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d - La fonction métalinguistique

II. 4.2 - La sociologie de la littérature

La sociologie est une science relativement récente qui s’est réellement développée à partir du XIXe siècle et qui s’appuie sur ce que l’on appelle « les père fondateurs », en l’occurrence Karl MARX, Emile DURKHEIM, Alexis de TOCQUEVILLE et Max WEBER.

C’est une science du social qui étudie tout ce qui relatif à la société, par exemple, la manière dont la société en structurée (en classes sociales, en castes, en ordre, la présence d’inégalités sociales, la relation entre les individus, par exemple, de genre opposé masculin-féminin, l’existence de normes qui varient d’une culture à une autre, l’étude de l’institution familiale, etc.). La sociologie est donc une branche des sciences humaines qui cherche à comprendre et à expliquer l’influence du social sur les manières de penser et de se comporter des individus. Pour le sociologue, l’action des individus ne peut être comprise qu’en tenant compte du contexte social dans lequel il évolue, communément on dit que c’est l’intériorisation de l’extériorité, autrement, dit, le fait d’intégrer à la structure de sa personnalité un certain nombre de comportements, de préférences, de goûts, de manières de penser et qui vont en fait dépendre de l’environnement dans lequel on évolue. La sociologie s’appuie sur une démarche scientifique qui consiste à analyser les faits sociaux1 comme des choses. Premièrement, le sociologue doit définir rigoureusement le phénomène étudié et émettre un certain nombre d’hypothèses. Sa démarche repose sur l’observation et l’interprétation afin de vérifier si les hypothèses qu’il a pu émettre au départ sont ou non validées. Deuxièmement, il doit écarter les prénotions2: il doit s’abstenir de porter des jugements de valeur sur les croyances des individus constituant la société qu’il étudie. Il doit prendre de la distance avec l’objet qu’il étudie pour ne pas être influencé ni même influencer les résultats obtenus. Troisièmement, le sociologue utilise des méthodes qualitatives (enquête sur le terrain, interview, etc.) et quantitatives (sondage d’opinion, enquête s’appuyant sur l’utilisation de nombreuses données analysées par des statistiques, etc.). Si par exemple on doit étudier un fait social, il faut qu’il réponde de manière rigoureuse, bien évidemment, à une démarche scientifique et qu’il s’appuie sur les quatre critères mentionnés en notes bas de pages.

1 Un fait social est un phénomène, un comportement, une représentation qui répond à quatre critères : la

généralité (il a une certaine fréquence dans la population), l’extériorité (il dépasse l’individu et lui perdure), la coercition (il s’impose à l’individu grâce à des contraintes et un mécanisme de socialisation) et la dimension

historique (il s’inscrit dans le temps et il n’est pas donc éphémère).

2 « Les prénotions sont un voile qui s’interpose entre les choses et nous et nous les masque d’autant mieux qu’on le croit transparent » Émile DURKHEIM dans Les règles de la méthode sociologique. Autrement dit, les prénotions sont des préjugés, des éléments qu’on a intériorisés, qu’on a intégrés à la structure de notre personnalité et qui font que l’on a pensé que toutes les choses dans lesquelles nous évoluons, toutes les choses que nous observons sont naturelles, autrement dit, elles sont identiques ailleurs dans d’autres cultures. Si une société repose par exemple sur le mariage qui est un contrat entre des individus de sexe opposé et que la famille est constituée donc de ces mêmes individus avec des relations de filiation au niveau des enfants, on aura en fait tendance à penser que ce système-là est universel, ce qui n’est pas nécessairement le cas ; on peut imaginer d’autres cultures qui ne repose pas sur le mariage ou bien où les enfants ne seront pas nécessairement élevés par leurs deux géniteurs mais il n’y en aura par exemple qu’un seul, la mère en règle générale, et celui qui occupera le rôle du père sera l’oncle maternel par exemple. Autrement dit, il ne faut pas penser que ce que nous vivons a une dimension totalement universelle.

L’analyse sociologique s’intéresse à la présence des indices de la société dans un texte littéraire. Lucien GOLDMANN, particulièrement influencé par les recherches de Georges LUKACS, est parvenu à unifier les théories sociologiques et littéraires en fournissant une nouvelle approche qui cherchait à rapprocher l’étude du fond de celle de la forme. Cet agencement était vu comme essentiel à la compréhension des faits culturels. GOLDMANN considère que toute littérature est censée transcrire la vision du monde ; or, elle ne saurait être une copie fidèle de la réalité sociale. De ce fait, il affirme :

Notre hypothèse est que le fait esthétique consiste en deux paliers d’équation nécessaire : -a) Celle entre la vision du monde comme réalité vécue et l’univers créé par l’écrivain. –b) Celle entre cet univers et le genre littéraire, le style, la syntaxe, les images, bref les moyens proprement littéraires qu’a employés l’écrivain pour s’exprimer. Or, si l’hypothèse est juste, toutes les œuvres littéraires sont cohérentes et expérimentent une vision du monde. (Lucien GOLDMANN cité par Jérôme DIDIER , 1997 : 66)

Le genre romanesque constitue la forme littéraire capitale convenant le mieux à la société. Ses transformations sont liées à l’histoire de cette société. Une fois le roman entre les mains, le lecteur se demande quelles sont les convoitises et les appréhensions de la société dans ce roman. Le choix du texte détermine la socialité de son discours ; la branche première étant la sociocritique unissant le texte au discours social qui l’enferme.

II.4.3 - La sociocritique

Le terme "sociocritique" est composé de "socio" qui vient du latin « socius » qui signifie « compagnon » et par extension « un être sociable », et de "critique" tiré du latin « criticus » qui désigne « jugement de valeur ». Tenter de faire la critique d’une société donnée, c’est parvenir un porter un jugement sur ce qui s’y trouve réellement. Par le biais du texte littéraire, la sociocritique s’intéresse à la société humaine :

La sociocritique est l’étude du discours social, modes de pensée, phénomènes de mentalité collective, stéréotypes et présupposés qui s’investit dans l’œuvre littéraire y compris dans l’œuvre de fiction. (DUCHET, 1979 : quatrième de couverture)

C’est ainsi que définit Claude DUCHET cette discipline s’intéressant à l’axe littérature-société. Elle se différencie de la sociologie de la littérature (qui ne s’intéresse ni aux formalités du processus de création littéraire, ni à la biographie de l’auteur du texte littéraire, ni à la réception de celui-ci par le lectorat) notamment par son objet d’étude, ses hypothèses heuristiques et sa problématique générale. Elle tend à saisir comment le « hors-texte » pénètre le hors-texte et détermine sa vision du monde. Elle rejoint ainsi la thèse de

GOLDMANN et ses recherches qui ont considérablement influencé l’histoire de la sociocritique.

Nous allons tenter à présent une analyse qui s’inscrit dans la perspective de DUCHET qui est celle de la sociocritique. Ce dernier considère le récit romanesque comme un produit artistique introduit dans un niveau social et idéologique. De son côté, Bernard MERIGOT envisage que la sociocritique s’attache à une nécessité : la socialité. Il trouve qu’il est nécessaire de « […] tenir compte du moment historique, du moment social des textes littéraires, prendre en considération tout ce qui concerne la socialité, c’est-à-dire, ce qui fonde du dedans l’existence sociale du texte » (1979 : 134). Le texte littéraire est le pivot de l’analyse sociocritique qui cherche à lui rendre sa dimension sociale ; toute œuvre littéraire est remise dans son contexte social et historique.