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Besoins de financement par catégorie de producteurs

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 181-184)

CHAPITRE IV : TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS ANALYSE DES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENTDES BESOINS ET STRATEGIES DE FINANCEMENT

4.3. BESOINS DE FINANCEMENT DU MENAGE DES PRODUCTEURS SUIVIS

4.4.1. Besoins de financement par catégorie de producteurs

De la même manière qu'un simple particulier dans le sens de la comptabilité nationale, le producteur doit pouvoir disposer à tout moment de ressources financières mobilisables immédiatement pour combler les dépenses de fonctionnement quotidiennes de son ménage et de son exploitation agricole comme non agricole. Ces besoins de financement à très court terme représentent pour le producteur des besoins de trésorerie qu’il peut couvrir à partir de ses propres ressources et/ou à partir d’emprunt. Une évaluation de ces besoins pour l’année 2006 nous révèle une nette variation entre groupe de producteurs (tableau 4.18). On constate que le groupe des plus nantis a des besoins de financement estimés à plus de 13 millions FCFA soit huit fois plus que le recensement des besoins des plus pauvres. Les besoins annuels de financement du groupe des producteurs moyens (7 millions) constitue plus du double des producteurs pauvres et dépasse peu la moitié des producteurs nantis. Si au niveau des producteurs les plus pauvres, la variation entre producteur est moins faible (24 % de coefficient de variation), il n’en est pas de même au niveau des autres groupes avec des coefficients de variation assez élevés (de 47 à 87 %).

L’ensemble de ces dépenses est dominé par les besoins fondamentaux de base qui représentent entre 64 % (chez les plus pauvres) et 74 % (chez les producteurs un peu plus aisés). Cela se comprend aisément car ses besoins sont des besoins de subsistance pour l’ensemble du ménage (nourriture, habillement, santé, etc.). Le tableau 4.19 montre la nature de ces types de besoins et l’affectation des ressources. On constate que les besoins de nourriture occupent la première place dans tous les groupes. Cependant, leur part relative varie constamment d’un groupe à un autre. Ainsi, les dépenses de nourriture représentent 71

% des besoins non agricoles des producteurs les plus pauvres, tandis qu’elles sont de 62 % chez les producteurs moyens et pauvres, puis seulement de 34 % chez les producteurs aisés.

Cependant, le volume de besoins sur les biens alimentaires des plus aisés estimés en moyenne

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à prés de 3,4 millions de FCFA par an est de 4,5 fois supérieurs à ceux des producteurs les plus pauvres. Ceci montre également une nette différence sur la nature des biens de consommation, car on rappelle que la taille de population de ménage est plus grande chez les plus pauvres. Avec des pouvoirs d’achat différents, la consommation du ménage diffère selon la catégorie. Ainsi, les préoccupations de nourriture sont certes importantes chez les producteurs aisés, mais restent équilibrées avec les besoins de prestige. Cette variation s’est également notée dans tous les autres besoins de subsistance. En effet, si les besoins de base (alimentation et santé) viennent en première position chez les producteurs pauvres et les plus pauvres, ce sont plutôt les besoins de confort (mobiliers de maison, équipement électroménager, etc.) et de luxe (habillement) qui viennent après l’alimentation pour les deux autres groupes.

Tableau 4.18 : Besoins et mode de financement des activités par catégorie de producteurs

G. plus pauvre G. pauvre G. moyen G. nantis

Tableau 4.19 : Nature et destination des dépenses par catégorie de producteurs

Logement/transport 49 265 0,05 193 613 0,10 527 462 0,12 1 300 000 0,13

Equipement ménager 30 461 0,03 113 742 0,06 527 400 0,12 3 137 000 0,32

Total 1 037 555 1 1 918 993 1 4 470 000 1,00 9 817 612 1,00

Source : ISRA, 2006.

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Par ailleurs, les dépenses de santé et d’éducation sont relativement importants chez les producteurs les plus pauvres qui leur consacrent 12 à 14 % de leurs ressources. Puis ce se sont les besoins d’habillement et de transport qui viennent avant ceux en investissements non agricoles. Ces derniers besoins sont les postes de prestige qui importent peu pour ces deux premiers groupes (3 % du budget des plus pauvres et 6 % pour celui des pauvres). Tandis que chez les producteurs nantis et à moindre degré chez les moyens, les besoins de prestige sont importants, alors que la santé et l’éducation viennent respectivement en quatrième et troisième position de leurs besoins de financement. Ce résultat est surprenant si on tient compte de leur niveau avancé dans l’évaluation de leur éducation par rapport aux deux premiers groupes. Cela témoigne que les moins pauvres dépensent moins à ces postes stratégiques que sur les dépenses de prestiges même si leur volume (en magnitude) est plus important que celui dépensé par la classe des producteurs pauvres. Ainsi, donc les producteurs selon leurs conditions de vie apprécient différemment les besoins fondamentaux de subsistance. Ces résultats montrent qu’autant le producteur est riche, autant son train de vie tend vers les dépenses de prestige et de luxe. Le producteur qui par contre, se trouve dans une situation de vulnérabilité n’arrive même pas ou couvre à peine les besoins primaires de survie.

A côté des besoins non agricoles de subsistance, il y a les besoins agricoles qui varient également par classe de producteurs. Ces besoins qui prennent compte l’hivernage, la contre saison froide et la contre saison chaude oscillent entre 500 000 FCFA chez les plus pauvres à plus de 3 millions chez les producteurs les plus nantis. Ceci se justifie doublement par la différence notée dans les superficies emblavées en 2006 et le niveau de diversification. En effet, on constate que les superficies emblavées chez les « moins » pauvres (2,7 et 2,3 ha pour respectivement les producteurs moyens et nantis) sont à un hectare de plus sur celle des

« plus » pauvres (1,3 à 1,7 ha pour les plus pauvres et les pauvres). En plus, la diversification des activités agricoles est plus prononcée chez les producteurs moyens et nantis. En effet, plus d’un tiers des producteurs nantis et moyens a en plus du riz d’hivernage, emblavé au moins deux cultures en contre saison froide (en général la tomate et l’oignon) tandis que seul un quart des producteurs des plus pauvres à pauvres a emblavé en plus du riz, deux cultures de contre saison. Cependant, la plupart des divers groupes ont au moins une culture de contre saison en plus du riz d’hivernage19. Par ailleurs, contrairement à la forte variation notée dans les dépenses sur les biens non agricoles au sein des mêmes classes, la demande de

19 On note par ailleurs que seules les cultures de riz et tomate sont présentement prises en compte dans le crédit formel de la CNCAS de la zone

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financement sur les besoins agricoles semble être beaucoup plus homogène. Les coefficients de variation de ces besoins à l’intérieur des groupes est relativement moins élevés (42 à 57 %) que ce qui est constaté au niveau des besoins non agricoles.

On constate que les besoins agricoles aussi bien que ceux non agricoles sont différemment appréciés au niveau des différentes catégories de producteurs. Ces derniers en fonction du niveau de leurs ressources et dotations factorielles évaluent différemment l’importance de leurs besoins de subsistance et celle du choix de leurs activités envisagées durant les saisons.

Ainsi donc les producteurs les plus nantis investissent beaucoup sur les besoins non agricoles (76 % de leur demande) et privilégient autant les besoins de nourriture que des produits de luxe et de prestige. Leurs besoins agricoles sont fortement influencés par la diversité de leurs cultures et leur dotation foncière. Les deux catégories de producteurs pauvres concentrent par contre 64 % de leur demande de financement sur les besoins fondamentaux dont notamment l’alimentation, tandis que leur demande pour les besoins agricoles est fortement limitée par le choix restrictif de leurs cultures en 2006. Cette différence dans leur demande de financement est-t-elle conditionnée par leurs stratégies de financement ?

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