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Cette recherche, réalisée auprès de la population haïtienne de Montréal et de Brooklyn, peut avoir plusieurs retombées lorsqu’on sait que ces deux villes font partie des plus importantes en Amérique du Nord où l’on trouve le plus d’immigrants haïtiens (Immigration et Communautés culturelles Québec, 2010 ; Center for the Study of Brooklyn, 2010a ; Statistique Canada, 2010). Eu égard aux rapports qu’entretient cette communauté ethnique avec les autres immigrants haïtiens qui s’établissent dans les autres villes nord-américaines et avec Haïti, ce travail pourra constituer un point de référence à d’importants changements qui pourront être favorables aux trois pays concernés à savoir le Canada, les États-Unis et Haïti. De façon plus large, la communauté des futurs chercheurs de l’humanité en général pourra tirer beaucoup de profit de cette recherche dont la problématique met en rapport deux pays du Nord et un pays du Sud.

Cette recherche est susceptible de gagner en importance à s’en tenir à l’approche intégrée prônée par l’ONU en vue de la réalisation des objectifs de développement durable après 2015 (Institut international du développement durable, 2014).

5.8.1 Sur le plan sociopolitique

La réalisation d’une telle thèse pourra attirer davantage l’attention sur l’ampleur du décrochage scolaire au sein de la population privilégiée : les immigrants haïtiens de première génération au Québec et à New York. Elle pourra permettre aux acteurs de la société civile et aux décideurs politiques directement et indirectement concernés par cette question, tels que les parents d’élèves, les professeurs, les dirigeants d’école, les dirigeants de l’État et les institutions socioprofessionnelles des deux pays d’accueil (les États-Unis d’Amérique et le Canada) et celles du pays d’origine (Haïti), de mieux appréhender ce problème et d’effectuer les interventions nécessaires sur le plan des mesures préventives et correctives de nature à le réduire significativement.

Du côté des deux pays d’accueil, ces mesures pourront se traduire en des programmes d’encadrement socioéducatifs pour rendre le milieu scolaire plus sociable, plus attrayant et plus susceptible de contribuer à l’intégration et à la persévérance scolaire des nouveaux arrivants haïtiens, jeunes et jeunes adultes, jusqu'à l’obtention de leur diplôme de fin d’études secondaires ou son équivalent. En outre, ces dispositions pourront prendre la forme de programmes de sensibilisation sur l’importance de l’école et de la qualification dans les sociétés contemporaines, en Amérique du Nord en particulier, en ce début du 21e siècle.

Ces programmes en question devraient contenir un aspect d’éducation civique qui consistera en l’information et en la conscientisation des nouveaux arrivants concernés sur l’importance de leur réussite socioéconomique pour le pays dans lequel ils évoluent. On devra, en d’autres termes, vulgariser les informations sur le coût de l’abandon scolaire sur le plan social et par rapport à l’obstacle que représente le manque de qualification dans leur future recherche d’emploi, compte tenu des défis du marché du travail comme l’ont souligné Sauvé et al. (2006). Des mesures qui pourront également épouser la forme de changements à apporter dans les programmes des écoles dans le sens d’une éducation interculturelle qui favorise la diversité culturelle.

D’autre part, les résultats de cette recherche pourront tenir lieu de point de départ de propositions susceptibles de porter les dirigeants politiques des États-Unis et du Canada

à colmater une lacune majeure évoquée par les participants de cette recherche et par plusieurs chercheurs de notre revue de littérature (D'amours, 2010 ; Suarez- Orozco et al., 2008). Il s’agit précisément de l’élaboration et de la mise en œuvre de programmes nationaux d’aide et d’encadrement des immigrants qui arrivent au pays d’accueil au beau milieu de leur cycle d’études secondaires ou qui veulent poursuivre leurs études au secteur d’éducation des adultes. De telles initiatives politiques pourront entrainer la diminution du problème de mauvais classement et des retards enregistrés dans les programmes d’études qui conduisent parfois beaucoup d’élèves immigrants haïtiens de première génération au découragement et au décrochage scolaire.

S’il est clair que certaines dispositions correspondant à la politique migratoire et des mesures adoptées par certains gouvernements locaux peuvent être défavorables aux nouveaux arrivants, comme l’ont souligné Wilibrord et Van Zenderen (2009) dans leurs recherches sur la réussite socioéconomique des immigrants en Hollande, il est tout aussi fondamental de noter toute l’importance de la mise en place de programmes d’aide économique, sociale et culturelle de la part des autorités étatiques d’accueil en faveur des immigrants de première génération pour leur assurer d’un bon démarrage. Une proposition qui, d’ailleurs, a été figurée dans la liste des souhaits des participants de notre recherche, plus précisément au quatrième chapitre, celui des résultats.

Du côté des responsables politiques haïtiens, ils pourront à partir des conclusions de cette recherche insérer dans le programme des cycles primaire et secondaire en Haïti des cours sur le multiculturalisme, sur la vie en contexte minoritaire, en guise de préparation à tout éventuel déplacement vers l’étranger des Haïtiens à titre de visiteurs, de résidents temporaires ou permanents.

Aussi, les résultats de cette recherche pourront inspirer les dirigeants des organisations internationales, par exemple l’ONU, qui œuvrent dans le domaine du développement dans leurs initiatives en vue d’améliorer les conditions de vie sur la planète. La persévérance et la réussite scolaire des immigrants haïtiens de première génération au Québec et à New York rejoignent la quatrième des propositions d’Objectifs de développement durable faites par l’ONU qui consiste à « fournir une éducation de qualité, inclusive et équitable, et des possibilités d’apprentissage continu pour tous » (Institut international du développement durable, 2014).