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INTRODUCTION PARTIELLE

DANS LE MILIEU SOCIO-PROFESSIONNEL PRE-EXPLORATION

1.3.4. Regards extérieurs : le point de vue de deux autorités rectorales

Jusque-là la présentation du dispositif des MFR repose sur une lecture personnelle. Solliciter le regard extérieur contribue à relativiser, à nuancer ou à renforcer la lecture opérée et participe à une nécessaire mise à distance. Dans cette intention, j’ai choisi de réaliser un entretien semi- directif avec deux acteurs régionaux représentant l’autorité rectorale des ministères de l’Agriculture et de l’Education nationale :

 Le Chef du Service Régional Formation et Développement (SRFD) de la Direction Ré- gionale de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt (DRAAF) Rhône-Alpes ; poste qu’il occupe depuis six ans au moment de l’entretien,

 Une inspectrice de l’Education Nationale qui coordonne depuis trois ans, lors de l’entretien, le Service Académique de l’Inspection d’Apprentissage (SAIA) du rectorat de l’académie de Lyon.

L’entretien a donc pour objectif de recueillir un regard extérieur sur ce que sont les MFR, ce qu’est, pour eux le dispositif de formation qu’elle propose. Il s’établit à l’aide d’un questionne- ment support :

 comment définiriez-vous l’institution des MFR ?

 comment définiriez-vous le dispositif de formation qu’elle développe ?

 pour vous, quel rôle jouent-elles dans le système éducatif en général et dans la voie pro- fessionnelle en particulier ?

 de par votre fonction, quel regard portez-vous sur les MFR ?

Le traitement des deux entretiens repère les données qui contribuent à définir et à caractériser le dispositif des MFR. Regards sur Inspectrice S.A.I.A Rectorat de Lyon Chef de service SRFD DRAAF Rhône Alpes

Ce qu’est l’institution

des MFR

Plusieurs facettes :

 certaines que l’on connaît moins (les formations agricoles par exemple).

 un gros CFA avec des antennes bien implantées et une gamme impor- tante de métiers donc une offre très complète.

 L’indépendance de chaque maison.

 Un système associatif méconnu.

Les MFR sont une réponse possible mais ce n’est pas la seule réponse :

 pour des jeunes dont nous pensons que le système des MFR est adapté,

 pour des jeunes qui apprécieront les dé- marches inductives que vous développez. Un système dont nous reconnaissons toute la place en matière d’insertion des jeunes :

 une famille d’enseignement parmi les quatre que compte la région.

 une famille avec laquelle nos relations, notre façon de travailler sont différentes car avec un réseau très fort, très maillé, porteurs de valeurs précises comme le respect, la mutua- lisation (valeurs pas suffisamment mises en avant).

- 91 - Regards sur Inspectrice S.A.I.A Rectorat de Lyon Chef de service SRFD DRAAF Rhône Alpes C’est un monde accueillant mais :

- hermétique qui s’auto régule, - peu/pas lisible de l’extérieur.

Un système soit que l’on embrasse entièrement soit que l’on rejette (pour les élèves comme pour les salariés).

Ses inten- tions, ses objectifs

Les MFR permettent à des jeunes, par- fois, en difficulté :

 de réaliser un parcours de réussite, un parcours individualisé, spéci- fique,

 d’apprécier leur capacité à réussir, de s’orienter (dans et hors du ré- seau).

Un dispositif qui vise le développement personnel des jeunes :

 mais ne sait pas dire comment,

 un apprenant qui entre dans le système n’en ressort pas en général car il ne trouvera pas le même modèle ailleurs,

Un système très ouvert, ouvert sur la vie :

 avec un fonctionnement particulier,

 qui crée et recherche l’ouverture,

 qui souhaite vivement se développer au-delà parfois des règles établies.

Ses moyens

Une capacité à individualiser les forma- tions.

Des formateurs capables, formés :

 pour s’adapter à chaque cas de jeunes,

 en général bien informés, des textes réglementaires, soucieux de les adapter au système de l’alternance,

 qui apprécient l’échange avec les autres enseignants et qui ont des apports constructifs.

Un système qui :

 est construit sur les mêmes bases que les autres en termes de contenus, d’objectifs professionnels…

 par l’alternance développe un rythme diffé- rent (l’alternance est une modalité pédago- gique qui intègre des temps de pratique, des temps de terrain),

 qui donne aux maîtres de stage et encore plus aux maîtres d’apprentissage une res- ponsabilité pédagogique.

Des structures qui communiquent : volonté d’être repéré sur le territoire, d’informer sur les actions réalisées (peut-être parfois avec une connotation trop commerciale)

Une réponse globale pour les jeunes : une forma- tion, une maison (un environnement éducatif), un esprit de famille et de quoi s’en sortir dans la vie. Des enseignants, considérés comme, différents (mais sans que l’interviewé les connaisse)

Ses savoir- faire

Le travail, le savoir-faire :

 avec les jeunes apprentis (CAP) et les pré-apprentis,

 en matière d’individualisation des parcours (par rapport à d’autres CFA),

 d’accompagnement individualisé. La rigueur, la réactivité, le dynamisme et l’intérêt pour les objets de travail propo- sés, les chantiers en cours,

Un système qui :

 a prouvé son efficience en termes de résul- tats aux examens et d’insertion,

 témoigne de sa volonté de bien faire,

 forme des jeunes ouverts, engagés, adap- tables, réactifs.

Mots-clés

Réussite – Individualisation — Accompa- gnement

Reconnaissance – Réponse spécifique et globale - Construction de la personne – Ouverture - Réseau fort, peu lisible

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Il ne s’agit pas de généraliser ces deux regards qui, assez logiquement, sont différents de par les parcours personnel et professionnel des acteurs interviewés, de par aussi le partenariat passé et actuel qui lie l’autorité académique représentée et l’institution des MFR au plan régional. Le point de vue sur la mission et l’action est globalement très positif. Les deux entretiens mettent en évidence les atouts, les spécificités et une reconnaissance des valeurs pédagogique et éduca- tive. Le propos est en adéquation avec les ambitions et les objectifs du projet des MFR : la réus- site, le développement de la personne, l’accompagnement individualisé, l’ouverture… Il apparaît cependant surévaluer sur le point de l’individualisation des parcours. Outre le fait que le projet national ne mentionne pas cette intention, les pratiques développées s’inscrivent davantage dans des démarches de personnalisation de parcours dans le cadre d’une conduite collective de groupes-classes.

A contrario, les deux acteurs ne retiennent pas ou peu de points faibles, de points de vigilance. Les deux entretiens montrent une méconnaissance des organisations et des modalités pédago- giques et éducatives de l’institution. L’un des deux, tout en donnant un des fondements (un sys- tème ouvert sur la vie), insiste sur le manque de lisibilité du système, sur sa méconnaissance des formateurs : comment sont-ils recrutés ? Pourquoi ont-ils choisi ce métier ? Sont-ils formés ? Comment ? Cette méconnaissance invite à relativiser le regard. L’image renvoyée est très posi- tive mais les deux autorités rectorales ont peu de repères sur les conceptions et les mises en œuvre pédagogiques, sur les fondements de l’alternance et sur les moyens mobilisés. L’image repose aussi sur une certaine notoriété « un réseau très fort » pour l’un et « un a priori positif

pour ce qui émane des MFR » pour l’autre.

Enfin, ils identifient le métier de formateur, ses spécificités, ses différences par comparaison à un enseignant de lycée, comme un des moyens clés. L’un connaît le dispositif de professionnalisa- tion et a eu l’occasion de travailler avec quelques formateurs dans le cadre de journées pédago- giques ; l’autre reconnaît qu’il a peu ou pas d’informations. Il pense cependant qu’ils sont diffé- rents et que comme les jeunes ils doivent s’engager et « soit embrasser le système à 100 % soit

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