producteurs. En plus, les coûts de transactions de ces banques commerciales (recherche information sur des clients dispersés) étaient trop élevés pour de faibles volumes de crédits souhaités par les petits producteurs ruraux. Par la suite, la nécessité de faire face aux multiples déséquilibres qui affectaient le secteur réel de l’économie ainsi que la situation financière ont conduit le Gouvernement à mettre en œuvre une série de réformes d’ajustement à partir de 1979: le Programme de stabilisation puis Plan de Redressement Économique et Financier (PREF: 1980-1984), le Programme d’Ajustement Économique et Financier à Moyen et Long Terme (PAMLT: 1985-1992). On assista à une série de dissolution de structures publiques et de retrait progressif de l’État de fonctions économiques clés. Les principaux objectifs de ces différents programmes se résumaient ainsi à une stabilisation de la situation financière intérieure et extérieure, un accroissement de l’épargne intérieure, une stimulation de l’investissement dans les secteurs productifs, la libéralisation des échanges et la réduction du rôle de l’État dans le jeu économique. En dépit de ces nombreuses réformes institutionnelles pour impulser les potentialités du secteur agricole, le système de financement qui a prévalu a montré toujours de réels signes de faiblesse.

Depuis 1987, l’Etat a introduit la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS) dans le financement du secteur agricole en général et du secteur rizicole en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal. Présentement, on note la prédominance du crédit institutionnel CNCAS dans le financement des cultures irriguées avec un volume de crédit octroyé qui se chiffre à plus de 52 milliards de crédit pour 2004 (JICA, 2005). Cependant les taux de recouvrement sont toujours faibles dans la zone pour le crédit saisonnier à la production (49 % pour le crédit à la production agricole en 2007). Ceci montre le niveau assez faible du remboursement des crédits. Ces comportements ont fragilisé le système institutionnel et perturbé l'accès des paysans au crédit. On constate en effet une réduction du crédit qui s’est manifestée par une baisse des deux tiers du crédit par hectare entre 1991 et 2004 (idem, 2005). Les périmètres villageois sont les plus affectés avec des niveaux de crédit les plus bas parce qu’ils ont des niveaux beaucoup plus élevés des arriérés exigibles (SAED, 2007).

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Au cours de ces dernières années, de grands changements sont encore intervenus dans l'édifice institutionnel de distribution et de recouvrement du crédit. Ainsi, dans une dynamique d’amélioration du secteur agricole de façon générale et de la riziculture en particulier, l’État a adopté un nouveau plan de relance de l'agriculture à partir de 1997, puis renforcé par l’initiative du président sur la Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) en Juin 2008 pour lutter contre la crise alimentaire mondiale. Ce plan concerne la détaxe du matériel agricole, puis la subvention des intrants agricoles, mais avec la baisse du taux d'intérêt annuel du crédit agricole passant de 12,5% à 7,5% (depuis 1997). Il impose aussi un nouveau moratoire de 5 ans des arriérés des organisations paysannes (GIE) et réduit l'apport personnel de 20 à 10 % du financement obtenu (op. cité). Ces évolutions structurelles ont aussi provoqué l’émergence de différents types d’organisations professionnelles (PNUE/ISE, 2006). Les unes sont constituées pour prendre en charge le fonctionnement des périmètres et de toutes les opérations collectives liées à la production (crédit, achat d’intrants, travaux agricoles, commercialisation). Les autres organisations sont crées pour renforcer la coordination entre les producteurs et les acteurs de l’amont et de l’aval des filières. Cependant, les problèmes d’efficacité du crédit institutionnel demeurent pour le secteur agricole en général. En dépit des problèmes rencontrés par les producteurs, l’accès au crédit reste limité et contraignant aux autres acteurs de la filière (riziers, fournisseurs d’intrants, de matériels agricoles et de prestataires de services mécanises, commerçants).

L’échec de ces divers programmes de financement du monde rural a favorisé l’introduction de la microfinance. Par ailleurs, il existe aussi divers programmes de promotion ou lignes de crédit comme le Projet de Modernisation et d’Intensification de l’Agriculture (PMIA) où le taux du crédit est de 6,3 % et le Fonds de Promotion Économique (FPE), etc., travaillant étroitement avec les banques classiques pour le financement de projets de développement agricole et de petites et moyennes entreprises rurales ainsi qu’avec les mutuelles chargées de financer les activités productives. Ces institutions, bien que n'intervenant pas directement dans la filière rizicole, vont pouvoir tant soi peu accroître l’offre de crédit auprès des ménages agricoles. Toujours en est-il que des problèmes de financement adéquats demeurent en termes de volume, de temps approprié et de diversité des produits financiers (crédit de commercialisation, d’équipements légers, etc.).

Les reformes institutionnelles sur le crédit agricole ont constitué un des piliers centraux des changements que le gouvernement sénégalais a entrepris au cours de la dernière décennie

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dans le domaine de l'agriculture dans un effort de revitaliser son économie. L'objectif de ces politiques est d’améliorer l’accès de crédit aux ménages agricoles, et pour les systèmes irrigués de rentabiliser les lourds investissements consentis dans les aménagements hydro-agricoles. Les résultats obtenus jusque là demeurent insuffisants et sont loin des résultats escomptés. Cela amène à questionner la pertinence du système de financement agricole en général et du riz en particulier. S’il est prouvé que le financement agricole est un facteur prépondérant du développement de l’agriculture, dans le cas particulier du Sénégal, son efficacité est fortement questionnée.

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 53-56)