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Chapitre 2. La pratique de compagnonnage et d’autoformation dans un dispositif de

2. Qu’est-ce que le dispositif de formation basé sur une pratique de compagnonnage

2.2 Objectifs et dimensions pratiques du dispositif de formation visé

Le dispositif de formation basé sur une pratique de compagnonnage et d’autoformation a été mis en place en 1998 dans le cadre de la formation des catéchistes paroissiaux. Il a été déve- loppé en 2004 après une formation spécialisée en catéchèse et pastorale suivie à l’Institut Lumen Vitae en Belgique. Les principaux objectifs autour desquels s’organise ce dispositif étaient de proposer aux catéchistes une formation qui privilégie leurs expériences chrétiennes et la découverte de leur participation dans la vie ecclésiale et l’animation des communautés chrétiennes. Nous voulons au terme des formations, que les catéchistes soient capables de découvrir ce que c’est que d’être catéchiste. L’autonomie qui nous est imposée du fait de l’éloignement des communautés impose de leur donner des moyens pour développer leurs capacités à intégrer un projet pastoral paroissial pour être en mesure de se prendre en main et d’intervenir dans des situations pastorales diverses. Cela suppose ainsi qu’ils soient ca- pables d’incarner des pratiques pastorales qu’ils pourront exploiter dans le cadre de leurs responsabilités et dans leur vie personnelle. Le partage des situations pastorales et de pra- tiques, la relecture et l’analyse de leurs fonctions, les travaux de groupe et la formation au management pastoral sont destinés à susciter en eux le désir de découvrir, de chercher et de comprendre. Il s’agit en général de faire entrer les catéchistes dans une dynamique de forma- tion qui alterne une phase plus courte de formation donnée lors d’une session deux fois par an et un vécu quotidien qui confronte les catéchistes aux réalités pastorales et humaines36. Entre chacune des sessions de formation, les formateurs, parmi lesquels le chercheur, initia- teur de ce dispositif, jouent le rôle d’accompagnants, c’est-à-dire de compagnons, et organi- sent la formation en thèmes de débat clôturés par une mise en commun. L’avantage de ce dispositif de formation est de ne pas discriminer les catéchistes entre eux selon leur niveau intellectuel ou leurs cultures religieuses. Tous sont au même niveau et partagent librement

36 Nous reprenons en annexe 6, un plan de formation. Retenons que le déroulement de ces rencontres se faisait

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leurs expériences par petits groupes. Une synthèse de ce travail dans les groupes constitue l’essentiel de ce qui sera partagé lors de la mise en commun.

Au regard de l’expérimentation de ce dispositif de formation, nous (formateurs), percevons que les ressources et les méthodes utilisées ont, dans d’autres dispositifs, produit des effets positifs chez les personnes formées. Qu’en est-il donc du dispositif de formation des caté- chistes paroissiaux basé sur cette pratique de compagnonnage et d’autoformation?

Le dispositif de formation des catéchistes qui fait l’objet de cette recherche se déroule à tour de rôle dans les paroisses de la zone pastorale Nyong II. Deux fois par an, nous nous retrou- vons avec les catéchistes dans l’une d’elles pour une session de quatre jours au cours desquels nous organisons des ateliers de travail et d’échange d’une durée de deux heures chacun. Deux ateliers sont organisés chaque demi-journée de façon à permettre aux catéchistes de s’inscrire à l’un d’entre eux par demi-journée. Des parcours libres sont programmés et proposent des activités visant une expression libre (autoformation) qui développe la capacité d’autonomie des catéchistes. Le catéchiste parcourt chaque atelier assez librement et selon l’intérêt qu’il lui porte ou selon la réponse qu’il peut donner à ses besoins. Après le repas du soir, nous nous retrouvons encore pour écouter quelques expériences d’ailleurs, l’apprentissage de chants ou une conférence. Les conférences, l’apprentissage des chants et le partage d’expé- rience sont, eux, obligatoires parce qu’ils répondent à un besoin d’animation des célébrations en l’absence du prêtre et qu’ils concernent des situations vécues. Ces derniers éléments ont été introduits dans le dispositif pour, d’une part, permettre aux catéchistes de prendre un recul critique par rapport à leurs pratiques, à leurs relations avec la communauté paroissiale et avoir un autre regard sur leur identité de catéchiste. D’autre part, ils auront la possibilité de com- muniquer avec une personne étrangère au dispositif et de poser librement des questions pra- tiques, en relation ou non avec les ateliers suivis.

Vu sous cet angle, nous pouvons comprendre le rôle du catéchiste dans la vie pastorale et même dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Une formation et un accompagnement spé- cifiques deviennent donc une nécessité pour les introduire dans ce cheminement de crois- sance et dans la réalisation des missions qui leur sont confiées. Ces derniers engagent les catéchistes dans l’œuvre de Dieu qui appelle et envoie, même si cet appel et cet envoi passent

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par l’autorité du curé de la paroisse. Les catéchistes, tout comme les ministres ordonnés, participent de la même mission du Christ, prêtre, prophète et roi.

Comment donc devenir compagnon dans l’exercice des activités pastorales? En considérant l’autre comme partenaire, je développe avec lui un itinéraire de co-construction mutuelle. Là encore, une référence biblique interpelle, c’est le récit de l’appel des premiers disciples que Jésus invite à se mettre à sa suite (Mc 1, 16-20; 2, 13-15). Nous y décelons non pas le fait d’être disciple, mais d’une manière d’être qui naît de cette rencontre. C’est la destination commune et non le caractère « suiveur » des disciples dont il est question dans notre ap- proche. Elle montre bien les liens qui peuvent s’instaurer dans la réalisation et la réussite des activités pastorales et aussi une autre qualité de relation qui manifeste l’accueil, la disponi- bilité et la participation responsable de chacun envers tous (Mc 1,29-31). Ces références évangéliques montrent bien qu’il y a un appel indifférencié par rapport aux possibilités de chacun. Dès lors, cet appel qui concerne tous ceux qui ont quelque chose à apporter à la vie ecclésiale, demande à être accompagné, pour confirmer et révéler, dans l’appelé, la présence de Dieu dont a besoin tout acteur pastoral pour lui-même et pour les communautés dont il a la charge.

C’est pour qualifier cet accompagnement des catéchistes paroissiaux dans la zone Nyong II, que j’emploie une pratique de compagnonnage. Le rôle que joue le compagnon dans ce dis- positif n’est pas celui de l’enseignant qui apporte « un tout programmé ». Engagé dans ce dispositif de formation, il est partenaire de l’exercice des fonctions pastorales des catéchistes. Il est superviseur, tuteur, médiateur et guide qui participe à l’animation des sessions de for- mation et aux séances de discussion et de partage, compagnon qui chemine dans la même direction que les personnes en formation. Il clarifie, précise les positions et facilite les débats. En aucun cas il n’exerce de pouvoir à cause de son statut (prêtre, évêque, animateur qualifié ou professeur). Pourtant, tous ces compagnons jouent un rôle important dans le dispositif. Chacun représente un modèle (de rôle) pour les catéchistes avec qui il chemine en tant que curé, aumônier ou animateur.

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