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Chapitre 1. La formation des catéchistes paroissiaux, entre services baptismaux et

5. Perspectives théologiques émergentes de ce processus de formation

Si ces diverses expériences nous font entrevoir un besoin de mise en place d’un dispositif de formation, elles permettent aussi d’en rechercher le contenu théologique. Pour ce faire, faut- il se limiter aux expériences de formation ou partir de ces expériences pour nous projeter sur les communautés chrétiennes et la formation pastorale des acteurs? C’est dans ce contexte que la question de la formation des catéchistes paroissiaux a pris une importance dans ce processus. Il apparaît de plus en plus aujourd’hui dans notre diocèse, que la priorité est don- née à la formation des futurs prêtres, et moins dans celle des catéchistes paroissiaux rencon- trant dans certains cas, les mêmes défis pastoraux que les prêtres en paroisse. Ainsi donc, nous nous sommes engagé à réfléchir sur les pratiques pastorales des catéchistes et par con- séquent, sur les défis de la formation à l’animation pastorale des catéchistes paroissiaux. Au- trement dit, nous cherchons à nous concentrer sur la formation de tous les acteurs laïcs qui œuvrent dans l’animation des communautés paroissiales.

Pour exprimer cet engagement et ce besoin et promouvoir un processus de formation qui accorde une place significative à la pastorale paroissiale, le thème de la formation des caté- chistes à la vie pastorale des communautés semble rendre compte de notre préoccupation. En fait, nous sommes sensible à une double préoccupation : celle de la vie chrétienne des com- munautés comme lieu où naît le désir de devenir catéchiste; celle des catéchistes, qui contri- buent eux-mêmes à leur propre formation en tant que laïcs engagés, et qui rencontrent des défis qui demandent une bonne préparation. Le recours à la formation pour la vie des com- munautés dégage des critères et des directions d’action, destiné à penser les conditions de

16 Nous avons repris là une entrevue du curé avec un paroissien dans le cadre de la préparation de l’ouverture

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possibilité de la formation pastorale des catéchistes. Ainsi, la formation des catéchistes s’ef- forcerait de comprendre la communauté dans laquelle ils sont issus, mais aussi de leur per- mettre de construire leur identité de catéchiste et de déployer leurs potentialités pour entrer dans la vie pastorale de leur paroisse. Un tel déploiement suppose, aujourd’hui, une qualité de formation qui intègre tous les aspects de la vie des communautés, lieux d’où viennent les catéchistes et où ils sont appelés à exercer leurs fonctions pastorales. Il s’agit aussi de tenir compte des effets que produit la formation sur ces catéchistes.

Ainsi, la formation des catéchistes ne se pose plus en termes de recettes à donner pour mener à bien des fonctions pastorales, mais se déplace dans le rapport que ceux-ci entretiennent avec leur communauté chrétienne. Nous voyons ici un changement qui influe sur la formation des catéchistes. Il s’agit alors de former à la fois la personne dans son « être catéchiste », mais aussi de le former à participer à la pastorale paroissiale. Aujourd’hui, dans le contexte de la diversité cultuelle et de l’évolution culturelle, l’insistance devrait être même en milieu rural, de se former collectivement en vue d’une pratique pastorale adaptée à ce nouveau con- texte émergent.

De ces perspectives, nous relevons deux convictions qui s’enracinent théologiquement : la formation pastorale des catéchistes dans un contexte de pluralité, la formation au devenir catéchiste. Ces deux convictions nous amènent à voir qu’au-delà de la forme de recrutement des catéchistes, c’est une manière de fonctionner de l’Église qui les englobe. La participation peut être une forme d’exercice de la charge pastorale. Ici, le prêtre tisse des relations et im- plique toute la communauté dans le fonctionnement de la paroisse. Mais aussi, une certaine symétrie s’est installée dans cette forme de fonctionnement. Le prêtre devient celui qui ac- compagne le chemin d’évangélisation des laïcs. Les laïcs interrogent le prêtre dans la gestion des activités paroissiales. C’est ici une construction de procédures nouvelles dans la vie pa- roissiale qui devient inspirante dans l’exercice des fonctions pastorales communautaires. Ici, on ne parle pas de la différence entre prêtre et laïc, mais de construction d’un réseau de rela- tions qui part de la communauté. Autrement dit, si le prêtre reste au premier plan de la vie pastorale paroissiale, celle-ci ne se définit plus autour de lui, mais se construit autour de la communauté. Envisager ainsi la situation, nous amène à aborder des questions ecclésiolo- giques qui débordent la seule formation des catéchistes paroissiaux. En même temps que

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cette mise en évidence des enjeux ecclésiologiques, nous pensons que c’est d’abord une vi- sion du laïcat qui émerge dans la formation des catéchistes en responsabilité pastorale et qui pose problème, mais aussi une question de survie des communautés chrétiennes qui rejoint nos préoccupations pastorales.

En conclusion, cette recherche est motivée par ces questionnements que nous avons entrepris d’étudier à partir d’un terrain ecclésial qui nous est familier et où nous avons expérimenté pour la première fois le dispositif en question, la zone Nyong II. Prêtre en paroisse, formateur et animateur des sessions de formation, notre proximité avec les catéchistes et les commu- nautés nous a permis de vivre les réalités pastorales des paroisses rurales, et les défis que rencontrent ceux qui s’investissent à leur animation. À travers cette recherche, nous sommes convoqué à l’évaluation d’un dispositif de formation en cours d’expérimentation. Elle nous permettra d’améliorer le dispositif si besoin est, et d’ajuster ce qui sera nécessaire.

De fait, les pratiques changent, les contextes se transforment, les enjeux socioreligieux se modulent au fil des ans et les environnements politiques, culturels et religieux sont confrontés aux nouveaux défis qui se présentent à eux de manière récurrente. Or, dans cet espace en mouvement et dans lequel nous évoluons, le travail sur les pratiques doit évidemment retenir notre attention. Toutefois, la posture pour laquelle nous optons comme intervenant est tout aussi cruciale et judicieuse à explorer. Je ne crois pas que celle-ci nous donnerait nécessaire- ment toutes les réponses aux questions que nous portons. Je crois plutôt adopter la posture de celui qui se laisse traverser par les questions que je rencontre, me référant à mon bagage d’expériences afin de les investir à l’enseigne de mes convictions profondes dans l’histoire et l’expérience des autres. C’est dans cette optique que nous aborderons dans le prochain chapitre le dispositif de formation des catéchistes en traitant de deux pratiques distinctes, soit le compagnonnage et l’autoformation, constituées par une phase sensorielle et une phase d’accueil de ce qui structure l’exercice des fonctions pastorales et la vocation de catéchiste.

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Chapitre 2. La pratique de compagnonnage et d’autofor-