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Nous avons longuement insisté sur les questions concernant les dispositifs de formation et identifié quelques-uns comme pouvant contribuer utilement à la formation des adultes. En retenant particulièrement le dispositif hybride ou plus précisément le dispositif de formation ouverte et à distance comme le type de formation qui se rapproche de l’orientation de notre pratique de formation, nous allons aborder différents concepts clés. Parmi ceux-ci, nous re- tenons particulièrement les concepts de pratique, de collaboration, d’autonomie, de partici- pation, de relation et de leadership. Nous ne les définirons pas tous à ce niveau de la thèse, mais nous allons simplement situer quelques-uns, notamment celui de pratique et celui de collaboration ou de partenaire que nous jugeons plus malléables, pouvant s’adapter égale- ment aux domaines pastoraux, des sciences de l’éducation ou pédagogiques. Ces concepts étant, comme nous le développerons plus loin, des concepts et non des théories à appliquer nous aideront à clarifier d’autres concepts qui se rattacheront au discours de la théologie pratique sur la formation dans l’Église. Ils constituent à en croire la récurrence de leur utili- sation, des indices dont l’analyse et l’interprétation serviront pour faciliter l’intégration pas- torale et sociale des personnes en formation. Ces concepts et tous les autres aussi intervien- nent et sont impliqués dans la définition et l’évaluation des effets du dispositif de formation chez les catéchistes.

Dans la présente recherche, le concept de pratique est un concept imprécis. En théologie pratique, il fait l’objet de plusieurs considérations, mais il n’existe pas de conception unique ou exhaustive qui le définit concrètement. Cette diversité de considérations rend difficile de mieux cerner son usage. Nous voyons que la pratique pastorale n’est pas le même objet que la pratique d’un métier ou d’une formation. Pourtant, le concept est devenu assez utilisé en

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théologie pour désigner le pouvoir d’action, d’intervention ou d’investissement du savoir théorique (Villepelet 2007 : 122-123).

Marcel Viau est l’un de ceux qui ont essayé de définir le concept de pratique. Selon lui, « la pratique apparaît comme un système d’actions et d’interactions complexes, orienté vers une fin, comportant des relations de coordination et de subordination, réglé par des règles de différents types. Ce système est situé dans un contexte qui l’influence, lui donne signification et est influencé par lui » (Viau 2007 : 238). Cette définition met en relief le fait que la pra- tique est une construction sociale. La pratique est perçue comme une action créatrice orientée vers un but. Elle suppose une réflexion et une décision dans un contexte précis.

Jean-Marc Gauthier (2007 : 121-149), redéfinit le concept de pratique dans son article De la praxis chez les chrétiens ou les pratiques chrétiennes revisitées (praxis ecclésiale, praxis des chrétiens, praxis sociale. Il situe la pratique dans un contexte ecclésial ou chrétien et consi- dère que chaque pratique est au cœur de l’expérience humaine et de la foi chrétienne. Par conséquent, il considère que chaque pratique chrétienne consiste à faire le bien. L’originalité dans ce « faire le bien » ou de « bien faire » est sa visée ou sa finalité qui est de rendre la vie bonne pour tous et chacun (Gauthier 2007 : 138). Dans cette perspective, Denis Villepelet appuie cette approche et la complète en utilisant l’idée de l’investissement. Pour lui, en effet, les pratiques peuvent être définies comme étant « l’exercice d’une action délibérée ou volon- taire qui veut modifier et transformer la réalité dans une certaine direction » (Ville- pelet 2007 : 130).

Comme nous venons de le voir, le concept de pratique met en jeu plusieurs éléments qui concourent à la mise en place d’actions et d’interactions réfléchies, qui permettent d’aboutir à une transformation ou à un changement. Ce concept nous a été utile dans cette recherche, puisque ce sont les pratiques ecclésiales de formation qui nous concernent.

Trop souvent, dans la vie ecclésiale ou pastorale, les activités sont rationalisées autour des concepts de participation et de collaboration. Ces activités ont la double finalité de permettre aux différents acteurs pastoraux de se sentir coresponsables dans la vie pastorale et d’encou- rager leur motivation. Ces deux concepts se retrouvent aussi dans le cadre de dispositifs de formation, lorsque ces deux concepts entrent en jeu lorsque nous parlons de compagnonnage et d’autoformation. À cet effet, l’idée n’est pas d’introduire une distinction entre les acteurs

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de la formation, mais de les engager tous dans la réflexion en vue de mettre en place une autre manière de se former fondée sur les apprentissages et les enseignements. C’est ce qui justifie la mise en place du dispositif de formation visé dans cette recherche. En réalité, les catéchistes sont souvent réduits à n’être que des exécutants. Pourtant, lorsqu’ils ne sont que des exécutants, cela ne favorise pas une formation à la responsabilité, mais à une dépendance. La collaboration et la participation en pastorale permettent non seulement de limiter les rela- tions hiérarchiques, mais aussi de favoriser les engagements, le partenariat et la subsidiarité. Ce sont là d’autres concepts qui interviennent dans la construction de la représentation de la réalité. Ils sont aussi utiles dans le cadre de notre recherche et peuvent être également un outil utile d’analyse des effets du dispositif de formation sur les catéchistes paroissiaux.

Par conséquent, l’orientation de cette recherche est de savoir ce que pensent les personnes interviewées en ce qui concerne les pratiques de formation et les effets d’une formation par- ticulière. Ces concepts de participation, de collaboration et de pratique donnent une possibi- lité d’enrichissement par rapport au modèle proposé par les différentes manières de les com- prendre et d’entrer en interaction avec d’autres concepts.