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Statut matrimonial, ménage et situations scolaire et professionnelle

Conclusion du chapitre 1 : Les hypothèses d’étude

Chapitre 2 : Un comportement financier faiblement différencié

1. Caractéristiques socio-démographiques de l’échantillon

1.2 Statut matrimonial, ménage et situations scolaire et professionnelle

La plupart des immigrés (40 %) étaient étudiants à l’université avant leur arrivée en France. Agriculteur et salarié déclaré étaient les deux activités professionnelles les plus exercées par les futurs immigrés avec respectivement 18 % et 14 % de l’échantillon. L’étude de la différence des fréquences entre les modalités de la variable activité professionnelle dans le pays d’origine, prises deux à deux, permet de regrouper deux modalités lorsque leur différence de fréquences n’est pas significative.

La modalité “ étudiant/élève ” a une différence de fréquences significative avec la modalité “ agriculteur ” et très significative avec toutes les autres modalités. Ainsi, après plusieurs regroupements successifs, on aboutit à deux

226 Pour apprécier la diversité de la nature du phénomène migratoire, Dumont (1995) propose de recourir à cinq types de champs : le champ juridique, le champ temporel, le champ directionnel et spatial, le champ social et culturel et le champ théorique.

227 C. Mercier (1977), op. cit.

modalités, “ travailleur ” et “ étudiant/élève ”. Les travailleurs (60 %) constituent la principale composante de l’émigration même si la part des étudiants (40 %) demeure cependant importante.

Les immigrés maliens et sénégalais habitent dans divers types de logement. Ils sont plus nombreux à habiter dans des appartements à trois pièces F3 (29 %). Cette proportion se justifie par la part importante dans l’échantillon de personnes mariées et ayant des enfants. Les immigrés qui ont une chambre (16 %) sont quatre fois plus nombreux que ceux qui ont choisi un F1 comme appartement. Il s’agit de célibataires ou de personnes mariées mais vivant seules en France qui disposent d’un appartement à une pièce ou une chambre. Les immigrés sont 12 % à occuper un F4, 10 % un F5 et 10 % une maison. Ainsi, 32 % des immigrés, en particulier ceux ayant des familles dites nombreuses, habitent dans un appartement spacieux.

Le test statistique met en relief un lien statistique très significatif entre le revenu mensuel et le type de logement dont disposent les migrants. Ce résultat montre que, chez les migrants maliens et sénégalais, le revenu est un élément déterminant dans le choix du type de logement. Néanmoins, il existe tout de même des migrants à haut revenu mensuel qui habitent dans des logements modestes (chambre, F1 et F2) et d’autres à faible revenu qui ont des types de logement plus grands (F4, Maison).

Une large majorité des immigrés maliens et sénégalais est locataire de son logement. Ils sont en effet plus de 76

% de locataires contre près de 10 % de propriétaires. Le pourcentage de migrants propriétaires de son logement est très faible comparativement à celui de l’ensemble des ménages en France dont le taux était de 32 % en 1996228. La proportion d’immigrés hébergés gratuitement est la même que celle des colocataires (5 %).

En revanche, il n’existe que très peu d’immigrés qui sous-louent leur logement (3 %). Le lien entre le type de logement et le statut de l’occupant est significatif. Les immigrés maliens et sénégalais propriétaires habitent presque exclusivement dans des appartements d’au moins trois pièces (F3). Les migrants locataires occupent divers types de logement, plus de la moitié préférant des appartements de deux pièces au maximum. La dépendance entre la situation matrimoniale et le statut de l’occupant d’un logement n’est pas significative. Les célibataires sont généralement des locataires ou des hébergés gratuitement alors que les mariés sont davantage des locataires et dans une moindre mesure des propriétaires de leur logement.

La liaison entre le nombre d’épouses et le type de logement occupé par les immigrés n’est pas significative. En effet, les célibataires occupent presque exclusivement des chambres tandis que les mariés, dont la majeure partie n’a qu’une seule femme, disposent généralement d’appartement de trois pièces (F3). Le lien entre le nombre d’enfants vivant en France et le type de logement occupé par les immigrés n’est pas significatif. Nous remarquons toutefois que les immigrés qui ont plus de deux enfants habitent au moins dans un appartement de trois pièces (F3).

Les immigrés maliens et sénégalais savent presque tous lire, écrire et parler la langue française. Ils sont 15 % à ne pouvoir écrire en français et 12 % à ne pouvoir lire cette langue. En revanche, il est très rare de trouver des immigrés maliens et sénégalais qui ne parlent pas le français. Seuls 2 % des immigrés sont dans ce cas. Les immigrés maliens et sénégalais sont 17 % à affirmer n’avoir aucun diplôme.

228 INSEE [1999]. Tableaux de l’économie française, édition 1999/2000, INSEE, Paris, 199 p, p. 51.

Il est intéressant de rappeler qu’au niveau de la France le taux de personnes n’ayant aucun diplôme ou un certificat d’études primaires se situe à 25,7 % pour la tranche d’âge des 25 – 49 ans en 1998 et à 36,3 % pour l’ensemble des personnes vivant en France âgées de 15 ans ou plus229. Plus d’un tiers des immigrés de l’échantillon ont un diplôme de l’enseignement supérieur (dont 6 % de doctorat) alors que le taux des diplômés de l’enseignement supérieur est de 7,3 % au niveau de la France. Une partie importante des immigrés (36 %) possèdent des diplômes “ professionalisants ”.

Les activités professionnelles exercées par les immigrés maliens et sénégalais sont très variées. Cependant, les ouvriers (25 %), les agents de nettoyage (15 %) et les professions libérales (20 %) sont les activités les plus rencontrées chez la population étudiée. Ces résultats corroborent, d’une manière générale, les statistiques de l’INSEE relatives à l’activité économique des salariés étrangers en France. La proportion de salariés étrangers en France (par rapport à l’ensemble de l’effectif salarié, français + étrangers) est restée quasiment stable entre mars 1998 (5,4 %) et janvier 1999 (5,5 %), en particulier pour les femmes salariées (4,4 % en 1998 et en 1999)230. Cette évolution résulte donc d’une faible hausse de la proportion des hommes dans l’effectif des salariés étrangers, proportion qui passe de 6,2 % à 6,4 %.

La construction, les activités immobilières et les services aux personnes sont les secteurs qui absorbent le plus la main-d’œuvre étrangère. Entre 1998 et 1999, le taux de salariés étrangers dans l’activité de construction est resté pratiquement constant (15,2 % en 1998 et 15 % en 1999)231. Les effectifs des deux autres activités économiques ont connu une légère évolution ; le taux de salariés étrangers pour les activités immobilières a diminué d’environ un point et demi, passant de 15,6 % en 1998 à 14 % en 1999 tandis que celui des services aux particuliers gagnait 0,6 point dans la même période, passant de 11,5 % à 12,1 %.

Trois personnes interrogées sur quatre ont déclaré avoir un contrat de travail. Deux tiers des immigrés maliens et sénégalais ont un contrat à durée indéterminée232 et l’autre tiers un contrat à durée déterminé. Pour les fonctions

229 INSEE [1999]. Tableaux de l’économie française, op. cit., p. 59.

230 INSEE [1999]. Annuaire statistique de la France, édition 1999, 102e volume, INSEE, Paris, 985 p, p. 101.

INSEE [2000]. Annuaire statistique de la France, édition 2000, 103e volume, INSEE, Paris, 1000 p, p. 103.

231 INSEE [1998]. Enquête sur l’emploi de 1998 : résultats détaillés, Collection INSEE Résultats, Emploi-Revenus, n° 141-142, 198 p, p. 94.

INSEE [1999]. Enquête sur l’emploi de 1999 : résultats détaillés, Collection INSEE Résultats, Emploi-Revenus, n° 153-154, 162 p + 31 p. annexes, p. 101.

232 L’enquête réalisée pour le Ministère de l’Emploi et de la solidarité fournit un taux de migrants actifs sous contrat à durée indéterminée de 60%, taux légèrement inférieur à celui de notre résultat. Voir R. Blion (dir.) [1998]. Épargne des migrants et outils financiers adaptés, Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, Direction de la Population et des Migrations, Rapport final, tome 1, 162 p, p. 42.

libérales, il s’agit notamment de migrants commerçants. Le développement des migrations alternantes s’est accompagné très souvent d’une activité commerciale entre les espaces de départ et d’arrivée.

De plus en plus de migrants, en rentrant temporairement chez eux – généralement en période d’hiver –, achètent plusieurs marchandises y compris parfois des voitures qu’ils vendent eux-mêmes ou par l’intermédiaire de leurs associés sur les marchés locaux. Par exemple, à Dakar, on note actuellement une augmentation sensible des parcs de vente d’automobiles d’occasion.

Le test du khi-2 montre l’existence d’un lien peu significatif entre la langue maternelle et les diplômes obtenus par les immigrés. Les immigrés Wolof et Bambara sont les plus diplômés. La prééminence des Wolof peut s’expliquer par leur plus fort taux de présence dans l’échantillon. Il n’en est pas de même chez les immigrés maliens car nous avons le même taux d’enquêtés pour les Bambara, les Soninké et les Kassonkhé (12 %).

Il existe un lien statistique très significatif entre le diplôme obtenu et la profession des immigrés maliens et sénégalais. Cette relation est logique et semble valable pour tout le monde. En effet, il n’est guère étonnant que la plupart des ouvriers n’aient aucun diplôme, les autres ouvriers ayant des diplômes spécialisés (catégorie Autre). Les professions libérales, les fonctionnaires et les ingénieurs ont souvent des diplômes d’études supérieures. Cependant, certains immigrés diplômés occupent des emplois qui n’ont rien à voir avec leur diplôme. Nous pouvons citer l’exemple des agents de propreté et des agents de sécurité regroupés ici dans la modalité Employé.

Il existe un lien très significatif entre les activités professionnelles exercées au pays avant la venue en France et les motivations de l’émigration. Les immigrés maliens et sénégalais qui travaillaient dans leur pays sont venus en France pour chercher un travail et les étudiants/élèves pour poursuivre leurs études supérieures. Cependant, une minorité d’étudiants, 4 %, a émigré en France dans le but d’y trouver un travail. La même proportion de travailleurs a quitté le pays d’origine pour venir étudier ou renforcer sa formation en France.

En revanche, le test statistique met en relief l’absence de lien entre la profession exercée par les immigrés et leur type de contrat. Pour presque chaque profession, nous avons des contrats à durée déterminée comme des contrats à durée indéterminée, y compris même dans l’administration (modalité Autre). Ce résultat se comprend aisément si l’on s’en tient à l’état du “ marché du travail ” qui est caractérisé par un important chômage. Le développement des emplois précaires s’explique fondamentalement par l’absence d’une croissance économique soutenue et durable comme dans la période dite des Trente Glorieuses.

Pour trois immigrés sans emploi sur quatre, la durée moyenne du chômage est d’un an. Cette durée est de deux ans pour l’autre quart des immigrés actuellement sans travail. L’ancienneté moyenne du chômage pour les trois quarts des migrants est inférieure à celle de l’ensemble des chômeurs en France. En effet, la durée moyenne du chômage en France est de quinze mois sur la période 1995-1998233. La proportion de chômeurs de plus d’un an s’établit sur la même période à 39 mois en moyenne. Cependant, le taux de chômage est très différent selon le niveau de diplôme. En mars 1997, le taux de chômage national en France était de 12,4 % alors qu’il était de

233 Cette moyenne est calculée à partir des données fournies par L’INSEE. Voir INSEE (2000), op. cit., p. 137.

20,9 % pour les personnes sans diplôme et uniquement de 7,9 % pour les personnes ayant un diplôme de niveau supérieur au baccalauréat234.

La plupart des migrants chômeurs ne comptent pas sur les aides publiques puisque seuls quatre chômeurs maliens et sénégalais sur dix reçoivent une indemnité de chômage. La situation administrative de certains chômeurs peut expliquer en partie ce faible taux. Néanmoins, un quart des immigrés chômeurs exerce une activité lucrative qui les permet de pallier à l’absence de revenu salarial. Ces activités compensatrices sont le plus souvent non déclarées et correspondent en général à des petits commerces.

La proportion d’hommes mariés (53,2 %) est très proche de celle de l’ensemble des hommes résidant en France en 1997 (54,8 %)235. En revanche, chez les femmes immigrées, la nuptialité est de 19,1 % alors qu’au niveau de la France une femme sur deux est mariée. Mais le taux de divorces des hommes chez les migrants est tout de même relativement important 8,5 % contre 5,4 % pour celui des hommes en France. A l’inverse, les femmes immigrées divorcent moins (2,1 %) que l’ensemble des femmes vivant en France (6,7 %).

Le contingent des célibataires est somme toute conséquent si l’on prend en compte la structure des âges de l’échantillon. Le taux d’immigrés célibataires (17 %) – dont 12,8 % chez les hommes et 4,2 % chez les femmes – semble élevé eu égard à la proportion de personnes âgées de moins de trente ans (près de 9 % de l’échantillon).

Ce pourcentage n’est pas important au regard de celui des célibataires en France qui est de 37 % chez les hommes et 29,9 % chez les femmes.

D’autre part, il n’existe pas de lien significatif entre la date d’entrée en France et le nombre d’épouses. Le nombre d’épouses est indépendant de la durée de séjour des immigrés maliens et sénégalais en France. Ainsi, certains immigrés avaient déjà plus d’une femme avant leur venue en France. D’autres se sont mariés à plusieurs reprises après leur entrée en France.

Les couples mixtes deviennent de plus en plus fréquents. Ainsi, 14 % des personnes mariées affirment avoir une épouse ou un époux européen. Les immigrés maliens et sénégalais de France sont dans leur grande majorité monogames (84 %). La polygamie est toutefois présente chez la population immigrée même si son taux peut être globalement qualifié de modeste. Les immigrés sont 12 % à avoir deux femmes et 4 % trois femmes.

Plus des trois quarts des immigrés maliens et sénégalais vivent avec leurs épouses en France. La moyenne du nombre d’épouses vivant en France avec son mari est d’une femme. Seuls 5 % des immigrés polygames résident en France avec leurs deux femmes. Moins de la moitié (47 %) des femmes des immigrés maliens et sénégalais résidant en France exerce une activité rémunérée. Un tiers des femmes des immigrés maliens et sénégalais, salariées ou ayant une activité lucrative, aident leur mari en participant financièrement aux dépenses familiales.

234 M. -M. Bordes et C. Gonzalez-Demichel [1998]. Marché du travail : séries longues, Collection INSEE Résultats, Emploi-Revenus, n° 138-139, Paris, 229 p, p. 50 et p. 153.

235 INSEE [1999]. Tableaux de l’économie française, op. cit., p. 27.

Les immigrés maliens et sénégalais qui ont un seul enfant sont les plus nombreux (31 %). Près de 28 % des immigrés ont entre deux et quatre enfants et 24 % entre quatre et six enfants. La proportion de ceux qui ont six enfants ou plus est de 15 % dont 3 % ont au moins dix enfants. La moyenne est cependant de trois enfants par couple de migrants, soit environ de moitié inférieure à celle des pays d’origine car la fécondité est de 6,9 pour le Mali et de 5,7 pour le Sénégal en 1997236.

Le nombre moyen d’enfants des migrants maliens et sénégalais est tout de même supérieur à celui de la moyenne nationale. En effet, l’indicateur conjoncturel de fécondité en France se fixait à 1,75 enfants par femme en 1998237. Les immigrés ayant un seul enfant sont 37 % à vivre avec leur enfant en France. Ceux qui ont deux enfants sont 32 % à vivre avec eux. Les immigrés ayant entre cinq et sept enfants sont 13 % à partager le toit avec leurs enfants.

En moyenne, le nombre d’enfants vivant avec leur parents immigrés en France est de 2,8, soit 3 enfants. La proportion d’enfants d’immigrés maliens et sénégalais ayant un travail est d’environ 28 %. Dans 21 % des couples d’immigrés, on retrouve un enfant qui exerce une activité rémunérée. Cependant, seulement 7 % des familles d’immigrés ont deux enfants qui travaillent. Les enfants des immigrés qui ont un travail et qui aident financièrement leurs parents sont relativement nombreux (40 %). La moyenne des enfants qui aident leurs parents est de 1.

Plus des trois quarts des immigrés maliens et sénégalais n’ont aucune personne à leur charge si ce n’est leurs femmes et leurs enfants. Les immigrés ont, en moyenne, une seule personne à leur charge. Cependant,12 % des immigrés ont entre deux et quatre personnes à leur charge et autant ont plus de cinq personnes à leur charge. Un peu plus de la moitié des immigrés maliens et sénégalais vivent en France avec les personnes qui sont à leur charge. Ce résultat ne concerne en effet que près d’un dixième de l’échantillon (9 personnes).

236 Il est non moins intéressant de signaler la baisse significative de la fécondité en Afrique noire ces dernières années. Cette baisse s’explique principalement par le recul de l’allaitement maternel, le retard du mariage et la pratique de la contraception voire de manière moins fréquente le recours à l’avortement. L’instruction et la baisse de la mortalité infantile, dues aux efforts dans les domaines de l’éducation et de la santé, ont été les facteurs essentiels de cette évolution. Voir T. Locoh et J. Vallin [1998]. “ Afrique noire : la baisse de la fécondité ”, in INSEE [1998]. Recueil d’études sociales, n° 14, sept.-déc, Paris, INSEE, 409 p, pp. 13-16.

237 INSEE (2000), op. cit., p. 72.

2. Premier critère de différenciation : l’importance et la répartition de

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