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Chapitre 2. La pratique de compagnonnage et d’autoformation dans un dispositif de

3. Recension des dispositifs de formation en alternance

3.2 Les dispositifs en milieu ecclésial

En élargissant le parcours des dispositifs de formation en milieu ecclésial, nous voyons que, dans l’Église aussi, il a été développé des formations à l’intention des adultes ou des laïcs en responsabilité ecclésiale. Nous retenons dans la suite quelques aspects qui rejoignent le dis- positif de formation en alternance tel que rapporté par Catherine Chevalier (2012) dans sa thèse sur les enjeux théologiques des parcours de formation de laïcs à la responsabilité ec- clésiale. En étudiant la formation des responsables de l’École cathédrale à Paris et l’Institut de théologie pratique de l’Université Catholique de l’Ouest à Angers, elle nous donne une possibilité de voir cette forme particulière d’hybridation et des effets que ces parcours peu- vent produire sur les personnes formées.

3.2.1 La formation des responsables de l’École cathédrale à Paris

Nous avons défini un dispositif de formation comme un tout cohérent, constitué de ressources humaines et matérielles, de stratégies et de modalités particulières qui engagent des acteurs différents, interagissant au sein d’un même contexte, pour atteindre certains objectifs. Dans ce cadre, nous pouvons rencontrer des dispositifs pédagogiques et des dispositifs hybrides

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qui font alterner des lieux d’apprentissage, comme des lieux de réflexion dans et sur sa pra- tique, et des lieux d’enseignement, considérés comme des lieux de réflexion théorique à l’exemple des sessions de formation.

L’École cathédrale de Paris, fondée en 1982 par Monseigneur Lustiger, avait, à son origine, en son sein, quatre familles de formation : la formation de futurs clercs, la formation des responsables, l’Institut de la famille, et la faculté Notre-Dame (Roullet 2008 : 58). D’après Chevalier, même si la formation des responsables (la seule que nous retenons) rentre dans la logique d’une préparation en vue d’une mission ecclésiale, sa visée première est de former « des personnes responsables de leur foi [et capables d’en témoigner], et pas tant de futurs responsables d’un secteur quelconque de la mission ecclésiale au sein des paroisses, des au- môneries ou des services pastoraux » (Chevalier 2012 : 25). Les situations de formation con- juguent une pédagogie interactive autour des situations pastorales et en conformité avec la Bible et la Tradition de l’Église. L’intérêt de ce dispositif réside avant tout dans le dialogue entre l’enseignant et le groupe ainsi que dans les séances communes où les groupes partagent leurs avis et expériences à partir de questions bibliques ou issues de la tradition. Clairement, l’enjeu, ici, réside plus dans une cohérence doctrinale et dans le témoignage qu’instrumente le dispositif de formation. Toutefois, ce constat ne favorise pas l’alternance entre des pra- tiques éprouvées par les personnes en formation et l’encadrement qui est proposé. Ce dispo- sitif permet d’apprendre à connaître la Bible et la Tradition de l’Église pour faire naître chez les personnes formées une expression personnelle de leur foi, première étape avant la forma- tion à l’exercice des responsabilités ecclésiales. Pour terminer, l’auteur questionne la perti- nence de ce dispositif « Jointe à la valorisation de la dimension hiérarchique de l’Église, on peut se demander si une telle structure de la formation fait vraiment droit, comme elle le souhaite, à l’expérience personnelle de la foi » (Chevalier 2012 : 52).

3.2.2 L’Institut de théologie pratique de l’Université Catholique de l’ouest à Angers

L’Institut de théologie pratique, fondé en 2000 au sein de la faculté de théologie de l’Univer- sité Catholique de l’Ouest à Angers, a pour but de former des acteurs pastoraux compétents et engagés. Trois niveaux de formation sont offerts dans cette structure : la formation des animateurs ecclésiaux, celle des responsables au niveau diocésain et enfin, celle des concep- teurs-animateurs ecclésiaux de formation en Église (Chevalier 2012 : 30). Les modules de

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formation proposés tournent autour du principe du « Voir, juger et agir » et les thèmes théo- logiques étudiés sont reliés à ce principe. Les stages constituent des éléments pédagogiques qui confrontent la personne au terrain ou à une pratique. D’ailleurs, le mémoire qui sanc- tionne cette formation est une réflexion théologique développée sur un des aspects de ce stage (Chevalier 2012 : 31). L’avantage de ce type de formation est qu’elle se fait en alternance : alternance entre la formation donnée sous forme d’enseignement et les questions rencontrées pendant le stage qui vient, malheureusement en fin de parcours. Ce dernier élément dénature la situation alternance enseignement-apprentissage ou présence-distance et ne correspond pas à l’alternance telle que nous l’entendons dans cette recherche. D’autre part, l’idéal aurait été que les modules de formation soient organisés en partant des questions des personnes basées sur leur pratique pastorale plutôt que limités aux expériences pratiques réalisées lors des stages.

En conclusion de cette recension et avant de présenter les effets induits par ces dispositifs, nous constatons tout d’abord que cette typologie, qu’elle soit centrée sur l’enseignement ou sur les apprentissages, se démarque des configurations communément en usage aujourd’hui qui, elles, ne cherchent qu’à comprendre la satisfaction qu’apportent les dispositifs mis en place. Dans la perspective de notre recherche, nous voulons analyser les effets que ces dis- positifs de formation induisent sur les personnes formées, sans négliger le fait que ces effets peuvent concerner aussi bien les personnes formées que l’institution qui les promeut.