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112 la part du gouvernement prussien Les incitations financières des gouvernements brésiliens sont une motivation supplémentaire qu’il faut ajouter en plus de l’accès à la terre et à la propriété.

Les premiers colons qui arrivent dans le sud, à partir de 1824, sont des Allemands11. Leur but est

l’achat d’un lopin de terre dont le paiement est échelonné sur plusieurs années. Sur celui-ci, on défriche, on lutte contre l’érosion et on y pratique de l’agriculture vivrière. Les allemands s’installent dans un premier temps à São Leopoldo/RS, au nord de Porto Alegre/RS. Entre 1824 et 1850, 7 940 colons s’installent dans toute la région de São Leopoldo/RS. Ils se répartissent petit à petit vers l’est et le nord. En trente ans, l’émigration prend de l’ampleur et les petites colonies s’installent de façon disparate, profitant « de la qualité de leur peuplement, composé d’hommes jeunes, en pleine forme, déjà habitués à défricher et à cultiver les clairières » (ROCHE, 1959b). Les colonies se succèdent le long des vallées, mais ne dépassent que très rarement une altitude de 300 mètres, n’allant pas sur le plateau. À partir de 1875, des colons italiens arrivent et suivent les mêmes rythmes et mêmes méthodes d’installation que les colons allemands. Comme le décrit J. Roche, leur colonisation se fait aussi en tache d’huile autour de centres établis par l’administration. Les installations sont rapides et nombreuses, on retient notamment les municipes de Caxias/RS (1875) et Antônio Prado/RS (1889). Ils occupent les espaces situés au nord des allemands, dépassant la limite des 300 mètres. Ils recouvrent le rebord de la Serra12 et la lisière boisée du plateau. Beaucoup de colonies deviennent

par la suite des municipes, composés quasiment exclusivement par des populations allemandes ou italiennes. Avec les nombreuses installations, en 1890, on considère qu’il n’y a plus de zone forestière libre dans la région que l’on nomme dès lors les « anciennes colonies ».

Les nouvelles migrations commencent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elles se

composent pour partie de descendants d’anciens colons, principalement italiens, et de nouveaux colons. Ils s’installent sur tout le plateau et suivent la voie de chemin de fer en construction qui rejoint le Santa Catarina et São Paulo. Ils vont à Erechim/RS, Santa Rosa/RS, Sananduva/ RS, etc. Ils rejoignent ensuite la dernière région libre de colonisation qu’est le Haut Uruguay. Rapidement, les premières régions de la nouvelle colonie deviennent des régions d’émigration. Les populations se dirigent par exemple vers le municipe de Passo Fundo/RS13. Sa population

est de 21 383 habitants en 1900 et passe à près de 118 000 en 1920, puis un peu plus de 317 000 en 1940. La surface du Haut Uruguay représente 4,8 % du Rio Grande do Sul mais accueille à l’époque 9,2 % de ses habitants. L’accroissement de la population s’explique principalement par l’immigration. Plus largement, la population de la région au nord-ouest de l’état (qui comprend Santo Ângelo/RS, Santa Rosa/RS, Palmeira das Missões/RS, Sarandi/RS, Erechim/RS et Marcelino Ramos/RS) est de 175  312 habitants en 1920 puis 722  756 habitants, trente ans plus tard. L’immigration d’agriculteurs cesse après la Première Guerre mondiale. À partir des années 1950 l’arrivée de colons étrangers n’entre quasiment plus en compte dans les dynamiques démographiques. Dès lors, l’expansion de colonies se fait par les descendants des premiers colons arrivés, sachant que la natalité des colons est forte. La Carte 2.1 permet de résumer les zones de colonisation italiennes et allemandes dans le Rio Grande do Sul et de voir leur évolution avec le temps. Le Haut Uruguay en tant que la dernière frange pionnière de l’état accueille les ultimes

11. La colonisation de l’ouest du Santa Catarina se fait par des colons venus du Rio Grande do Sul, c’est pourquoi nous analyserons prioritairement les déplacements de colons du RS.

12. Comme le décrit R. Pébayle (PEBAYLE, 1989), c’est la montagne, plus spécifiquement un système de pentes prononcées, mais pas particulièrement élevées.

13. Au début du XXe siècle, le municipe de Passo Fundo/RS recouvrait les municipes actuels de Marcelino Ramos/ RS, Carazinho/RS, Sarandi/RS, Marcelino Ramos/RS.

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colons du sud du pays. On y offre les dernières opportunités d’accès à la terre, mais les lots sont plus petits (pas plus de 25 ha) que dans les autres régions (PEBAYLE, 1974) et plus les colons avancent vers le nord, plus les lots se réduisent. Aujourd’hui encore, on peut y voir des petites propriétés résultant des anciens lots. On note que cette région est considérée, par les entreprises de construction de barrage, comme la plus propice, de la région Sud, pour ces ouvrages.

Après 1950, des populations de l’état sont encore en recherche de terres vierges, et se dirigent rapidement vers d’autres destinations. J. Roche remarque que les colons, gardant le même rythme de natalité, se retrouvent rapidement à court de terres et partent migrer vers le nord du Brésil (Santa Catarina, Paraná, Mato Grosso) mais aussi plus au sud, vers l’Argentine. Les migrations internes au Brésil s’articulent de plus en plus au niveau des états. Alors que précédemment les mouvements se faisaient à l’intérieur des états, maintenant les recherches de terres se concentrent au-delà des premières frontières. Les colons sont prêts à faire beaucoup plus de kilomètres pour s’installer sur de nouvelles terres. Pour exemple, en 1940, 76  394 personnes nées dans le Rio Grande do Sul vivent dans le Santa Catarina, 14 880 dans le Paraná et 8 187 dans le Mato Grosso. En 1950, il y a plus de 120 000 riograndenses dans le Santa Catarina et plus de 35 000 dans le Paraná. On estime à 85 000, les gaúchos qui quittent l’état entre 1940 et 1950 (ROCHE, 1954).

Argentine

Brésil

Uruguay

Uruguaiana

Rio Grande do Sul

Dépression centrale Serra du sud-est Plateau Santa Catarina Santa Maria Passo Fundo Lagoa Vermelha São Leopoldo Pelotas Santo Angelo Uruguay Ibicui Jacui Taquari Cai Vacac ai Jacu i Urugu ay Lago a dos Pato s 0 50 km limite d’état colonie anciennes colonies allemandes

anciennes colonies italiennes colonies du Plateau (fin XIXe-début XXe)

nouvelles colonies du Plateau (XXe) chemin de fer D’après J. Roche, 1954. Porto Alegre Florianópolis localisation océan Atlantique

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