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Notre mode de traitement s’appuie sur l’approche méthodologique de l’entretien

compréhensif. Rappelons que les entretiens semi-directifs se composent d’un temps

d’échange entre l’enquêteur et l’enquêté en tête à tête, où la personne interrogée répond

spontanément à des questions successives, classées par thèmes précis. Les réponses

ressemblent alors à un discours entretenu par l’attitude non-directive de l’enquêteur. La parole n’est qu’une procédure de mise en mots permettant aux joueurs et aux acteurs d’exprimer ce qu’ils perçoivent et ce qu’ils vivent dans la vie sociale.

C’est l’analyse de contenu que nous avons choisi pour traiter les discours des

enquêtés. Laurence Bardin (1993, 1ère éd. 1977, p. 9), dans la préface de son livre L’analyse de contenu, démontre que « nous avons pu nous rendre compte, en tant que praticien et

formateur, que l’analyse d’entretiens : I) est le domaine d’application de l’analyse de contenu qui présente le plus de difficultés en raison de la nécessité d’une expérience et d’un savoir

faire reposant sur une culture théorique ; 2) que, s’il existe de nombreux travaux sur la manière de faire passer un entretien de quelque type que cela soit, il existe très peu de

publications, aussi bien en France qu’à l’étranger, sur la façon d’analyser un ou un ensemble d’entretiens ». Exploiter des données dans une enquête qualitative était une étape assez

compliquée. Kaufmann (2007, 1ère éd. 1996, p. 9, p. 20) confirme que « l’analyse de contenu doit répondre à des règles tellement exigeantes qu’il ne voit pas comment les appliquer…Tout

entretien est d’une richesse sans fond et d’une complicité infinie… ».

D’ailleurs, pour traiter les réponses des joueurs sportifs, nous avons construit une grille d’entretien. Elle se présente en tableau Excel, c’est un moyen qui nous permet de faire

parler les informations. Chaque case correspond à une variable ou à une information résumant la réponse de chaque enquêté sur une question précise. (Nous montrons un exemple dans

l’annexe n°2). Certaines questions ont été plus difficiles à traiter que d’autres, tout dépendait

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catégorielle qui consiste à calculer et à comparer les fréquences de certains mots, à les regrouper en catégories significatives, telle que la réponse des joueurs sur la question suivante :

Quelles sont les deux raisons principales pour lesquelles tu as choisi de faire du football dans le club des 3 Cités ?

De plus, le croisement des catégories était toute à fait envisageable, dans le but de tester les effets de différentes variables sur la pratique sportive, par exemple :

Catégorie : genre et choix du sport pratiqué (institutionnel ou non institutionnel).

Catégorie : lieu d’habitation et lieu de la pratique sportive.

Catégorie : situation socioprofessionnelle des parents, choix du sport et genre.

Dans certain type de question, telle que : Que penses-tu du sport libre, celui qui se pratique sur des terrains de proximité en libre accès ?, le discours des joueurs a été coupé en trois catégories en considérant que le premier avis correspond au discours spontané du répondant, le deuxième avis correspond à un discours énoncé en deuxième temps et le troisième avis correspond à celui énoncé dans un troisième temps. Nous avons estimé que cette manière de traiter la question ouverte nous a permis d’avoir un degré de fréquence des mots et de calculer leur intensité dans les discours des enquêtés. Cependant, dans le traitement des questions ouvertes, Freyssinet-Dominjon (1997, p. 207) explique que « deux mots ne sont jamais complètement identifiables du point de vue de leur signification. Chaque mot a sa valeur propre, son poids spécifique, ses usages. Dès que le signifiant diffère, le signifié se modifie ».

À propos des discours des acteurs sociaux, sportifs et politiques, nous avons ainsi envisagé une analyse de contenu de type qualitatif et interprétatif. Dans un premier temps, les discours enregistrés ont été transcrits, découpés et synthétisés pour chaque thématique abordée lors des entretiens. Dans un second temps, ils ont été regroupés par thèmes généraux.

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Le soin apporté à la construction de cette méthodologie d’enquête qualitative nous a permis, nous l’espérons, de réussir un travail de terrain empirique dont vous trouverez le

résultat dans les pages suivantes.

Pour résumer la logique de la méthode que nous avons déconstruite au long des pages

précédentes, il faut ici comprendre que ‒ au-delà de nos lectures de travaux de la littérature scientifique ‒ notre démarche a été essentiellement empirico-inductive. Empirique elle l’est

dans la mesure où elle s’appuie sur un matériau issu du terrain d’enquête ethnosociologique.

Inductive elle l’est tout autant car il s’agit d’abord de faire parler ce matériau avant, dans un second temps, de l’éclairer par la confrontation avec les données de la littérature, en

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TROISIEME PARTIE :

CADRE EMPIRIQUE ET

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Chapitre 1

Une approche géo-historique et socio-politique d’un quartier d’habitat

social de la ville de Poitiers: Les 3Cités. Analyse de terrain

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Dans le discours institutionnel, l’image de la ville de Poitiers est généralement traduite

en termes géographiques et historiques, mais aussi symboliques et socio-économiques, termes

ancrés à des représentations collectives productrices d’espaces et de sens. Notre immersion,

en tant que femme, dans le quartier sensible des 3Cités nous invite à citer Gracq (1985, p. 2-3) pour qui « il n’existe nulle coïncidence entre le plan d’une ville dont nous consultons le

dépliant et l’image mentale qui surgit en nous ». Car qu’est-ce qu’habiter et vivre dans ce

quartier des 3Cités de Poitiers, qui comme tous les quartiers est porteur de signes particuliers : habitats, services, commerces, espaces publics et privés qui le composent ne sont pas neutres. Les habitants y donnent un certain sens, souvent différent de celui des autres acteurs sociaux de la ville, chacun y réalise son « expérience urbaine » selon l’expression d’Olivier Mongin

(2007) qui insiste sur l’originalité, la singularité des relations humaines tissées dans l’espace urbain entre le centre et la périphérie, le public et le privé, l’intérieur et l’extérieur. Acceptons l’idée que l’image de la ville de Poitiers ne correspond pas à la somme des quartiers qui la

compose même si les décideurs politiques souhaite donner à la ville de Poitiers une image globale et identificatrice et aux quartiers une image attractive et de bien vivre ensemble, éléments que nous discuterons dans les chapitres qui suivent.