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DE L’OBJET FRONTIERE

3. LE REFERENTIEL PERSONNEL : UN OBJET A CONSTRUIRE

3.4. De quoi se compose-t-il ?

3.4.5. Une première modélisation

Le cheminement suivi pour penser et expliciter la composition du référentiel personnel repose sur un jeu de questions renvoyant chacune à des conceptualisations contribuant à sa consistance et dont le tableau ci-dessous propose une synthèse. Chaque question, que peut se poser un su- jet, représente un levier pour saisir un ou des référents et repérer les outils conceptuels concou- rant à leur appréhension et/ou à leur mobilisation.

Questions support Conceptualisations mobilisées Comment je me rends présent, comment je

combine passé et avenir ? ce que je suis ? ce que je ressens ? ce que je souhaite faire ? ce

que l’on me propose de faire ?

invariant du sujet – représentations – expérience - projet - professionnalité - activité construc-

trice/productive… Ce à quoi je me fie, ce que je sais, ce que je

crois ?

convictions - savoirs disciplinaires – savoirs pro- fessionnels : pédagogiques, d’action… Ce dans quoi je suis ? situation – contexte – institution – environne-

ment… Ce que je fais, ce que je devrais faire, ce qu’il

y a à faire ?

tâche - activité/action – activité produc- trice/constructive…

Tableau 10 – Questionnement pour appréhender un référentiel personnel

En définitive, pour agir et/ou comprendre sur, hors et dans l’action, le sujet se construit et mobi- lise un référentiel personnel composé de quatre registres en interaction. La schématisation ci- dessous met sur un premier axe nommé A – l’identité professionnelle - les registres correspon- dant à ce qu’est le sujet, ce qu’il veut devenir et à ce qu’il sait. Le second axe B s’intitule l’agir professionnel et porte les registres relatifs à ce qu’il y a à faire, à ce qui est fait ou devrait être fait dans un contexte donné.

J’ai choisi intuitivement le terme de registres pour nommer les catégories de référents et pour les classer. Un rapide examen de son sens et son étymologie tendent à confirmer cette appella- tion. Au départ, le registre est le livre où l’on écrit, où l’on consigne régulièrement quelque chose. Le registre peut avoir un caractère privé - un cahier, un carnet, un calepin – ou public des- tiné « à répertorier des faits, des noms ou des chiffres dont on désire garder le souvenir ou attes-

ter l’exactitude ». L’information répertoriée n’est pas forcément volumineuse mais la sauvegarde

de sa trace et son exactitude sont capitales. Parmi les nombreux emplois du terme, celui usité récemment dans le champ de l’informatique peut s’adapter à mon contexte. Dans ce cas, le re- gistre est une « mémoire ou partie de mémoire… jouant un rôle particulier dans le fonctionne- ment de l’ordinateur et/ou le déroulement du programme ». Métaphoriquement, chaque re- gistre du référentiel personnel comporte une ou plusieurs zones de ressources - les référents - générées puis alimentées par les processus réflexifs. De même, l’information qu’ils renferment oriente et influence les processus réflexifs.

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Figure 5 – Première modélisation d’un référentiel personnel

En outre, les registres peuvent véhiculer différentes catégories d’informations. Le référent peut exprimer une intention, un but, une posture, un critère - de réussite ou de réalisation -, une condition - de réussite ou de réalisation -, un savoir, le point de vue ou une façon de faire d’autrui.

Cette première investigation, menée au début du processus de recherche, comporte plusieurs points communs avec un travail découvert plus récemment de V. DEGOT (1990). Questionnant l’émergence du terme de professionnel dans la gestion et le management des entreprises, il cherche à le caractériser en général et dans l’action en particulier. A l’aide d’observations empi- riques et de nombreux entretiens conduits auprès de cadres et de responsables d’entreprises, il considère qu’un professionnel agit en recherchant l’adéquation entre son projet personnel et la mission que lui confie l’entreprise. Pour cela, il doit se maîtriser, mais aussi maîtriser l’organisation, autrui et la situation dans laquelle il agit. La perception et l’exploitation des signes émergeant de ces quatre domaines nécessitent que le professionnel transporte avec lui « un

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dans la mesure où ses éléments sont définis de manière générative » (ibid., p. 81). Ce cadre per-

met, d’une part, l’expression d’une distance entre le professionnel et le monde réel. D’autre part, le professionnel l’utilise pour trouver la bonne distance pour apprécier tous les signes sur lesquels est basée l’action et pour agir. Cette capacité se développe avec le temps et permet au professionnel de savoir « avec une rapidité réflexe… s’il doit adapter sa perception et son action

dans les différentes situations ». Ainsi, le professionnel transporte le référentiel de situation en

situation qui constitue vis-à-vis de lui un point fixe (ibid., p. 83). En cela, il peut être qualifié de mon point de vue et comme dans la recherche, de référentiel personnel. Enfin, V. DEGOT précise l’usage des signes. Il estime que le professionnel doit savoir les accueillir et les reconnaître avant de sélectionner ceux qui constituent des indicateurs d’actions possibles. Cependant, le signe prend sens et indique la possibilité d’actions à condition qu’il soit référé à une catégorie ren- voyant elle-même à « une théorie », à un référent théorique. Cette précision rejoint la notion de référence et les fonctions du référentiel personnel développées dans la section suivante.