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Chapitre 1. La formation des catéchistes paroissiaux, entre services baptismaux et

3. Préalables pastoraux de l’intervenant-chercheur

Ce qui fonde notre démarche ou notre projet, c’est d’abord notre implication en tant que intervenant-chercheur dans ce domaine de la vie pastorale, mais aussi notre prise de distance de conceptions mécaniques et réductrices en formation des catéchistes engagés en pastorale paroissiale. En entrant dans ce projet de recherche, nous avons voulu identifier quelques re- pères pastoraux. À partir de ces repères nous pourrons enraciner notre projet de recherche dans une certaine vision théologique de la formation. En 1985, lorsque nous sommes entré

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au grand séminaire en vue de devenir prêtre, il était de coutume, dans la province ecclésias- tique de Douala, que pendant les vacances, les séminaristes fassent un stage d’un mois dans une paroisse. Ce stage m’a permis de comprendre la vie pastorale des paroisses et les défis rencontrés par les prêtres dans l’exercice de leurs fonctions. Les échanges et conseils que je recevais lors de mes passages dans les paroisses m’ont mis en position d’écoute et de relation, mais aussi dans l’environnement ecclésial et pastoral dans lequel les catéchistes évoluaient. Ces expériences m’ont conforté dans ce désir de devenir prêtre et de me mettre au service de la communauté et de l’Église. Pendant ces stages mensuels en paroisse, j’accompagnais par- fois le curé en tournée dans les postes d’évangélisation (communautés ecclésiales locales). Après la messe, il organisait toujours une rencontre avec les paroissiens pour les entretenir sur les projets de développement qu’il avait initiés avec eux. Ils traitaient des questions d’aménagement et de propreté des sources d’eau, de santé, d’animation rurale, de prise en charge de la communauté par elle-même, de l’élevage, de la création des groupes de travail et d’autres sujets encore. Cette expérience m’a montré que parallèlement à l’annonce de la Parole de Dieu, la prise en compte des problèmes de développement des communautés est une exigence même de l’évangélisation. On ne peut pas rester les bras croisés face aux souf- frances et à la pauvreté de ceux qui accueillent l’Évangile comme une Bonne Nouvelle. Cette expérience m’a permis de comprendre que les activités de promotion humaine ne sont pas en marge des activités pastorales. Elles sont partie prenante de la mission d’évangélisation au même titre que la catéchèse et la célébration des sacrements. Cette conception nouvelle de la pastorale surtout en milieu rural, implique une large concertation et une formation de tous genres pour trouver des leaders de communautés et pour favoriser une prise de conscience des chrétiens de leur propre développement. Autrement dit, cette expérience s’est révélée déterminante dans l’organisation pastorale, car pour réussir une activité pastorale ou com- munautaire, il s’agit de faire confiance à l’autre et de ne pas tout centrer sur soi ni sous- estimer les potentialités des catéchistes . Pour cela, le prêtre doit constamment lutter contre les effets du cléricalisme qui paralyse le travail communautaire. Il devrait apprendre à tra- vailler et à collaborer avec les laïcs, leur confier des responsabilités sans complexe, sans se substituer à eux, dans une confiance mesurée.

Les premières années de mon ministère pastoral m’ont amené au nord Cameroun de 1993 à 1994 auprès du Père Bernard Beemster, un missionnaire hollandais, profondément engagé

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dans la catéchèse paroissiale et le travail pastoral des catéchistes. À ses côtés, j’ai appris à connaître le monde des catéchistes et à comprendre leurs défis, leurs limites et leur engage- ment. C’est alors que j’ai réalisé l’inadéquation qui existait entre ce qui leur était demandé et leurs capacités à le faire. D’où le souci de leur formation. Revenu quelques années plus tard dans mon diocèse d’origine d’Eséka au Sud-Cameroun, j’ai été nommé à la tête d’une vaste paroisse, où seuls les catéchistes étaient de véritables soutiens dans l’animation pastorale de la paroisse. Dans chaque village, il y avait un catéchiste employé à temps partiel qui animait la prière du dimanche, préparait aux sacrements et représentait le prêtre lors de différentes cérémonies locales. Pour leur formation, ils se rassemblaient chaque mois à la paroisse cen- trale, principalement le premier vendredi et recevaient leur formation : conseils pour une pratique pastorale plus fervente, explication des activités communautaires à faire pour le mois suivant, informations à transmettre à la communauté chrétienne. Malgré ce peu de formation, c’était toujours avec générosité que ces catéchistes s’engageaient et se dévouaient pour l’ani- mation de leur poste d’évangélisation. N’ayant pas d’autres expériences de formation des catéchistes que ce qui se pratiquait dans le diocèse, j’avais tout de même décidé de mieux préparer ces rencontres mensuelles avec des thématiques plus axées sur la fonction de caté- chiste. Cette expérience a connu un tel succès qu’à la demande des catéchistes, nous avons commencé des formations en petits groupes de quelques catéchistes avec qui nous débattions de la vie de la paroisse et des défis dans les communautés. En 1998, une autre nomination m’a conduit à la tête d’une zone pastorale : la zone Nyong II. Cette zone était alors composée de cinq paroisses. Avec les confrères de ces paroisses, nous avons initié des congrès au cours desquels nous rassemblions des groupes et des mouvements d’action catholique engagés dans chacune des paroisses. Ma responsabilité a été d’encadrer les catéchistes. Avec l’expérience que j’avais accumulée au fil des années, j’ai commencé les sessions de formation en zone à la place des congrès à tour de rôle dans les paroisses de la zone.