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II. Une nécessaire adaptation des stations de moyenne montagne

1. D’évolutions conjoncturelles en questionnements structurels

1.2. La confirmation d’évolutions conjoncturelles

Maturité du marché du ski, déficit d’enneigement, nouveaux modes de consommation touristique : les difficultés qui frappent les stations sont nombreuses. Nous nous attacherons dans les prochains développements à les préciser quelque peu, sans avoir prétention à faire preuve d’exhaustivité dans la présentation qui en sera faite, mais en poursuivant davantage l’objectif de proposer un panorama des différents facteurs qui contraignent aujourd’hui les stations à s’adapter.

x Tourisme durable

« Le tourisme est l’une des rares activités dont la croissance, régulière, tranche avec les soubresauts que connaissent la plupart des autres activités. […] Chacun d’entre nous connaît les méfaits provoqués par un tourisme mal contrôlé. Destruction de l’environnement, problèmes d’aménagement du territoire et atteintes aux cultures locales… » (Extrait du discours de Léon Bertrand, rapporté par Babou et Callot, 2008)26.

Aujourd'hui au cœur des préoccupations et des discours, le développement durable n'a pas toujours occupé le devant de la scène. J-B. Say considérait en 1928 que « les ressources naturelles

sont inépuisables, car sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant ni être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques » (Say, 1840). Depuis cette analyse, le progrès

technique est venu bouleverser la perception des ressources naturelles. Celles-ci ne sont plus perçues comme inépuisables, et on entrevoit au contraire les risques de surexploitation. Peu à peu les choses commencent à changer et quarante ans plus tard l’Unesco27 organise la

première conférence internationale sur la gestion rationnelle et la conservation des ressources

26 Discours introductif de Léon Bertrand, alors Ministre délégué au tourisme, à l’occasion du deuxième forum international du tourisme solidaire et du commerce équitable à Tuxtla-Guttierez, le 25 mars 2006.

de la biosphère. Quatre ans plus tard, en 1972, le rapport Meadows est adopté : les ressources naturelles n’étant pas inépuisables, les auteurs appellent alors à une croissance zéro, afin de préserver les ressources d’une disparition jugée irréversible. Par là-même, on assiste à une prise de conscience de l’impact des activités modernes sur la pérennité des ressources naturelles (Teyssandier et Zysberg, 2000). Cette prise de conscience citoyenne a finalement débouché sur l’adoption du rapport Brundtland (Brundtland, 1987) et la mise en avant d’une notion nouvelle, le développement durable, entendu comme étant « un développement qui répond

aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins ». Pour autant, le développement durable est contesté à cette période dans

les pays en voie de développement. Ceux-ci voient en effet dans ces nouvelles préoccupations un moyen de freiner leur développement tant développement et protection environnementale apparaissent, à cette époque, inconciliables. Au contraire, il bénéficie d’un fort écho dans les pays où l’augmentation de la précarité des métiers, de l’emploi, des équilibres de vie connus, l’augmentation des risques écologiques perçus notamment au travers des crises pétrolières et nucléaires ou encore l’augmentation de l’insécurité et de l’instabilité du système capitaliste et financier viennent répandre un sentiment de « plus jamais ça » (Demuth, 2011). Progressivement, le développement durable s’installe donc parmi les principes de la société en s’appuyant sur une rhétorique négative (Demuth, op. cit.) : ne pas polluer ni gâcher.

Alors que de nombreux champs, secteurs économiques s’adaptent ainsi aux nouvelles exigences du développement durable, le tourisme reste cependant longtemps à l’écart de ces réflexions. Il faudra en effet attendre la conférence de Lanzarote (Canaries) pour qu’en 1995, le tourisme durable fasse son apparition : les parties s'entendent alors pour promouvoir une forme de tourisme « supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et

équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales ». Les menaces susceptibles d’être

engendrées par la mise en tourisme des territoires sont portées au goût du jour, conduisant à ce que les opportunités de l’activité ne soient plus seules à monopoliser l’attention. Dès lors, le tourisme durable s'assimile à la recherche d'un équilibre entre les trois piliers qui fondent la notion de développement durable : l'environnement, l'économie et le social (Figure 5).

Cependant, si le développement durable vise bien à instituer une éthique au développement touristique, c’est en premier lieu davantage une approche à dominante technique qui est retenue. Dans ce cadre, le tourisme durable vise en premier lieu à permettre le renouvellement des ressources naturelles afin qu’elles maintiennent leur productivité future (Schéou, 2009).

De ces trois piliers, c’est sans aucun doute le pilier environnemental qui bénéficie du plus fort écho. Considéré comme le plus facile à mettre en œuvre, les critères d’attribution des écolabels se fondent ainsi à 90% sur des considérations environnementales (Coulomb, 2011). L’engouement pour le développement durable est tel que les pouvoirs publics ne restent pas à l’écart de ce phénomène. Ceux-ci s’impliquent alors en apportant leur soutien à ces écolabels et introduisent dans les dossiers de demandes de subventions des critères relevant du développement durable, non que cela ne vienne, malgré tout, questionner la préservation de

la spécificité des territoires face au déploiement à grande échelle des bureaux d’étude et autres programmes de développement standardisés.

Dimension écologique

· Le taux d’exploitation des ressources renouvelables doit être inférieur au taux de renouvellement.

· La consommation de ressources non renouvelables ne doit pas dépasser la production simultanée de substituts renouvelables, elle doit être réduite. · La quantité des déchets et des résidus

ne doit pas être supérieure à la capacité de récupération de l’environnement.

· Le stockage final de produits non recyclables doit être le plus réduit possible

· La diversité, la beauté et la valeur esthétique des paysages naturels et culturels doit être préservée.

Dimension économique

· Le maintien des fonctions écologiques limite les activités humaines visant à exploiter les ressources naturelles.

· Les besoins de base matériels doivent être satisfaits et garantis.

· Un niveau de vie minimal doit être assuré.

· Le système de production humaine doit être développé et assuré.

Dimension sociale

· La participation de la population aux décisions politiques doit être garantie. · L’émancipation de toutes les couches

de la population est un but vers lequel il faut tendre.

· Le développement d’un système social humain doit être renforcé.

Figure 5, Les trois piliers du développement durable Source : (Rouffet, 2000).

Le tourisme montagnard, et tout particulièrement celui des stations de sports d’hiver n’est pas épargné par ces considérations nouvelles de durabilité, en témoigne l’organisation d’un colloque sur ce thème en 2008 (ANEM, 2008). Pour autant, si le « boom » de la mobilisation autour du développement durable a eu lieu dans les années 2000, ses principes figuraient déjà au cœur des premières mesures de la politique de la montagne. En effet, tout autant la politique de rénovation rurale (1976), le discours de Vallouise (1977) que la loi Montagne (1985) ont posé les fondements de la « prise de conscience des nécessités de préserver le patrimoine de la

montagne et de donner aux populations locales des moyens de maîtriser le développement de leur territoire » (Rouffet, 2000). Faisant suite par exemple à la démarche d’évaluation de la durabilité des pratiques touristiques pilotée par l’Agence française de l’ingénierie touristique, la Caisse des

dépôts et la Ligue urbaine et rurale, l'ANMSM28 a proposé en 2007 une Charte de

développement durable, visant à traduire les trois piliers du développement durable dans les stations partenaires, par le biais de la constitution de comités de pilotage associant l'ensemble des acteurs concernés. Les initiatives ne s’arrêtent pas là : la CIPRA29 édite des guides sur la

mobilité douce tandis que le projet ClimAlpTour30 s’est attaché à répertorier les expériences

innovantes (et durables) de diversification des stations de montagne.

Le foisonnement de ces initiatives est sans aucun doute louable. Cependant, il n’est pas sans poser la question du véritable engagement dans une démarche de développement durable. Devenu un argument marketing (Coulomb, 2011), le développement durable prend

fréquemment des allures de greenwashing31. En effet, face à des mesures n’emportant

finalement aucun caractère contraignant, ne nous situons-nous pas davantage dans une action de repérage (et de valorisation) des bonne pratiques ?

Les piliers économique et social emportent quant à eux un écho moindre. Dans l’objectif de susciter un développement économique et social en augmentant non seulement les dépenses des touristes et en créant de la valeur ajoutée, mais également en améliorant les conditions de vie des populations locales (Moisset, 2000), les contours stricts de la station sont élargis. Il s’agit alors d’adapter les procédures de développement aux spécificités du territoire (Perrin- Bensahel, 2010), en valorisant pour cela les « ressources territoriales » (François, 2008). Bien qu’encore peu appréhendé, le pilier social ne peut être exclu. Ce sont ainsi tout autant des démarches en termes de démocratie (approches par le bas et communautaires) que d’équité sociale qui peuvent être poursuivies (Bailly, 2002), démarches se traduisant par exemple par une valorisation du travail des saisonniers.

x Evolution des attentes des clientèles

« La convénience, c’est un besoin croissant pour les clients de facilité, de fluidité, de commodité, d’accessibilité mentale et physique, facile, rapide, sans heurts, bref, de commodité » (AFIT, 2000).

Paru à la suite d’un rapport du SEATM sur le marché des stations de sports d’hiver en 1987, un article de la revue Aménagement et Montagne, introduisait ainsi ses propos : « La saison qui

vient de s’achever restera dans les annales des sports d’hiver français non comme celle du début de la « crise », mais bien de la prise de conscience, par tous les acteurs de la neige, que cette crise n’est pas le fait d’un accident

28 Association nationale des maires des stations de montagne. Aujourd’hui présidée par Charles-Ange Ginesy, maire de Péone-Valberg, l’ANMSM exerce un lobby auprès de l’Etat, ayant pour finalité de faire valoir la spécificité des communes supports de stations, liées tout autant à l’altitude qu’à l’activité touristique en elle-même.

29 Commission internationale pour la protection des Alpes.

30 Mis en œuvre entre 2008 et 2011, le programme européen de coopération transnationale ClimAlpTour (Interreg) a visé à analyser les impacts éventuels du changement climatique sur l'industrie du tourisme dans les Alpes, à proposer des stratégies d'adaptation du tourisme aux changements climatiques et socio-économiques et à prendre en compte les évolutions de perception de la clientèle et des nouvelles stratégies pour l'industrie touristique.

31 Pouvant être traduit par « écoblanchiment », le terme de greenwashing renvoie à la stratégie de communication adoptée par certaines entreprises visant à communiquer sur la verdeur de leurs pratiques et de leurs produits afin de récolter les bénéfices de ces marchés verts en expansion (Delmas et Cuerel Burbano, 2011).

de conjoncture » (Aménagement et Montagne, 1988). A cette date, on cesse alors de croire à

l’accident conjoncturel, et on vient s’interroger en profondeur sur les caractéristiques du marché des sports d’hiver.

Après avoir attiré des centaines de touristes sportifs, venus en station de sports d’hiver pour profiter des plaisirs de la glisse et ainsi profiter des domaines skiables près de huit heures par jour, les stations ont vu l’idéal type des vacances aux sports d’hiver évoluer. Rassemblées sur la « trilogie des 3 R » (AFIT, 2000), les attentes des clientèles se détournent des objectifs sportifs. Désormais, Rupture, Retrouvailles et Ressourcement guident les choix de destination et animent les temps passés aux sports d’hiver. Les « usines à ski » (Coquart, 2006; Serraz, 1998) ne font plus forcément rêver. De même, si les attentes évoluent, elles s’insèrent dans une dynamique plus large d’évolution de la société (Viard, 2011). Celle-ci devient une société de l’information, une société de la mobilité. Ainsi, alors que la télévision, l’automobile et le téléphone se sont généralisés (Viard, op. cit.), les déplacements apparaissent d’autant facilités et se sont finalement près de 60% des français qui chaque année quittent leur domicile durant leurs vacances. Cependant, ce temps de vacances se fractionne, et les longs séjours cèdent place à des séjours plus courts et plus fréquents. Il n’en demeure pas moins que ce fractionnement n’a pas empêché une transformation des séjours aux sports d’hiver : initialement mus par un objectif d’ascension sociale, ceux-ci font ainsi aujourd’hui figure de niche touristique élitiste (Bourdeau, 2008a).

Dans ce schéma, les sports d’hiver sont amenés à perdre de leur caractère sportif et à s’orienter vers un modèle axé sur la convénience. Définie comme le « besoin croissant pour les

clients de facilité, de fluidité, de commodité, d’accessibilité mentale et physique, facile, rapide, sans heurts, bref, de commodité » (AFIT, 2000), la convénience s’impose peu à peu comme mot d’ordre. Mot

d’ordre peut-être, mais les stations ont avoir fort à faire pour la transposer à leur offre touristique. En effet, bien loin de l’idéal de facilité, les vacances en montagne sont davantage vécues comme « un parcours du combattant » au cours duquel les vacanciers doivent parvenir à jongler entre les différents services de garderie, cours de ski… (François et al., 2011). Les consommateurs n’entendant pas être « réduits à cette dimension de consommateurs » (AFIT, 2000), les stations doivent également s’adapter et proposer une offre non marchande. Enfin, les attentes de ludisme encouragent les stations à développer leur offre non sportive. Ainsi aux côtés de la vente de kilomètres de pistes, les stations sont amenées à agréger une offre touristique répondant davantage à un tourisme de contemplation. Couchers de soleil, promenades en raquettes, accent porté sur l’aménagement d’espaces conviviaux s’imposent au fur et à mesure comme des composantes essentielles du séjour en stations de sports d’hiver.

x Evolutions et changements climatiques en montagne

Publié à l’automne dernier, le 5e rapport du Groupe d'experts Intergouvernemental sur

l'Évolution du Climat (GIEC) a permis de préciser les tendances d’évolution des températures et donc, en ce qui nous intéresse, l’évolution du manteau neigeux. Celui-ci fait ainsi mention d’une diminution de l’enneigement dans l’hémisphère Nord depuis le milieu du

XXe siècle. Les mois de mars et avril sont les plus touchés et ont en moyenne perdu 1,6% de leur enneigement. Les années à venir ne sont guère plus favorables, les prévisions faisant état d’une diminution de l’enneigement sur ces mêmes mois comprise entre 7 et 25% (GIEC, 2014). Si ces prévisions ne sont guère optimistes, elles s’inscrivent en revanche dans la continuité du précédent rapport du GIEC (2007). Celui-ci posait en effet déjà des conclusions sans appel : la limite de fiabilité d’enneigement tend à se relever et nombre de sites seront alors tenus de réorienter et / ou adapter leur activité pour parvenir à se maintenir au cœur de ce système si dépendant des variations conjoncturelles.

Au moment de sa publication, ce rapport avait suscité un formidable élan de réflexions autour des conséquences probables du changement climatique. Non que celles-ci étaient jusqu'alors absentes des réflexions autour de la pérennisation de l’activité des stations de sports d'hiver (Breiling, 1993; Bürki, 2000; Elsasser et Bürki, 2002), mais les incertitudes tenant tant à sa survenance qu'à son intensité n'emportaient finalement qu'un faible écho auprès des acteurs de la filière. Avec la publication de ce rapport, les contours du changement climatique se précisent. Des échéances sont avancées et les impacts potentiels sur l'enneigement (et donc les limites de l'exploitation des stations de sports d'hiver) sont décrits. Désormais le changement climatique est érigé en adversaire principal des stations de sports d'hiver, générateur d'une évolution indispensable des sites concernés (Scott et McBoyle, 2007). Aussi, à compter de 2007, les études reprenant et alimentant celle du GIEC pour tâcher de prévoir les effets potentiels du changement climatique se sont multipliées. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou encore l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM) ont ainsi focalisé leurs travaux sur le réchauffement climatique et ses impacts en montagne. A chaque fois, ce sont les mêmes constats, avec quelques nuances : les températures augmentent, particulièrement en montagne, et les Alpes apparaissent comme un massif particulièrement touché (OCDE, 2007) où l’augmentation des minimales a frôlé au cours du XXe siècle les 2°C en certains endroits (Beniston, 2005). De même, l'altitude à laquelle l'enneigement est garanti tend à se relever, et les durées d'enneigement à se raccourcir.

Les prévisions climatiques se heurtent en revanche à la difficulté de disposer de données sur l’enneigement à l’échelle d’un massif. En effet, les conditions d’enneigement varient fortement en fonction des effets de l’altitude ou des versants concernés (Etchevers et Martin, 2002). En conséquence, ce n’est qu’avec une certaine réserve et une extrême prudence qu’il est possible de tirer des conclusions quant aux prévisions d’enneigement à venir. La figure ci- dessous mobilise les outils de modélisation développés par le Centre d’études de la neige, CROCUS32 et SAFRAN33 et présente, pour les massifs des Alpes et des Pyrénées, la durée

moyenne de l’enneigement à une altitude fixée à 1500 mètres actuelle et celle constituant les résultats du modèle.

32 Modèle numérique permettant de calculer l’évolution du manteau neigeux pour chaque massif tous les 300m d’altitude (de 900 à 3600 m), pour 6 orientations (N, E, SE, S, SO, O) et 3 pentes (0, 20°, 40°) (Etchevers et Martin, 2002).

33 Modèle numérique permettant de fournir les données météorologiques nécessaires au modèle CROCUS (Etchevers et Martin, op. cit.).

Figure 6, Durée moyenne de l'enneigement à 1500 m (en jours par an), simulé par SAFRAN et CROCUS dans les Alpes et les Pyrénées

Source : (Etchevers et Martin, 2002)

Les résultats de la modélisation confirment ce que les observations des températures avaient laissé présager. Face à l’augmentation des températures, la durée d’enneigement diminue. Ainsi, en simplifiant à l’extrême, les différents massifs perdront un mois d’enneigement, ce qui raccourcira nécessairement d’autant la saison hivernale de nombreuses stations de sports d’hiver implantées à ces altitudes, voire en fera disparaître d’autres (Loubier, 2007). En effet, selon l'étude réalisée par U. Witmer et al. (1986), l'exploitation d'un domaine skiable, avec un résultat satisfaisant, nécessite un manteau neigeux suffisant pour la pratique du ski estimé à 30

cm, pendant au moins cent jours par an34. Dans ce schéma, le rapport de l’OCDE va encore

plus loin dans ses prévisions d’évolution. Appliquant les résultats de l’étude menée sur le changement climatique aux domaines skiables des Alpes françaises, celui-ci établit que sur les 148 domaines skiables recensés par l'étude, 143 disposent aujourd'hui d'une garantie d'enneigement. Dans l'hypothèse d'une augmentation des températures de 1°C, seuls 123 domaines skiables disposeront encore d'une garantie d'enneigement. Dans le cas d'une augmentation de 2°C, 96 domaines seront encore considérés comme fiables. Enfin, scénario le plus pessimiste, si les températures viennent à augmenter de 4°C, ce ne seront plus que 55 domaines skiables qui pourront encore prétendre disposer d'une fiabilité d'enneigement.

34 Si les conditions d’exploitations des domaines skiables bénéficient des progrès et des améliorations techniques (damage, reprofilage de pistes…), cette règle des 100 jours reste mobilisée.

Si des recherches ont permis de mettre en évidence que tous les massifs sont concernés par ces difficultés (voir Vlès, 2012; 2011 pour les Pyrénées), toutes les stations n’y sont cependant pas confrontées avec la même intensité et certaines d’entre elles apparaissent tout particulièrement concernées (CNM, 2010; Vannson, 2011). Ainsi, les stations implantées à des altitudes « moyennes », a priori en-dessous de la limite de 1500 mètres, sont particulièrement concernées35. Se saisissant de ces incertitudes, les médias se font alors

largement l’écho de ces questions, donnant à la question de l’avenir des stations de moyenne montagne une dimension mélodramatique :

« Les flocons de l’hiver 2008 ne doivent pas faire oublier que la moyenne montagne souffre d’un déficit chronique de neige. De nombreuses stations sont en sursis » (Beaudoing, 2008)

Si pour l’heure ces chiffres ne sont que des prévisions, c’est bien, à terme, tout le modèle développé autour du tout ski (et donc du « tout-neige ») qui tend à être remis en cause. Dans ce schéma, l’adaptation des stations de moyenne montagne, plus encore que celle de leurs consœurs d’altitude, devient indispensable (Kaján et Saarinen, 2013).

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