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110 Vers 1827, ils sont repoussés de cette zone par les éleveurs des campos dociles, sont catéchisées par les Jésuites et utilisées dans les fazendas D’autres tribus sont détruites 2 Des tribus, plus ou moins

par les incursions bandeirantes3 et finalement la population indienne est réduite à 14 000 personnes en

1801, pour chuter seulement à 377 en 1835. Les indiens se regroupent dans quelques centres et vivent « en marge des blancs, reculant à mesure que la colonisation avançait » (ROCHE, 1959b). Les indiens disparaissent petit à petit et n’intègrent que très peu la culture Riograndense actuelle. Aujourd’hui, quelques groupes de Kaingang4 occupent des espaces ruraux, dont certains sont affectés par des

barrages. L’émergence de la population gaúcha est concomitante avec la disparition des indiens. Les gaúchos originels, métis de blancs et d’indiens Guaicurus, sont remplacés par l’image du gaúcho : homme à cheval, éleveur, habitant la prairie et d’origine lusitanienne. Il occupe les vastes plaines du sud du Rio Grande do Sul. Leur constitution est elle-même issue des trois phases d’arrivées portugaises :

• Les lagunistes (proche de la lagune du RS) : outre les expéditions bandeirantes, les premiers habitants du Sud du Brésil sont issus d’une extension de la capitainerie de São Paulo. Ils s’installent en 1684, à l’extrémité de la baie du Santa Catarina. De cette base se lancent les premières expéditions de reconnaissance. On recherche d’abord des routes pour la circulation du bétail avant d’envisager de s’y installer grâce aux premières sesmarias5. Les premières

occupations de terre sont à Viamão, proche de l’actuel Porto Alegre/RS, et ancienne capitale de l’état (1763-1773).

• Les açoriens  : Voulant renforcer ses positions face à l’Argentine, la couronne portugaise prévoit l’occupation des terres du sud. Les premiers açoriens arrivent en 1747 aux environs de Rio Grande (sud de l’état) et de Viamão. L’administration portugaise dirige les populations le long de la vallée du Rio Jacuí, jusqu’à Rio Pardo/RS où ils s’établissent plus durablement. • Les miliciens : Pour accentuer la colonisation, les gouverneurs octroient des terres aux officiers

et soldats à la retraite, venant le plus souvent de São Paulo ou du Minas Gerais. C’est entre 1777 et 1800 que naissent une succession de petites bourgades accueillant les nouveaux occupants des plaines. Ces centres ont une fonction stratégique. Parallèlement, les espaces inhabités sont très lents à se combler. On attribue et cède des terres autour des centres régionaux, tentant ainsi d’occuper le plus possible les espaces ruraux. Mais l’occupation est très lâche, ainsi de grands espaces sont découpés en peu de propriétés. La dernière région occupée est la région frontalière avec l’Uruguay, formée par les centres de Bagé/RS et de São Gabriel/RS.

Après les premières occupations de la campagne gaúcha naît l’identité Riograndenses qui se développe ensuite dans tout l’état. « C’est le gaúcho qui a donné au Rio Grande do Sul sont originalité première. » (ROCHE, 1959b). En 1822, il y a un peu plus de 100 000 habitants dans l’état, mais l'occupation encore clairsemé. La population se répartit à 90 % sous la vallée du Jacuí. La partie nord est occupée par quelques dizaines de milliers d’habitants, dont 6 750 dans les missions et le reste autour de Vacaria/RS6. Comme l’explique Jean Roche, la colonisation portugaise s’installe

au plus près des ressources naturelles et s’arrête à la lisière de la forêt atlantique, c’est-à-dire au pied du plateau de la Serra Geral. La région est délaissée par les riograndenses et les habitants du

2. Traduction : plaines, les campos sont les grandes plaines du sud du RS.

3. Incursion de portugais à l’intérieur du pays, venant du littoral et utilisant les grands fleuves. Elles avaient pour objectifs la recherche de minerai ou la capture d’indiens pour les réduire en esclavage.

4. On dit aussi Caingangues, ce qui veut dire habitant. C’est un groupe originaire du Sud du Brésil.

5. Lopins de 1 000 hectares environ, accordé par la couronne portugaise. Ce système distribua les terres parmi les colons les plus riches et l’élite (militaires, fonctionnaires, etc.). L’influence de ce système sera durable, car les sesmarias seront à l’origine des futurs latifundios.

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plateau sont plus en lien avec le nord, à savoir le Santa Catarina et São Paulo. L’occupation des espaces du sud par des éleveurs amène petit à petit à une diminution, et même une disparition, de l’agriculture dans l’état. Les açoriens pratiquent bien l’agriculture, mais à petite échelle. De plus, ils ne répondent pas aux besoins de l’état. Dans les fazendas, l’élevage est l’activité principale et l’agriculture n’est utilisée que pour répondre aux besoins alimentaires des familles.

La région ouest du Santa Catarina est originellement faiblement peuplée. On y retrouve d’abord les mêmes groupes d’indiens, des tribus Kaingangs occupant des terres avoisinantes de Chapecó/SC. Les préoccupations frontalières avec l’Argentine existent aussi pour l’ouest du Santa Catarina et c’est au début du XIXe siècle que l’on décide de tenter d’occuper le vide humain des Campos de Palmas7.

Les premières installations agricoles se tournent vers l’élevage, permettant d’occuper de l’espace sans avoir besoin de beaucoup de main-d’œuvre. On utilise d’ailleurs les indiens et/ou les noirs (RENK, 2007). Après quelques dizaines d’années, des conflits apparaissent entre les fazendeiros devenus trop nombreux. Leurs enfants souhaitant de nouvelles terres doivent se déplacer vers le sud pour en obtenir. La partie la moins puissante des fazendeiros part dans le sud de Chapecó/SC, reconnu pour l’extraction de son bois. Les berges du fleuve Uruguay deviennent un espace de semi-abandon par les autorités, décrit comme fora da lei ou abandonada pelas autoridades8 et peuplé de migrants temporaires

brésiliens et argentins. La réaction officielle intervient ensuite avec l’arrivée de colonies militaires, dont l'une s’installe à Chapecó/SC, pour protéger la frontière et les habitants. Leur présence sert officiellement à défendre les populations contre les indiens. À travers les arrivées successives et donc les mélanges qui en découlent, une nouvelle catégorie de population émerge : les caboclos, population mixte composée par les mélanges entre les indiens, les portugais et les esclaves noir prisonniers évadés. Ils se considèrent comme les deuxièmes occupants du Brésil après les indiens. Ils habitent les forêts proches du fleuve Uruguay, en opposition aux plaines de Palmas. C’est à partir de ce moment que commencent les ventes et légalisations de terres pour des propriétaires extérieurs à la région. Les caboclos doivent ainsi se résoudre à vivre dans des espaces plus retirés.

Entre la réduction de l’agriculture dans le Rio Grande do Sul, les espaces vides du plateau et la volonté d’occupation de terres proches de la frontière, les motifs sont variés pour accueillir des colons dans le sud du pays.

À

la fin du XIXe siècle, la couronne portugaise estime déjà utile le recours à des populations

extérieures pour peupler le pays. Après l’indépendance, Dom Pedro I, premier empereur du Brésil9, annonce « qu’il fera appel à des agriculteurs libres, blancs et non portugais ». Le but recherché est

d’introduire une main d’œuvre introuvable sur place, à cause de la dévalorisation du travail agricole pour les portugais. La préférence se situe pour une migration spontanée, qui reste néanmoins très minoritaire. Les incitations sont nombreuses pour attirer les colons à venir s’installer au Brésil. Pour ce faire, on paye les frais de voyage et on offre des contrats d’installation10. Ceux-ci sont

souvent signés avec des intermédiaires, des individus qui travaillent pour la couronne, voyageant en Europe pour faire venir les colons (ROCHE, 1954). Les intermédiaires ont des difficultés en Europe pour attirer les populations et doivent parfois faire face aux récriminations, notamment de

7. Plaine autour de l’actuelle ville de Palmas, dans le Paraná, à la frontière du Santa Catarina, au nord de Chapecó/SC. 8. Traduction : « en dehors de la loi » ou « abandonné par les autorités » (RENK, 2007).

9. En portugais Dom Pedro I et en Français Pierre 1er, il est l’auteur de l’indépendance brésilienne (7 septembre 1822)

et le premier empereur du pays (1822-1831), puis le roi du Portugal en 1826, sous le nom de Pierre IV.

10. Des intermédiaires au Brésil s’engagent à faire venir un nombre de colons d’Europe, dans un laps de temps déterminé. La rémunération des intermédiaires dépend de la réalisation ou non des divers objectifs chiffrés.

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