Sa définition conventionnelle

La convention collective des MFR a fait l’objet d’une importante mise à plat dans les années 2000 avant de déboucher sur un nouveau texte signé en 2007. Parmi, les changements impor- tants figurent l’introduction de nouveaux métiers - les cuisiniers ou aides cuisiniers, les surveil- lants de nuit, les animateurs surveillants d’internat -, les grilles salariales des moniteurs ou en- core les principes et les modalités de la formation professionnelle en référence à la loi de mai 2004 instaurant la formation professionnelle tout au long de la vie. La mission d’un moniteur est à la fois personnelle et collective.

- 95 - 1.4.2.1. Une mission personnelle

Le moniteur exerce un métier101 _{spécifique aux maisons familiales rurales, devant lui permettre} d’atteindre les principaux objectifs du mouvement tels que la prise en compte des différents partenaires de la formation, l’accompagnement des personnes, l’unité de la démarche éducative et la mise en œuvre de la pédagogie de l’alternance. Membre d’une équipe et sous la responsa- bilité du directeur, Il exerce une fonction dite globale ne se limitant pas à des tâches parcellaires ni à une fonction stricte d’enseignant. Elle couvre trois missions102 _:

1. La formation : il convient de prévoir, organiser, réaliser et évaluer les plans de formation des différents cycles en équipe. De plus, le moniteur assure des activités d’enseignement dans plu- sieurs disciplines103 _{(conception et conduite de cours, exercices, évaluations…). Il met en œuvre} des activités spécifiques à une pédagogie de l’alternance… Le moniteur peut aussi assurer une activité complémentaire à la formation spécifique à l’établissement (gestion du centre de docu- mentation, du laboratoire de sciences physiques, des plateaux techniques….).

2. L’animation : il est animateur de groupes de formation et animateur d’un réseau de parte- naires. Il accompagne les personnes en formation en dehors des heures d’activités pédagogiques selon des modalités définies par le directeur. Il assure également le lien entre les différents par- tenaires.

3. L’éducation : le moniteur est considéré comme un référent par ses attitudes, son sens des responsabilités et par l’aide personnalisée qu’il peut apporter au public en formation. Il accom- pagne chacun vers la réussite scolaire, professionnelle et sociale. En outre, Il met en œuvre des activités complémentaires à la formation (semaines spécialisées, voyages d’études, séjours lin- guistiques, ouverture culturelle…). Dans la pratique, la deuxième mission oriente et conditionne les deux autres. Dans le métier de moniteur, comme dans tous les métiers de la formation et plus largement de gestions des relations humaines, l’animation constitue une activité centrale (D. FAULX, 2008, p. 95).

101 _{Le terme provient des termes latins « ministerium » et « mystérium »signifiant serviteur (minister) de Dieu, qui renou-}

velle le mystère (mysterium) du Christ (in www.cntrl.fr consulté le 31 juillet 2012). Il est ici pris dans une acception générale « on appelle métier l’ensemble de toutes les activités concourant à un but commun et regroupés selon les caractéristiques communes qu’elles présentent» (C. FLÜCK & C. LE BRUN, 1992, p. 18). Tout métier comporte une somme de connaissances, de savoir-faire spécifiques et de savoir être professionnels qui se maîtrisent progressivement de sorte qu’un acteur peut être au regard d’un métier débutant, professionnel, expert… De plus, le nom d’un métier porte et exprime la culture de l’entreprise, du secteur professionnel. Un métier est à considérer comme une construction humaine évoluant selon l’histoire des arts, des sciences et des techniques avec un système « d’interrelations entre l’œuvre, l’action humaine et le travail social » (F. DANVERS, 2003, p. 387).

102 _{In convention collective des MFR, 2007, p. 19.}

103 _{Il s’agit d’un choix institutionnel visant à éviter une spécialisation des moniteurs et à limiter le nombre de moniteurs}

intervenant auprès d’un groupe classe donné. Il est plus difficile à mettre en œuvre pour les formations relevant du minis- tère de l’Education Nationale car ce dernier tend à limiter les autorisations d’enseigner à une discipline ou à un champ disciplinaire (mathématiques et sciences physiques par exemple). Cette approche est développée dans une moindre me- sure par d’autres familles de l’enseignement agricole. Ainsi, un tiers des professeurs de lycées professionnels agricoles enseignent deux disciplines et douze pour cent d’entre d’eux trois ou quatre (J-F. MARCEL & al., 2013, p. 24).

- 96 - 1.4.2.2. Une mission collective

Comme le souligne fortement la mission personnelle, le métier de moniteur s’exerce en équipe. En effet, chacune des trois missions sert un projet d’éducation et pédagogique pensé et élaboré par un collectif. Chacune d’elles se traduit par des tâches et des activités très rarement réalisées par un seul acteur. De plus, la mission et la responsabilité éducatives sont partagées par tous les salariés quels que soient leurs métiers.

Tout en définissant et en caractérisant le métier, la convention collective précise les intentions. Elle rappelle au salarié les orientations du mouvement comme la responsabilité des parents, la volonté d’agir sur un territoire, ou encore l’approche éducative globale104_{. Elle lui rappelle éga-} lement sa contribution à la mise en œuvre du projet et lui propose quelques postures profes- sionnelles : « être un référent par ses attitudes, son sens des responsabilités et par l’aide person-

nalisée… accompagner chacun vers la réussite scolaire, professionnelle et sociale en étant atten- tif aux difficultés des uns et des autres, mettre en œuvre des activités complémentaires à la for- mation (semaines spécialisées, voyages d’études, ouverture culturelle… qui favorisent la prise de responsabilité et l’engagement des personnes en formation »105_{. En revanche, le texte privilé-} giant une entrée par les tâches et les activités, n’expose pas les compétences attendues ou à développer pour exercer le métier de moniteur. Il précise cependant que les MFR sont sou- cieuses de « permettre à chaque salarié d’assumer pleinement ses fonctions, de l’accompagner

au mieux des possibilités dans son parcours professionnel ».