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HAPITRE RRAINS

II. La diversité des politiques d’accompagnement aux stations

3. Une proximité institutionnelle éloignée d’intensité variable

3.2. Le Dévoluy ou la mise en place d’une action publique contraignante

Historiquement appréhendés par la loi montagne de 1985 comme deux massifs distincts, les massifs des Alpes du Sud et des Alpes du Nord ont été réunifiés par la loi « Démocratie et proximité » de 2002105 et ne constituent ainsi désormais qu’une seule entité, le massif des

Alpes. En dépit de cette unification officialisée, l’hétérogénéité, en premier lieu géographique, reste la règle. Le massif des Alpes se divise en effet entre des territoires de haute montagne (dont le sommet du Mont-Blanc culmine à 4810 mètres), un paysage de plaines et de larges vallées dans le sud du massif et des territoires aux reliefs doux, caractérisant les moyennes montagnes préalpines. Regroupant aujourd’hui deux régions, Rhône-Alpes et Provence- Alpes-Côte d’Azur ainsi que neuf départements (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Drôme, Hautes-Alpes, Haute-Savoie, Isère, Savoie, Var et Vaucluse), le massif a su s’approprier l’unité géographique proposée, et se doter, par le biais du commissariat de massif, d’une unité politique. En revanche, par la diversité de l’histoire des territoires qui le compose, l’unité économique du massif des Alpes « reste encore à construire » (Comité de massif des Alpes, 2006).

x L’enjeu de diversification des stations de moyenne montagne

porté par le Massif des Alpes

Dès les années 2000, la Convention interrégionale de massif des Alpes (CIMA) comptait parmi les objectifs de sa politique l’accompagnement à la diversification des produits touristiques. Considérant que le potentiel touristique du massif est plus large que la seule offre proposée par les stations de ski, l’accent est alors porté sur la valorisation du patrimoine tout autant que celle d’autres activités sportives que le ski alpin. La nouvelle CIMA adoptée pour la période allant de 2007 à 2013 réaffirme et précise le sens de l’action politique du début des années 2000. Ainsi, il s’agira de rééquilibrer l’offre de produits en favorisant la diversification, notamment en recherchant un allongement de la période d’activité.

Les bénéficiaires de cette politique de diversification sont, en outre, précisés. Les stations de moyenne montagne apparaissent comme les principales cibles de cette politique. Décrites comme fragilisées par l’évolution des modes de consommation touristique, la concurrence du marché de la neige et l’émergence de nouvelles destinations hivernales, ces stations sont désignées comme des maillons décisifs du massif alpin. Pourtant, l’idée retenue est véritablement que cette diversification « ne peut pas se faire station par station mais bien territoire par

territoire, d’où l’objet « espace valléen » » (A_suploc_2).

x Une diversification réaffirmée dans les Espaces Valléens

Pendant de la politique rhônalpine des Conventions stations durables, le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a adopté en 2006 son Programme d’aménagement durable et solidaire des stations des Alpes du Sud (PADS) duquel sont issues les Conventions ensemble valléen. Ce programme s’inscrit dans la continuité des Contrats d’objectifs et des Contrats montagne, lesquels, sur une enveloppe globale de dix-sept millions d’euros, avaient notamment accompagné le développement des réseaux d’enneigement artificiel (8,6 millions) et différents aménagements des domaines skiables pour plus de trois millions d’euros. Grâce à cet accompagnement, les stations, dont le Dévoluy, ont ainsi été en mesure de fiabiliser et moderniser leur offre hivernale.

Avec la mise en œuvre du PADS, les objectifs changent. Désormais, l’accompagnement sera mis en œuvre non plus à destination des stations mais à des territoires (les ensembles valléens) qui se seront porté candidats à un accompagnement ciblé sur deux objectifs principaux :

Ͳ la confortation de la diversification des activités ayant pour finalité de rendre les sites moins dépendants à la saison hivernale ;

Ͳ le renforcement des coopérations locales et la valorisation attendue d’un territoire support à l’échelle d’une vallée ou d’un territoire pertinent.

Ce sont ainsi treize Conventions espaces valléens qui ont été signées en PACA, tandis que Rhône-Alpes validait l’accompagnement de treize Conventions stations durables, en vue de la réalisation d’objectifs extrêmement proches de ceux retenus par la Région PACA (Figure 39).

Figure 39, Périmètres de contractualisation des contrats stations durables et espaces valléens (Source : IGN (Geofla 2007), DATAR, Irstea-DTM-Bd Stations 2012)

Considérée comme une station « développement économique »106, le Dévoluy a contractualisé

dans le cadre de la politique espace valléen dès 2009, retenant alors un positionnement stratégique structuré en quatre axes :

Ͳ affirmer la marque Dévoluy ;

Ͳ renforcer la diversification de l’offre ;

Ͳ s’organiser en système de production touristique valléen (faire évoluer la gouvernance locale) ;

106 Il s’agit des stations qui se développent ou tendent à se développer de façon autonome. L’intervention publique se centrera alors uniquement sur « l’aménagement urbain », « l’environnement de la station. En parallèle, coexistent les stations « aménagement du territoire », nécessitant une intervention publique pour maintenir et faire évoluer l’activité de ces territoires de Haute Montagne et de leurs vallées et les « stades de neige ou de loisirs plus souvent proches de zones urbaines qui ont peu d’impact en termes de maintien des populations sur le territoire mais participent à une offre de loisirs et de diversification touristique (Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, 2006).

Ͳ mettre en place les conditions d’accompagnement du développement touristique de la destination.

Discuté lors de comités techniques et de comités de pilotage, le plan d’actions a permis de mettre en place différents projets répondant aux positionnements stratégiques retenus dès la signature de la convention. Ainsi, le deuxième axe de ce positionnement stratégique, à savoir la diversification de l’offre, a permis la création d’un centre de tourisme sportif sur la station de Superdévoluy pour un montant total de près de quatre millions d’euros, cofinancés par les différents partenaires à cette convention à hauteur de 69,7%107.

x Le Conseil général des Hautes-Alpes : vers une contractualisation

des stations et de leurs territoires

Alors que les Contrats montagne avaient pris la forme d’une politique partagée avec le Conseil régional de PACA et le commissariat de massif des Alpes, les Conventions espaces valléens marquent le retour d’une politique portée par un acteur unique. Les différents Conseils généraux ont alors mené une action indépendante de la politique régionale permettant aux stations de bénéficier notamment d’un accompagnement en vue de la réalisation d’équipements structurants sur les domaines skiables et les remontées mécaniques, tels le remplacement de téléportés, l’équipement en neige de culture, la réalisation de retenues collinaires ou encore le financement des « grandes visites », sans lequel un nombre important de stations « seraient mortes » (A_suploc_6).

Ces choix d’intervention n’ont toutefois pas empêché l’accompagnement ponctuel du Conseil général pour la mise en œuvre de certaines actions de l’espace valléen. Ainsi, celui-ci est intervenu dans le Dévoluy afin d’accompagner la création d’une offre de VTT ludique, la création du centre de tourisme sportif ainsi que le développement d’une offre de randonnées pédestres guidées par GPS.

Alors que ces modalités d’intervention apparentent donc la politique départementale à une politique de guichet, le retour à une politique contractuelle est envisagé avec l’adoption du Schéma départemental de développement touristique des Hautes-Alpes pour 2014/2020. Ici, le Conseil général entend mettre en place une démarche de projet à destination de territoire clairement identifiés. Le Dévoluy a ainsi été identifié comme un des neufs territoires touristiques des Hautes-Alpes et devrait alors être amené à contractualiser dans les prochaines années autour d’un projet touristique intégrant les questions de stratégie (offre, hébergement, promotion, qualité, etc.) et de structuration touristiques (organisation, mutualisation, regroupement de la compétence tourisme sur les territoires concernés).

En dépit de cette action sous forme de politique de guichet actuellement menée par le Conseil général, l’accompagnement public dont bénéficie le Dévoluy se caractérise par le

107 Ce centre sportif a ainsi bénéficié de financements du Fonds européen de développement régional (FEDER), du Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT), du Conseil régional de PACA et du Conseil général des Hautes-Alpes, les 30,3% constituant la part d’autofinancement.

caractère contraignant de la démarche. Identification d’un territoire de projet, définition d’un projet de développement touristique visant à construire une stratégie touristique et répondant aux attentes des acteurs supra-locaux, ou encore pluri-annualité de la démarche apparaissent ainsi comme autant de contraintes s’imposant aux territoires concernés. Dès lors, nous pouvons considérer que la proximité institutionnelle éloignée qui s’applique dans le Dévoluy est d’intensité forte.

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