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5.3 De la hiérarchie des facteurs dans la recherche

5.3.1 Les entrevues de Montréal

Dans le cas du Prinsa, le capital économique regroupe les principaux facteurs de son décrochage scolaire. Il est vrai que sa mère adoptive qui l’avait fait émigrer n’avait pas le niveau académique nécessaire pour l’aider, entre autres, dans ses devoirs, elle n’avait pas non plus un bon réseau social qui aurait pu pallier ses déficits en tant que parent, il allait sans dire que l’enseignante de cette participante n’avait pas pu établir un climat de confiance entre elles lorsque le besoin se faisait sentir. Les difficultés économiques sont toutefois demeurées les principaux facteurs du décrochage scolaire de Prinsa. L’obligation de travailler pour satisfaire ses besoins fondamentaux et les problèmes liés à la conciliation école- travail à la suite de son mariage et aux contraintes subséquentes, représentent les facteurs les plus importants de son départ prématuré du milieu scolaire. La situation de Derly est un peu similaire à celle de Prinsa. Ce sont également les problèmes économiques qui l’avaient poussé à quitter l’école temporairement. Outre le capital économique, Derly a aussi fait mention d’autres thèmes dans son processus de décrochage scolaire, notamment le désengagement et le manque de temps de son frère pour l’aider dans ses devoirs scolaires et sur le plan de la connaissance de la culture et des institutions du pays. Cependant, l’urgence de se trouver, tant soit peu, un emploi pour satisfaire ses besoins et ceux de sa mère malade représente la principale raison pour laquelle il avait décroché.

Pour sa part, Ted avait considéré comme une perte de temps l’obligation de se rendre tous les jours à l’école. Il nourrissait pendant longtemps l’idée de quitter l’école afin de se diriger vers le marché du travail tout en ayant été encore adolescent. Il a aussi mentionné et critiqué, entre autres, dans son témoignage, le manque de contrôle et de responsabilité de son père en ce concerne sa vie scolaire, son refus du réseau social de celui-ci. Mais les problèmes liés à l’encadrement institutionnel, plus précisément à l’incompétence de son enseignant à travailler dans un contexte interculturel, constituent le facteur le plus important de son décrochage scolaire. Le fait de son enseignant de le traiter de tête de cochon, suite à un retard en classe, avait précipité son décrochage scolaire de façon assez spectaculaire.

Carl est le seul des participants de la recherche qui n’a pas fait mention des facteurs associés au capital économique, même à titre subsidiaire, dans sa dynamique d’abandon scolaire. Même quand le manque de niveau académique de sa mère, le manque de contrôle et de responsabilité de celle-ci, la faiblesse de son réseau d’amis ont fait défaut à la persévérance scolaire de Carl, l’incapacité de son enseignant à maitriser sa salle de classe en toute circonstance est fondamentalement à la base de son décrochage scolaire. Son abandon scolaire survenait après s’être fait intimider en classe par ses camarades de façon chronique.

Si son intimidation s’étendait sur plusieurs années de son cycle d’études secondaires, c’était surtout en secondaire cinq que cette situation avait empiré. Son enseignant n’avait pu jamais se prévaloir de son autorité pour freiner cette dérive dans cette dernière classe de secondaire du participant qui était quand même, selon lui, trop nombreuse. Il sévèrement a critiqué son enseignant de son manque de responsabilité. Celui-ci n’avait jamais rien fait pour détecter les comportements reprochables, par exemple l’intimidation, des élèves dont il avait la charge.

À la manière de Carl qui n’a pas du tout mentionné les facteurs relatifs au capital économique dans son entretien, Ken est le seul participant qui n’a pas fait allusion au capital culturel dans son témoignage. Plusieurs facteurs sont à considérer dans les décisions d’abandon scolaires de ce participant, notamment sa mauvaise influence sur les pairs et par les pairs, l’incapacité de son enseignant à le contrôler en classe lorsqu’il perturbait et intimidait les autres élèves. Toutefois, le décrochage scolaire de Ken doit être principalement compris à partir de sa motivation personnelle d’aller travailler afin de satisfaire ses folies de jeunesse, pour pouvoir s’acheter des vêtements de grandes marques.

Comme il est le cas pour plusieurs autres participants, le témoignage de Simon concerne les cinq grandes rubriques de la recherche relativement au processus de son décrochage scolaire. Mais le mauvais classement qui est un sous-thème lié a à la rubrique d’encadrement institutionnel, constitue le plus important facteur de son départ prématuré du milieu scolaire. Aussi, vu que ses parents ne pouvaient pas l’aider convenablement dans ses besoins, il devait en conséquence se chercher un emploi dans le meilleur délai possible.

Sachant qu’il a déclaré avoir été déclassé, Simon n’avait pas vraiment besoin d’aide familiale pour ses devoirs, même ses enseignants le félicitaient de son niveau de compréhension en classe. Néanmoins, il a attribué en grande partie les facteurs de son mauvais classement à la faiblesse de sa famille d’accueil en termes de capital culturel. Celle-ci ne pouvait pas l’informer à son arrivée des astuces du test de classement. Il a également affirmé qu’il aurait un meilleur classement si ses parents avaient eu un bon réseau social pour le conseiller au début.

La dernière participante de Montréal, Sentia, n’est pas passée par quatre chemins pour mettre en évidence les difficultés économiques comme étant le principal mobile de sa résolution de s’éloigner temporairement du milieu scolaire peu après son inscription au secteur des adultes à Montréal au début de sa migration. Elle a fait mention dans son entretien de plusieurs autres facteurs démotivants, parmi lesquels le manque de renseignements sur la culture d’accueil et les institutions de la province de Québec et le mauvais classement en mathématiques, dans sa dynamique d’abandon scolaire.

Sentia désigne la seule de nos participantes et participants à avoir immigré avec un enfant dont elle a la responsabilité. Considérant qu’elle avait voulu, à tout prix, se trouver un emploi à l’effet de retrouver son autonomie financière, vu aussi que la conciliation écolé- travail a été pour elle un mariage difficile à consommer, le décrochage scolaire s’était présenté à elle comme une décision inévitable.