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V. Services de proximité et équipements favorisant l’autonomie du quartier

V.3 Solidarité et richesse de la vie associative

Girard-Hainz (2005, p. 9) observe que le mouvement associatif est « un des modes les

plus fréquents d’organisation de la vie sociale », il est impliqué dans tous les secteurs de la

société : culture, activités humanitaires, sports, etc. Les modalités de fonctionnement de

divers types d’association et ses influences dans la vie urbaine des habitants, sont-elles mises

en question lorsque le quartier est classé comme zone sensible ? La question de consommation auprès des services de proximité est liée à une double sensation de

stigmatisation et d’enclavement. Le regard des autres, des institutions, intervenant de l’extérieur, n’est qu’un reflexe d’une ségrégation sociale, construisant des frontières

apparentes invisibles, autres que celles, définies sur une carte (réseau routier qui enclave le

quartier à l’intérieur de la ville et de l’agglomération). D’ailleurs, les actions politiques de

mixité sociale et de désenclavement de territoire sont mises en question. Le rôle politique

d’intégration et de mixité sociale risque d’échouer lorsque l’offre associative en matière de sport, d’activités de détente, de danse, de théâtre, etc., ne paraît pas adapté, car non dirigé vers

les habitants des 3Cités qui sont nombreux à vivre une situation de pauvreté. Cette dernière ne peut pas être uniquement économique selon Schwartz (1990), elle s'articule autour de l'absence de qualification, de soutien familial et d’isolement. Par conséquent, elle finit par placer l'individu dans une situation générale d'impuissance.

Dans cette étude, les activités physiques et sportives présentes dans les centres socio-culturels ne sont pas encore considérées, comme le suggère Vieille Marchiset (2010), une solution du désenclavement dans les quartiers prioritaires et un moyen de lever les barrières symboliques entre ces quartiers et le reste de la ville.

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La richesse du quartier des 3Cités réside dans son emplacement géographique facilement accessible aux autres quartiers de la ville de Poitiers. Cette proximité donne une

notion d’ouverture et un accès direct relativement proche du centre ville. Le quartier s’est

agrandi de façon conséquente, intégrant progressivement les zones périphériques et se positionnant ainsi comme un lien entre le centre et ces zones périphériques.

L’avantage de ce quartier est d’avoir deux structures appartenant au centre Socio- Culturel. Ce dernier accueille un certain nombre d’associations en mettant à leur disposition

des locaux gratuits ou en développant un partenariat avec elles. Nous pensons que le fait

d’évoquer certaines de ces associations est apparu indispensable dans cette étude, surtout

celles qui sont crées suite aux difficultés socio-économiques de la population résidante.

Ainsi, deux types d’associations existent dans le quartier des 3Cités :

1. Les associations créées par les habitants de quartier en fonction de leurs attentes, leurs besoins et leurs motivations.

2. Les associations inscrites dans le pôle associatif de l’ensemble de la ville, bénéficiaires seulement des locaux des CSC, sans être impliquées dans la vie des habitants.

 Premier type d’association :

D’abord, il s’agit d’associations mises au service des habitants du quartier, tel que le

comité de quartier. Il est né avec le quartier et représente un noyau central attractif qui soutient principalement les habitants à différents niveaux : administratifs, culturels, et sociaux.

De plus, l’association de consommateur (Consommation Logement et Cadre de Vie "CLCV")

favorise une relation évolutive entre les producteurs-distributeurs de logement et les

consommateurs qui habitent le quartier. Il nous semble indispensable d’avoir une telle

association dans un quartier reconnu par sa diversité d’origine ; elle peut servir de repère à

une partie importante des habitants qui n’arrivent pas à communiquer car ils ne parlent pas

forcément la langue française ou bien parce qu’ils sont perdus suite au « tourbillon » des papiers administratifs à accumuler. De ce fait, cette sorte d’association aide et protège les habitants vis-à-vis de leurs droits, plus particulièrement, ceux qui sont mal logés.

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Enfin, l’épicerie sociale Pom-Cassis : c’est une association gérée par des bénévoles,

hébergée dans une des tours du quartier, connue en tant que banque alimentaire au service des

habitants du quartier des 3Cités qui n’ont comme revenus que les minima sociaux. Cette

épicerie fonctionne comme une épicerie traditionnelle. Elle propose aux familles modestes des produits alimentaires vendus à 10 % de leur valeur marchande : lait, produits secs, conserves, produits frais, produits de crèmerie, surgelés et fruits et légumes. Selon le portrait chiffré des CSC publié en 2011, le nombre de familles (adultes et enfants) bénéficiaires a fortement augmenté entre 2005 et 2010 (de 151 familles dont 435 adultes et enfants en 2005, à 213 familles dont 702 adultes et enfants en 2010)22. Cela démontre que les problèmes économiques des habitants du quartier des 3Cités n’ont cessé de progresser au fil des années.

 deuxième type d’association :

Des associations viennent de l’extérieur du quartier et proposent diverses activités

dans tous les domaines de loisirs : danse, musique, chant, théâtre, activités physiques et de

maintien en forme pour les retraités, etc…Dans le quartier des 3Cités, il peut y avoir des

associations connues même sur le plan national telle que l’association de Méthode Corporelle Feldenkrais pour affiner et éveiller le sens kinesthésique.

En général, ces associations n’ont aucun rapport avec les habitants à part celles qui

s’occupent de l’éducation que nous citerons plus tard. Les centres socio-culturels des 3Cités

sont tenus de leur fournir une de leurs salles car ils sont considérés comme une structure municipale (la ville étant propriétaire des murs).

Pour une grande majorité de ces associations, le quartier n’est qu’un lieu d’accueil pour

participer aux ateliers ; les personnes passent comme de simples visiteurs et elles quittent les lieux de pratique dès qu’elles finissent leurs cours sans échange avec les habitants ni avec les encadrants du centres. La présence de ces derniers est globalement impossible ; le prix

d’adhésion annuelle dépasse souvent leurs budgets loisirs23

.

Cependant, certaines associations de la ville impliquées dans le domaine éducatif

touchent un public non négligeable dans les quartiers d’habitat social. À titre d’exemple,

22

Portrait chiffré des Centres Socio-culturels des 3Cités, version n°2, Juin 2011, p. 27.

23

Exemple : prix d’inscription pour l’année est, en 2010, de 235 euros (association de Méthode Corporelle

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l’association : Accéder à la Lecture et aux Savoirs Indispensables à la Vie (ALSIV) propose de l’aide aux habitants de différents âges qui rencontrent des difficultés d’écriture, de lecture,

et de savoirs de base.

De même, il existe des associations d’aide aux devoirs et de soutien scolaire pour les

collégiens et les lycéens. Ces associations sont de plus en plus présentes, particulièrement dans les quartiers connus pour leur taux important de difficultés scolaires.

Le besoin d’un soutien éducatif ainsi que le prix d’adhésion probablement raisonnable selon le budget des habitants, aident pour ces deniers à s’impliquer dans les actions

associatives. Dans le quartier des 3Cités, 13 % de la population de 15 ans ou plus, non

scolarisée est simplement titulaire d’un certificat d’études primaires. De plus, en 2006, 21 % de la population n’a aucun diplôme24

. Le statut social des jeunes s’en

trouve modifié, surtout lorsque l’on vit dans une société où le système scolaire constitue l’espace de définition sociale de la jeunesse.

VI. Depuis plus de vingt ans, les projets de rénovation urbaine se succèdent