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Besoins de financements non agricoles

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 176-181)

CHAPITRE IV : TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS ANALYSE DES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENTDES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENT

4.3. BESOINS DE FINANCEMENT DU MENAGE DES PRODUCTEURS SUIVIS

4.3.3. Besoins de financements non agricoles

L’enquête sur les dépenses annuelles du ménage sur les biens non agricoles a permis de recenser la demande globale du ménage dans ce secteur. Dans cet exercice, il a été question d’évaluer le niveau des dépenses annuelles de nourriture, de santé/éducation, de l’habillement, de logement/transport et des équipements ménagers, etc., de tout le ménage et d’identifier les sources de financement de ces dépenses. Ces dépenses se sont constituées, par la suite, comme une expression de leur besoin de financement. Selon les résultats, la dépense annuelle sur les besoins fondamentaux de base s’élève en moyenne à 1 657 000 FCFA par ménage (tableau4.16). Dans ces dépenses, la nourriture occupe largement la première place avec 68 % du montant total des dépenses du ménage. Viennent ensuite les besoins de logement et de transport avec 14 % en moyenne dans l’ensemble. Ce poste vient curieusement avant la santé et l’éducation. Il est constaté qu’en milieu rural le logement en soi n’est pas payant comme pour la majorité des cas en milieu urbain. Cependant, les dépenses liées à la reconstruction ou changement de standing et de réparation peuvent être des postes de coûts élevés.

Le transport avec la mobilité des producteurs dans les «loumas » ou marchés hebdomadaires et leurs multiples déplacements pour diverses raisons sont des éléments de justification de ce niveau dépenses plus élevé que la santé et l’éducation qui viennent en troisième au niveau des dépenses du ménage. Le budget de dépenses alloué à l’éducation ne représente en moyenne que 9 % des dépenses du ménage. On constate par ailleurs que les enfants (qui doivent être scolarisés) constituent la majorité de la population dans ces ménages. La prise en charge correcte de cette situation devrait relever le niveau des dépenses sur l’éducation. Par ailleurs, les équipements ménagers (mobiliers de maison) sont les moins importants partout. On constate que l’ensemble de ces dépenses varie considérablement entre ménage agricole de la zone d’étude avec des coefficients de variation de l’ordre de 60 à plus de 240 %. La différence entre les dépenses minimales et maximales de l’ensemble de ces postes illustre bien cette variation (tableau 4.16). Il ya également variation de ces dépenses entre zone.

Ainsi, le niveau de dépense moyenne est plus élevé en moyenne vallée avec près de 2 millions contre 1,5 millions pour le delta. Les dépenses de nourriture représentent également 61 et 77

% des dépenses des ménages du delta et de la moyenne vallée respectivement.

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Tableau 4.16 : Niveau des besoins annuels du ménage

Ensemble N Minimum Maximum Mean CV (%)

Std.

Deviation

ALIMENTATION 100 235 000 11 555 225 1 129 496 134 1 517 129

SANTE/EDUCATION 100 30 000 1 000 000 146 991 79 116 246

HABILLEMENT 100 18 000 425 000 126 130 60 76 248

LOGE/Transport 57 10 000 1 410 000 233 386 160 374 050

INVEST. NON AG. 24 0 225 000 21 167 247 52 233

Total 1 657 000

DELTA

ALIMENTATION 65 450 000 1 930 750 938 393 31 290 079

SANTE/EDUCATION 65 40 000 1 000 000 159 315 79 125 431

HABILLEMENT 65 45 000 425 000 139 354 56 78 012

LOGE/Transport 39 10 000 1 410 000 235 179 168 395 291

INVEST. NON AG. 7 0 225 000 72 571 108 78 143

Moyenne Vallée

ALIMENTATION 35 235 000 11 555 225 1 484 401 170 2 518 746

SANTE/EDUCATION 35 30 000 450 000 124 102 76 94 352

HABILLEMENT 35 18 000 300 000 101 571 66 67 211

LOGE/Transport 18 19 000 1 200 000 229 500 146 334 055

INVEST. NON AG. 17 0 0 0 0

Source : ISRA, 2006.

Une lecture des sources de financement de ces besoins fondamentaux indique que les revenus propres du ménage assure à 99 % ces charges et que 1 % provient des dons et aides. Le crédit n’est pas cité dans les options de prise en charge de ces types de besoins pour 2006. On constate cependant qu’il y a dans la zone des possibilités de crédits sur les produits alimentaires au niveau des boutiquiers de la place de temps à autre et auprès des commerçants

« bana-bana » durant la période de soudure. Ces formes de crédit qui ne sont pas apparues sur les données de cette année, sont des prêts structurels. Les vivres, selon Gaye (1991), ont « la particularité d’être à la fois un facteur de production, une obligation sociale et une nécessité vitale». Pour ces types de besoins, c’est rare en milieu rural que l’on s’oriente vers le crédit institutionnel. La source la plus fréquentée s’est donc le crédit informel qui est socialement plus acceptable chez les créanciers. Pour cette année, on a vu même si c’est timide, la solidarité communautaire traditionnelle à travers les dons et aide (1%). Au niveau de la santé, on note aussi des possibilités de produits micro-assurance au niveau des mutuelles. Ces formes d’obtention de soins et de médicaments payés à l’avance par une participation à des mutuelles est plus courante chez les femmes en milieu urbain. Pour les autres postes (éducation, habillement, logement, transport, etc.), il y a la faible probabilité d’en trouver à crédit auprès des institutions même si ces types de besoins existent réellement.

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En termes de revenus du ménage, une estimation a été faite auprès des membres du ménage (revenu agricole et non agricole) pour l’année 2006. On constate un revenu annuel moyen du ménage de l’ordre de 1,7 millions de FCFA (tableau 4.17). Si on prend en compte la taille de population élevée de ces ménages, le revenu devient faible et se situe en moyenne à 128 000 FCFA per capita. La prise en charge de la composition en âge et sexe des membres du ménage montre un revenu d’unité équivalent adulte18 de 154 000 FCFA. Toutefois, ces résultats montrent que le niveau de revenus de ces ménages est en interface avec ceux trouvés en 2005 dans les villes et villages du basin arachidier au Sénégal (Fall et Gueye, 2006). S’il est vrai qu’ils sont peu élevés par rapport aux revenus des ménages en milieu urbain estimés à 210 000 FCFA par tête d’habitat, ils sont par contre relativement plus conséquents que ceux des ménages ruraux en zone sèche du bassin arachidier qui atteignent à peine 63 500 FCFA (mêmes auteurs).

On note que ce niveau de revenu provient à la fois des activités agricoles et non agricoles du ménage. La nature de ces activités a été identifiée dans les sections précédentes avec la domination du riz dans les activités agricoles et les services dans la composition des activités non agricoles. Plusieurs études ont mis aussi l’accent sur les liens entre ces activités non agricoles et l’agriculture. Les études au Sénégal (Fall, 1991, Kelly et al, 1992 ; Reardon et al, 1993, Fall, 1993, Fall et Gueye, 2006) ont montré que la plupart des activités non agricoles ont des liens synergiques directs ou indirects en termes de flux d’amont et d’aval avec les activités agricoles. Dans la vallée, il existe une certaine relation entre l’activité agricole et les activités non agricoles. L’agriculture stimule l’extension des activités non agricoles (les prestations de services mécanisés, la transformation, le commerce des produits de récolte, etc.

induits par exemple par l’intensification de la riziculture). En revanche, celles-ci étirent sa productivité en lui fournissant les biens et services indispensables à son développement. La diversification des sources de revenus ne se limite donc pas à générer des liquidités pour l’achat de vivres, mais elle concourt aussi à accroître la disponibilité alimentaire à l’échelle du ménage. Avec la politique de libéralisation du secteur entreprise par l’Etat et la faiblesse du système de crédit, le producteur a besoin d’une source de revenu fiable lui permettant d’acquérir les intrants nécessaires et de satisfaire ses autres besoins.

18UEA consiste à attribuer à chaque membre du ménage un coefficient représentant l’équivalent de son besoin de consommation alimentaire en kilocalorie à celui d’un homme adulte. Ainsi, par exemple, un homme adulte est attribué le coefficient 1 et une femme adulte le coefficient 0,7

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L’agriculture joue aussi un rôle important dans le développement des activités non agricoles.

Elle est à l’origine de l’extension des activités non agricoles dans la mesure où les recettes tirées de la récolte sont investies dans ces activités. Fall et Gueye (2006) font constater que dans le bassin arachidier «l’agriculture constitue en amont ou en aval les intrants et extrants de certaines activités non agricoles». Certains auteurs estiment aussi, qu’en matière de politique agricole une amélioration de la productivité agricole pourrait entraîner le développement des activités non agricoles et la création d’emplois. Par la même occasion, l’intensification de l’agriculture dans les zones à grand potentiel agricole, comme par exemple la vallée du fleuve, serait favorable à l’amélioration des conditions de vie de la population par la réduction des prix des denrées et une augmentation de la demande de main d’œuvre (Delgado, Reardon et Matlon, 1988).

Tableau 4.17 : Niveau de revenus réels des ménages en 2006

Revenu moyen par ménage

Ensemble Delta Moyenne Vallée

Moyenne 1 673 683 1 101 928 2 735 514

Ensemble Delta Moyenne Vallée

Moyenne 153 857 148 973 162 928

Ces résultats apportent la lumière sur les revenus, dépenses et stratégies de financement des ménages dans la zone d’étude. Une lecture des niveaux de revenus indique cependant, que près des ¾ des ménages sont en dessus de la moyenne et seulement moins d’un quart des ménages enquêtés en 2006 ont des revenus supérieurs à la moyenne. Cela montre la

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variabilité des ces niveaux de revenus. Un classement des revenus par niveau montre également que 45 % des ménages ont un revenu annuel entre 1 et 1,5 millions FCFA suivis de ceux qui ont moins d’un million FCFA (19 % des ménages). Suivent les ménages qui ont entre plus de 1,5 à 2 millions FCFA par an (19 %) tandis que ceux qui ont plus de 4 millions représentent pour cette année que 4 % (graphique 4.6). Cette variabilité devient encore plus importante quand on y ajoute la forte variation de la composition démographique du ménage (revenu par tête) ou encore la prise en charge de l’âge et du sexe des membres du ménage (revenu par UEA). Ceci suggère que toute formulation de politique d’appui aux systèmes de production existants pour l’amélioration des conditions de vie des populations doit prendre en compte les dynamiques de cette différenciation pour mieux sérier les effets attendus.

Graphique 4.6 : Répartition des ménages par niveau de revenus moyens annuels en 2006

Revenu (1 -1,5 millions) 45%

Revenu ( moins 1 million) 19%

Revenu (1,51 - 2 millions) 19%

Revenu (2,1-2,5 millions) 6%

Revenu (2,51-3 millions) 7%

Revenu (3- 4 millions)

2% Revenu (11-12 millions) 2%

4.4. BESOINS ET STRATEGIE DE FINANCEMENT PAR TYPE DE PRODUCTEUR

A la lumière des résultats sur les besoins et stratégies de financement, on comprend que les producteurs de par leur ménage ne sont pas au même niveau de conditions de vie et qu’il y a une forte variation au niveau de leurs moyens, leurs ressources foncières, leurs équipements agricoles, etc. La stratification des producteurs par classe a montré que les dotations factorielles, activités, ressources et performances diffèrent d’une catégorie à une autre. Par

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conséquent, leur capacité d’endettement pour satisfaire leurs besoins et leurs stratégies diffèrent. Ainsi, il est légitime de penser que le niveau de leurs besoins et stratégies de financement fonctionnent différemment. Alors pour mieux apprécier l’opportunité d’accès au crédit et l’impact différencié de cet accès au niveau des producteurs, une analyse de ces besoins et stratégies de financement par catégorie de producteurs s’impose.

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