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Trois stations de moyenne montagne implantées dans 3 massifs différents : l’analyse des stations de la Bresse, de Super Besse et de

HAPITRE RRAINS

I. Une analyse ciblée sur trois stations de moyenne montagne

1. Le choix d’une démarche empirique dans trois stations de moyenne montagne

1.2. Trois stations de moyenne montagne implantées dans 3 massifs différents : l’analyse des stations de la Bresse, de Super Besse et de

Superdévoluy

S’engager dans une thèse Cifre conduit nécessairement à ancrer ses travaux dans l’opérationnalité. La recherche est alors appréhendée comme la construction d’une réflexion et d’éléments de réponse à un questionnement formulé. Posée en ces termes, « l’adaptation des stations de moyenne montagne au tourisme quatre saisons, perspectives et propositions appliqués aux massifs français », cette recherche se voulait de portée nationale. Il s’agissait alors de dépasser les spécificités de chaque massif, de chaque contexte territorial, pour porter un regard transversal sur la mise en place d’un tourisme quatre saisons49. Dès lors, il

apparaissait évident que cette thèse et peut-être plus particulièrement encore son volet empirique, devaient s’approprier cette attente de transversalité.

49 Confer l’appel à candidature pour l’attribution de cette bourse de recherche doctorale, qui énonçait que « le travail consistera à proposer des pistes de réflexion et des exemples concrets capables de fournir des outils aux stations, aux professionnels et aux collectivités de montagne les aidant dans le développement de leur activité touristique tout au long de l’année à l’horizon de vingt ans ».

A ce stade, nous avons conféré à notre méthodologie empirique une dimension trans-massif. Au-delà, la question des stations à retenir restait en suspens. Lors des réflexions préalables à la sélection des cas d’étude, une double possibilité a été envisagée. La première conduisait à

retenir des stations de moyenne montagne présentant des caractéristiques « physiques »50 très

dissemblables. Il s’agissait alors de disposer de cas d’étude illustrant l’hétérogénéité des stations qualifiées de stations de moyenne montagne. Cette posture de recherche permettait de couvrir différentes réalités d’un même objet, mais n’autorisait en revanche pas la comparaison. En effet, comment comparer ce qui n’a rien de comparable ? Inévitablement, les caractéristiques intrinsèques de la station impactent sa gouvernance, laquelle à son tour vient interférer avec les processus de diversification. Privilégier cet angle de recherche aurait alors eu pour conséquence de décrire des trajectoires d’évolution des stations, s’appuyant sur une vision transversale mais qui aurait perdu toute perspective de montée en généralité. Dans ce cadre, nous avons donc privilégié une deuxième option de recherche. A l’inverse de la première, celle-ci a consisté à retenir des stations présentant des caractéristiques physiques très similaires. Nous avons alors cherché à mettre en perspective les processus organisationnels de stations polarisant fortement les économies locales. En effet, dans un contexte où la diversification des stations de moyenne montagne tend à s’affirmer comme incontournable mais surtout inéluctable, porter le regard vers des territoires où le tourisme, et tout particulièrement son volet hivernal, constitue un moteur économique primordial nous permettait d’aborder tous les enjeux de la diversification : comment ces territoires peuvent-ils parvenir à préserver, en dépit de ou grâce à la diversification, un dynamisme économique ? La recherche d’éléments de réponse auprès de « grandes » stations de moyenne montagne permettra en outre la mise en place d’un effet de transfert au bénéfice des autres stations. Dans ce contexte, nous avons porté notre choix sur la station de la Bresse, dans les Vosges, celles de Super-Besse et du Mont-Dore, dans le Massif Central, et celles de Superdévoluy et la Joue du Loup dans le massif des Alpes. Ce choix, s’il permet de répondre aux pistes de recherches telles qu’envisagées dans la deuxième option de recherche précédemment présentée, ne doit en outre que peu de chose au hasard.

Ces stations ne nous étaient en effet pas inconnues. Un « Tour de France des massifs »51

réalisé entre 2012 et 2013 nous a en effet permis de découvrir différentes stations, dans différents contextes territoriaux. Si jusqu’alors nos connaissances visaient principalement les stations alpines, le regard d’acteurs supra locaux comme d’acteurs locaux d’autres massifs nous a permis de prendre connaissance de modes d’organisation spécifiques comme de projets touristiques innovants. Notre choix a, en outre, été contraint par les spécificités des modes de développement des stations de sports d’hiver en fonction des différents contextes territoriaux. Ainsi, dans le massif des Vosges, les stations se sont développées sur un modèle de stage de neige. La plupart d’entre elles, et tout particulièrement celles implantées sur le

50 Par caractéristique physique, nous faisons référence tout à la fois au moment de puissance de la station, à son altitude d’implantation, à sa capacité d’hébergement, etc. Nous visons ainsi tout spécifiquement les différents critères qui renvoient à la capacité d’exploitation du produit ski.

versant alsacien du massif ont été à l’origine de clubs de ski de Colmar ou Mulhouse, venus profiter des plaisirs de la glisse dans une démarche excursionniste. En conséquence, les « stations » se développent à distance des villages existants, au travers du seul développement de remontées mécaniques et de pistes, sans qu’il n’y ait par ailleurs davantage de services implantés sur place et directement rattachés à la station52. Seul un nombre très réduit de

« stations » ont effectivement répondu à cette attente de services localisés, à savoir les stations de Ventron et la Bresse. Si la première présentait toutes les caractéristiques de la station de sports d’hiver que nous recherchions son mode d’organisation nous en a fait nous en détourner. Structurée à l’image d’un « resort » américain, c’est un acteur privé, M. Leduc qui est à la tête de tous les services de la station : remontées mécaniques bien sûr, mais aussi hôtellerie ou encore commerce de location de ski. Questionner dans ce cadre la gouvernance de la diversification ou, dit autrement, l’évolution des relations entre les différents acteurs, n’apparaissait guère adapté à ce mode d’organisation et interrogeait le niveau de transférabilité ; cela nous a alors poussé à nous tourner vers la station de la Bresse. Cette station, nous l’avons, dans un premier temps, appréhendée avec un soupçon de scepticisme. Plus importante station du massif, tant en termes de chiffre d’affaires généré, de dimension du domaine skiable que de capacité d’accueil touristique, elle attire vers elle tous les regards. Débuter dans ce cadre une recherche en prenant comme cas d’étude cette station nous a dans un premier temps fait craindre l’expression démesurée de jeux de pouvoir, d’autant plus que l’acteur historique de la station, fondateur du groupe Labellemontagne, demeure particulièrement influent dans le massif. Etonnamment, c’est une première rencontre avec ce même acteur qui nous a fait changer d’avis. Sa disponibilité à répondre aux questions posées, sa connaissance des stations mais aussi (et surtout) sa réceptivité à l’orientation donnée à notre recherche nous a conduit à arrêter notre choix sur cette station, sa commune support et son territoire d’ancrage.

Cette station « sélectionnée », il nous appartenait désormais d’identifier nos deux autres stations d’étude dans le Massif Central et les Alpes. Nous avions à ce stade comme critères d’exigence une station ayant été réalisée sous l’influence des principes de la station intégrée et dont l’économie polarise fortement les économies locales. Dans ce cadre, nos choix se sont portés sur la station de Super-Besse dans le Massif Central, et celle de Superdévoluy, dans les Alpes (Figure 19).

52 Le défaut de tels services implantés in situ a été particulièrement mis en avant par les acteurs publics et a fait l’objet d’un accompagnement particulier ces dernières années. Ainsi, les stations de Gérardmer et du Lac Blanc disposent aujourd’hui d’un bâtiment d’accueil nouvellement construit regroupant l’ensemble des services associés à la station : centre des secours, écoles de ski, magasin de location, etc.

Figure 19, Localisation des trois terrains d'étude Sources : Datar, IGN Geofla. Elaboration propre.

Dans les trois communes supports de ces stations, une même dynamique socioéconomique s’observe : le déclin des activités traditionnelles, qu’il s’agisse de l’agriculture ou de l’industrie,

a été compensé par une augmentation du nombre d’emplois dans le secteur tertiaire53. Ainsi,

hormis à la Bresse où l’industrie (secteur secondaire) demeure pour l’heure relativement dynamique, la majorité des emplois relève désormais du secteur tertiaire (Figure 20).

Le développement de l’activité touristique s’est, dans ces trois communes fondé sur les stations de sports d’hiver et les remontées mécaniques, devenues le principal facteur d’attractivité de ces communes. Alors que la relation de dépendance entre les remontées mécaniques et les structures d’hébergement bénéficie d’un fort écho, l’activité de la station est en outre très fortement liée à nombre de services annexes proposés, allant de la restauration à l’offre commerciale, par exemple. Aussi, dans un contexte où la viabilité des stations à moyen terme est questionnée, on comprend d’autant mieux l’impératif de parvenir à trouver une

53 Regroupant les emplois dans les entreprises de services marchands et non marchands, le tourisme regroupe en conséquence les emplois du tourisme.

solution pour préserver le tissu économique local, pour l’heure focalisé sur les remontées mécaniques.

Figure 20, Part des emplois dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire entre 1968 et 2011 Source : INSEE (RGP). 0 20 40 60 80 100 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Besse-et-Saint-Anastaise primaire secondaire tertiaire 0 20 40 60 80 100 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 La Bresse primaire secondaire tertiaire 0 20 40 60 80 100 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Saint-Etienne-en-Dévoluy primaire secondaire tertiaire

2. P

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