• Aucun résultat trouvé

Sous-section 2 De l’économie informelle à la petite économie

Le concept d’économie informelle, comme nous l’avons vu plus haut, est issu de

11 source : « banque-PME : vers un nouveau dialogue », Actualités bancaires, n°318, 31 janvier 1997 et

« Les nouveaux chefs d’entreprises en 1996 », Agence pour la création d’entreprise (APCE), juillet 1997 (les résultats sont arrondis).

12 « Les nouveaux chefs d’entreprises en 1996 », Agence pour la création d’entreprise (APCE), juillet 1997. 13 « Les nouveaux chefs d’entreprises en 1996 », Agence pour la création d’entreprise (APCE), juillet 1997. 14 Voir notamment le Chapitre 7.

l’observation de la réalité sociale dans les pays pauvres. La recrudescence de phénomènes de précarités dus à l’extension du chômage dans les pays dits développés, et notamment en France, a favorisé l’élargissement du champ d’application de ce concept. Non content de soustraire une grande partie des populations de pays pauvres à la misère, l’économie informelle apparaît maintenant comme un véritable « filet social » qui permet à certaines populations paupérisées des pays développés de ne pas tomber sous le seuil de pauvreté15. La création de très petites entreprises ne semble pas être, de prime abord, un élément constitutif du champ de l’économie informelle. Pourtant si l’on se réfère à l’une des premières définitions de ce champ qui correspond aux quatre spécificités citées plus haut, la création de petites entreprises peut être considérée sinon comme partie prenante de l’économie informelle du moins comme une émanation de réseaux informels. On touche ici une des limites de ce concept à savoir la difficulté de circonscrire son ou ses champ(s) d’application.

En effet qu’est-ce au juste que l’économie informelle ? Pour tenter d’apporter une réponse à cette question, nous pouvons nous interroger sur le contraire de l’économie informelle. Qu’est ce qui caractérise l’économie formelle ? La réponse à cette question nous met en présence de la figure de l’Etat et du rapport à la Loi. Les rapports entre l’Etat et l’économie informelle sont complexes. Il faut, en effet, dépasser l’idée selon laquelle l’économie informelle se situe contre l’Etat. Hernando De Soto16 explique, dans cette logique, que l’informel est là pour briser les rigidités d’une société élitiste (au Pérou en l’occurrence), d’un Etat qui constitue « une barrière contre le développement »17. Ainsi l’économie informelle apparaît comme un retour du marché dans des sociétés où l’Etat édicte des règles au profit d’une élite : « as a survival mechanism in response to

insufficient modern job creation, informal enterprise represents the irruption of real market forces in an economy straitjacketed by state regulation »18. Cependant ce type de

15 Ce « filet social » est bien connu, par exemple, dans des quartiers défavorisés à la périphérie de grandes

villes. L’Etat laisse faire certaines pratiques illégales (travail au noir notamment) qui sont considérées comme un moindre mal. Pour des exemples à Aulnay-sous-Bois voir Thierry Godefroy, 1999. On peut voir également Hélène Hatzfeld, Marc Hatzfeld et Nadja Ringart, 1999.

16 Hernando de Soto, [1986] 1994. 17 Hernando de Soto, [1986] 1994, p.5.

18 Voir Alejandro Portes, 1994, p. 427. « Véritable mécanisme de survie face au manque de création

d’emplois modernes, l’entreprise informelle représente l’apparition des mécanismes réels du marché dans une économie enfermée par les réglementations étatiques ».

définition, s’il correspond à une certaine réalité sociale dans des pays gouvernés par des Etats peu démocratiques, où effectivement le marché apparaît comme un instrument de liberté, n’est pas forcément valable partout. Ainsi en France l’Etat se positionne non seulement comme le garant du fonctionnement de l’économie (par exemple en édictant des normes sur la qualité des produits vendus) mais aussi comme un recours en cas de perte de sa place dans le fonctionnement économique (par maladie, maternité, vieillesse, chômage, etc.). Dans ce cas se soustraire au contrôle étatique c’est aussi renoncer à la protection de l’Etat et tomber dans le domaine de l’arbitraire.

Bien qu’en tenant compte des réserves faites plus haut, il apparaît évident que l’existence d’une économie informelle est liée directement à l’édiction d’une norme par l’Etat, norme qui va être transgressée. Ainsi nous pouvons convenir avec Bernard Lautier que le « rapport à la loi est à la base de la définition de l’économie informelle puisque la forme absente est celle que l’Etat est censé imposer »19. Peut-on réduire l’économie informelle aux activités qui échappent au contrôle de l’Etat ? Dans ce cas il faudrait prendre en considération les activités domestiques qui n’entrent pas dans le champ d’application de la normalisation étatique. De cette restriction découle une nouvelle définition de l’économie informelle: « [the informal economy] is unregulated by the

institutions of society, in a legal and social environment in which similar activities are regulated »20. Pourtant la coupure n’est pas aussi nette que Manuel Castells et Alejandro Portes le laissent entendre.

D’abord parce qu’il existe au sein de l’économie informelle des activités qui n’ont pas d’équivalent dans l’économie officielle. On pense dans un premier temps à l’ensemble des activités illégales : trafic de stupéfiants, vol de voitures. Il ne faut pas oublier non plus les activités qui viennent pallier l’absence de « commerces formels » refusant de s’implanter ou de rester dans certains quartiers du fait de leur mauvaise réputation et des conditions de vie difficiles : coiffeurs, restaurants, garagistes. L’absence de « commerces officiels » conduit à une économie de la débrouille : restaurants ou coiffeurs à domicile, réparation « sauvage » des voitures sur les parkings, etc.

19 Bernard Lautier, 1994, p. 99.

20 Manuel Castells et Alejandro Portes, [1989] 1991, p. 12. « [L’économie informelle] se situe en dehors des

réglementations mises en œuvre par les institutions dans un cadre légal et social au sein duquel des activités similaires sont réglementées ».

La coupure formel/informel est aussi difficile à cerner du fait de la forte interdépendance entre économie formelle et économie informelle. Bon nombre d’entreprises ayant pignon sur rue fonctionnent en partie car elles sous-traitent à des partenaires qui travaillent au noir dans le bâtiment21 ou dans la confection par exemple.

Les pratiques de sous-traitance informelle peuvent être à l’échelle d’une région comme c’est le cas en Emilie-Romagne22.

L’économie informelle est de ce fait très difficile à définir en tant que secteur23 puisqu’elle regroupe un ensemble de secteurs non homogènes, qui, de plus, combinent des aspects formels et informels plus ou moins interdépendants.

La difficulté de circonscrire le champ de l’économie informelle handicape un travail d’investigation au sens où les frontières de l’objet étudié étant mouvantes il faut continuellement les redéfinir. Voilà pourquoi nous faisons le choix de substituer le concept de « petite économie » à celui d’économie informelle. La petite économie, concept sans doute moins riche que celui d’économie informelle, apparaît mieux adapté à notre propos.

Rappelons ici, que nous cherchons à identifier les moyens mis en œuvre, par les personnes vivant un état de marginalisation vis-à-vis du travail, de contourner cet état en créant leur propre activité. La constitution du capital de départ est le fil directeur qui doit nous permettre de dérouler l’historique de la création de l’entreprise afin de faire ressortir les mécanismes de solidarité financière24.

Qu’est-ce que la petite économie ? C’est l’économie des « petits », des petites gens. Ce sont les échanges, les transactions, les flux de marchandises et de monnaie à petite échelle, qu’ils soient considérés comme partie prenante de l’économie formelle ou informelle25. Comment délimiter l’échelle d’analyse ? Il s’agit ici de procéder à un découpage arbitraire, qui correspond néanmoins à un cadre de référence statistique pour

21 Voir Jean-François Laé, 1989.

22 Voir Vittorio Capecchi, [1989] 1991, p. 189 sq. 23 Voir Bernard Lautier, 1994, p. 43.

24 Ce point est abordé en détail dans les chapitres 6 et 7.

25 Il faut néanmoins souligner que les pratiques informelles sont plus fréquentes dans les entreprises de

les entreprises déclarées : les très petites entreprises (de 0 à 9 salariés). Le choix de ce cadre est justifié par notre objet d’étude puisque 97% des entreprises créées en France emploient moins de 5 salariés26. Il nous faut souligner ici que notre travail d’étude ne

prend en considération qu’une faible partie du champ que représente la petite économie. En dehors de la taille cette dernière est caractérisée par une nécessité d’adopter une grille d’analyse qui prenne autant en considération les facteurs économiques que le cadre social dans lequel ils s’inscrivent. La petite économie n’est-elle pas d’abord un prétexte à l’échange ? Est-ce que les Maghrébins qui vendent, place du Pont dans le quartier de la Guillotière à Lyon27, quelques habits éparpillés sur une couverture poursuivent un objectif purement commerçant ? Cette économie de la débrouille bien qu’elle ait comme objet avoué la survie par l’échange fonctionne comme un puissant générateur de cohésion sociale. De même, les systèmes d'échange local (SEL), associations qui organisent des échanges sans recours à la monnaie nationale, utilisent le prétexte de l’échange pour créer du lien et posent la question de l’accès pour tous à l’« argent »28.

Les travaux de Karl Polanyi sont essentiels pour montrer en quoi, à l’instar des économies traditionnelles29, lors des échanges au sein de la petite économie se croisent des préoccupations d’ordre économique encastrées/immergées (embedded)30 dans des rapports sociaux. On touche ici à la distinction polanyienne entre approches formelle et substantive de l’économie. La première considère que l’intérêt est le principe explicatif de l’économie. La seconde en revanche postule que les échanges économiques ne peuvent être extérieurs à leur contexte social31. Cette distinction s’approche peu ou prou de celle entre économie formelle et économie informelle. La première repose sur le formalisme du contrat, la seconde sur les rapports interpersonnels. L’entrecroisement de ces deux notions (à savoir que des pratiques informelles existent partout) est un argument

26 Bertrand Larrera de Morel, 1996. 27 Voir Azouz Begag, 1997. 28 Voir le Chapitre 5.

29 Voir Karl Polanyi et Conrad Arensberg, [1957] 1975.

30 « Immersion » est une traduction du terme embeddedness proposée par Jean-Michel Servet. Pour un

approfondissement de cette notion on peut lire avec profit Jean-Michel Servet, 1993. On peut voir également Marc Granovetter, 1995.

31 Voir Alfredo Salsano, 1998, p. 60 sq. Nous trouvons ici une problématique chère aux tenants du courant

de l’économie solidaire (voir Jean-Louis Laville, 1994). La différence qui peut être faite entre petite économie et économie solidaire est pour l’essentiel une différence d’échelle d’analyse.

supplémentaire pour l’utilisation du concept de petite économie.

La régulation de la petite économie caractérisée, nous le rappelons, par sa taille et l’imbrication de déterminants économiques et sociaux dans l’échange, repose sur des rapports de confiance qui elle-même dépend de rapports de proximité. En effet, l’établissement de relations de proximité, personnalisées, dues à des contacts fréquents favorise la mise en place de liens de confiance.

Parmi les rapports interpersonnels, ceux qui concernent l’argent nécessitent des liens de confiances privilégiés. Si notre objet d’interrogation est le processus d’intégration par un accès à l’auto-emploi, le fil conducteur de l’étude est l’argent. La monnaie, médiateur traditionnel des échanges (elle « est un moyen de communication similaire à la parole, l’écriture ou les poids et mesures »32), est aussi un construit social33 révélant les rapports entre les personnes. Comment constituer un capital de départ ? Quels réseaux faut-il solliciter pour le rassembler ? Les rapports d’argent s’appuient sur les ressorts de la petite économie à savoir la proximité et la confiance, et, en dernière analyse les solidarités34. La création d’une petite entreprise se trouve être, en effet, un catalyseur de solidarités. Nous faisons l’hypothèse que les rapports d’argent, les liens entre créanciers et débiteurs (ce que nous qualifions de liens financiers) matérialisent ces solidarités.

Sous-section 3. La petite économie comme champ d’étude des liens

financiers

De nombreux moyens sont mis en œuvre par les personnes marginalisées pour inverser le processus d’exclusion. Si l’on se réfère à la maison braudélienne35, la petite

économie occupe le rez-de-chaussée, mais également une frange du premier étage. Une très petite entreprise ne peut être considérée comme une activité informelle (indépendamment des caractéristiques objectives allant dans ce sens) si elle est déclarée. Ainsi ce type d’activité ne fait pas véritablement partie de la « civilisation matérielle » car il apparaît au grand jour. Nous ne prétendons pas examiner de manière exhaustive l’ensemble des activités qui composent la petite économie. Même en circonscrivant notre

32 Jean-Michel Servet, 1993, p. 1133.

33 Sur la construction sociale de la monnaie voir les chapitres 2 et 3.

34 Nous étudions les ressorts de la petite économie dans la dernière section de ce chapitre.

35 Rappelons ici que la maison braudélienne comporte trois étages : le rez-de-chaussée ou « civilisation

matérielle », l’étage intermédiaire ou « économie de marché » et l’étage supérieur, le « capitalisme ». Les échanges dans l’étage central sont les seuls à apparaître au grand jour (voir chapitre introductif).

champ d’étude aux liens financiers, le propos serait trop vaste36. Ce n’est donc qu’une mince fraction de la petite économie que nous allons explorer. La difficulté d’accès à l’emploi donne un point de départ pour l’analyse. En effet, considérant le processus d’exclusion comme fortement corrélé avec l’absence d’intégration par le travail, la petite économie peut être abordée à travers les processus de création d’activité formelle37. Ce processus tend à inverser la marginalisation consécutive à la perte d’un travail. Au sein même de ce processus des liens financiers vont se nouer.

La création d’une activité passe souvent un moment ou à un autre par la création d’une petite entreprise. Ce point sera abordé plus loin38. Auparavant il nous faut signaler des voies alternatives. Quand le travail fait défaut (au sens de travail salarié stable39) d’autres forment d’intégration peuvent être explorées. L’activité associative bénévole en est une40. Nous nous sommes concentrés sur l’étude d’une forme très particulière d’association qui entre de plain-pied dans notre domaine d’investigation. Les systèmes d’échange local sont des associations qui ont d’une part la particularité de se positionner dans une contestation de la perspective dominante d’insertion par le travail et d’autre part instrumente la monnaie pour en faire un outil de cohésion sociale41.

La création d’une petite entreprise ne commence pas avec sa déclaration. Elle est le fruit d’un processus qui associe généralement de nombreuses personnes même si le créateur est seul. Certains vont aider à mettre en ordre le local, d’autres prêtent ou donnent du matériel, des fournitures. Les proches peuvent participer à l’activité sans être déclarés (la femme fait la comptabilité, la fille ou le fils tiennent le magasin en l’absence du père). Avant de créer son entreprise le créateur pouvait exercer la même activité au noir, ce qui lui permet de disposer déjà d’une clientèle et de fournisseurs. Des

36 Nous donnons un aperçu des liens financiers au sein de la « civilisation matérielle » dans le Chapitre 2. 37 Nous laissons de côté les activités informelles aux degrés d’illégalité divers (travail au noir, trafic de

stupéfiants, etc.). Notons que les systèmes d’échange local sont des activités formelles puisqu’ils apparaissent le plus souvent sous la forme associative.

38 Ce point est abordé rapidement dans la suite du texte et plus précisément dans la troisième partie de la

thèse.

39 Nous définissons cette « norme » dans le chapitre introductif.

40 Voir la thèse en cours de Cyrille Ferraton sous la direction de Jean-Michel Servet 41 Nous analysons les systèmes d’échange local dans le chapitre suivant.

arrangements sont pris pour échanger des « coups de main » plus ou moins réguliers. Ces multiples éléments, partie prenante de la création d’une entreprise oscillent à la limite de l’économie informelle (voire de l’illégalité). En revanche ils sont clairement identifiés comme constitutifs d’une petite économie. Les rapports interpersonnels tiennent une place prépondérante dans cette économie à petite échelle.

Les prêts d’argent accompagnent la création d’activité42 puis la création d’entreprise. Ils sont le fil conducteur du processus sur lequel nous portons notre attention. Ces prêts témoignent de la solidarité du groupe (familial, ethnique, amical, etc.) vis-à-vis du créateur, de la confiance placée en lui et dans son projet. Les dettes contractées par le créateur sont autant de liens pouvant tout autant être positifs que négatifs. L’étude des rapports d’argent permet de dérouler l’historique de la création d’entreprise et des solidarités afférentes. Dans le cas d’une épargne familiale ou ethnique, le prêt consenti pour la création d’une micro-entreprise n’est par perçu dans une logique d’enrichissement individuel, mais pour rendre service à une personne appartenant au groupe. Le financement de la création d’une petite entreprise, qu’il soit le fait du groupe familial, ethnique ou d’organismes associatifs, s’inscrit pour partie dans des relations réciprocitaires qui dépassent le cadre du formalisme bancaire. L’entraide financière existant entre les membres du groupe est un autre moyen de resserrer les liens entre eux.

Certains réseaux financiers organisent la collecte d’une épargne (qui peut être ethnique avec l’exemple connu des tontines, mais aussi familiale, amicale, etc.)43, permettant le développement de projets locaux (service aux personnes âgées, activité de soutien scolaire, financement de restaurants, de garages, etc.)44. Le financement de la création d’activité/d’entreprise peut prendre de multiples formes : épargne familiale ou communautaire (tontines africaines ou chinoises45), sociétés de capital-risque orientées

vers la création d’entreprise en banlieue (comme le fonds commun de placement Génération banlieue), organisme de finance solidaire46.

42 Nous distinguons « activité » et « entreprise » pour faire la différence dans ce cas précis entre l’informel

et le formel.

43 Voir Seydi Ababacar Dieng, 1998b.

44 Nous ne nous focalisons pas particulièrement sur les flux financiers générés par l’argent du trafic de

stupéfiants que l’on présente souvent comme contribuant largement à la survie économique de certains quartiers.

45 Voir Thierry Pairault, 1995.

Des associations47, souvent en partenariat avec des collectivités locales et/ou des banques, soutiennent largement ces activités de financement solidaire que ce soit par le financement direct, le conseil, la mise en réseaux. C’est le cas par exemple au niveau de la Région Rhône-Alpes de l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE), de l’association Rhône Développement Initiative, de la Fondation France Active (à travers la mise en place de fonds de garantie pour les prêts aux créateurs), des clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne (CIGALE), de la fondation 3CI, de l’association Solidarité Emploi, de la Nouvelle Economie Fraternelle, etc. Toutes ces initiatives solidaires postulent implicitement ou explicitement que l’argent peut faire lien. Ainsi le credo de la Nouvelle Economie Fraternelle est : « Pour que l’argent relie les hommes ».

Nous nous concentrons, plus particulièrement, sur les rapports d’argent, les liens financiers formels à travers l’étude des acteurs et des mécanismes de finance solidaire48.

Le financement de la création d’entreprise dans une optique d’inversion du processus d’exclusion pose la question de la confiance que l’on peut avoir dans le créateur. Celui-ci, par définition, se caractérise par une situation précaire. Comment faire en sorte, dès lors, que les engagements soient tenus ? Nous touchons ici aux ressorts de la petite économie, ressorts révélés d’autant plus nettement que les transactions que nous étudions correspondent à des échanges d’argent. En l’absence d’une garantie réglementaire la confiance intervient comme un élément régulateur des transactions au sein de la petite économie.

Avant d’aborder la grille de lecture polanyienne de la petite économie49 il

convient de justifier la pertinence de son emploi. Il s’agit dès lors de montrer que les rapports en jeu dans ce champ ne sont pas uniquement du domaine d’une recherche rationnelle de l’intérêt individuel. Pour ce faire nous isolons quelques sous-ensembles de

47 Il faut souligner ici l’action considérable du secteur associatif qui retrouve, pour partie, le rôle de moteur

Outline

Documents relatifs