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Les caractéristiques de l’entrepreneuriat immigré

Conclusion du chapitre 1 : Les hypothèses d’étude

Chapitre 2 : Un comportement financier faiblement différencié

4. Troisième critère de différenciation : l’esprit d’entreprise

4.2 Les caractéristiques de l’entrepreneuriat immigré

L’étude de la nature des projets individuels des migrants maliens et sénégalais montre une préférence marquée pour les investissements immobiliers. L’acquisition de maisons à usage familial ou locatif demeure l’investissement le plus fréquent tant pour les projets déjà réalisés (4.2.1), les projets en cours (4.2.2) que pour les projets à venir (4.2.3).

4.2.1 Les projets réalisés

Plus d’un immigré malien et sénégalais sur deux a effectivement réalisé au moins un projet. Contrairement à l’importance des fonds transférés dans les pays d’origine, la proportion d’immigrés ayant réalisé un projet est relativement faible. Cela montre aussi qu’une infime part de l’argent envoyé par les immigrés est affectée au financement de projet.

La diversité de la nature des projets déjà réalisés est très notable. Les immigrés maliens et sénégalais ont déjà réalisé des projets dans presque tous les secteurs économiques. Avoir une maison semble être la première préoccupation des immigrés. Ainsi, l'achat d'une maison personnelle est parmi les projets réalisés le plus fréquent (52 % des cas). L'énormité des besoins en matière d'habitation dans les villes maliennes et sénégalaises – cette remarque est aussi valable pour les villes des pays du Sud comme du ceux du Nord – fait de la location de logements une activité florissante.

Les immigrés propriétaires de maisons s'adonnent souvent aux activités de location. Un projet réalisé sur dix concerne les logements à louer. Les immigrés créent et/ou participent à la création d'entreprises (16 %). Ces entreprises sont généralement de taille modeste et opèrent en général dans le secteur du commerce. Certains immigrés ont aussi investi dans des activités relatives à l'agriculture et l'élevage.

La date d’entrée en France et la réalisation de projet par les migrants sont statistiquement liées. La durée de séjour en France est ainsi un critère pertinent de distinction entre les migrants qui ont déjà réalisé un projet et ceux qui n’en ont pas réalisé. La dépendance entre la date de retour souhaitée et la réalisation de projet est peu significative. Il demeure toutefois que les migrants qui ont déjà réalisé au moins un projet sont beaucoup plus déterminés que les autres à rentrer chez eux à tout moment.

L’examen à vue du principal plan factoriel (voir ci-dessous) de l’analyse des correspondances multiples282 entre les variables projet réalisé, date d’entrée en France et date de retour (supposée) conduit à distinguer deux principaux groupes d’observations plus ou moins homogènes. Le premier regroupe les migrants ayant les attributs suivants : ils ont vécu moins de 10 ans en France, ils n’ont pas encore réalisé de projet et ils souhaitent

282 Pour la construction des axes factoriels et l’analyse statistique, voir l’annexe 5 des résultats statistiques, pp.

383-387. Pour la classification automatique, voir pp. 387-388.

rentrer après la retraite. Le second groupe comprend les migrants qui ont séjourné plus de 10 ans en France, qui ont déjà réalisé au moins un projet et qui sont prêts à retourner dans le pays d’origine à tout moment.

Figure 4.2-1 : Analyse des correspondances multiples des variables projet réalisé, date d’entrée en France et date du retour

fig3

Le recours à la classification automatique en deux classes d’immigrés en fonction respectivement du revenu mensuel, de l’épargne mensuelle et du montant des envois permet de compléter l’analyse factorielle. Les deux classes ont presque le même nombre d’effectifs, 38 individus pour la première et 45 pour la seconde.

La classification selon la variable revenu mensuel est la seule qui est statistiquement valable car la différence des moyennes pour les observations et pour l'ensemble de l'échantillon est significative. Les immigrés de la première classe, que l’on peut assimiler à ceux du deuxième groupe de l’analyse factorielle, ont un revenu mensuel moyen de 6 432 francs. La seconde classe correspond au premier groupe de l’analyse factorielle. Le revenu mensuel moyen de cette classe est de 4 474 francs. Nous remarquons cependant que les migrants du premier groupe ont un montant d’épargne moindre que ceux du second groupe mais sont plus nombreux à faire des transferts d’un montant moyen supérieur à 1 000 francs.

La dépendance entre le type de projet réalisé par les immigrés maliens et sénégalais et le choix de leur associé n’est pas significative. Le choix de l’associé est indépendant du type de projet réalisé même si pour l’ensemble des projets réalisés, et ce quelle que soit leur nature, les parents sont les premiers associés des immigrés. Ce constat est très marqué en ce qui concerne l’acquisition ou la construction de maison personnelle. Ce résultat corrobore ceux de E. Ma Mung (1996) relatifs à l’entrepreneuriat ethnique283. Cet auteur a montré la primauté préférentielle mais non exclusive du critère ethnique dans le choix des partenaires économiques, choix fondé sur la confiance garantie par la réputation.

Il n’existe pas de relation statistique entre le type de projet réalisé et la personne qui le gère. Cependant, les projets déjà réalisés sont essentiellement gérés par les parents des immigrés. Les associés et les amis sont gérants de certains projets, en particulier les entreprises. Le fait que les projets soient gérés par les parents et amis affirme la présence d’une volonté sociale de “ mise en dépendance ” et de dette.

Les projets ont été réalisés dans près de 90 % des cas dans le pays d'origine. Les villages d'origine n'ont bénéficié que de 19 % des projets réalisés, le reste profitant aux autres régions du pays d'origine, en particulier les capitales régionales. Les projets réalisés en France par les immigrés (8 %) sont essentiellement l'acquisition de maison tandis que ceux réalisés dans le pays d'origine sont très divers.

Le lien entre le type de projet réalisé par les immigrés maliens et sénégalais et le lieu de réalisation n’est pas significatif. Pour autant la plupart des projets des immigrés, maison personnelle et entreprise, sont réalisés non

283 E. Ma Mung [1996]. “ Entreprise économique et appartenance ethnique ”, REMI, vol. 12, n° 2, pp. 211-233.

dans le village d’origine mais dans un autre endroit du pays d’origine. Ces lieux sont le plus souvent des capitales régionales où se concentre une multitude d’activités économiques.

Le lien entre le dernier projet réalisé et la raison de sa réalisation est très significatif. Chaque projet réalisé est conforme à l’objectif initial du promoteur. Autrement dit, pour chaque type de projet réalisé correspond un objectif bien spécifique. Par exemple, les immigrés préparant leur retour ont soit créé une entreprise ou soit acheté des logements mis en location dans leur pays en vue de gagner de substantiels revenus financiers.

Les motivations qui ont animé les immigrés maliens et sénégalais à réaliser leur projet sont très diverses.

Cependant, la principale motivation de l'acquisition d'une maison par les immigrés est de pouvoir y habiter (30

%). La réalisation de projets s'inscrit aussi dans une perspective de préparation du retour dans le pays d'origine.

Ils sont près de 20 % à justifier leurs investissements par le fait qu'ils souhaitent avoir ultérieurement une meilleure réinsertion dans leur pays d'origine.

Les immigrés maliens et sénégalais sont 18 % à réaliser seuls leur projet, sans associer personne. En revanche, ils sont très nombreux (82 %) à s'associer avec une personne physique ou morale pour réaliser leurs projets. Les parents (57 %) sont les premiers associés des immigrés, suivis des amis (18 %) et des institutions financières (6

%). La prédominance des parents associés se justifie, semble-t-il, par l'importance des projets relatifs aux habitations, en particulier les maisons à construire. Le parent ou l'ami joue souvent le rôle de contrôle de la bonne marche des travaux de construction de la maison. Les banques sont associées au projet lorsqu'il s'agit de création d'entreprises.

Les fonds qui ont servi à financer les derniers projets réalisés par les immigrés ont été confiés aux parents (43 %) , aux banques (43 %) et aux amis (14 %). Les liens de parenté et d'amitié sont très importants et peuvent servir a priori de gage aux promoteurs de projets. Cette confiance des immigrés envers les parents et amis explique le fait que ces derniers soient dépositaires de l'épargne de leurs projets.

Le fait de choisir comme associé un parent ou un ami contraint le migrant à honorer ses engagements jusqu’à la réalisation effective du projet spécifié. On retrouve cette logique de contrainte dans les pays d’origine à propos des dépôts d’argent. Il arrive souvent qu’une personne fait des dépôts chez un parent, un ami ou une autorité locale en lui exposant la raison de ses dépôts284 – réaliser un projet par exemple. Le déposant est contraint d’épargner pour assurer les dépôts. Mais, le dépositaire peut refuser toute demande de retrait d’argent non justifiée (eu égard aux raisons initialement exprimées par le déposant).

Les projets déjà réalisés par les immigrés sont à plus de 80 % gérés par les parents et les amis. Il est très rare que les immigrés gèrent eux-mêmes leurs affaires (7 %), et ce d'autant plus que plusieurs de ces projets sont réalisés dans le pays d'origine. En effet, il semble très difficile notamment pour les responsables de famille de s'occuper simultanément de ses préoccupations quotidiennes en France et de gérer une activité à distance.

Le fait que les projets soient gérés par les parents et les amis traduit d’une certaine manière une stratégie permanente de mise en dépendance et de dette. La délégation du pouvoir de gestion des projets est fondée sur la

284 J.-M. Servet (1995), op. cit. p. 308.

confiance accordée aux parents et amis. Cette délégation de pouvoir constitue non seulement un moyen de renforcement et d’élargissement des relations familiales et amicales mais et surtout un moyen de réduction des asymétries d’informations entre le propriétaire et le gestionnaire du projet.

4.2.2 Les projets en cours de réalisation

Les migrants maliens et sénégalais sont relativement peu nombreux à réaliser actuellement un projet. Ils sont 32

% à affirmer avoir un projet en cours de réalisation contrairement à la proportion de personnes qui ont déjà réalisé un projet (52 %). De plus, on retrouve dans ces 32 % beaucoup d'immigrés qui ont réalisé au moins un projet. Les projets les plus courants chez les immigrés maliens et sénégalais sont aussi ceux qui sont les plus récemment réalisés. Les derniers projets les plus fréquemment réalisés par les immigrés sont respectivement l'acquisition de maison personnelle, la création d'une activité économique et la location de logements.

La nature et l'importance relative des projets courants des immigrés sont les mêmes que celles des projets déjà réalisés. Autrement dit, ce sont les maisons personnelles et les créations d'activités qui constituent les préoccupations majeures des immigrés maliens et sénégalais. Il n’existe aucun lien significatif entre l’appartenance ethnique et la nature du projet déjà réalisé par les immigrés maliens et sénégalais.

Les raisons justificatives du choix des projets en cours de réalisation, maisons personnelles et petites entreprises essentiellement, sont invariablement les mêmes. Préparer le retour, c'est-à-dire créer les conditions d'une bonne réintégration économique et sociale (43 %) et disposer d'une habitation dans le pays d'origine (22 %) sont les principales raisons évoquées par les immigrés porteurs de projets en cours de réalisation. Quant aux projets en cours de réalisation, le pourcentage d'immigrés ayant un associé est presque de moitié inférieur (42 %) à celui des immigrés qui ont déjà réalisé un projet (82 %).

La moitié des immigrés maliens et sénégalais (50 %) finance leur projet en cours uniquement à partir d'une épargne préalablement constituée. Plusieurs d'entre eux (37 %) ont simultanément eu recours à leur propre épargne mais aussi à un crédit, bancaire ou d'une autre nature. Ils sont un petit nombre (6 %) à financer intégralement leur projet à partir d'un crédit bancaire. Cette faible proportion d'immigrés endettés confirme leur refus de s'endetter. En effet, la dette est souvent perçue comme une corde enroulée autour du cou ; ce qui signifie pour beaucoup d'immigrés que moins on en a, mieux on se porte.

Un peu plus de la moitié des immigrés (17 personnes) qui ont un projet en cours ont un associé. Comme pour les projets réalisés, les associés privilégiés sont respectivement les parents, les amis et les banques. Mais, pour les projets courants, l'importance relative des parents a diminué de 16 points et s'établit à 41 %. Alors que les proportions d'immigrés ayant pour associés les amis et les banques ont chacune gagné 11 points pour se situer respectivement à 29 % et 17 %.

Il y a une absence de lien significatif entre le type de projet en cours des immigrés maliens et sénégalais et le choix de leur associé. L’immigré choisit son associé indépendamment de la nature de son projet courant même si globalement les parents et les amis sont leurs associés privilégiés. Ce résultat montre la prééminence de la confiance accordée aux associés sur leurs éventuelles compétences.

En revanche, il existe une relation peu significative entre le type de projet courant et la motivation de sa réalisation. Comme pour les projets déjà réalisés, il y a une certaine adéquation entre la motivation du promoteur et la nature du projet en cours. A chaque objectif particulier correspond un projet en cours bien adapté.

La nature du projet en cours de réalisation est indépendante du mode de financement choisi par les immigrés.

D’une manière générale, et quelle que soit la nature du projet, les immigrés maliens et sénégalais comptent d’abord sur leur propre épargne. Le crédit bancaire est considéré comme un complément de financement qui s’ajoute à l’épargne déjà constituée. La dépendance entre le mode de financement du projet courant et le choix de l’associé n’est pas significative. Les immigrés maliens et sénégalais ne choisissent pas leur associé en fonction du mode de financement sollicité pour réaliser leur projet en cours.

4.2.3 Les projets à réaliser

La hiérarchie des priorités quant aux projets des immigrés maliens et sénégalais de France est identique tant pour les projets déjà réalisés, les projets en cours que pour les projets futurs. Les projets futurs qu’envisage de réaliser plus de la moitié de la population enquêtée sont essentiellement l’acquisition ou la construction de maison personnelle (44 %), la création d’une activité économique (16 %) et la location de logements (5 %).

D’autres types de projets assez divers sont également envisagés mais leur fréquence est relativement faible.

Parmi cette variété de projets, on peut relever la présence de projets maraîchers (4 %), agricoles (4 %) et de projets relatifs au secteur de l’élevage (4 %).

Comme les projets en cours de réalisation, les immigrés maliens et sénégalais espèrent financer leurs futurs projets sur fonds propres. La logique de recours au financement externe pour réaliser un projet est très exceptionnelle. En effet, seuls 5 % des porteurs de projets envisagent de réaliser leurs projets exclusivement par financement bancaire. En revanche, ils sont plus de 51 % à constituer une épargne préalable et 35 % à compter simultanément sur leur épargne et sur un crédit bancaire.

Près des trois quarts (72 %) des immigrés qui souhaitent réaliser un projet futur sont en train de constituer une épargne préalable. Cette proportion d’épargnants concerne à la fois les immigrés qui s’appuient sur leurs propres moyens financiers que ceux qui vont, en sus, solliciter un prêt bancaire. Les porteurs de projets qui misent sur les deux modes de financement ont naturellement plus de chance de décrocher un prêt auprès des institutions financières que ceux qui comptent uniquement sur un financement externe, et ce quelle que soit la pertinence de leur projet. En effet, l’implication et la motivation du promoteur d’un projet se mesurent aussi à l’aune de sa participation financière. Les porteurs de projet doivent assumer une plus grande part du risque.

L’importance de l’apport financier du promoteur est ainsi un indicateur de crédibilité et de viabilité du projet aux yeux des établissements financiers. La dépendance entre les immigrés qui ont déjà réalisé un projet et ceux qui envisagent d’en réaliser un autre est peu significative. Nous remarquons que les immigrés qui ont un projet futur sont généralement ceux qui ont déjà finalisé un projet. Ce sont les mêmes promoteurs qui souhaitent toujours

“ entreprendre ” (faire quelque chose).

Il n’existe aucun lien statistique entre la nature du projet futur et le mode de financement dudit projet. L’épargne préalable et l’épargne complétée par un financement externe notamment bancaire restent les modes de financement les plus dominants chez les immigrés maliens et sénégalais, et ce quelles que soient la nature et l’échéance de réalisation prévue de leur projet. Aussi, la nature du projet futur n’a aucune influence sur la constitution ou non d’une épargne préalable. L’absence de lien entre ces deux variables montre le caractère plus nécessaire, chez les immigrés maliens et sénégalais, de disposer d’une épargne préalable avant de se lancer dans la réalisation d’un quelconque projet.

La régularité de l’épargne destinée à financer un projet ne dépend absolument pas du statut de l’établissement financier dépositaire de cette épargne. Même si les banques sont les dépositaires de l’épargne les plus sollicités, il n’en demeure pas moins que les dépôts sont aléatoires, tantôt réguliers tantôt irréguliers. Il n'y a aucun lien entre les raisons du dépôt de l'épargne et la fréquence des dépôts. Les immigrés qui évoquent la sécurité comme raison, font le plus souvent des dépôts irréguliers. Les deux variables sont donc indépendantes.

Les raisons qui ont conduit les immigrés à confier leur épargne à un dépositaire sont statistiquement indépendantes du dépositaire choisi. Cependant, le recours des immigrés aux établissements financiers s’explique principalement par la sécurité et la confiance qu’inspirent ces derniers. La rémunération (incluse dans la modalité Autre), bien que dans une moindre mesure, est aussi un facteur explicatif du choix des banques comme dépositaires de l’épargne des immigrés maliens et sénégalais.

Les immigrés constituant actuellement une épargne pour leur projet futur sont près de 72 % à avoir répondu à la question relative à la fréquence de leur épargne. Ils sont environ 59 % à épargner régulièrement en vue de réaliser leur projet futur. La régularité s’entend ici au sens large ; la fréquence de l’épargne pouvant aller du mois au trimestre.

Les immigrés maliens et sénégalais porteurs de projets futurs confient, dans leur immense majorité (95 %), leur épargne aux banques. Ce résultat confirme le précédent, à savoir que les migrants considèrent l’épargne confiée aux banques établies en France comme sécurisée. Les parents et les amis ne sont que très rarement dépositaires de l’épargne des immigrés destinée au financement de projets futurs. Néanmoins, les amis et les parents demeurent les associés privilégiés des immigrés.

La sécurité (40 %) et la confiance (20 %) sont les principales raisons qui ont guidé les immigrés dans le choix de leur dépositaire. La rémunération (7 %) n’est pas un critère déterminant pour les immigrés dans le choix du dépositaire de leur épargne. Deux explications peuvent justifier ce constat. La première explication est l’indifférence des immigrés due au fait que les établissements financiers proposent presque tous, concurrence oblige, les mêmes taux de rémunération de l’épargne.

La seconde explication est l’influence de l’islam, la religion de la grande majorité des immigrés maliens et sénégalais, qui interdit la prise d’intérêt dans les relations financières285. La prohibition de l’intérêt n’est pas spécifique à l’islam. En effet, le prêt à intérêt a été d’abord principalement considéré comme licite dans la plus haute Antiquité. Puis, assimilé à l’usure, il était prohibé. Enfin, distingué de l’usure, il a été accepté et

285 H. Algabid [1990]. Les banques islamiques, Paris, Économica, 256 p.

réglementé. La neutralité éthique de l’intérêt n’est établie qu’à partir de l’affirmation de la suprématie du pouvoir civil et de l’ordre marchand – essor de la monétarisation de l’économie marchande – à l’égard du pouvoir ecclésiastique286.

Cependant, pour Max Weber, ce développement de l’ordre marchand et donc du capitalisme n’a été possible qu’avec l’avènement d’une éthique capitaliste reposant uniquement sur une “ ascèse intra-mondaine du

Cependant, pour Max Weber, ce développement de l’ordre marchand et donc du capitalisme n’a été possible qu’avec l’avènement d’une éthique capitaliste reposant uniquement sur une “ ascèse intra-mondaine du

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