HAPITRE RRAINS
I. Une analyse ciblée sur trois stations de moyenne montagne
3. Des stations aux caractéristiques « physiques » similaires
Ces trois stations de « moyenne montagne » se sont développées selon des modalités très variées. Pourtant, d’une initiative portée par un acteur privé local à une intervention des acteurs politiques locaux, ces stations présentent malgré tout aujourd’hui des caractéristiques
similaires, permettant de les appréhender en tant que stations de moyenne montagne61. Autre
facteur de similarité, à l’image de la dynamique à l’œuvre à l’échelle nationale voire bien au- delà, ces trois stations se sont engagées dans une diversification de leurs activités.
3.1. Trois « stations de moyenne montagne »
Afin de disposer d’une grille de lecture permettant de comparer nos trois stations, nous avons choisi de retenir trois entrées principales, parmi celles les plus fréquemment mobilisées pour présenter les stations : l’altitude, le moment de puissance et le nombre de lits touristiques. L’altitude en premier lieu renvoie directement à la question de la fiabilité d’enneigement. D’une manière assez évidente, plus le domaine skiable est implanté en altitude, plus la station bénéficiera d’une garantie d’enneigement. La question du seuil altitudinal en deçà duquel la station ne bénéficiera pas de cette garantie neige est quant à elle bien plus épineuse. En effet, aucun consensus n’existe véritablement sur l’altitude à laquelle les infrastructures doivent être implantées afin de bénéficier d’une garantie d’enneigement. Les stratégies de certains opérateurs de remontées mécaniques permettent d’apporter les premiers éléments de réponse : la Compagnie des Alpes choisit ainsi de ne gérer que des stations implantées à l’altitude minimale de 1600 mètres62. Pour autant, cette limite de fiabilité d’altitude n’est pas
figée et varie en fonction des massifs concernés (Abegg et al., 2007), s’étageant ainsi entre 1200 et 1500 mètres, tandis que les prévisions d’évolution des températures laissent présager une élévation de 200 mètres en moyenne.
Le moment de puissance, ensuite, s'exprime en kilomètre par skieur par heure, et mesure la dénivelée totale que la remontée mécanique pourrait faire gagner à l’ensemble de ses usagers en une heure si elle était remplie à 100% (DSF, 2011). Cet indicateur permet ainsi de mettre l’accent sur la capacité des remontées mécaniques composant le domaine skiable.
Enfin, le nombre de lits touristiques permet de rendre compte de la capacité d’accueil d’un tourisme de séjour par la station. Eu égard à la complexité de comptage sur laquelle nous reviendrons, les chiffres présentés ci-dessous correspondent à une estimation du nombre de lits touristiques sur la commune support des remontées mécaniques, estimation obtenue à partir des données recensées par l’INSEE63.
Compilant les données de ces différents indicateurs pour chacune des stations, le tableau ci- dessous confirme la prise en compte de stations présentant des caractéristiques techniques relativement proches.
61 Nous reviendrons dans la deuxième partie de cette thèse sur la notion de station de moyenne montagne, et la préciserons. A ce stade, nous entendons la station de moyenne montagne comme toute station n’étant pas une station intégrée de 3ème génération, ayant bénéficié du soutien de l’Etat lors de sa création. Cette approche par exclusion renvoie ainsi au discours tenu par de nombreux acteurs : toutes les stations qui ne sont pas des grandes sont des stations de moyenne montagne.
62 A l’exclusion toutefois de la station de Serre-Chevalier qui ne satisfait pas cette condition. 63Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques.
La Bresse Le Sancy (Le Mont- Dore + Super Besse) Dévoluy (La Joue du Loup + Superdévoluy) Moyenne des stations françaises Caractéristiques du domaine skiable Altitude minimale du domaine skiable (mètres) 879 1070 + 1280 1455+1475 1204 Altitude maximale du domaine skiable (mètres) 1375 1821 + 2005 2212+2490 1852 Altitude moyenne du domaine skiable (mètre) 1118 1007 + 1524 1583+1477 1489 Moment de puissance total (km.skieurs/heure) 3211 2502 + 4732 2333+4434 3026
Nombre de lits touristiques64 9443 9778 + 12506 6045 + 12542
Tableau 8, Caractéristiques physiques des stations de la Bresse, du Sancy et du Dévoluy Sources : Bd Stations (FIRM), Insee.
3.2. Une diversification des activités touristiques engagée
L’offre neige constitue le pilier de l’offre touristique dans ces trois stations de sports d’hiver. Pour autant, la diversification n’est pas absente de leur stratégie touristique et les brochures touristiques mettent ainsi en avant une grande variété d’offres touristiques, tant hivernales qu’estivales ou, plus rarement, proposées au cours des trois autres saisons. Ces offres de diversification peuvent se traduire par la valorisation des ressources du territoire, au travers notamment d’activités de pleine nature, de visites du patrimoine ou encore se développer au travers de la mise en place d’équipements structurants créés ex nihilo.
64 Le nombre de lits touristiques auquel il est fait mention a été calculé à partir des données de l’INSEE, lequel calcule à partir de ratios une estimation du nombre de lits touristiques sur le périmètre administratif des communes. L’estimation tient compte des données de 2010, c’est-à-dire avant que les quatre communes du Dévoluy en fusionnent.
La Bresse Super Besse Superdévoluy Activités de diversification proposées en cœur de station VTT Modules « parc d’attraction » Lieu de départ / de rendez-vous pour diverses
activités de pleine nature (APN)
VTT
Equipement structurant (piscine) APN, activités de loisir
VTT Equipements structurants (centre sportif, centre équestre) APN, activités de loisirs
Activités de diversification proposées à une échelle territoriale supra station
APN Activités de loisir Equipements structurants (patinoire, piscine, maison
de la Bresse) Tourisme industriel APN Offres culturelles et patrimoniales Agritourisme APN Agritourisme
Tableau 9, Nature de la diversification à la Bresse Hohneck, à Super Besse et à Superdévoluy Elaboration propre.
Ainsi, si la diversification est effectivement mise en œuvre dans les trois stations objets de notre recherche, elle revêt toutefois localement des formes très variées. Elle se décompose en effet entre une diversification structurée autour d’équipements lourds comme cela est le cas dans le Dévoluy à une diversification plus « douce » à l’image de la Bresse ou du Sancy, où sont valorisés tout à la fois les patrimoines et les savoir-faire locaux.
Pour récapituler notre démarche, nous avons donc choisi trois stations pouvant être appréhendées comme étant de « grandes stations de moyenne montagne ». Polarisant les économies locales sans pour autant disposer d’une garantie d’enneigement, ces stations ont en outre initié une diversification de leurs activités, diversification que nous détaillerons.
II. Au cœur des trois stations d’étude : approfondissement de la démarche