• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2. La pratique de compagnonnage et d’autoformation dans un dispositif de

3. Recension des dispositifs de formation en alternance

3.1 Des situations d’apprentissage « situé »

La classification des dispositifs fournie par Albero (2000 : 113-120) nous permet de constater que la plupart des dispositifs peuvent prendre une forme organisationnelle de formation hy- bride ou alternant formation en présence (lieu d’enseignement et de transmission) et à dis- tance (lieu d’apprentissage autonome) encadrée par des médiations, des ressources, surtout

103

techno-pédagogiques, de stratégies, méthodes diverses et d’acteurs en interaction. Cette forme répond bien à l’orientation du dispositif qui nous concerne et aussi aux besoins d’un public adulte comme celui des catéchistes paroissiaux.

Le premier modèle d’un dispositif de formation en alternance est un cours intitulé Us@TICE38. La théorie de l’apprentissage situé que développe ce cours permet d’apprendre à devenir membre d’une communauté de pratique et à s’y intégrer. Elle favorise des appren- tissages en contexte et utilise des situations de formation proches de ce contexte. Les outils de médiation et les différentes ressources interviennent dans les deux modalités de forma- tion : en présence et à distance. Grâce à ces modalités, les apprenants sont impliqués et s’ap- puient sur des ressources répondant à leurs besoins de formation et à leurs choix personnels. La liberté est un atout de ce dispositif, car elle permet une interaction entre les apprenants d’une part, et d’autre part, avec l’équipe enseignante chargée de l’accompagnement. Dans ce dispositif, ce qui est d’abord mis en œuvre, c’est la présentation de l’environnement et de ses outils, afin que chacun puisse en prendre connaissance et en user le moment venu. Ensuite, est mis en place un forum thématique où l’apprenant peut faire un choix de contenu et re- trouver un soutien et un environnement de partage. L’objectif de ce dispositif est l’acquisition de compétences nouvelles transférables autant dans la sphère présentielle que dans la sphère à distance.

Les effets qui se dégagent de ce dispositif ont un impact sur les connaissances, la modifica- tion des pratiques et l’insertion dans le projet institutionnel. Le rôle des enseignants reste limité à l’organisation de l’environnement numérique de travail, à l’encadrement dynamique lors des phases d’apprentissage, au choix des situations proches des lieux de pratique. Les étudiants de ce cours ressentent davantage de répercussions sur leur sentiment d’auto-effica- cité, grâce à l’engagement dans de nouvelles pratiques inspirées des médiations comporte- mentales et posturales. L’interaction qui constitue une situation de formation a comme résul- tats la construction de l’identité du groupe favorisée par le travail de téléenseignement, la

38 C’est un cours hybride « Introduction à l’usage pédagogique des technologies de l’information et de la com-

munication ». Son objectif est d’analyser les effets de ce dispositif de formation sur les représentations qu’ont les étudiants des technologies de l’information et de la communication, de leur utilité et de leur intégration dans la vie professionnelle future (Peraya et Peltier 2012 : 112)

104

collaboration et le sentiment d’appartenance à un groupe ayant les mêmes visées et préoccu- pations. Les étudiants citent également un effet sur la construction des compétences nouvelles issues de cette confrontation à la réalité. Réalité qui joue ici le rôle d’instigateur d’affranchis- sement d’une manière de faire inadéquate et d’adoption d’une nouvelle pratique résultant d’une meilleure connaissance de son milieu de travail.

Pour poursuivre notre propos, nous abordons les recherches du projet européen Hy-Sup, entre 2009-2012, dédié à l’étude des dispositifs de formation hybrides et de leurs effets39. Il iden- tifie six types de dispositifs qui articulent des formations en présence-distance qui sont proches de la pratique de compagnonnage et d’autoformation. Nous allons simplement les caractériser et en retirer les effets sensibilisants pour nourrir notre évaluation des résultats d’un dispositif de formation.

3.1.1 La mise à disposition des ressources textuelles

Dans ce type de dispositif de formation, les ressources, sous forme visuelle ou textuelle, sont mises à la disposition de l’étudiant pour faciliter le suivi des cours et la résolution des exer- cices. L’étudiant peut facilement se référer à ce qui est affiché à l’écran ou à ce qui est écrit pour organiser son apprentissage, que ce soit en présentiel ou à distance.

3.1.2 Mise à disposition des ressources multimédia

Ici, les ressources multimédia occupent une place prépondérante dans l’accompagnement des apprentissages. L’enseignement s’appuie sur des images, des graphiques, des dessins animés, muets ou sonores, où les étudiants peuvent puiser selon leurs besoins ou leur niveau, pour assurer leur apprentissage et modifier leur pratique professionnelle.

39 Nous nous référons aux Actes du 27è Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire. Ils

présentent les résultats de la recherche concernant les effets des dispositifs de formation hybrides sur les ap- prentissages des étudiant(e) s, sur les étudiants ayant été formés dans le cadre du projet européen Hy-Sup (2000- 2012). https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/gscw031?owa_no_site=2220&owa_no_fiche=47& owa _bottin=

105 3.1.3 L’Organisation et la gestion du cours

Des outils d’interactions sont mis à la disposition des étudiants pour leur permettre d’interagir avec l’enseignant directement ou par voie numérique. Ainsi l’enseignement est disponible à tous.

3.1.4 L’intégration des activités dans le scénario du cours

Ce dispositif d’apprentissage privilégie le travail à distance. Celui-ci est scénarisé par la con- frontation des travaux entre pairs, le tutorat, les forums, l’entraide, la collaboration et l’aide à l’apprentissage entre autres. Ces spécificités enrichissent considérablement le travail à dis- tance, en favorisant la compréhension et la réflexivité des étudiants. Les enseignants y sont des facilitateurs et des aides à la production des savoirs, ce qui permet d’établir une bonne cohésion entre les étudiants. Les étudiants doivent être capables d’exploiter cet environne- ment pour entrer dans une démarche d’apprentissage.

3.1.5 L’ouverture à une grande variété de ressources et d’acteurs

Afin de mieux accompagner les étudiants dans leur apprentissage, un certain nombre de res- sources et d’acteurs sont mis à leur disposition. L’accompagnement est constitué d’un en- semble d’éléments de guidage ou points de repères dans lesquels l’étudiant est libre d’évo- luer. Les débats, les résolutions de problèmes et les groupes de travail sont intégrés dans un module technologique interactif porteur d’un grand potentiel cognitif.

3.1.6 L’interaction et les échanges

Ce dernier type de dispositif de formation orienté sur l’apprentissage se situe dans une op- tique de construction sociale des apprentissages. Nous pouvons situer ici le dispositif de for- mation « Zoom sur l’expertise pédagogique » étudié par Meyer40. Les activités d’apprentis- sage sont organisées de sorte que toutes les dimensions technologiques et pédagogiques

40 Meyer a étudié dans sa thèse un dispositif de formation en ligne, basé sur l’observation d’exemples de pra-

tiques sur vidéos mis au point au Québec pour soutenir les enseignants dans le renouvellement de leurs compé- tences professionnelles. Ce dispositif offre des situations d’apprentissage, telles le partage d’exemples de pra- tiques, les parcours de formation autonome diversifiés sur vidéo en vue de favoriser la création de savoirs par- tagé et de susciter des pratiques et des compétences nouvelles issues de ces savoirs.

106

soient mises en branle pour faciliter les apprentissages. Pour favoriser les discussions, la par- ticipation de tous et les échanges, le dispositif a opté pour un recours à une diversité de res- sources technologiques, humaines et même extérieures au monde académique. Ainsi, les étu- diants peuvent s’enrichir des apports extérieurs et diversifier leurs choix d’apprentissage se- lon leurs besoins, et selon l’exploitation qu’ils comptent en faire.

Ce que nous pouvons retenir de ces types de dispositifs de formation est qu’ils sont pour la plupart orientés vers l’enseignement. Il s’agit des apprentissages qui utilisent une variété de modalités : en présence et à distance. Si les effets constatés peuvent convenir aux étudiants pour développer leur liberté, leur autonomie, il n’en est pas de même pour leur capacité d’in- clusion qui semble quelque peu noyée dans la recherche de compétences à les utiliser et à les exploiter. C’est la valorisation, pourrions-nous dire, de la dimension autoformative qui est mise en exergue. Dans ce cadre, l’accompagnement joue un véritable rôle, mais ce n’est pas le compagnonnage.