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Les effets du chantier du barrage

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’étude de l’espace de vie des futurs atingidos de Foz do Chapecó permet de comprendre les liens tissés entre ces familles avec leurs territoires et leurs lieux de fréquentation. La phase de construction du barrage bouleverse les espaces de vie des familles. C’est sur une situation stabilisée, depuis trois ou quatre générations, en terme de population et de paysages que vient s’installer le barrage hydroélectrique. Le barrage et son chantier marquent profondément la région. De

Photo 2.37 - Zone de chantier et premiers travaux de Foz do Chapecó, Alpestre/RS, le 29 juillet 2007, G. LETURCQ.

Photo 2.36 - Dispensaire de Caxambu do Sul/SC, le 16 juillet 2008, G. LETURCQ.

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nombreux bouleversements l’accompagnent, touchant à la fois l’économie locale, les paysages, les caractéristiques sociales des municipes, les activités, les loisirs, etc. Les espaces de vie des familles s’en trouvent dès lors modifiés.

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a construction d’une usine hydroélectrique de grande taille marque profondément un paysage, au Brésil comme ailleurs. L’usine et surtout le barrage sont construits dans un espace rural composé de champs, de forêts, d’une rivière et de communautés rurales. Le barrage vient bouleverser la structure du paysage portant atteinte à tous les éléments qui le compose, ainsi c’est la morphologie même des lieux qui est profondément modifiée. Pour construire le barrage, c’est une colline en bordure du fleuve Uruguay qui est détruite. Une grande structure d’accueil s’installe sur l’emplacement : les baraquements pour les ouvriers, les bureaux des ingénieurs, les locaux de stockage des matériaux de construction, etc. Tous les éléments nécessaires à la construction du barrage arrivent par route à Águas de Chapecó/SC. Après ce premier réaménagement, le chantier s’installe en bord de fleuve, avec dans un premier temps le creusement des fondations du barrage (cf. Photo 2.37). Quelques temps après, une autre colline est percée pour construire un tunnel permettant l’acheminement de l’eau jusqu’à l’usine (cf. Photo 2.38). Cette seconde colline se situe sur l’autre rive du fleuve, la gauche, celle du Rio Grande do Sul.

La suite des travaux consiste en une construction d’un pont temporaire66 entre les deux rives. La

construction du barrage dure trois ans, pour une fin prévue au milieu de l’année 2010. Le barrage coupe presque intégralement le fleuve en mars 2010.

66. Un premier pont a été construit mais il est emporté par le courant du fleuve. Le second, qui est visible sur la photo, est plus solide et devrait être démonté une fois le barrage terminé. Ce dernier fera office de lien entre les deux rives.

Photo 2.38 - Plan du futur barrage de Foz do Chapecó sur une photo aérienne de la zone, Foz do Chapecó Energia, 2010.

Photo 2.39 - Photo du barrage en phase terminale, décembre 2009, FCE.

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On observe sur les différentes photos les modifications du paysage, notamment la morphologie. Les forêts et la végétation ont aussi disparu. Visuellement, à travers les trois photos ci-dessus nous constatons les effets du chantier sur le paysage. Les trois photos sont prises à la même saison (juillet-août), trois années consécutives (2006, 2007 et 2008). On constate le creusement pour l’installation des infrastructures du barrage et des aménagements annexes. La surface du chantier dépasse de beaucoup la seule zone de construction du barrage et de l’usine. Une partie de la surface occupée par le chantier et les diverses installations est par la suite réaménagée par l’entreprise.

Le barrage modifie profondément et durablement le paysage sur plusieurs hectares. Sur les photos aériennes ci-dessous, on voit bien comment cette construction se répartit entre les deux états.

Photo 2.40 - L'évolution du fleuve Uruguay avec le barrage Foz do Chapecó en 2006, 2007 et 2008, G. LETURCQ.

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Le Santa Catarina, à droite, reçoit les aménagements de gestion du chantier et à gauche, le Rio Grande do Sul, a son territoire marqué par les tunnels et l’usine.

Pour mieux se rendre compte de l’évolution paysagère, nous pouvons aussi prendre exemple sur le second barrage de notre étude, Machadinho. À travers ces trois photos successives nous pouvons observer le paysage originel, la superficie du chantier et la zone de la retenue.

Les modifications paysagères sont principalement perçues par les populations qui vivent à proximité et qui voient le chantier évoluer quotidiennement. Certains des futurs atingidos ne voient jamais le barrage et ne peuvent pas se rendre compte de tous les bouleversements engendrés. Enfin, l’ampleur du chantier surprend aussi les visiteurs. Néanmoins, ces derniers ont plus de difficultés pour comprendre les modifications, surtout s’ils ne connaissent pas le paysage préalable.

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e barrage et son chantier apportent aussi des perturbations concrètes aux riverains. Les populations de la zone du chantier sont les premières à être indemnisées et à migrer. Normalement, elles ne subissent pas les effets du chantier67, mais pour tous les riverains

du chantier, beaucoup d’effets sont constatés, le plus souvent négatifs. Parmi les nuisances déclarées par les atingidos le bruit est l’une des plus contrariante. Pour détruire les collines et construire les fondations de l’ouvrage, l’entreprise doit creuser et détruire la roche. La dynamite est le principal moyen utilisé pour effectuer ce travail. Le son des explosions est le plus souvent cité en exemple comme le point le plus gênant de la construction du barrage. Des explosions se déroulent tous les jours et jusqu’à quatre fois dans une même journée (cf. Photo 2.44).

67. Nous étudierons ultérieurement les migrations de ces premiers atingidos.

Photo 2.43 - Trois étapes du barrage de Machadinho: avant, pendant et après la construction. (MAESA et Google Earth, 2010.) et une image satellite (Google Earth, Avril 2010).

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