• Aucun résultat trouvé

Performance, contraintes et enjeux

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 50-53)

1.2. ETAT DE LA FILIERE : CONTEXTE PERFORMANCES ET ENJEUX

1.2.3. Performance, contraintes et enjeux

1.2.3. Performance, contraintes et enjeux

L’impact attendu des différentes réformes du secteur agricole de la zone est d’améliorer la vie des agriculteurs par le relèvement des superficies aménagées et cultivées et l’augmentation des productions et des rendements en particulier pour le riz. Cependant, la performance du secteur évolue en dents de scie à tous les niveaux. De 1985 à 1994, l'évolution des superficies aménagées a été fortement marquée par le développement des aménagements privés et leur concentration dans le Delta. Les surfaces aménagées sont passées de 24 600 ha en 85/86 à 67 788 en 94/95 puis à 80 000 en 2001 et se stabilise en 90 000 de 2003 à 2006 (SAED, 2006).

Dans ces aménagements, l’initiative privée est passée de 4 000 ha de superficies aménagées et cultivées en 1993 à 27 000 ha en 1999 (op. cité). La libéralisation de la filière riz a largement contribué à cette forte progression du privé. D'une moyenne de 1 750 ha/an entre 1985 et 1990, le rythme d'aménagement est passé à 4 900 ha/an entre 1990 et 1994, avec une pointe de 7 800 ha en 1991 avant de redescendre à moins de 1 300 ha par année en 1999.

Aujourd'hui, on observe une relative stagnation dans le développement des aménagements du fait des difficultés liées au crédit (op. cité).

34

Si l’environnement économique de la production était favorable au lendemain de la libéralisation, la contribution de l’initiative privée n’a pas pour autant contribuer au développement de la filière locale. En effet, cet accroissement des aménagements privés ne s’est pas accompagné par une amélioration de la technicité. Les aménagements sommaires ont donné de faible rendement entraînant leur abandon. Ceci justifie la baisse du taux de mise en valeur (superficie cultivée/ superficie aménagée) constatée par la suite. Par ailleurs, les superficies cultivées vont se développer à un rythme plus faible que les superficies aménagées. Après une forte progression des taux de mise en valeur voisins de 1 en 1980, on constate une diminution très forte de ce taux (0,6) à partir de 1987 à cause des abandons induits par diverses difficultés du secteur. La part du riz dans ces superficies cultivées est passée par contre de 76% en 1987 à 82 % en 2005/6. Cependant, les superficies totales cultivées en riz évoluent en dents de scie d’année en année.

La production nationale du riz a également connu des hauts et des bas. Elle varie d’année en année et selon les sites. Entre 1981 et 1992, la production globale de riz a été multipliée par 4,6. Elle a atteint un record de 180 000 tonnes en 1992 (ISRA, 1996) et 231 000 t en 2008 (SAED, 2008). Bien qu’il y ait une nette amélioration du niveau de rendement en zone irriguée (passant de 3 t/ha en 1980 à 5,5 t/ha en 2007, la croissance de la production durant cette période, est plus liée à l’accroissement des superficies (Randolph, 1997 ; SED, 2008). Si le rendement moyen a augmenté, il n’en demeure pas moins que certains producteurs atteignent des pointes de 8 à 9t/ha. Du fait de la gestion des cultures et des moyens disponibles, l’application et le mode d’application des doses de semis et d’engrais de fonds comme de couverture, se font de manière très variée. De même, l’utilisation des semences de qualité est fortement différenciée. Ces pratiques révèlent des différences fondamentales dans la gestion des ressources. Cela montre une nette différence entre producteurs, mais révèle que la filière a aussi de réelles potentialités. Est-ce un problème d’accès au crédit ou de simple gestion de culture, etc. ? La recherche d’efficacité (réduire les coûts et améliorer le rendement et la qualité) impose une réponse à ces questionnements d’actualité. Par ailleurs, avec des niveaux de rendement variés, le niveau de marges bénéficiaires varie également entre producteurs. Ces éléments laissent entendre que les incitations à la production peuvent faire la différence. Sous cet angle, la filière est financièrement rentable chez certains producteurs.

Cependant, le risque sur les revenus des producteurs est soumis à des variations de rendements et de prix des intrants ; et la disponibilité des ressources pour les acquérir convenablement et en tirer profit.

35

La filière riz local au Sénégal ne semble pas bénéficier a priori d’une bonne image. Cette riziculture serait « trop chère » car elle requiert des dépenses élevées. Il y a quelques temps, le prix du riz n’était peu, voire pas compétitif par rapport au riz importé. De 1996 à 2006, le coût des ressources intérieures s’est nettement amélioré passant respectivement de 0,96 à 0,67 (ISE/PNUE, 2006). Aujourd’hui, la compétitivité s’améliore davantage avec l’augmentation des cours mondiaux du riz. Ce marché est en effet fluctuant. En outre, le marché mondial du riz est résiduel et ne représente que 4 % de la production mondiale (ADRAO, 2006). Le marché mondial du riz brisé consommé au Sénégal est encore plus marginal sur le plan international. Ainsi, la fluctuation du cours mondial dépend du déséquilibre de l’offre et de la demande. Or ce déséquilibre sur le plan international est fortement lié au niveau d’intervention d’importateurs et d’exportateurs nouveaux dont l’occurrence et les capacités sont très variables. Ainsi, la compétitivité est dynamique et changeante. Ceci est plus inquiétant d’autant plus que la production nationale ne dépasse guère la couverture de 20%

des besoins alimentaire du pays. Le fossé entre la demande et l’offre du riz local creuse davantage l’état d’insécurité alimentaire dans la mesure où le riz constitue la principale céréale de consommation des Sénégalais.

Ainsi, la souveraineté alimentaire des consommateurs en en riz est très fortement contrariée par l’importance des importations qui comblent le déficit de la production locale. L’écart de la production est le résultat de la détérioration alarmante de la production locale induite par plusieurs facteurs face à l’accroissement soutenu du taux de croissance démographique. Cette situation empire avec la dégradation des disponibilités du riz sur le marché mondial. En effet, les importations du riz sur le marché mondial se sont fortement réduites car la Chine principale exportatrice du riz est devenue en 2006, importatrice nette du riz. Selon les estimations, le riz deviendra de plus en plus rare sur le marché mondial et cela aura comme conséquence une hausse vertigineuse des prix (op. cité, 2006). A moins que la production du riz local augmente très rapidement, la demande croissante du riz ne fera que renforcer la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Ceci va accroître le risque d’insécurité alimentaire. Cette situation inquiète et risque d’accroître la faim et la pauvreté en milieu rural et urbain au Sénégal. Les populations urbaines à faibles revenus vont souffrir davantage avec l’augmentation induite des prix du riz. De même, les petits producteurs et les pauvres dans les zones de production, n’auront ni les revenus, ni les ressources pour se garder de la faim et de la malnutrition avec la baisse des productions locales. Par conséquent, la satisfaction de la demande intérieure du riz et l’amélioration du revenu des riziculteurs justifient les initiatives

36

de recherche d’amélioration des conditions de production. En outre, il est estimé que le riz génère des volumes de transactions globales dix fois supérieurs à son produit brut intrinsèque (ISE/PNUE, 2006), par ses effets induits en amont (services mécanisés de préparation des sols, fourniture d’intrants, aménagement des périmètres, irrigation…) et en aval (récoltes, battage, transformation, distribution…). Ainsi au de-là de la compétitivité, la promotion du riz est devenue une option majeure de stratégie de souveraineté alimentaire (MAE, 2008).

Par conséquent, toutes les stratégies de développement s’articulent autour de l’intensification des productions du riz dans la vallée. La filière rizicole présente des atouts considérables : un potentiel d’irrigation de 240 000 ha, des niveaux de rendements moyens de 5,5 t/ha avec des pointes de 8 à 9 t/ha, la forte présence des structures d’encadrements, etc.. Cependant, la filière fait face à des aménagements sommaires défectueux. Les équipements agricoles se dégradent et se renouvellent difficilement. En plus, on note un faible niveau de mise en valeur des terres, une sous-utilisation d’intrants de base en quantité et en qualité et peu de technologies productives, etc. Tout ceci est fortement lié à système de financement déficient Néanmoins, l’accroissement des productions de la filière en zone irriguée, passe par une forte intensification culturale, mais aussi et surtout par l’amélioration de la productivité en vue d’une part, de rentabiliser les infrastructures hydro-agricoles ; et d’autre part, assurer la sécurité alimentaire du pays en riz. Cependant, le développement intensif de cette culture suppose des soutiens financiers importants pour prendre en charge ces besoins de financement. Ceci incite le débat sur l’accès aux marchés et services financiers. Ainsi, les défis majeurs à la promotion du riz local gravitent, entre autre, autour des problèmes institutionnels de financement.

Dans le document UNIVERSITE MONTPELLIER I (Page 50-53)