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Chapitre 1. La formation des catéchistes paroissiaux, entre services baptismaux et

2. Le catéchiste dans l’annonce de l’Évangile au Sud-Cameroun

2.3 La formation des catéchistes à l’exercice des fonctions pastorales aujourd’hui

une place de choix. À en croire les sessions organisées en leur faveur entre 1994 et 1996, le diocèse prenait une option et donnait une orientation pour une formation adaptée des caté- chistes paroissiaux. Cette formation, en suivant l’ordre de sa présentation, intervient ordinai- rement en trois moments ou bien à trois niveaux : une formation initiale avant la nomination, une formation courante qui accompagne la vie et l’action du catéchiste tout au long de son service et une formation sous forme de suivi.

Le premier niveau : l’appel et le choix. C’est le niveau de la formation qui précède la prise de responsabilité. Il est lié aux premiers contacts du candidat catéchiste à l’environnement du travail pastoral du catéchiste. Dans sa phase primaire, le candidat est guidé pendant quelques années par le catéchiste titulaire. Celui-ci l’accompagne dans les activités à mener, dans l’animation des prières et dans la tenue des registres. Dans la phase suivante, des me- sures d’approche permettent parfois à ce dernier de laisser le candidat catéchiste exécuter certaines activités communautaires. Dans ces deux phases, il n’est nullement question d’at-

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tribution de poste ou de compétences à développer, mais d’acceptation de la mission pasto- rale. Il est plutôt question d’entrer dans l’environnement de la fonction pastorale, de faire connaissance et de rencontrer d’autres catéchistes en fonction. Les candidats qui se préparent à ces fonctions, ne sont pas toujours obligés de continuer. Ils sont libres d’arrêter cette pré- paration qui n’engage que leur liberté. De plus, il est nécessaire de reconnaître qu’à ce niveau de préparation, ce sont les catéchistes titulaires et la communauté qui sont responsables de cette première phase de formation. Cette implication de la communauté signifie qu’elle a sa place dans l’appel et le recrutement des catéchistes qui, au terme de leur formation, se met- tront au service des communautés paroissiales, au service des communautés de base (postes), au service de l’Église diocésaine. C’est à cet effet que leur avis est engagé dans le choix et la décision de leur « mise en responsabilité ». Parfois, au mépris de la volonté du candidat au poste de catéchiste, la communauté interrompt son processus ou émet des réserves quant à la moralité du candidat ou aux conditions de son accès aux sacrements. À ce moment, il arrête son cheminement. Au terme de ce premier niveau de formation ou d’initiation au ministère de catéchiste, si le candidat préposé souhaite ou peut continuer sa formation, celle-ci se dé- roulera cette fois au niveau paroissial, après que le catéchiste titulaire ait donné son avis. Cette précision est un gage, non seulement de réussite pour la mission future de la personne, mais aussi du discernement pastoral.

Le second niveau : la formation courante au cours de l’exercice des fonctions pastorales. Il est de coutume d’entendre les catéchistes faire cette réflexion « Le curé m’a nommé à ce poste, mais il y a plusieurs mois qu’il n’est pas passé et qu’il ne prend pas la peine de savoir comment ça marche. Je suis plutôt abandonné à moi-même! » C’est ce type de réflexion que Monseigneur Vogt voulait éviter en son temps, lorsqu’il écrivait à ses missionnaires « Nous sommes, hélas, bien trop peu nombreux pour pouvoir nous occuper convenablement des ca- téchistes placés au loin et je suis désolé […] à la pensée de ces catéchistes abandonnés à eux- mêmes durant non seulement des mois, mais même des années » (Criaud 1990 : 76). Cette remarque, encore d’actualité aujourd’hui, appelle une réaction. Si ce qui est mis en évidence est le manque de personnel suffisant, il y a également cet éloignement et ce sentiment qu’ont les catéchistes de recevoir une mission pour laquelle ils n’ont aucune préparation.

Comme réaction à ce déficit, il leur est proposé encore aujourd’hui une formation paroissiale pareille à celle que donnaient déjà les premiers missionnaires dans leur stratégie et méthode

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pastorales. Nous l’avons dit plus haut, cette formation encadre les catéchistes qui, à leur tour, encadrent la communauté. Leur formation prend ici l’orientation d’une formation utilitaire qui sert à faire passer des informations à la communauté. Il y a là un déficit de formation qui permettrait aux catéchistes d’acquérir des connaissances nouvelles pour les mettre en pra- tique dans l’exercice des fonctions qui leur sont confiées. Il faut dire que dans le diocèse d’Eséka, c’est cette forme de formation qui est appliquée dans toutes les paroisses. Elle a comme avantage de rassembler les catéchistes et comme désavantage de ne pas préparer la personne du catéchiste à l’exercice de ses fonctions pastorales telles que nous les avons ex- plicitées précédemment. Aussi, même si cette formation courante n’est pas suffisamment va- riée, elle a été à la base de nombreuses vocations et a préparé de nombreux candidats à divers sacrements. Cette disponibilité et ces différents engagements de catéchistes ne peuvent pas nous empêcher de poser la question de la qualité d’intervention de ces catéchistes dans la vie communautaire. De plus, nous voyons que malgré leur peu de formation, leur engagement était plus ferme, et se basait sur un témoignage de vie désirable, attirant et crédible.

Le troisième niveau : le suivi et l’accompagnement. La qualité de formation constatée dans les paroisses est à comparer à celle qui se donne en zone. Ici, ce sont des formations qui rassemblent plusieurs catéchistes des différentes paroisses d’une zone pastorale. Elles se dé- roulent sous forme de sessions de deux à trois jours, deux ou trois fois par an. Elles rassem- blent parfois un large auditoire de plusieurs dizaines de catéchistes et portent sur le dévelop- pement humain, sur la Bible, sur la vie des communautés chrétiennes et sur les sacrements ou même des relations pastorales entre catéchistes et avec leurs pasteurs. Dans le diocèse d’Eséka, ces formations sont vivement souhaitées, mais ne s’appliquent pas dans tout le dio- cèse, c’est-à-dire ne se font pas régulièrement, faute de cadre de rassemblement ou de res- sources nécessaires pour les assurer. Toutefois, malgré cette forme complémentaire de for- mation, il reste qu’elle ne prévoit ni évaluation des effets de celle-ci sur le travail pastoral des catéchistes, ni même des modalités d’accompagnement appropriées aux réalités propres aux catéchistes en responsabilité ecclésiale.

Les trois niveaux de formation offerts dans le diocèse d’Eséka et appliqués dans les paroisses et secteurs n’ayant pas de normes d’application et d’orientation diocésaine, nous constatons que chaque paroisse organise selon son bon gré. Ce qui rend ces formations insuffisantes, parfois inadaptées pour permettre aux catéchistes de faire face aux nombreux défis qu’ils

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rencontrent dans l’exercice de leurs fonctions pastorales. La formation en zone, si elle est accompagnée d’un suivi et d’un accompagnement spécifique peut être déterminante dans la mise en œuvre d’une formation permettant une croissance dans la foi et une expérience d’Église à travers son engagement pastoral.