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II. Une nécessaire adaptation des stations de moyenne montagne

2. Les stations, sommées de s’adapter

2.1. De l’atténuation des impacts à l’adaptation

Devant la prise de conscience des impacts présents et potentiels du changement climatique, de nombreux travaux se sont interrogés sur la nature des réponses pouvant être apportées. De ceux-ci, trois notions principales semblent se distinguer : les notions d’adaptation, de

mitigation et d’atténuation des impacts. La première, l’adaptation, peut-être entendue comme

l’ajustement des systèmes naturels ou humains pour répondre à des changements climatiques actuels ou attendus (ou à leurs effets), pour en modérer les conséquences négatives et tirer profit des opportunités (GIEC, 2001) devient une source nouvelle de préoccupations. L'atténuation, synonyme de mitigation vise quant à elle à réduire ou à prévenir des changements dans le système climatique. Dans ce cadre, elle cible les causes du changement climatique alors que l'adaptation, au contraire, vise les conséquences du changement climatique et tente d'en réduire ou d'en prévenir les impacts sur les systèmes humains et naturels (Schipper, 2006). Ces deux notions reposent donc sur des approches du changement climatique fondamentalement différentes (Klein et al., 2005). Cependant, largement mobilisées, celles-ci ne sont pas si aisément distinguables. Certains auteurs mettent ainsi en avant la similarité de sens qui leur est aujourd’hui conférée, conduisant à gommer les distinctions pour tendre vers un rapprochement des stratégies de réponse (Bosello et al., 2010).

L’adaptation et l’atténuation se distinguent pourtant par leur manière d’aborder le changement climatique (Tableau 1). En effet, l’adaptation vise à répondre aux effets du changement climatique, alors que l’atténuation se concentre sur ses causes. Ainsi, une mesure d’atténuation peut consister en la recherche d’une réduction des gaz à effets de serre, désignés comme étant à la source du réchauffement climatique. Au contraire, l’adaptation vise davantage l’adoption de mesures visant à limiter la vulnérabilité37 des systèmes concernés.

Dès lors, alors que l’adaptation conduit à travailler en aval du problème afin d’essayer d’adapter la société et les écosystèmes aux nouvelles conditions climatiques, l’atténuation se concentre sur la recherche de solutions en amont du problème, situées à sa source (Locatelli, 2010). La principale source de distinction entre l’adaptation et l’atténuation tient donc à l’échelle de mise en œuvre (GIEC, 2007). En effet, s’il est acquis que ces deux notions disposent d’une dimension spatiale (Biesbroek et al., 2009), les deux stratégies ne peuvent se mettre en œuvre à la même échelle territoriale. L’enjeu de l’atténuation étant de parvenir à mettre en place des solutions touchant le phénomène à sa source, l’échelle de mise en œuvre est nécessairement l’échelle globale. Pour cette raison, l’atténuation apparaît être avant tout l’affaire des gouvernements nationaux dans le cadre de négociations internationales (Tol, 2005). L’adaptation quant à elle relève bien davantage de mesures adoptées à un niveau infra, par les autorités locales voire nationales.

Au-delà de l’échelle spatiale de mise en œuvre des stratégies, l’échelle temporelle varie également. Lutter contre l’émission de gaz à effets de serre dans le cadre de l’atténuation du s’amplifier à cause du prix des forfaits qui n’augmente pas, ou pas plus que l’inflation, comparé à des charges qui, elles, sont en progression plus rapide. »

(L. Reynaud, dans PLM, 2013).

37 Définie notamment par le GIEC, la vulnérabilité s’entend comme le degré auquel un système est susceptible ou incapable de faire face aux effets néfastes du changement climatique (GIEC, 2007).

changement climatique s’inscrit nécessairement dans le long terme, tandis que les actions relevant davantage de son adaptation s’inscrivent quant à elles dans le court terme, ou tout au mieux le moyen terme. En conséquence, celles-ci bénéficient d’une légitimité politique bien plus forte, les premiers résultats pouvant venir enrichir un bilan de mandat.

Enfin, les notions d’adaptation et d’atténuation se distinguent par les secteurs d’activités qu’elles concernent. A titre d’illustration, les secteurs de l’énergie et de la foresterie apparaissent comme des secteurs particulièrement visés par la mise en œuvre de stratégies d’atténuation. Au contraire, l’agriculture, le tourisme, la santé humaine, l’approvisionnement en eau, la gestion des zones côtières, la planification urbaine ou encore la conservation de la nature sont quant à eux davantage visés par la mise en œuvre de stratégies d’adaptation (Klein et al., 2005).

Mitigation/Atténuation Adaptation

Définition

Interventions anthropiques dans le but de réduire les sources de gaz à effet de serre ou de renforcer

les stocks de carbone.

Ajustements dans des systèmes naturels ou humains en réponse aux stimuli climatiques actuels ou attendus ou à leurs effets. Permet d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des

opportunités bénéfiques.

Causes/effets Vise surtout les causes Vise surtout les conséquences

Echelle spatiale Objectif principal : éviter les changements globaux Objectif principal : éviter les dommages au niveau local

Secteurs d’activité concernés

Surtout l’énergie, le transport, la construction et l’industrie

Surtout la planification urbaine, l’eau, l’agriculture, la santé, les zones côtières

Echelle temporelle

Bénéfices à long-terme de la limitation du changement climatique

Bénéfices souvent à court-terme dus à la réduction de la vulnérabilité au climat actuel

Bénéficiaires Bénéficie surtout à autrui (altruiste) Bénéficie surtout à ceux qui mettent en place les mesures (égoïste)

Incitations

financières Généralement nécessaires Généralement pas nécessaires

Caractère

d’urgence Urgence et légitimité politiques moindres Urgence et légitimité politiques supérieures

Tableau 1, Définitions, différences et similarités entre mitigation et adaptation Source : Traduction propre de (Swart et Raes, 2007).

Le tourisme apparait donc parmi la liste (certes non exhaustive !) des secteurs économiques pour lesquels sera privilégiée la mise en place de solutions d’adaptation. Cependant, les solutions à mettre en œuvre sont nombreuses, et rassemblent tout autant le développement de réseaux de neige que le développement d’une offre touristique estivale. Afin de faire face à cette difficulté, nous proposons d’établir une distinction au cœur même de la notion d’adaptation (Achin et George-Marcelpoil, 2013). Ainsi, nous distinguons les stratégies d’atténuation des impacts, visant le (très) court terme et ayant comme finalité première la fiabilisation de l’activité hivernale des stratégies d’adaptation qui renvoient quant à elles à une

remise en question, même partielle, de la mono-activité touristique. Accompagnée en France par les acteurs supra-locaux depuis les années 2000, celle-ci impose aux territoires de se projeter à moyen terme et d’anticiper alors tout autant la raréfaction potentielle de la ressource neige tout autant que l’évolution des attentes des clientèles.

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